Mais moi Babacar Junior Khouma voilà à quoi j'en suis réduit. A faire du harcèlement à la femme que j'aime. La femme qui compte le plus pour moi. Ma raison de vivre.
J'ai tellement souffert et couru avant de la faire revenir avec moi, c'était improbable que je la perde à nouveau car j'étais déterminé à ne plus foutre la merde. Tout faire pour la garder. Mais Dieu en a décidé autrement.
J'étais tranquillement posé dans le hall laissant Sophietou avec sa famille, pour qu'ils puissent partager ce moment d'intimé. Je n'en faisais pas parti. Je ne voulais pas créer de tension ou de non-dit. Surtout je ne voulais pas qu'il parle de moi à la 3ème personne comme si je n'étais pas là.
C'est l'appel de mon frère qui me sortit de mes pensées.
Moi: allô.
Amadou: boy t'es où ?
Moi: à l'hôpital ?
Amadou: comment ça tu fais quoi là-bas? T'es malade? Tu t'es rendu compte que tu étais une femmelette et tu veux une chirurgie rétribution sexuelle.
Moi: Mdr tu es un connard. Mais promis je t'accompagne si c'est ce qui t'arrive.
Lui: bon tu fous quoi à l'hôpital?
Moi: Sophie est tombée.
Amadou: t'es sérieux? Comment tu sais ça toi?
Moi: je n'étais pas loin.
Amadou: tu veux dire que tu as continué à la suivre ?
Encore des jugements? Ils ne peuvent jamais se mettre à ma place. C'est insupportable de se faire juger à tout bout de chant.
Son père m'a demandé de lui donner de l'espace la dernière fois. Il sait que j'aime sa fille. Alors je lui ai dit que je ne comptais pas laisser tomber. Il a souri. Et à répondu « ce n'est pas ce que je vous demande ». Lui au moins il avait compris. Foutus médecins.
Moi: quoi ? Pourquoi tu m'appelais?
Amadou: écoute bro, à un moment donné il faut savoir laisser tomber. Le docteur a dit qu'elle ne retrouverait jamais cette partie de sa mémoire. Passe à autre chose. