- Il ne s'agirait pas d'un vrai mariage bien-sûr, si c'est ce qui vous dérange. Nous pourrions chacun mener notre vie comme nous l'entendons. Et il faudra que vous veniez vivre avec moi en France, au moins jusqu'à ce que Betty grandisse et soit capable de prendre ses décisions. À ce moment là nous pourrons reconsidérer notre arrangement et prendre les mesures nécessaires pour y mettre un terme
- Vous voulez que je vienne vivre avec vous?
Après tout il me proposait de contracter un lien qui m'avait toujours répugné au plus haut point. Il tenait à sa liberté plus que tout le monde et il avait toujours décrété qu'il ne se marierait jamais. Mais lorsqu'il avait appris la disparition de son meilleur ami, il avait dû se faire une raison. Pour honorer les dernières volontés de Mario il devait passer outre ses désirs. Après tout leur amitié date de longtemps. Il y a quelques années, au moment où ils avaient dix neuf ans, il avait sauvé la vie de Mario et cette épreuve avait renforcé leur lien. Mario lui a fait un grand honneur en le désignant tuteur de Betty et il voulait se montrer digne de confiance jusqu'à décider d'épouser une femme dont la réputation a été sali.
- Je suis disposée à vous payer chaque année où nous resterons mariés. Je veux bien négocier le montant de ce « dédommagement » avec vous
- Attendez! Vous voulez me payer pour être votre femme ?
- Donnez-moi votre montant. Je veux la garde de Betty et je suis prêt à mettre toute ma richesse pour l'avoir.
- Je crois que vous vous méprenez à mon sujet.
- Ne jouons pas au chat et à la souris, si vous voulez bien. Je suis conscient de ce que représente un tel engagement et un tel déménagement. Mais avec le scandale dont vous avez vécu ce n'est pas une mauvaise idée de prendre le large non?
J'ai dû refouler les larmes qui me brûlaient les yeux. Ainsi tout le monde me croyait coupable des faits qu'on me reprochait. Les calomnies véhiculées par la presse ne m'avaient pas rendu service, c'est indéniable. Bon sang! Je devais savoir comment fonctionnaient les magazines ici.
Cette idée de l'épouser me bouleversait à la seule idée d'y penser. M'imaginer dans le même pays que lui, la même maison était étourdissante. Il était tout mon opposé. Je m'étais ridiculisée une fois en me jetant à son cou pour l'embrasser. Je pense qu'il s'imagine que je le fais avec tous les hommes que je croise sur mon chemin. Le plus difficile est qu'il m'attire toujours. Comment vaincre ce désir de me jeter sur lui une fois encore. Bon sang! C' est là une tentation faite à l' homme !
- Réfléchissez bien ma chère. Vous n'avez pas d'emploi. Et je doute que vous soyez capable d'en avoir un d'assez tôt. Après tout quelle femme souhaiterait que vous gardiez son enfant avec votre réputation de séductrice notoire et une briseuse de ménage.
- Je ne suis pas une séductrice notoire encore moins briseuse de ménage. J'ai servi de bouc émissaire, voilà la vérité. Et personne n'a voulu me croire.
- Franchement, ce que vous faites ne me regarde pas. Ce que je sais, c'est que j'ai besoin d'une épouse et vite. En tant que marraine de Betty vous êtes là candidate Parfaite.
- Je suis étonnée que vous souhaitez épouser une femme avec une telle réputation que la mienne. Vous ne craignez pas que j'exerce une telle influence sur Betty ?
- Je vous ai vu avec elle et je sais que vous l'aimez. Et puis elle est habituée à vous. Je n'ai pas envie que son avenir soit bouleversé une fois de plus. Je ne m'y connais pas en bébé et franchement je ne pense pas que les femmes que je côtoie s'y connaissent. Et en plus ses parents souhaitaient que vous vous occupiez de leur fille, je pense que c'est le plus important.
Si j'acceptais sa proposition, il continuerait à fréquenter toutes ces femmes sophistiquées comme il vient de le dire et il ne s'agirait que d'un mariage de convenance, une union destinée à servir les intérêts de Betty. Sa fortune lui permettait de déployer tous les moyens possibles pour parvenir à ses fins. Quelques mois auparavant, Scott avait pris les rênes de leur entreprise familiale après la mort de son père bien qu'il ne soit pas l'aîné. Son grand frère Antonio était médecin de renommée internationale, il voyageait toute l'année pour ses recherches scientifiques. L'argent dont les deux frères avaient hérité dépassait mon imagination.
À l'âge de dix ans j'avais perdu mes parents et j'avais été conviée à une famille d'accueil. Dans ce nouveau foyer, j'avais mené une existence frugale. L'essentiel ne m'avait jamais manqué mais le superflu n'existait pas. La première fois que j'étais sortie, c'était à l'âge de seize ans pour me rendre à l'anniversaire d'une amie et j'avais réglé mon repas avec quelques billets gagnés grâce au baby-sitting. Quelle différence avec l'existence de Scott qui avait grandi avec une cuillère en argent dans la bouche, il ne manquait de rien, ses vêtements étaient certainement taillés sur mesure, sa montre coûtait plus cher que notre vieille voiture, il avait tout ce qu'il voulait. Tout ceci justifiait toutefois l'expression arrogante qu'il abordait en toutes circonstances.
Je sursaute ainsi à cause du petit cri de Betty qui sortait du berceau.
- Coucou petit ange que se passe-t-il ? Tu as faim mon trésor ?
- Puis-je la prendre dans mes bras?
Je me tourne par la suite avec le bébé, surprise du changement dans la voix de Scott. Il a parlé d'une voix presque hésitante et d'une voix si tendre.
- Mais bien-sûr. C'est aussi votre filleule.
Je lui présente ainsi Betty, il prend doucement la petite contre lui et esquissa un mouvement pour la bercer. D'un air attendri, il déposa par la suite un baiser chaleureux sur la tête de la petite.
Je suis ton nouveau papa. Dit-il avec le sourire.