Une fois dans son bureau, Logan ferma la porte, laissant Madison debout face à lui, comme une enfant qui attend la sentence. Son regard la traversa, lourd de déception, mais aussi d'une inquiétude qu'il ne parvenait pas à dissimuler. Elle savait qu'il avait eu peur pour elle, mais elle ne comprenait pas pourquoi il ne voyait pas à quel point elle-même était épuisée de cette pression.
« Assieds-toi, Madison, » ordonna-t-il d'une voix rauque, sans lever les yeux de son bureau. Il attendit qu'elle s'exécute, puis la fixa intensément, croisant les bras.
Elle prit place sur le bord du fauteuil en cuir, ses mains crispées sur ses genoux, essayant de garder son calme malgré l'accumulation de frustration et de peur qui bouillonnait en elle.
« Est-ce que tu réalises ce que tu as failli provoquer aujourd'hui ? » Sa voix, bien que basse, vibrait de colère contenue. « Tu aurais pu te faire tuer, Madison. Ou pire, être enlevée par ces chiens ! »
Elle serra les dents, essayant de retenir une réponse acerbe. Elle savait qu'il avait raison, mais l'entendre lui reprocher encore une fois son comportement l'énervait plus qu'autre chose. Elle soutint son regard avec défi.
« Et toi, est-ce que tu réalises que je ne peux pas vivre enfermée comme une prisonnière ? » répondit-elle, sa voix tremblante d'émotion. « Si tu m'accordais un peu plus de liberté, je n'aurais pas besoin de m'échapper comme une fugitive à chaque fois ! »
Logan se redressa, un éclat de surprise traversant son visage avant qu'il ne retrouve son expression sévère. « Ce n'est pas une question de liberté, Madison. C'est une question de sécurité. Tu es la fille de l'Alpha, tu es précieuse pour cette meute et, que cela te plaise ou non, tu as des responsabilités. »
Madison soupira, exaspérée. « Toujours ces responsabilités... Comme si je n'avais pas le droit d'être moi-même, de respirer ! Tu veux que je sois une guerrière, une chef, mais tu ne me laisses même pas être une adolescente ! »
Logan se tut, observant sa fille avec un mélange de colère et de tristesse. Il savait qu'elle n'avait pas tort, mais il ne pouvait pas se permettre de lâcher prise. Elle ne comprenait pas à quel point elle était en danger, à quel point son rôle dans la meute était crucial. Les menaces étaient réelles, et l'attaque de ce jour n'était que le début. Logan prit une profonde inspiration, reprenant le contrôle de ses émotions avant de poursuivre.
« Écoute, Madison. Après ce qui s'est passé aujourd'hui, je ne peux pas prendre de risques. La meute a besoin de toi, et moi aussi. C'est pourquoi... » Il marqua une pause, cherchant ses mots. « C'est pourquoi j'ai pris une décision : tu auras désormais un garde du corps. Quelqu'un pour te protéger en permanence. »
Elle le fixa, incrédule, comme si elle venait de recevoir une gifle. « Quoi ?! » s'écria-t-elle, incapable de contenir son indignation. « Tu es sérieux ? Tu veux vraiment que je sois suivie comme une enfant de cinq ans ? C'est insensé, papa ! »
« C'est nécessaire, Madison, et ce n'est pas négociable. Tu peux ne pas aimer ma décision, mais elle est finale. »
Elle se leva d'un bond, hors d'elle. « Je refuse ! Je ne veux pas d'un garde du corps ! Je ne veux pas de quelqu'un pour surveiller chacun de mes mouvements ! »
Mais Logan resta imperturbable, comme si sa décision était gravée dans le marbre. « Que tu le veuilles ou non, tu en auras un. » Il posa alors un regard pénétrant sur elle, une lueur d'avertissement dans les yeux. « C'est la seule manière pour moi d'assurer ta sécurité et... de garder un minimum de paix dans cette maison. »
Madison serra les poings, la gorge nouée. Elle savait que lutter contre lui ne servirait à rien. Lorsque son père prenait une décision, il était impossible de le faire changer d'avis. Mais elle ne comptait pas se laisser faire facilement, et il le savait. Furieuse, elle tourna les talons et sortit du bureau en claquant la porte, refusant de lui accorder un regard de plus.
Elle remonta dans sa chambre, où elle se laissa tomber sur son lit, le visage enfoui dans ses mains. Cette situation devenait insupportable. Elle aimait son père, elle comprenait sa position, mais elle ne pouvait pas accepter qu'il la prive de toute liberté. Et maintenant, un garde du corps ? C'était la goutte de trop.
