Chapitre 5 Kalinda

Par le passé, chaque fois que j'étais sur le point de décrocher un rôle et de réaliser mon rêve. Tania et ma mère adoptive faisaient tout capoter! Elles avaient même mis ce manager d'une agence d'artiste que notre père nous avait trouvé et réussi à en faire leur complice!

Si bien que, même quand je réussissais à obtenir un rôle, ce n'était jamais que des rôles de figurants, dans le background!

Ma sœur tout innocente venait vers moi, devant notre père pour pavoiser:

- Sister! J'ai réussi à t'obtenir un rôle secondaire dans la série que nous tournons. (elle se tournait ensuite vers notre père) Ne t'en fais pas papa! Ce n'est qu'un tout petit rôle! Elle ne risque donc pas de se fatiguer!

Mon père n'y voyait que du feu, s'attendrissant que ma chère sœur se soucie appartement de ma santé si fragile!

Les machinations de Tania et d'Aurelia, ma mère adoptive, sont devenues de plus en plus complexes et malfaisantes, plus je grandissais.

Le petit canard se transformait en cygne très gracieux, ironisa un jour mon professeur de musique, et elles n'aimaient pas du tout cette concurrence que je faisais à la petite princesse de la famille!

Mais malgré leurs machinations, j'arrivais toujours à tirer mon épingle du jeu! Jusqu'à décrocher ce rôle majeur dans un drama très populaire auprès des adolescents. J'étais sur le point d'avoir dix-huit ans. J'étais à un tournant de ma vie. Ce rôle allait faire la différence pour moi! Et ma sœur a tout gâché! Elle a fait une scène devant notre père, lui montrant des vêtements à elle que j'aurais soi-disant brûlés pour qu'elle n'ait rien à se mettre pour aller à cette audition!

Des mots très durs furent échangés ce fameux jour.

Des mots très violents.

C'est comme ça que je le remerciais, de m'avoir fourni un toit et de la nourriture?

Mais quelle fille ingrate!

Alors que notre père me postillonnait ces paroles au visage, je pouvais voir du coin de l'œil, ma mère et ma sœur, me sourire de manière narquoise.

J'ai tenté de me défendre, mais ça ne donnait rien. Notre père était trop fâché! Il a même exigé que je renonce à ce rôle en faveur de ma sœur cadette!

Je n'en croyais pas mes oreilles!

De toute façon, ce premier rôle était bien trop exigeant pour moi, qui ai le cœur fragile! avaient alors renchéri ma sœur et ma mère!

En plus, le tournage s'échelonnerait sur plusieurs mois... ce qui nuirait à mes études en plus de me fatiguer!

Et Tania?

Ça ne nuisait pas à ses études, peut-être? Moi j'avais 18 ans, j'avais gradué depuis un certain temps déjà, et j'entamais des études en art dramatique dans une école en ligne, qui pouvaient fort bien être mises en pause le temps du tournage.

Tandis que Tania, elle, n'allait que sur ses 16 ans.

Moi je pouvais prendre une année sabbatique, mais pas elle!

Comme je refusais obstinément à lui laisser mon rôle et que nos parents jugeaient que c'est à elle qu'il revenait de droit, que c'était moi qui le lui avais volé en utilisant des tactiques déloyales... Face à mon obstination, la colère de notre père n'avait fait qu'augmenter.

Je me souviens que, quand il m'a giflé, je ne m'y attendais pas du tout!

Que notre mère adoptive me gifle parfois pour passer sa frustration, quand notre père était absent... je m'y étais habituée. Après tout, elle me détestait!

Mais mon propre père? Lui qui disait m'aimer depuis toujours...?

J'en étais demeurée pantoise!

Je l'avais dévisagé d'un air ahuri, me frottant la joue.

Mon cœur battait si fort!

Non content de lui, il avait même hurlé de colère:

- Espèce de petite ingrate! Tu oses cracher dans la main qui te nourrit! Prends tes affaires et va-t'en! Je ne veux plus jamais te voir ici!

