Chapitre 5 La recherche de sa sauveuse

Personne n'ignorait, dans les milieux universitaires, qu'Hugh, le respecté président de l'Université de Kheley, exerçait désormais une influence considérable auprès du ministère de l'Éducation. Étant le fondateur de l'université, il restait étroitement lié à son fonctionnement, malgré ses lourdes responsabilités nationales.

Il était difficile de l'approcher : son temps était convoité, ses décisions respectées et ses normes intransigeantes.

Cependant, Yelena était assise là, prétendant calmement non seulement le connaître, mais affirmant qu'il l'avait personnellement contactée.

Une telle affirmation défiait l'entendement.

La contenance de Bella s'est légèrement altérée et elle a froncé les sourcils, le doute assombrissant son expression.

Elle ne comprenait pas comment Yelena avait pu attirer l'attention de quelqu'un d'aussi influent qu'Hugh. L'idée même était risible. Yelena ? Entretenir une correspondance avec Hugh ? Être invitée directement à l'Université de Kheley ?

L'idée était complètement absurde.

De toute évidence, cette fille était en plein délire.

Convaincue que l'histoire d'Yelena n'était rien d'autre qu'une invention élaborée, Bella a choisi de ne pas affronter Yelena directement. Elle a choisi d'attendre le bon moment.

Si les allégations de Yelena étaient fausses, ce dont Bella était certaine, la vérité finirait par éclater tôt ou tard.

À la fin du dîner, Callum a fouillé dans sa veste et a sorti une carte de crédit d'un noir étincelant, symbole d'une richesse et d'un privilège illimités. Sans hésiter, il l'a tendue à Yelena. « Yelena, cette carte est sans limite de dépenses. Tu peux l'utiliser pour tous tes besoins et tes désirs. »

Le visage de Donna s'est illuminé d'un sourire chaleureux et encourageant. « Oui, Yelena, vas-y, gâte-toi. Surtout, n'hésite pas à prendre tout ce qui te plaît. » Après une courte pause, elle a adopté un ton d'impatience. « Par ailleurs, nous organiserons bientôt un grand banquet officiel pour toi. Il est temps de te présenter convenablement à notre cercle. »

Les yeux de Bella se sont figés, s'écarquillant au fur et à mesure qu'elle assimilait les mots. Une carte de crédit noire sans limite de dépense ?

Jamais il ne lui en avait parlé auparavant et maintenant, sans la moindre hésitation, il en remettait une à Yelena.

Ensuite, un grand banquet pour présenter Yelena au monde entier ? Le message était sans équivoque. Yelena deviendrait ainsi la fille biologique de la famille Harris, leur véritable héritière. En revanche, Bella serait dévoilée pour ce qu'elle était réellement : une étrangère adoptée, un simple substitut.

Se mordant la lèvre pour garder son sang-froid, ses ongles se sont enfoncés dans ses paumes, la douleur aiguë faisant baisser le niveau de la rage qui couvait en elle.

Pour Bella, il fallait absolument trouver un moyen de chasser Yelena. Sans quoi, sa place dans la famille Harris n'existerait bientôt plus.

... ...

Pendant ce temps, dans un hôpital privé d'Eighfast.

Dans le lit d'hôpital, Austin était immobile contre les draps d'un blanc immaculé, ses traits anguleux étaient empreints de calme et d'intensité. À travers la fenêtre, la lumière du soleil projetait des motifs dorés et fracturés sur son visage, adoucissant la détermination d'acier de son expression.

Il dégageait une incontestable autorité, même au repos, une indéfectible tension dans sa mâchoire et un commandement tacite dans son regard.

« Monsieur, nous avons mené des recherches approfondies dans les environs. Mais nous n'avons pas réussi à localiser la jeune femme que vous avez décrite », a déclaré Domenic Murphy, l'éternel assistant d'Austin.

« Je comprends. Poursuivez les recherches. » Austin gardait les yeux fixés sur la vue extérieure, la voix ferme et résolue.

Cette femme lui avait sauvé la vie, l'avait éloigné du seuil de la mort. Mais la reconnaissance seule ne le poussait pas à agir. Des questions restées sans réponse, à la fois déroutantes et urgentes, exigeaient d'être résolues.

« D'accord, monsieur ! J'ai également dépêché une équipe pour enquêter sur les hommes en noir. D'après les premières conclusions, vos activités ici à Eighfast ont été entravées. Cela a mené directement à l'embuscade. Il se pourrait que votre oncle... » Domenic s'est arrêté brusquement quand Austin a levé la main, le coupant d'un signe autoritaire.

« Je suis déjà informé », a sèchement dit Austin, son ton ne laissant aucune place à l'argumentation. « Dans l'immédiat, donne la priorité à la localisation d'Yancy. Le temps presse. »

« À vos ordres, monsieur. Je veillerai à ce que ce soit fait rapidement », a répondu Domenic, s'inclinant légèrement avant de sortir de la pièce avec une efficacité silencieuse.

Le regard d'Austin restait fixé sur l'horizon, l'esprit en ébullition. En tant que fils de la puissante famille Barton de Kheley, il s'était aventuré à Eighfast dans un but unique : rencontrer le mystérieux docteur Yancy, la personne au cœur de sa mission.

