Chapitre 4 Kalinda

Je sens toujours les poils de son menton frotter contre ma joue et son souffle chaud dans mon cou, alors qu'il m'emporte dans la félicité. Il me fait penser à Oliver Queen, dans Green Arrow avec son "Van Dike" comme une ombre furtive qui masque ses petites lèvres minces.

Oui... William Fairsight me fait l'effet d'un héros masqué ou alors d'un super vilain!

Mon corps frémit de plaisir sous le sien alors qu'il me prend, encore, encore et encore... pour me procurer un plaisir que je ne connaissais pas! Je me sens emportée dans le firmament.

Si je meurs là maintenant, je n'aurai aucun regret! Relevant la tête, mon amant plonge ses yeux bleus si vif en moi, et c'est comme si mon âme lui était mise à nue!

Ses mains un peu rugueuses entrelacées dans mes petites mains fragiles, il referme les poings, comme s'il désirait emprisonner ce moment.

- Ah... baby! Fuck! T'es trop sweet! s'exclame-t-il d'une voix passionnée avant que ses lèvres se crashent sur les miennes et qu'il m'embrasse passionnément, nos langues s'entremêlant.

Le corps en sueur, je me réveille en sursaut.

Je m'assois dans mon lit et je prends de grandes respirations pour me calmer.

J'ai encore rêvé à lui.

Il est mon erreur... mon unique péché.

Je n'y ai succombé qu'une seule fois, mais oh combien grave en furent les conséquences!

J'ouvre les draps et, hors du lit, je glisse mes pieds dans mes pantoufles. Ne portant que ma nuisette dans ce nouveau jour qui débute, mais qui est pourtant déjà si chaud, je quitte ma petite chambre pour aller vers mon unique salle de bain du couloir. J'ouvre le robinet et je me passe un coup d'eau froide sur le visage. En novembre, même s'il fait chaud, ce n'est pas la canicule ici. Mais ce rêve que j'ai fait était tellement hot! Ah...

Je me brosse les dents tout en faisant mon possible pour chasser ce souvenir, du très maléfique William Fairsight... entre mes cuisses!

Je crache la pâte à dent dans l'évier avec humeur.

Je vais ouvrir la pomme de douche. J'ajuste le jet d'eau.

Pourquoi est-ce que je rêve encore à lui après tout ce temps!?

Mes pensées tournent en boucle alors que je me déshabille pour prendre une bonne douche matinale.

Je pense encore à lui, même après quatre mois parce que ce type est un amant génial.

Voilà tout!

Je me savonne sous la douche, fronçant les sourcils.

Mais au début, il n'était pas si génial. Il était même rude! Violent! Bestial!

Exactement comme on le dit... un sadique sexuel.

C'est uniquement quand il a compris que j'étais vierge que...

Je lève la tête sous le jet d'eau pour rincer mes cheveux d'un blond cendrés. Par la suite, je fais couler l'eau un très long moment. William Fairsight fut tellement tendre avec moi, par la suite... quand il a compris que j'étais vierge...

Ensuite, oui ensuite, c'était... c'était... une nuit qui fut très mémorable!

Elle restera à jamais gravée dans ma mémoire.

J'attrape une serviette en sortant de la douche et je l'enroule autour de mon corps.

Je devrais pourtant le détester!

Il a pris mon innocence alors que j'avais trop bu!

Je n'étais pas en état de décider quoi que ce soit!

En plus, ma très chère sœur m'avait piégé.

Je la soupçonne aussi d'avoir payé quelqu'un pour mettre un truc dans mon verre.

Oui parce que je n'en était qu'à mon deuxième verre, que je sirotais depuis un p'tit moment sans trop en avoir l'air.

J'avais des palpitations cardiaques et quand William s'est approché de moi, à la sortie du bar... aussitôt que j'ai senti cette odeur masculine... il y a eu comme un déclic en moi. Une sensation électrisante.

Et quand il s'est adressé à moi... Je... c'était comme un aphrodisiaque! Je n'ai pas pu lui résister.

Quelque chose en moi s'est brisé.

La gentille fille en avait tout à coup marre d'être sage!

Je voulais de l'aventure. Du plaisir. De l'excitation.

Ce séduisant superviseur de chantier de construction était tout ça pour moi!

Alors je l'ai suivi comme un agneau stupide irait à l'abattoir!

Dire qu'il s'agissait en fait de William Fairsight!

Je ne peux pas en vouloir à William.

Il ne m'a jamais menti ni caché son identité. C'est seulement moi qui ne s'était jamais soucié de même lui demander son nom de famille. Pour moi, il était "Monsieur Parfection incarnée". Le type super sexy et super sympa qui supervisait un groupe de travailleurs pour embellir le quartier, tout ça bénévolement!

En plus, ce soir-là, lui aussi, il était soûl.

Lui aussi n'avait pas toute sa tête!

Dans cette chambre de motel, il m'a montré son vrai visage.

Celui du sadique sexuel.

Celui de l'amateur de bondage.

Avec moi, il ne s'embarrassait pas de faux-semblant!

Mais dès le moment où il a compris que j'étais vierge... ça l'a dégrisé complètement!

Je ferme les yeux une nouvelle fois pour chasser cette image...

Celle de son indignation!

Quand il a su que j'étais vierge et donc totalement inexpérimentée aux jeux de l'amour... mon super vilain en était tellement révolté!

William Fairsight doit sûrement maintenant me prendre pour une gamine!

Quelle humiliation!

C'est pourquoi je me suis sauvée sans demander mon reste le lendemain matin!

Ma serviette enroulée autour du corps, je vais m'asseoir devant ma coiffeuse. Je sèche mes cheveux très sommairement avec une autre serviette et je commence à les peigner.

Sur le coin de ma table de chevet, mon cellulaire sonne soudainement. Je tourne les yeux et j'aperçois le visage austère de mon père sur l'écran.

Je revois son visage tout congestionné quand ma sœur lui avait montré cette photo de moi et William, pénétrant dans une chambre de motel, ses bras musclés autour de ma taille... J'ai eu beau lui dire que j'ignorais que c'était lui au moment où j'ai couché avec William Fairsight... mais le fait que je sois prête à coucher avec un parfait inconnu n'a fait qu'ajouter de l'huile sur le feu!

Mon père adoptif était fou de rage.

Sa voix si dure et si cruelle me hante encore:

- Ne remets plus jamais les pieds dans cette maison, c'est compris! À partir de maintenant, Kalinda Jones, tu ne fais plus partie de la famille!

Je m'étais tellement sentie blessée.

Depuis toute petite, c'est toujours lui qui est venu à ma défense. Toujours lui qui me traitait le plus justement... Après tout, c'était lui qui avait voulu m'adopter, parce que sa femme ne pouvait avoir d'enfant...

Mon père a toujours rêvé d'avoir une fille.

Une petite princesse.

Lors du processus d'adoption, il a tout décidé de moi. L'âge idéal, ma grandeur, ma couleur de mes cheveux, la couleur de mes yeux... tout!

Je me devais aussi d'être propre, docile, délicate et gracieuse!

*sarcasme* Ce qu'il désirait, ce n'était pas une enfant, mais une poupée! *sarcasme*

Comble de l'ironie, un peu plus d'un an après mon adoption, madame Jones est tombée enceinte!

- Kalinda! Tu seras toujours notre fille quoiqu'en disent les gens! Peu importe que tu sois adoptée ou non! me disait si souvent mon père, étant jeune.

Mais après la naissance de Tania, les choses ont changé. J'étais très jeune, alors j'en ai très peu de souvenir... Tout est assez flou... Mais du plus loin que je me souvienne, après la venue de ma petite sœur Tania dans la famille... ma mère adoptive est devenue distante avec moi.

Elle ne voulait pas que je m'approche de sa précieuse enfant non plus! Elle a aussi commencé à médire de moi devant mon père... Elle me faisait toujours passer pour la vilaine de l'histoire! En grandissant, ma petite sœur aussi est devenue tout aussi méprisante envers moi, prenant l'exemple sur notre mère.

Mère et fille me méprisaient à cause de l'attention que me donnait si souvent notre père. La raison en était simple. Je souffrais de cardiopathie congénitale, sans doute héritée de l'un de mes parents biologiques...

Plus je grandissais, plus ce mépris se transformait en jalousie.

J'étais douée pour la musique? Tania et sa maman sabotaient alors tous mes efforts.

Douée pour le chant? Même chose!

Douée pour les études?

- Chéri! Ne vaudrait-il pas mieux l'éduquer à la maison? Kalinda a le cœur si fragile!

Et si je voulais pratiquer la danse? Ah non! Mon cœur ne tiendra pas si je suis trop stimulée! «Godrick! Parle-lui!»

Ne parlons pas du jour où j'ai eu le malheur d'avouer à mon père que je rêvais d'être actrice! Je n'avais eu que quelques cours de théâtre et de diction, prodigués par l'un de mes tuteurs, le professeur de français, uniquement pour me divertir un peu... mais aussitôt que j'en ai fait mention, ma sœur Tania en fut jalouse!

Dès le moment où mes professeurs et mon père se sont émerveillés devant mon talent pour les arts dramatiques, elle n'a eu de cesse de m'exclure de la scène artistique locale et de me réduire au silence.