Chapitre 5 La vie monotone d'Élise au domaine

Les jours s'écoulaient lentement pour Élise Smith, chaque matin apportant son lot de corvées répétitives et de solitude. Le domaine des Smith, bien qu'imposant et luxuriant, était devenu pour elle une prison où chaque mur semblait resserrer un peu plus son étau sur son âme.

Sa journée commençait à l'aube, réveillée par les cris autoritaires de Madame Smith, sa tutrice cruelle et implacable.

"Élise! Debout! Il y a des draps à laver et des sols à frotter!" hurlait Madame Smith depuis le bas de l'escalier.

"Oui, Madame. J'arrive tout de suite," répondait Élise, la voix teintée de fatigue et de résignation.

Les tâches ménagères occupaient la majeure partie de son temps. Elle passait ses journées à lessiver, nettoyer, cuisiner et recoudre les vêtements usés. Les moments de solitude, rares et précieux, étaient ses seules échappatoires à cette existence austère.

Un après-midi, alors qu'elle était chargée de dépoussiérer la bibliothèque du domaine, une pièce rarement visitée par les Smith, Élise fit une découverte qui allait changer sa vie. En tirant un vieux livre des étagères, elle fit tomber un petit volume relié de cuir noir. En l'ouvrant, elle réalisa qu'il s'agissait d'un roman érotique. Intriguée et légèrement nerveuse, elle commença à lire.

Les descriptions explicites et sensuelles éveillèrent en elle des sensations nouvelles et envoûtantes. Les mots évoquaient des images si vivantes qu'elle sentit son corps réagir, une chaleur douce et inédite montant en elle.

"Lentement, il la déshabilla, ses mains explorant chaque courbe de son corps, éveillant des frissons de plaisir à chaque contact," lisait-elle, le souffle court.

Chaque page tournée intensifiait ses sensations, ses doigts suivant les mots comme s'ils traçaient des caresses sur sa propre peau. Elle ferma les yeux et s'imagina être l'héroïne du récit, emportée par la passion et le désir.

Ce monde de fantasmes et de plaisirs interdits devint son refuge. Chaque nuit, Élise reprenait sa lecture, avide de ces moments volés où elle pouvait s'échapper de la réalité oppressante du domaine. Les histoires d'amour et de passion enflammée nourrissaient ses rêves, éveillant en elle des désirs qu'elle n'avait jamais osé explorer auparavant.

Un matin, alors qu'elle étendait le linge dans le jardin, une silhouette attira son attention. C'était un homme à cheval, sa posture droite et élégante, sa silhouette imposante et noble. Le cœur d'Élise se mit à battre plus fort. Qui était cet étranger?

Elle n'avait jamais vu de visage aussi fascinant. Même de loin, il dégageait une aura de mystère et de puissance. Élise se cacha derrière un arbre, observant discrètement l'homme qui semblait inspecter les terres. Le soleil couchant baignait la scène d'une lumière dorée, rendant ce moment presque irréel.

"Qui peut-il être ?" se demanda-t-elle à voix basse.

Son regard suivait chacun des mouvements de l'homme, sa silhouette athlétique et le charme qui émanait de lui. Lorsqu'il tourna la tête dans sa direction, le cœur d'Élise manqua un battement. Elle se cacha rapidement, son souffle court. Elle avait l'impression que cet étranger pouvait sentir sa présence, que son regard perçant pouvait voir à travers les arbres et les ombres.

Le soir venu, Élise ne pouvait s'empêcher de penser à l'inconnu. Elle rêvait de lui, son imagination nourrie par ses lectures érotiques. Elle s'imaginait dans ses bras, ses lèvres effleurant les siennes, ses mains parcourant son corps avec une expertise et une douceur infinie.

"Élise, il est temps que tu ailles te coucher," ordonna Madame Smith d'une voix sèche, interrompant ses pensées.

"Oui, Madame," répondit Élise en se dirigeant vers sa chambre.

Allongée dans son lit, elle revivait chaque instant où elle avait aperçu l'homme mystérieux. Ses pensées dérivèrent vers des scènes plus intimes, son corps réagissant aux images que son esprit créait. Ses mains explorèrent timidement sa peau, imitant les caresses décrites dans les romans, cherchant à retrouver la chaleur et le plaisir évoqués par ses lectures.

Les jours suivants, Élise espérait revoir l'étranger. Elle trouvait des excuses pour se rendre au jardin ou près des bois, ses yeux scrutant l'horizon à la recherche de la silhouette familière. Mais il semblait s'être volatilisé, laissant Élise avec ses rêves et ses désirs inassouvis.

Un après-midi, alors qu'elle était en train de lire un passage particulièrement intense de son roman érotique préféré, elle entendit des voix venant de la cour. Curieuse, elle referma précipitamment le livre et se précipita vers la fenêtre. Elle aperçut un groupe de personnes autour d'une calèche luxueuse. Au centre, se tenait l'homme qu'elle avait vu près des bois.

Il discutait avec Madame Smith, son air sévère adouci par un sourire charmeur. Élise sentit une pointe de jalousie en voyant sa tutrice adopter un ton si aimable. Elle se glissa discrètement dans le couloir pour mieux entendre la conversation.

"Je suis ravi de faire votre connaissance, Madame Smith. Je suis le baron William Hastings, nouveau propriétaire du domaine voisin," disait-il d'une voix suave.

Madame Smith répondit avec une politesse feinte. "Enchantée, Baron Hastings. J'espère que vous trouverez votre séjour dans notre région agréable."

Élise retint son souffle. Ainsi, c'était le baron dont elle avait entendu parler. Le mystérieux étranger qui avait éveillé en elle des sensations nouvelles et troublantes. Elle savait maintenant que leurs chemins se croiseraient inévitablement.

Le baron tourna la tête, son regard balayant la cour jusqu'à croiser celui d'Élise, cachée dans l'ombre du couloir. Leurs yeux se rencontrèrent, et une étincelle passa entre eux. Élise rougit et se recula précipitamment, son cœur battant la chamade.

Le soir, alors qu'elle était allongée dans son lit, elle revivait ce regard, se demandant ce qu'il avait vu en elle. Les pensées d'Élise dérivèrent à nouveau vers des scènes érotiques, mais cette fois, l'homme dans ses fantasmes avait un visage. Celui du baron Hastings. Ses caresses imaginaires devinrent plus intenses, plus pressantes, à mesure qu'elle s'imaginait entre les bras de cet homme puissant et mystérieux.

Chaque jour qui suivit, Élise espérait croiser à nouveau le regard du baron. Elle trouvait des prétextes pour être à l'extérieur, espérant un signe, un geste, une reconnaissance de leur rencontre silencieuse. Mais le baron semblait pris dans ses affaires, ses visites au domaine des Smith rares et brèves.

Un soir, alors qu'elle se promenait dans les jardins sous le prétexte de cueillir des herbes pour le dîner, elle le vit de nouveau, près de la fontaine. Il se tenait seul, pensif, le regard perdu dans l'eau miroitante. Élise s'approcha silencieusement, ses pas feutrés sur l'herbe.

Le baron leva les yeux et leurs regards se croisèrent. Cette fois, il ne détourna pas les yeux. Au contraire, il sourit et fit un pas vers elle.

"Bonsoir, mademoiselle Smith. Vous aimez vous promener dans les jardins à cette heure ?"

Élise rougit, sa voix tremblant légèrement. "Oui, monsieur le baron. Les jardins sont si paisibles à cette heure."

Le baron s'approcha, réduisant la distance entre eux. "Je suis ravi de voir que vous appréciez la beauté de ce domaine. Les fleurs et les arbres sont une compagnie agréable."

Élise sentit son cœur s'emballer. La proximité du baron, son regard intense et sa voix douce faisaient naître en elle des sensations nouvelles et enivrantes. "Oui, monsieur le baron. C'est... c'est un endroit magnifique."

Ils se tinrent là, dans un silence chargé de tension et d'électricité, leurs regards plongés l'un dans l'autre. Élise se sentit envahie par un désir qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant, un désir nourri par ses lectures secrètes et ses fantasmes éveillés.

"Élise! Où es-tu?!" cria Madame Smith depuis la maison.

Élise sursauta, brisant le charme de l'instant. "Je dois y aller, monsieur le baron," dit-elle précipitamment.

"Bien sûr, mademoiselle. Mais n'oubliez pas, je suis toujours à votre disposition," répondit-il avec un sourire énigmatique.

Élise courut vers la maison, son cœur battant la chamade. Elle savait que quelque chose avait changé en elle. Ses désirs, ses rêves, tout semblait plus intense, plus réel. Et dans ses pensées, le visage du baron Hastings ne cessait de hanter ses nuits.