Le soleil déclinait, projetant des ombres inquiétantes autour d'elle. Madison savait que la forêt pouvait devenir dangereuse à cette heure, mais elle préférait risquer la solitude de la nuit plutôt que de rester coincée sous la surveillance de Caleb. Alors qu'elle marchait sans vraiment prêter attention au chemin, un bruissement étrange se fit entendre à quelques mètres devant elle. Elle s'arrêta, les sens aux aguets. La silhouette sombre d'un loup apparut entre les arbres, son pelage épais luisant faiblement dans la lumière du crépuscule.
Elle sentit son souffle se figer. Ce n'était pas un membre de la meute. Les loups de sa meute portaient une marque distinctive, un tatouage ou une marque qui les différenciait des autres clans. Celui-ci n'avait rien de familier. Elle recula instinctivement, tentant de calculer la distance qui la séparait d'une éventuelle issue, mais le loup avança, les yeux brillant d'une lueur menaçante.
Elle tourna les talons, le cœur battant, et se mit à courir. Ses pas résonnaient dans l'obscurité, et elle sentait le loup derrière elle, rapide et déterminé. Le sol sous ses pieds était inégal, les branches lui fouettaient le visage, mais elle continuait, refusant de céder à la panique qui s'insinuait en elle.
Soudain, une main ferme la saisit par le bras, l'arrêtant net. Elle leva les yeux, le souffle court, pour croiser le regard intense de Caleb. Il l'avait retrouvée. Une part d'elle était soulagée, bien que cela la remplît de frustration. Cependant, avant qu'elle ne puisse exprimer sa colère, Caleb l'attira à lui pour la protéger. En une fraction de seconde, il se plaça entre elle et le loup qui les avait suivis. Son regard s'était fait sombre, implacable. Sans dire un mot, il se transforma, son corps prenant la forme puissante et imposante du loup qu'il était, plus grand, plus fort, une force de la nature.
Le loup étranger hésita, puis recula légèrement, se trouvant soudain face à un adversaire bien plus redoutable qu'il ne l'avait anticipé. Caleb émit un grondement sourd, une menace à peine voilée. Madison regardait la scène, fascinée. Elle avait souvent entendu parler des compétences de guerrier de Caleb, mais elle n'avait jamais été témoin de sa force brute, de son instinct de protection. Le loup étranger finit par céder, battant en retraite sans insister davantage.
Caleb reprit sa forme humaine, se tournant vers Madison, son regard dur. Il respirait rapidement, l'adrénaline encore présente, mais ses yeux reflétaient une colère contenue. Elle ouvrit la bouche pour lui dire quelque chose, mais il la coupa d'un ton glacial.
« Est-ce que tu te rends compte de ce que tu viens de faire, Madison ? Tu te rends compte du danger que tu as couru ? »
Elle haussa les épaules, tentant de cacher sa nervosité derrière une attitude désinvolte. « J'avais besoin d'air, Caleb. Je ne peux pas passer ma vie enfermée ou surveillée comme une enfant. »
Il s'avança vers elle, la dominant de toute sa hauteur, les bras croisés. « Ce n'est pas une question de liberté, Madison. C'est une question de vie ou de mort. Ces bois sont dangereux, surtout à cette heure. »
Elle recula, refusant de se laisser impressionner, même si son cœur battait encore à tout rompre. « Je n'ai pas besoin que tu me protèges à chaque instant. Je sais me débrouiller seule. »
Il la regarda longuement, ses yeux fixés dans les siens, comme s'il cherchait à percer ses pensées. « Si c'était le cas, tu ne serais pas ici, tremblante de peur après avoir été poursuivie. »
Elle sentit ses joues rougir de honte et de colère. « Et toi, tu es qui pour me faire la morale ? Tu n'es pas mon père, Caleb. Tu n'es qu'un guerrier de plus, engagé pour m'espionner, pour rapporter chacun de mes mouvements. »
À ces mots, il sembla légèrement blessé, mais son visage resta impassible. « Je ne suis pas là pour te surveiller, Madison. Je suis là pour te protéger, que tu le veuilles ou non. »
Ils restèrent silencieux un moment, l'atmosphère entre eux chargée de tension. Elle sentait son regard posé sur elle, comme un poids qu'elle peinait à supporter. Puis, sans un mot de plus, il se tourna et commença à marcher en direction de la maison. Elle le suivit à contrecœur, consciente qu'elle n'avait pas vraiment le choix.
