Chapitre 5 5

Elle soupira, se rendant compte de l'ironie de la situation. Elle était venue en Milanpour s'échapper de la monotonie, pour sauver ce qu'il restait de sa relation avec Martin. Mais tout ce qu'elle ressentait, c'était un vide encore plus grand, une déconnexion qu'elle ne pouvait plus ignorer.

Le lendemain matin, Martin proposa une sortie en ville. « On pourrait aller visiter Taormine. Il paraît que la vue est incroyable là-bas. »

Ursule acquiesça, essayant de ne pas montrer son scepticisme. Mais au fond d'elle, elle se demandait combien de temps elle pourrait encore faire semblant. Combien de temps avant que cette mascarade ne s'effondre totalement.

Ils passèrent la journée à visiter les ruelles pittoresques, les anciens théâtres romains et à contempler la mer d'un bleu éclatant. Pourtant, malgré la beauté des lieux, Ursule se sentait détachée. Martin essayait, c'était évident, mais chaque geste semblait forcé, mécanique. Ils prenaient des photos ensemble, échangeaient quelques sourires, mais c'était tout. Le cœur n'y était pas.

« Ça va ? » demanda Martin à un moment, remarquant probablement son silence inhabituel.

« Oui, ça va, » mentit-elle, son sourire aussi fragile que du verre.

Mais elle savait, au fond d'elle, que rien n'allait vraiment. Et qu'il serait peut-être temps, bientôt, de l'admettre.

Les lumières clignotantes du club dansaient au rythme de la musique pulsante, créant une ambiance électrique. Ursule se tenait près du bar, un verre à la main, observant la foule qui se pressait sur la piste de danse. Malgré l'excitation palpable qui régnait dans l'air, elle se sentait étrangement déconnectée. Martin était encore sur son téléphone, même dans cet environnement vibrant. Elle avait essayé de se plonger dans l'atmosphère, mais la mélodie entraînante ne parvenait pas à briser la mélancolie qui l'habitait.

Leurs amis, un couple d'amis qu'ils avaient rencontrés à l'hôtel, avaient proposé d'aller au club pour se changer les idées. Ursule avait hésité, mais elle avait finalement cédé, espérant qu'un peu de danse et de rires dissiperaient son ennui et sa frustration. Mais ici, au milieu de la foule, elle se sentait encore plus seule. Martin avait disparu dans un coin, trop occupé à discuter avec les autres, et elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une profonde solitude.

Tout à coup, un mouvement dans la foule attira son attention. Elle tourna la tête et aperçut un homme qui se tenait à l'entrée du club, une aura magnétique l'entourant. Sa silhouette était à la fois imposante et séduisante. Il portait un costume noir ajusté, qui mettait en valeur sa carrure athlétique, et son regard intense semblait balayer la salle. Ursule ressentit une sorte d'irrésistible attraction, un frisson d'excitation qui parcourut son échine. Qui était cet homme ?

Elle n'avait aucune idée de son identité, mais il émanait de lui une confiance et une puissance qui captivaient tous ceux qui l'entouraient. Ses cheveux bruns, soigneusement coiffés, accentuaient son visage anguleux et ses yeux sombres, pleins de mystère. Alors qu'il avançait dans le club, Ursule sentit son cœur s'accélérer. Elle avait toujours été attirée par les hommes sûrs d'eux, mais celui-ci dégageait quelque chose de plus, une intensité à laquelle elle n'était pas préparée.

Soudain, il se retourna et croisa son regard. Ce moment sembla suspendu dans le temps. Les battements de son cœur résonnaient dans ses oreilles, et elle se sentait complètement exposée, comme si cet homme pouvait voir à travers elle, déceler tous ses doutes et ses peurs. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, et elle sentit une chaleur monter en elle. C'était à la fois terrifiant et enivrant.

