Chapitre 5 Chapitre 5

Sandra n'avait jamais imaginé que sa première vraie altercation dans cet hôtel viendrait d'un client. La situation avait dégénéré si rapidement qu'elle n'avait pas eu le temps de réagir. Tout avait commencé avec un homme visiblement ivre, sa veste déboutonnée et ses yeux vitreux fixés sur elle avec une intensité qui la mettait mal à l'aise.

Elle s'était approchée pour demander si tout allait bien, son cœur battant un peu plus fort qu'à l'habitude. L'homme avait à peine répondu. Il s'était levé brusquement de son siège, une bouteille à moitié vide de whisky en main. Elle avait senti l'air devenir plus lourd, ses instincts lui soufflant qu'il était sur le point de faire quelque chose qu'elle n'allait pas aimer.

« Qu'est-ce que tu veux, jolie petite chose ? » murmura-t-il d'une voix pâteuse, tout en avançant d'un pas maladroit. Sandra recula instinctivement, une boule de tension se formant dans son ventre. Mais avant qu'elle puisse réagir davantage, il avait tendu la main pour attraper son bras.

Un frisson de panique la traversa alors qu'il la tirait vers lui. Elle se débattit, essayant de retirer son bras de son étreinte brutale, mais l'homme était fort et l'alcool semblait décupler sa détermination. « Tu n'as rien à craindre. Je vais juste t'aider à... te détendre un peu », murmura-t-il d'une voix traînante.

Sandra sentait la terreur se glisser en elle, une sensation qu'elle n'avait pas connue depuis longtemps. La situation était en train de se transformer en un cauchemar. C'est à ce moment précis que la porte s'ouvrit brusquement, coupant net les gestes de l'homme.

Ethan entra dans la pièce comme une tornade, son regard perçant se posant immédiatement sur le client. « Lâchez-la. » Sa voix était ferme, sans l'ombre d'un doute.

L'alcoolisé sembla hésiter, ses yeux cherchant à s'ajuster à la réalité de la situation. Ethan s'approcha de lui d'un pas calme mais déterminé, comme si l'homme n'était qu'une ombre qu'il pouvait facilement éclipser. « Je vous l'ai dit. Lâchez-la. » Cette fois, la menace dans sa voix était claire, intransigeante.

Le client, comme s'il avait soudainement pris conscience de la gravité de la situation, relâcha son emprise sur Sandra et recula, trébuchant presque sur son propre pied. Avant même que Sandra n'ait eu le temps de reprendre son souffle, Ethan se tourna vers elle.

« Tu vas bien ? » demanda-t-il d'une voix plus douce, son regard se plongeant dans le sien. Il attendait une réponse, mais Sandra était encore trop secouée pour articuler un mot. Elle hocha simplement la tête, bien qu'elle ne soit pas certaine de ce qu'elle ressentait. Elle avait eu peur, terriblement peur, mais en cet instant, la simple présence d'Ethan semblait chasser cette terreur. Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi.

Sans un mot de plus, Ethan se dirigea vers la porte et lança un dernier regard à l'homme ivre, qui se tenait désormais contre le mur, les yeux rivés au sol. « Sortez d'ici. Et ne revenez pas. » Son ton était glacial, sans équivoque. Le client, apparemment plus effrayé que jamais, se hâta de quitter la pièce sans un mot.

Ethan fit un signe de tête en direction de Sandra, l'invitant à le suivre. « Viens. On va dans mon bureau. »

Sandra, toujours sous le choc, le suivit sans protester. Les événements s'étaient enchaînés trop rapidement, mais une partie d'elle, cette part secrète qu'elle n'osait pas reconnaître, se sentait presque... protégée en sa présence. Une protection qu'elle n'avait pas demandé mais qu'elle ressentait pourtant profondément.

Dans le bureau d'Ethan, il ferma la porte derrière eux avec une précision soignée. Il s'avança vers son bureau, s'assit et la regarda, l'air grave. « Écoute-moi bien, Sandra », commença-t-il d'une voix ferme mais mesurée. « Ici, personne ne doit jamais toucher un membre de mon personnel. Personne. »

Elle s'assit en face de lui, ses mains tremblant légèrement. « Je ne voulais pas... je ne savais pas... », balbutia-t-elle, mais il la coupa d'un geste de la main.

« Ce n'est pas ta faute », dit-il. « Mais dans cet hôtel, on doit se protéger. Je fais en sorte que ça arrive le moins possible, mais parfois, tu seras confrontée à des gens qui ne savent pas où s'arrêter. » Son regard se fit plus intense. « Et si cela se produit à nouveau, je serai là. Toujours. »

Elle sentit son estomac se nouer. Il y avait quelque chose dans sa voix, une certitude, une autorité, qui laissait entendre qu'il n'était pas simplement en train de la rassurer, mais qu'il la protégerait, peu importe ce qu'il en coûterait. Ce n'était pas juste un geste de gentillesse. C'était une promesse. Une promesse qui, pour une raison qu'elle ne parvenait pas à expliquer, la rassurait profondément.

« Je comprends », murmura-t-elle, mais elle n'était pas sûre de comprendre quoi que ce soit. Pourquoi était-elle si affectée par ses mots ? Pourquoi se sentait-elle ainsi en sa présence, comme si elle avait enfin trouvé un endroit sûr, un endroit où les ténèbres qu'elle portait en elle se dissipaient un instant ?

« Je t'ai dit que personne ne ferait de mal à ton équipe », reprit-il, cette fois-ci avec une pointe de douceur dans la voix. « Mais tu dois aussi savoir qu'il y a des règles à respecter. On ne laisse jamais de place à l'incertitude. Si tu veux travailler ici, tu dois comprendre cela. Le respect est essentiel. »

Sandra hocha la tête lentement, absorbant ses paroles, même si une part d'elle ne parvenait pas à saisir l'entière portée de ce qu'il venait de dire. Elle sentait une étrange sécurité en sa présence, quelque chose de rassurant qui n'avait rien à voir avec les règles ou les menaces. C'était une sécurité qu'elle n'avait jamais connue auparavant, et bien que ça lui paraisse presque irréel, elle ne pouvait s'empêcher d'en ressentir le poids sur ses épaules.

« Tu as du potentiel », continua-t-il, son regard s'adoucissant légèrement. « Tu n'es pas comme les autres, Sandra. Je peux le voir. »

Ses mots l'avaient frappée plus fort que prévu, et elle sentit son cœur s'emballer un peu. Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ? Pourquoi l'avait-il dit de cette façon ? C'était un compliment, mais il y avait aussi une étrange intensité dans sa voix, comme si ses mots portaient un sens caché qu'elle n'arrivait pas à saisir.

« Merci », répondit-elle d'une voix plus faible qu'elle ne l'avait voulu. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle attendait de cette conversation, mais il y avait quelque chose d'indescriptible dans l'air.

Ethan se leva alors de son bureau, mettant fin à la rencontre. « Tu ferais bien de rentrer maintenant. Et oublie ce qui s'est passé ici. Ce n'était rien. » Il fit une pause avant d'ajouter, un léger sourire sur les lèvres : « Mais si ça t'arrive encore, n'hésite pas à me prévenir. »

Sandra se leva aussi, encore sous le choc, et se dirigea vers la porte. Quand elle tourna la poignée, elle sentit son regard sur elle. « Tu vas bien, Sandra ? Vraiment bien ? »

Elle se tourna vers lui, se forçant à sourire. « Oui, je vais bien. »

Mais même si elle disait cela, elle savait que ce qu'il venait de lui offrir allait la hanter pendant longtemps.