Austin avait été atteint, deux ans plus tôt, d'un poison mortel, si rare que même les experts médicaux les plus renommés n'y comprenaient rien.

Malgré les traitements conventionnels, le pronostic était sombre : Austin n'avait plus beaucoup de temps devant lui. Des rumeurs circulaient à propos d'un mystérieux docteur nommé Yancy, qui serait supposé posséder les connaissances requises pour neutraliser de telles toxines. Austin s'était rendu à Eighfast avec l'espoir pour seul guide, à la poursuite de cet insaisissable sauveur, mais le destin était intervenu d'une manière imprévisible.

Il avait failli perdre la vie dans une embuscade, et sa mission aurait pu s'arrêter là s'il n'y avait pas eu une jeune femme surgie de nulle part.

Aujourd'hui, alors que les jours s'égrenaient, la détermination d'Austin se renforçait. Pour le moment, la toxine était dormante, mais la menace se profilait à l'horizon.

À ce moment précis, la porte de sa chambre d'hôpital s'est ouverte et Jarrod Robinson, le médecin traitant d'Austin, est entré à grands pas.

Il tenait une série de rapports médicaux dans ses mains, et une lueur d'excitation contenue éclairait son visage.

« M. Barton, j'ai de bonnes nouvelles ! Les niveaux de toxines dans votre système ont nettement diminué depuis notre dernière évaluation. »

Depuis le début de sa maladie, Jarrod était le médecin privé d'Austin, un prodige de la médecine réputé pour résoudre les cas les plus complexes.

Toutefois, il n'avait rien pu faire face au mystère de l'empoisonnement d'Austin.

Austin s'est redressé brusquement et ses yeux se sont rétrécis d'incrédulité. « Tu es certain ? »

« Tout à fait ! », a dit Jarrod en lui tendant le dernier rapport, son ton contenant à peine sa curiosité. « C'est une avancée remarquable. Où avez-vous été soigné ? Pourriez-vous partager cette information avec moi ? »

La brusque amélioration de son état était à la fois déconcertante et excitante.

« Je n'ai reçu aucun traitement officiel. Pendant l'embuscade, une jeune femme m'a sauvé. Elle m'a ensuite tendu une pilule en affirmant qu'elle me serait utile », a dit Austin, la voix posée mais pleine d'un sentiment d'urgence.

Il se souvenait profondément de ce souvenir.

Dès l'instant où il avait pris la pilule, il avait ressenti une chaleur remarquable qui s'était répandue dans tout son corps et qui avait ravivé sa vitalité d'une manière inexplicable. La pilule avait été le tournant décisif de sa survie, et la femme qui lui avait fourni la pilule l'avait aidé à survivre sans aucun doute.

Il urgeait donc de la trouver.

« Peu importe qui elle est, ses connaissances excèdent toutes celles que j'ai rencontrées. Elles pourraient révolutionner le traitement de cas comme le vôtre. » Jarrod avait les yeux brillants de curiosité.

.....

Yelena, quant à elle, éternuait involontairement, un étrange sentiment de malaise s'installant en elle.

Elle avait déjà appelé Hugh pour lui confirmer sa décision de s'inscrire à l'Université de Kheley.

Hugh avait insisté pour la recruter, évoquant un projet de recherche en cours qui, selon lui, bénéficierait de ses talents uniques.

De nature farouchement indépendante, Yelena avait d'abord hésité.

Cependant, ses parents, enthousiastes à l'idée qu'elle retourne à l'école, l'ont convaincue. Se plier à leurs désirs lui semblait être un petit prix à payer pour leur bonheur.

Sa décision prise, elle a décidé de se rendre au centre commercial.

Même si ses parents lui avaient offert une impressionnante collection de vêtements de marque, la plupart des pièces étaient bien trop extravagantes pour ses besoins quotidiens en tant qu'étudiante. Elle avait besoin de quelque chose de plus simple, de plus pratique, mais d'assez élégant pour correspondre à son style.

Profitant de l'agitation familiale, Yelena s'est rendue seule au Centre Suprême, la première destination commerciale d'Eighfast.

Le Centre Suprême, situé au cœur du centre-ville, était une véritable ruche, animée par le bourdonnement des conversations et les rires occasionnels des acheteurs passionnés.

À son cinquième étage, consacré à la mode haut de gamme, on trouvait des boutiques proposant les marques internationales les plus convoitées.

À la sortie de l'ascenseur, Yelena s'est dirigée vers Moda Chic, l'une des boutiques les plus en vue de l'étage.

Malgré sa relative nouveauté dans le monde de la mode, Moda Chic avait déjà fait sensation à l'échelle mondiale.

Grâce à ses créations innovantes, Moda Style s'était forgé une réputation de créateur de tendances, s'adressant à l'élite, aux mondains, aux célébrités et aux enfants de riches.

Être propriétaire d'une création de Moda Chic était plus qu'une déclaration de mode, c'était un symbole d'exclusivité et de statut.

En entrant dans la boutique, Yelena s'est dirigée vers la section des nouveaux arrivages.

En parcourant les vêtements, elle a vu deux silhouettes familières entrer dans la boutique.