Dans une sorte d'état second, je suis sortie du salon pour monter faire ma valise... Seulement, je ne suis jamais arrivée au haut des marches.

Parce que c'en était trop pour moi.

Mon cœur n'a pas tenu ce choc émotionnel.

J'ai donc eu une faiblesse et je me suis évanouie.

Quand je me suis revenue à moi, à l'hôpital, notre père était à mon chevet.

Je croyais qu'il regrettait son geste, qu'il allait me demander pardon... mais non!

Sur un ton dur et presque cruel, il m'a expliqué qu'il continuerait de payer mes soins médicaux, bien entendus... mais qu'il était maintenant plus que temps pour moi de voler de mes propres ailes! Il me donnait donc un mois... pour me rétablir... et ensuite... oui, ensuite... je devrais commencer à me chercher un nouveau logis... et aussi un emploi aussi bien entendu!

Quand il s'est levé pour partir et qu'il a quitté ma chambre d'hôpital, une vague d'amertume m'a envahi.

Les larmes ont alors jailli de manière incontrôlable.

Mais ce fut la dernière fois, oui, la dernière fois que j'ai versé une larme pour mon père... pour ma famille adoptive!

En effet, c'est ce jour précis que j'ai compris.

J'ai compris, oui, j'ai compris... que ne pouvais compter sur personne!

Je suis une orpheline.

Une enfant abandonnée dont ni les parents biologiques ni les parents adoptifs n'ont jamais désiré!

Cette histoire désolante... cette aventure d'un soir avec William Fairsight... Ou si vous voulez le tout dernier piège tendu l'été dernier par ma sœur Tania et son horrible mère n'était que le dernier volet de cette tragédie.

Le dernier clou enfoncé dans mon cercueil, pour obliger mon père à me désavouer complétement.

Et moi, j'y suis tombée à bras raccourci comme une idiote!

Ah!

Maintenant, mon père ne paie même plus mes soins médicaux!

Ce qui m'oblige à m'endetter pour les payer. J'en suis réduit à couper ma médication pour ne prendre que la moitié de la dose prescrite, pour économiser ces fichues pilules! Tout cela parce que je ne fais plus partie du glorieux clan de Godrick Jones!

Mon père - Non! Godrick Jones! - est dégoûté par moi, et surtout par mon affiliation avec William Fairsight, qu'il considère littéralement comme un suppôt de Satan!

Mon père adoptif est un homme très croyant. Il se soucie aussi beaucoup des apparences. Surtout de ce que pensent tous ses autres amis du parti républicain.

Il rêve même un jour d'être nommé à la chambre sénatoriale et d'avoir l'oreille du président! Ce qui vous dit comme il est imbu de sa petite personne!

Je devine donc aisément l'objet de son appel ce matin, après de si longs mois de silence!

Nous approchons de l'Action de grâce, n'est-ce pas?

À la Thanksgiving, il y a toujours une réunion du parti républicain en Floride, chez le gouverneur actuel... tous les membres les plus influents du parti ainsi que leur famille y sont invités.

Que notre famille soit harmonieuse ou pas, notre père nous y traînait tous les ans.

Les apparences comptent beaucoup pour Godrick Jones.

Nous nous devons donc de montrer une famille unie devant les étrangers, et ce, quels que soient nos différents!

Je rejette bien évidemment l'appel de mon père.

Godrick Jones, je ne serai plus jamais ton petit singe savant!

C'est fini.

Mon cœur ne va plus jamais s'attendrir pour cette famille d'adoption, qui fut si cruelle envers moi!

C'est vrai... il m'a fourni un toit, puis même éduquée, vêtue et nourrie... mais est-ce que je mérite de souffrir autant pour les en compenser lui et sa famille?

Juste parce que tu fus mon benefactor, Godrick Jones, je devrais m'humilier et m'avilir devant toi?

Va au diable!

Oui!

Va au diable!