Le lendemain, alors qu'elle s'efforçait d'oublier cette conversation, Logan entra dans la maison accompagné d'un homme qu'elle n'avait encore jamais vu. Grand, musclé, avec un visage marqué par des cicatrices témoignant de combats passés, l'inconnu se tenait droit, son regard clair et attentif. Il avait une présence imposante, une sorte de calme et de force qui émanaient de lui sans qu'il ait besoin de parler.
Logan appela Madison et, à contrecœur, elle descendit, croisant les bras en voyant le nouvel arrivant. Elle devinait sans peine qu'il s'agissait de son fameux garde du corps.
« Madison, voici Caleb. Il a été un des meilleurs guerriers de la meute. C'est quelqu'un en qui j'ai une confiance absolue. » Logan marqua une pause, posant un regard lourd de sens sur elle. « Caleb va veiller sur toi, désormais. »
Elle le fixa, son regard oscillant entre défi et méfiance. Caleb ne bougea pas, se contentant de la saluer d'un léger hochement de tête, comme si sa simple présence suffirait à établir son autorité. Elle croisa les bras, incapable de masquer son mépris.
« J'imagine que je n'ai pas mon mot à dire, comme d'habitude, » lâcha-t-elle en lançant un regard noir à son père.
Logan ignora sa remarque, restant concentré sur Caleb. « Tu as carte blanche pour assurer sa sécurité. Madison peut être... difficile, mais tu as mon autorisation pour faire ce qui est nécessaire. »
Elle sentit la colère monter en elle. Son père la traitait comme si elle était incapable de faire ses propres choix, comme si elle était un problème qu'on devait gérer. Caleb, cependant, ne réagit pas, se contentant de garder son calme impassible, comme si cette situation ne le surprenait pas.
Une fois que Logan les laissa seuls, elle se tourna vers Caleb, bien décidée à ne pas se laisser intimider. « Écoute, je sais que tu es là parce que mon père t'a donné cet ordre, mais je n'ai pas besoin de toi. Je me débrouille très bien toute seule. Alors fais-moi une faveur et ne te mêle pas de mes affaires. »
Caleb la regarda sans ciller, sa voix calme mais ferme. « Madison, je comprends ton point de vue, mais ma mission est claire. Ton père veut que tu sois protégée, et je ne prendrais pas ce devoir à la légère. »
Elle leva les yeux au ciel, agacée. « Bien sûr. Tu n'es qu'un autre de ses pions, après tout. »
Caleb ne broncha pas, mais un léger sourire amusé apparut sur ses lèvres. « Je ne suis le pion de personne, Madison. Si je suis ici, c'est parce que je suis capable de te protéger, que tu le veuilles ou non. Mais ça ne veut pas dire que je vais t'empêcher de vivre ta vie. Mon rôle est de m'assurer que tu sois en sécurité, pas de te suivre comme une ombre étouffante. »
Elle fronça les sourcils, surprise par la sincérité de son ton. Il ne semblait pas arrogant ou supérieur, juste déterminé. Cela la déstabilisa un instant, mais elle n'était pas prête à se laisser amadouer aussi facilement.
« Très bien. Fais ce que tu veux, mais sache que je ne vais pas te rendre la tâche facile, » répliqua-t-elle, un sourire défiant aux lèvres.
Caleb haussa les épaules, visiblement prêt à relever le défi. « J'en ai vu d'autres. »
Madison observa Caleb avec attention. Elle était curieuse, malgré elle. Qui était cet homme que son père respectait tant pour lui confier une mission aussi délicate ? Il ne semblait pas impressionné par son comportement, et elle sentit une étrange sensation de défi la pousser à tester ses limites, à voir jusqu'où il pourrait la suivre
Sans abandonner.
Elle sortit finalement de la pièce, laissant Caleb derrière elle. Mais elle sentait déjà son regard, cette présence protectrice qui la suivrait dorénavant partout où elle irait. Elle refusait de céder, de se laisser contrôler, mais une part d'elle-même ne pouvait s'empêcher de se sentir intriguée par cet homme mystérieux.
Elle ne savait pas encore à quel point cette nouvelle dynamique allait bouleverser sa vie. Caleb n'était pas seulement un guerrier ; il représentait aussi un rappel constant de sa propre vulnérabilité, de ce lien invisible qui la reliait à son père, et de ce qu'elle devait accepter pour être en sécurité.