Lorsqu'ils arrivèrent enfin, Logan les attendait devant la porte, les bras croisés et le visage sombre. Madison sentit immédiatement son regard lourd, empli d'une colère contenue.
« Madison, tu as conscience de la gravité de la situation ? » demanda-t-il d'une voix tranchante.
Elle serra les poings, levant le menton avec défi. « Oui, j'en suis consciente. Mais peut-être que si je n'étais pas constamment surveillée, je ne ressentirais pas le besoin de prendre l'air seule. »
Logan laissa échapper un soupir de frustration, secouant la tête. « Tu ne comprends toujours pas, n'est-ce pas ? Ce n'est pas une question de liberté. Il y a des menaces réelles, des ennemis qui guettent. Ce n'est pas un jeu, Madison. »
Elle croisa les bras, refusant de céder. « Alors je suis censée rester enfermée toute ma vie parce que tu as peur ? Parce que tu refuses de me faire confiance ? »
À cet instant, elle aperçut une lueur de tristesse dans le regard de son père, une ombre qui la surprit. « Ce n'est pas une question de confiance, Madison. C'est parce que je tiens à toi. Tu es tout ce que j'ai, et je ne supporterais pas de te perdre. »
Ces mots la touchèrent plus qu'elle ne voulait l'admettre, mais elle resta silencieuse, le regard baissé. Elle se sentait prise au piège entre son besoin de liberté et l'amour protecteur de son père. Et puis, il y avait Caleb, dont la présence la troublait de plus en plus.
Logan finit par se tourner vers Caleb, ses traits redevenus fermes. « Caleb, je te remercie de l'avoir ramenée saine et sauve. Je compte sur toi pour continuer ta mission. »
Caleb hocha la tête, mais Madison sentit dans son regard une fatigue, comme s'il commençait lui aussi à être las de cette bataille constante. Elle ne put s'empêcher de se demander si elle n'allait pas finir par le briser, par l'épuiser à force de résistance.
Elle tourna les talons et se dirigea vers sa chambre sans un mot, ses pensées tourbillonnant dans son esprit. Allongée dans son lit, elle se remémora le moment où Caleb l'avait protégée, cette force brute qu'il avait déployée pour la sauver. Elle détestait l'admettre, mais une part d'elle se sentait en sécurité avec lui, malgré son besoin de lui échapper.
Elle soupira, enfouissant son visage dans l'oreiller. Tout semblait si compliqué, si contradictoire. Elle aspirait à la liberté, mais cette liberté la menait souvent vers des dangers qu'elle n'était pas toujours prête à affronter seule. Quant à Caleb, sa présence éveillait en elle des sentiments confus, une admiration mêlée de frustration. Elle savait qu'il faisait simplement son devoir, mais elle sentait qu'il y avait plus que cela, une attention particulière, quelque chose de personnel qui rendait leur relation encore plus difficile à définir.
Les jours suivants, elle tenta de se comporter de manière plus raisonnable, mais son tempérament fougueux la poussait sans cesse à tester les limites. Et chaque fois, Caleb était là, imperturbable, prêt à la suivre jusqu'au bout. Peu à peu, elle commença à baisser sa garde, à se rendre compte que derrière sa carapace de guerrier se cachait quelqu'un d'aussi vulnérable et humain qu'elle.
Un soir, alors qu'ils marchaient côte à côte, elle se tourna vers lui, ses yeux brillant d'un mélange de défi et de curiosité. « Caleb, pourquoi tu tiens autant à me protéger ? Ce n'est pas seulement pour mon père, n'est-ce pas ? »
Il la regarda longuement, comme s'il pesait chaque mot. Puis il répondit, d'une voix douce mais résolue. « Peut-être que je me reconnais un peu en toi. Je sais ce que c'est, de vouloir se
Prouver au monde. Et je sais que, parfois, les gens les plus forts ont aussi besoin d'être protégés. »
Elle resta silencieuse, troublée par ses paroles. Pour la première fois, elle se demanda si elle n'avait pas mal jugé Caleb, si derrière son rôle de protecteur, il n'y avait pas un homme complexe, aussi perdu qu'elle, dans un monde de loyautés et de devoirs.
Et alors que la nuit tombait, une étrange complicité semblait naître entre eux, un lien fragile, mais indéniable, que ni l'un ni l'autre ne pouvait ignorer.