- Oui. Nous avons un problème disons plutôt une difficulté à résoudre et je pense qu'il faut le faire plus vite.
En un instant je sentais la peur s'emparer de moi, ce que je craignais était en train de se produire. Il est venu pour me parler de la garde de Betty. Son intention ne faisait pas l'ombre d'un doute. Il veut l'amener avec lui en France et rien ne peut l'en empêcher. Jamais je ne reverrai ma filleule car il est immédiatement riche et très puissant.
- Comme vous devez le savoir nous avons été désigné tous deux tuteurs de Betty par ses parents qui nous ont précédé. Dit-il
Je ne parvenais plus à dire un mot, tout était bloqué en moi.
Quelques jours avant, j'avais pris connaissance du testament de Charlotte et son époux. Ils nous désignaient tous les deux comme tuteur de Betty s'ils venaient à disparaître tous les deux. Savoir que je devais partager cette responsabilité avec Scott m'avait vivement inquiété. Mais l'avocat m'avait signalé que la belle-mère de Charlotte et son nouvel époux avaient l'intention de contester ce testament sous prétexte qu'ils pouvaient donner une meilleure éducation à l'enfant et d'offrir un meilleur cadre de vie. D'après lui, j'avais peu de chance d'obtenir la garde de Betty et le juge prendra sa décision en fonction des intérêts de l'enfant. Non seulement le fait que je sois célibataire aurait un impact sur moi mais aussi le fait d'être sans emploi. Il s'inquiétait de savoir qui a le plus à offrir à l'enfant sur le plan affectif mais aussi sur le plan financier et Sabrina Brown et son époux avaient tout ce qu'il fallait malgré qu'ils approchaient la soixantaine.
- Vous étiez au courant n'est ce pas ? Me demande t-il
- Oui bien-sûr. Je sais tout cela. Mais l'avocat que j'ai consulté m'a appris que j'avais peu de chance de gagner ce procès à cause de ma situation.
- Vous voulez dire que votre situation actuelle est celle d'une femme célibataire sans emploi et de sur quoi avec une étiquette de briseuse de ménage.
La presse s'était récemment chargée de saluer mon mon, dans certains journaux on me présentait comme une baby-sitter prête à tout pour séduire un père de famille. J'aurais aimé contre-attaquer mais l'idée de blesser les enfants d'une famille réputée en révélant au monde entier la bassesse, la perfidie et la cruauté de leur père m'aurait profondément répugné.
- Vous avez bien résumé la situation. Réponds-je. Ce qui m'afflige le plus dans cette histoire c'est que Charlotte aurait eu le cœur brisé à l'idée que sa belle-mère obtienne la garde de sa fille. Elle détestait Sabrina et elle me l'avait encore avoué quelques jours avant son accident.
- Je ne laisserai pas cette femme et son mari obtenir la garde de cet enfant. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, vraiment tout pour les empêcher d'avoir la garde de l'enfant même celle d'un animal ils ne le méritent pas.
Je sentais mon cœur se serrer et voilà on y est. En quelques instants Scott allait m'annoncer son intention d'amener Betty en France. Comment pouvais-je faire pour éviter cela ? Il y a certainement un moyen mais lequel?
J'avais grandi sans personne pour m'aimer et me comprendre et je ne pouvais pas imaginer Betty endurer la même situation que moi.
- J'ai une solution. Dit-il
- Ah bon?
- Une solution temporaire bien-sûr
- Je vous écoute
- Nous sommes tous deux tuteurs de la petite. C'est une responsabilité que j'ai à cœur d'endosser.
- Je comprends. Comme vous venez de dire nous sommes tous deux tuteurs de la petite et je compte bien remplir ma part de responsabilité.
J'avais fait mon possible de parler avec fermeté mais j'avais plus peur que convaincante. Son regard était si froid et sombre.
- Nous aurons donc à partager cette responsabilité de la meilleure de façon
- Qu'est-ce que vous avez à proposer au juste ? Je vis en Belgique et vous en France. Quel juge accepterait une garde partagée entre deux pays éloignés ? Betty est encore bébé ne l'oublions pas. Le tribunal pensera avant tout à son bien-être.
Son visage se durcit subitement .
- Écoutez Mario était mon meilleur ami et je ne laisserai pas sa fille entre les mains de ce couple de fous. Malgré cela je suis d'accord que le juge leur accorderait la garde de l'enfant
- Je le sais parfaitement.
- Il n'est pas question de s'apitoyer pour autant. J'ai passé tout mon temps à étudier cette affaire de très près et nous sommes perdant si nous ne prenons pas des mesures le plutôt possible.
- De quoi parlez-vous? Venez en au fait
- Comme vous l'aurez compris, j'ai une idée.
- Dites-le. De quoi s'agit-il ?
- Je pense qu'il faut que nous nous marions le plus vite
- Comment...?
- C'est la seule façon de protéger Betty. Si nous nous marions, le juge considéra que nous sommes les meilleurs parents pour elle. Et l'horrible belle-mère et son époux ne pourront s'opposer à nous. Cette solution me semble parfaite.
Je n'en croyais pas mes oreilles, prise de vertiges je me demandais si j'avais mal compris ou si c'était un cauchemar qu'il fallait que je me réveille. Comment pouvait-il me dire de telle absurdité. On se connaissait à peine. Comment pouvait-il me proposer de me marier avec lui? Que se passe-t-il dans sa tête actuellement ? Est-il fou? On ne s'était vu que deux fois en tout et pour tout et ça ne s'était jamais bien passé. Comment supporter un tel personnage ?
- Vous êtes surprise ? Choquée ? Déclare-t-il. C'est compréhensible mais je vous invite toutefois à réfléchir à ma proposition c'est le seul moyen.