Chapitre 4 Emmène-moi

Raphael avait suivi un homme jusqu'à cet endroit, mais il n'avait pas anticipé de subir une contre-attaque. La région était densément peuplée de maisons et le terrain était complexe, il ne pouvait pas prédire sa trajectoire. Son intention initiale était de prendre quelqu'un en otage pour sortir de cette situation, mais il ne s'attendait pas à se retrouver face à Clara. D'une manière inexplicable, en la voyant, il ressent un certain sentiment de confiance.

Il déplace son arme sur le côté, fixant son regard noir sur elle. Sa voix est basse et glaciale :

- Que fais-tu ici ?

- Je vis ici.

Clara, effrayée par l'arme qu'il tient, répond honnêtement la vérité. Les yeux de Raphael s'élargissent de surprise : la fille des Toscane habite dans un endroit pareil ? Cependant, il reprend rapidement son sang-froid et ordonne :

- Emmène-moi chez toi.

- Non.

Elle préfère être abattue plutôt que d'amener cet homme chez elle.

- Vraiment ?

Raphael s'attendait à cette réponse. Il ricane doucement d'une voix sombre comme un fantôme :

- Aimerais-tu que je dise à mon cousin que tu m'as séduit ?

Il la menace de nouveau !

Clara serre les poings, son visage rougissant de colère. Cependant, elle ne peut rien faire contre cet homme dénué de scrupules. Finalement, elle se tourne vers le chemin par lequel elle est venue :

- Suis-moi.

Leur conversation ne dure pas plus d'une demi-minute ici. Dès qu'ils partent, deux hommes vêtus de noir les suivent discrètement. Entendant les bruits de pas, Raphael tire Clara dans une ruelle adjacente de manière prudente. Ils se cachent dans une maison au hasard jusqu'à ce que les deux hommes passent. Ensuite, ils repartent ensemble.

Clara est tendue comme un ressort. Elle ne sait pas à quel genre de personne "Yann" s'est frotté, mais elle sait qu'il n'y a pas de temps pour poser des questions.

...

Rapidement, ils retournent au petit studio de Clara. Elle se tient devant la porte, scrutant les alentours comme si elle était une voleuse, avant d'entrer.

- Mais qui est-ce...

Elle referme la porte derrière elle et se retourne pour questionner "Yann" sur la situation. Cependant, avant qu'elle puisse finir sa phrase, elle le voit s'effondrer au sol.

- Que se passe-t-il ?

Le visage de Clara se décompose et elle se précipite pour l'aider. Mais Raphael, étant grand et musclé, est trop lourd pour elle. Ses mains sont aussi tachées de sang.

Elle réalise que le visage de "Yann" est d'une pâleur extrême, camouflée par ses vêtements noirs qui dissimulent le sang.

Raphael fixe son regard sur le visage paniqué de Clara et tend soudainement la main pour attraper la sienne. Il esquisse un léger sourire :

- De quoi as-tu peur ? Ne t'inquiète pas, même si je meurs, ils ne vont pas t'épargner. Tout au plus, ils t'enterreront avec moi.

Son ton est si détaché qu'il est difficile de discerner s'il plaisante ou s'il est sérieux. Clara, cependant, n'est pas disposée à l'entendre. Elle repense aux coups de feu qu'elle a entendus plus tôt et réplique d'une voix sévère :

- Lâche-moi, je vais prendre mon téléphone et appeler une ambulance !

Son visage devient soudainement sérieux et sa voix glaciale :

- Pas d'ambulance.

Clara sent son emprise se renforcer, faisant mal à sa main. Son visage froid exerce une telle pression qu'elle n'ose pas riposter. Elle dit timidement :

- Alors... je vais t'aider à panser tes blessures ?

Raphael ignore simplement ses paroles et ordonne d'une voix calme :

- Lame, briquet, bougie, bandages, serviette.

Clara comprend qu'il prévoit d'extraire lui-même la balle. Elle secoue la tête d'effroi :

- Non, tu ne peux pas extraire la balle toi-même. Tu vas te tuer.

- Qui a dit que je prévoyais de le faire moi-même ?

Le regard de Raphael la pénètre. Ses yeux sont sombres comme la nuit, profonds comme des tourbillons noirs. Ils semblent avoir le pouvoir d'aspirer les âmes d'un simple regard. Alors que Clara est presque ensorcelée par son regard, il murmure doucement :

- C'est toi qui vas l'extraire.

- Quoi ?

Les mots laissent Clara pétrifiée.

- Je ne peux pas !

Même si elle déteste cet homme, elle respecte la vie. Bien qu'elle soit née d'une relation ratée entre Alexandre et Fernanda et qu'elle ait été utilisée comme une servante au service de Julie pendant toutes ces années chez les Toscane, elle s'accroche à la vie. Elle ne comprend pas comment "Yann" peut prendre la mort aussi légèrement, mais elle ne le laissera pas faire.

Raphael arque un sourcil :

- Préfères-tu être enterrée avec moi ?

Son ton est toujours détaché, mais sa détermination est évidente.

Clara pâlit et rassemble ses affaires avec impuissance. Elle a l'impression que sa vie s'est effondrée depuis le moment où elle a été forcée de se marier dans la famille Moreau. Pourquoi ne pas rendre les choses encore pires ? Amèrement, elle se dit que si "Yann" venait à mourir pendant qu'elle extrait la balle, mourir aux côtés d'un homme aussi séduisant ne serait peut-être pas si mal.

...

Clara fait tout son possible pour garder son calme, mais elle ne peut s'empêcher de trembler légèrement. Elle tente de retirer la balle avec précaution tout en gardant un œil sur "Yann".

Elle remarque que, mise à part son teint pâle et les perles de sueur sur son front, il ne manifeste aucune réaction particulière, pas même un froncement prononcé des sourcils. Si elle doit souligner quelque chose, c'est qu'il ne cesse esse de la regarder.

Elle ressent une certaine étrangeté dans son regard, comme si elle était scrutée par un prédateur. Clara se permet de lui dire :

- Ne me regarde pas.

Raphael n'est pas aussi calme qu'il le paraît. Sa blessure lui fait mal et il perd tant de sang qu'il est au bord de l'évanouissement. Cependant, quand il fixe Clara, la douleur semble s'atténuer miraculeusement.

- Ne sois pas nerveuse, je ne vais pas non plus mourir. Je te fais confiance.

Sa voix est douce et faible, mais chargée de conviction.

Clara n'a jamais été traitée avec autant de confiance et de respect. Alors qu'elle lutte pour retirer la balle, elle ne peut s'empêcher de remarquer à quel point "Yann" est différent de ce qu'elle avait imaginé. Pendant tout ce processus, il n'a pas émis un seul cri de douleur et n'a pas perdu connaissance. Elle n'a jamais vu une telle persévérance, si ce n'est dans les films.

Cependant, elle sent que cet homme est un mystère, un individu complexe qui suscite un mélange de fascination et de terreur.

- Prends un stylo, je vais te faire une liste de médicaments.

Raphael reste intimidant même lorsqu'il parle, malgré sa pâleur. Clara prend note de la liste et se met à chercher les médicaments.

Elle est prudente, allant dans plusieurs pharmacies différentes pour éviter d'attirer l'attention. Quand elle revient avec les médicaments, elle est vigilante et tendue.

...

Lorsque Clara revient au studio, Raphael remarque qu'elle porte des sacs en plastique de plusieurs pharmacies différentes. Elle regarde les noms des pharmacies, essayant visiblement d'être discrète. Un sourire en coin apparait sur le visage de Raphael.

Intelligente et prévoyante.

Il sait que Clara ne l'aime pas, ou du moins, elle déteste "Yann". Probablement, elle a supposé que "Yann" était poursuivi par des ennemis, alors elle est allée dans différentes pharmacies pour acheter des médicaments pour sa blessure, de peur d'éveiller les soupçons.

Clara sort les médicaments et s'agenouille près de lui :

- Je vais te donner les médicaments. Si tu as mal, dis-le moi, je ferai plus doucement.

Raphael reste silencieux jusqu'à ce que le traitement soit terminé. Quand elle se lève pour partir, il l'attrape soudainement et l'embrasse sur les lèvres.

- Je te l'ai dit, pas besoin de lunettes.