Luna venait de terminer une longue journée de travail et s'apprêtait à rentrer chez elle quand son téléphone vibra dans sa poche. C'était un message de son cousin, Mark. Il avait envoyé un texte court, mais le simple fait qu'il ait pris la peine de l'écrire la fit frissonner. Depuis qu'elle avait quitté la maison familiale et s'était installée à Las Vegas, leurs échanges étaient devenus sporadiques, presque inexistants, malgré leurs liens familiaux. Alors qu'elle ouvrait le message, elle sentit son cœur se serrer.
** »Luna, fais attention à toi. Ils ne t'ont pas oubliée. Je t'en prie, sois prudente. »**
Le message la laissa sans voix, et une angoisse familière s'empara d'elle. Qui était « ils » ? Son esprit s'emballa, mais avant qu'elle ne puisse répondre ou même réfléchir davantage, une vibration secoua son téléphone à nouveau. Cette fois-ci, il s'agissait d'une alerte de son travail. Un problème logistique dans l'un des salons de l'hôtel nécessitait sa présence immédiate.
Elle n'avait pas le temps de s'appesantir sur la conversation inquiétante de son cousin. Il lui arrivait parfois de jouer à l'inquiète, mais son message avait tout de même réveillé des souvenirs qu'elle préférait oublier. Luna se rendit rapidement sur place, espérant que tout soit sous contrôle. Mais en entrant dans la grande salle, elle aperçut une scène qui risquait de faire d'elle la risée de tout l'hôtel. Une erreur d'organisation avait entraîné la réservation du mauvais espace pour une conférence importante.
Luna tenta de garder son calme, mais les regards perplexes et les murmures autour d'elle la mirent immédiatement mal à l'aise. Elle n'était responsable de rien, mais il était difficile de ne pas se sentir coupable dans une situation pareille. Le responsable de l'événement, un homme d'affaires d'un certain âge, se tourna brusquement vers elle.
« Qu'est-ce que vous attendez de moi ? » lança-t-il d'un ton sec, visiblement irrité par l'erreur.
Luna ouvrit la bouche pour expliquer la situation, mais avant qu'elle ne puisse dire un mot, une voix froide et autoritaire retentit dans la pièce.
« Il semble que nous ayons un problème, n'est-ce pas ? »
Le regard d'Aurelius, qui venait de faire irruption dans la salle, se posa immédiatement sur elle. Il s'approcha d'un pas ferme, son regard parcourant la scène avec une froideur qui fit frémir tous ceux présents. Sans se laisser déstabiliser, il s'adressa directement à l'homme d'affaires.
« Je vais m'occuper de cela, Monsieur. »
L'homme d'affaires, bien que surpris, se contenta de hocher la tête et de s'éloigner. Luna, qui était restée silencieuse jusque-là, sentit un mélange de gratitude et d'embarras la submerger. Elle savait que ce geste de protection venait d'Aurelius, mais il l'étonnait. Il avait la réputation de ne s'investir que dans ses propres affaires et semblait toujours distant, voire dédaigneux, avec les autres.
Aurelius se tourna alors vers elle. « Ce n'est pas ce que j'attendais de vous, Luna. Je pensais que vous seriez plus prudente. »
Luna, bien que secouée par la situation, tenta de rester calme. « Je... Je n'étais pas au courant de l'erreur, mais je vais régler la situation. J'ai simplement besoin de plus de temps. »
Aurelius la fixa longuement, comme s'il essayait de déceler quelque chose dans ses yeux. Mais avant qu'il ne puisse répondre, il se contenta de lui adresser un regard froid, un regard qu'il réservait souvent aux autres, et tourna les talons pour s'occuper du problème.
Bien que la situation fût rapidement réglée grâce à son intervention, Luna ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi Aurelius avait pris le temps de l'aider. Un acte aussi simple, mais dont les conséquences étaient bien plus profondes qu'il n'y paraissait.
Luna réussit à finir sa journée sans plus de malheurs, mais son esprit restait accaparé par ce que son cousin lui avait dit. En rentrant chez elle, elle s'empressa d'appeler Mark, mais il ne répondit pas. Son cœur s'accéléra en pensant que quelque chose n'allait pas. Il n'était pas du genre à la laisser sans nouvelles, surtout dans des moments où elle était vulnérable.
Elle se glissa sous la douche, essayant de chasser les pensées sombres de sa tête, mais au fond d'elle, elle sentait que quelque chose se préparait. Un événement qu'elle ne pouvait pas anticiper. Et malgré ses efforts pour se concentrer sur son travail et ses nouvelles responsabilités, une sensation de danger persistant semblait se dessiner à l'horizon.
Le lendemain, alors qu'elle s'apprêtait à commencer sa journée, une conversation étrange attira son attention alors qu'elle passait dans les couloirs de l'hôtel. Elle n'était pas censée les entendre, mais le ton grave d'Aurelius attira son regard vers une porte entrouverte. Elle s'arrêta instinctivement, écoutant discrètement.
« Vous ne comprenez toujours pas, » disait Aurelius d'une voix basse, presque menaçante. « L'hôtel n'est qu'une partie du puzzle. Ce que nous faisons ici, ce n'est pas juste gérer un business. Il y a des enjeux bien plus grands. »
La voix de son interlocuteur, qu'elle ne reconnaissait pas, répondit d'une manière tout aussi cryptique. « Je suis conscient de cela, mais il faut garder un profil bas. Si quelqu'un apprend quoi que ce soit... »
« Personne ne saura rien, » coupa Aurelius. « Nous avons tout sous contrôle. Mais n'oubliez pas qui dirige ici. Ce n'est pas juste une question de pouvoir, c'est une question de survie. »
Luna se sentit soudainement prise au piège, comme si elle venait de tomber sur quelque chose qu'elle n'aurait jamais dû entendre. Le mystère autour d'Aurelius semblait se densifier à chaque instant. Il y avait quelque chose d'encore plus sombre que l'aura qu'il dégageait déjà. Ce qu'il venait de dire, ces mots chargés de menace, résonnaient dans son esprit. Elle savait qu'il n'était pas simplement un homme d'affaires impitoyable. Son pouvoir semblait bien plus étendu, et les ramifications de ses actions, plus profondes qu'elle n'avait osé l'imaginer.
Elle ne voulait pas se mêler à cela. Elle n'avait pas l'intention de s'impliquer dans les affaires secrètes qui semblaient entourer Aurelius. Mais un sentiment d'intrigue irrésistible l'enveloppait. Chaque rencontre avec lui la poussait un peu plus près de ce précipice. Si elle n'était pas prudente, elle risquait de se retrouver emportée dans une spirale qu'elle ne pourrait plus contrôler.
Ce soir-là, elle s'endormit troublée. Les images d'Aurelius et de sa conversation la hantaient, et son esprit se retrouvait pris dans une lutte entre la curiosité et la peur. Elle savait que quelque chose allait se produire, mais elle n'était pas prête à faire face à la vérité. Et pourtant, elle sentait que la vérité la cherchait, lentement, inexorablement.