Je quitte la salle d'entraînement avec un sourire aux lèvres. C'est plus fort que moi. Je sais que je devrais arrêter de le provoquer, mais c'est devenu presque un jeu. Un jeu dangereux, je le sais. Élias est à bout. Je le sens, à chaque interaction, à chaque regard qu'il me lance, ce mélange de haine et de frustration.
Mais ce n'est pas que de la haine. Je l'ai vu dans ses yeux. Il me repousse, me provoque, mais au fond, il y a cette étincelle. Ce feu qui brûle, comme un animal sauvage prêt à mordre. Ça m'attire. Ça me donne envie de le pousser encore plus loin, de voir jusqu'à quel point il est capable de se retenir avant de craquer.
Je me passe une main dans les cheveux en sortant de la salle, inspirant l'air frais de la nuit. La fraîcheur calme un peu cette excitation que je ressens à chaque fois que je le vois. Ce gamin est un mystère, une énigme que je ne peux m'empêcher de vouloir résoudre. C'est comme une force qui m'attire irrémédiablement vers lui, malgré toutes les raisons que j'ai de l'éviter.
Je pourrais rester concentré sur le combat. Sur la préparation. C'est ce que je devrais faire. Mais Élias... Il est comme un aimant, une distraction à laquelle je ne peux pas échapper. Il y a cette énergie entre nous, cette tension qui ne cesse de grandir, et même moi, je commence à avoir du mal à l'ignorer.
Je le connais depuis assez longtemps maintenant pour savoir qu'il lutte contre lui-même. Ce n'est pas contre moi qu'il se bat, c'est contre ce qu'il ressent. Contre cette attraction qu'il refuse d'admettre. Et ça le tue. Je le vois dans sa manière de frapper, dans la manière dont il m'observe quand il pense que je ne regarde pas.
Ce qu'il ne sait pas, c'est que moi aussi, je lutte.
Au début, c'était amusant. De voir ce mec si plein de rage se débattre, essayer de me détester alors que je pouvais presque lire dans ses pensées. Mais maintenant... Maintenant, c'est différent. Plus intense. Plus réel. Il y a des moments où, moi aussi, je perds le contrôle. Où je sens cette envie grandir en moi, cette envie de franchir cette foutue ligne que nous traçons entre nous.
Je m'arrête sous un lampadaire, l'esprit ailleurs. Pourquoi je fais ça ? Pourquoi je continue de le pousser, de le provoquer, alors que je sais où ça nous mènera ? Peut-être que c'est justement ce que je veux. Peut-être que je veux qu'il craque. Que ce feu en lui explose enfin et que nous soyons tous les deux consumés par cette tension qui nous ronge.
Il y a des moments où je m'imagine le saisir, le plaquer contre un mur, sentir ses poings s'écraser contre moi, mais pas pour se battre. Pas cette fois. Il y a des moments où je m'imagine céder à ce qu'il y a entre nous, cette chose qu'on s'efforce de repousser depuis trop longtemps.
Je devrais arrêter d'y penser. Ce n'est pas le moment. Le combat approche, et je dois rester concentré. Mais chaque fois que je ferme les yeux, je le revois. Son regard sombre, brûlant de colère. Ses poings serrés. Son corps tendu, prêt à exploser. Et une part de moi veut être là quand ça arrivera. Pas sur le ring. Non, ailleurs. Quelque part où cette foutue rage pourrait se transformer en quelque chose de beaucoup plus fort. De beaucoup plus incontrôlable.
Je rentre chez moi, mes pensées tournant en boucle. Je devrais me préparer pour le combat. Je devrais étudier ses mouvements, me concentrer sur ses faiblesses, comme je le fais avec tous mes adversaires. Mais avec lui, ce n'est pas pareil. C'est comme si chaque mouvement, chaque échange entre nous n'était qu'une danse autour de quelque chose de bien plus dangereux.
Et moi, je suis là, à jouer avec le feu.
Je m'assieds sur mon canapé, les mains dans mes cheveux, essayant de me calmer. Peut-être que je me trompe. Peut-être que ce que je ressens n'est que le résultat de cette tension avant le combat. Peut-être que tout ça disparaîtra une fois que nous serons montés sur le ring. Peut-être qu'une fois que je l'aurai battu, cette obsession me lâchera enfin.
Mais au fond, je sais que ce n'est pas vrai. Je sais que ça va au-delà du ring. Au-delà du combat. Il y a quelque chose entre nous, quelque chose qui dépasse la compétition, et je n'ai plus de contrôle là-dessus.
Je passe ma main sur mon visage, fatigué. Je devrais dormir, je devrais arrêter de penser à lui. Mais chaque fois que je ferme les yeux, je le vois encore, son corps tendu, sa mâchoire serrée, ce regard noir rempli de défi. Et je sens cette chaleur monter en moi, cette envie que je commence moi aussi à avoir du mal à contenir.
Je me demande combien de temps nous tiendrons encore avant que tout n'explose.