À ce moment précis, Martin revint à ses côtés, absorbé dans une discussion avec leur couple d'amis, interrompant l'instant magique. « Ursule , qu'est-ce que tu fais là ? Tu devrais danser avec nous ! » s'exclama-t-il, ignorant totalement la présence de l'homme qui venait de lui voler son attention.

« Oui, bien sûr, » répondit-elle, le sourire un peu forcé. Mais son regard restait rivé sur l'inconnu. Il était maintenant en train de parler à une femme près de la scène, riant et gesticulant de manière assurée. Une vague de jalousie sourde s'éveilla en elle, bien qu'elle ne puisse expliquer pourquoi. Elle avait envie de le connaître, de découvrir qui il était, ce qui se cachait derrière ce charme hypnotique.

Après un moment, elle réussit à se libérer de l'étreinte du groupe. « Je vais prendre un peu l'air, » annonça-t-elle, espérant qu'il ne s'opposerait pas à ce désir d'évasion. Elle se dirigea vers l'extérieur, où l'air frais de la nuit lui caressa le visage. Le contraste entre l'intérieur étouffant du club et la brise nocturne était saisissant, et elle se sentit immédiatement plus vivante.

Elle s'avança vers la balustrade »egardant la rue animée en contrebas. Mais même à l'extérieur, son esprit restait prisonnier de l'image de cet homme mystérieux. Ses yeux, sombres comme la nuit, restaient gravés dans sa mémoire. Pourquoi était-elle si préoccupée par lui ? Après tout, elle était ici pour sauver sa relation avec Martin.

Tout en scrutant la rue, elle repensa à son mariage. À ses promesses. À cette vie qu'elle avait construite, mais qui ne semblait plus avoir de sens. Ses pensées se mélangeaient dans un tourbillon d'émotions contradictoires. D'un côté, elle ressentait une loyauté envers Martin, mais de l'autre, une attirance irrésistible envers cet inconnu.

Alors qu'elle était perdue dans ses réflexions, elle sentit une présence derrière elle. Elle se retourna lentement, son cœur battant la chamade, et découvrit l'homme du club, John . Il se tenait là, à quelques pas, son regard ancré dans le sien. « Je n'ai pas pu m'empêcher de vous suivre, » dit-il, sa voix grave résonnant dans le silence de la nuit. « Je me demandais ce qui pouvait bien intéresser une belle femme comme vous à l'extérieur d'un club aussi animé. »

Sur le coup, Ursule ne sut que répondre. La combinaison de son charme et de son audace l'énivrait. « Je... je voulais juste un peu d'air frais, » réussit-elle à balbutier, son esprit en proie à un tourbillon d'émotions.

John s'approcha d'un pas, l'air détendu mais intensément concentré sur elle. « Ce club peut être étouffant, n'est-ce pas ? Parfois, il vaut mieux être seul avec ses pensées. »

Elle hocha la tête, cherchant à maîtriser les battements affolés de son cœur. « Oui, c'est vrai. J'ai besoin d'un peu de tranquillité. »

Il la fixa, et Ursule se sentit de plus en plus vulnérable sous son regard. « Vous avez l'air d'une femme qui sait ce qu'elle veut, mais qui est perdue dans un monde qui ne la comprend pas. »

Les mots résonnèrent en elle, comme un écho de ses propres doutes. « Vous me comprenez déjà si bien, et nous ne nous sommes même pas présentés, » murmura-t-elle, surprise par sa propre audace.

« John , » répondit-il, un sourire charmeur sur ses lèvres. « John Corleone . Et vous êtes ? »

« Ursule , » dit-elle simplement, se sentant plus faible et plus forte à la fois à cet instant. Elle avait entendu ce nom. Elle savait que John n'était pas un homme ordinaire, mais un membre influent de la mafia. Cependant, l'attraction qu'elle ressentait pour lui était telle qu'elle effaçait ces pensées sombres de son esprit.

« Un plaisir, Ursule . » Il s'approcha encore, et la tension entre eux devint palpable. « Que fait une femme comme vous dans un endroit comme celui-ci ? »

                         

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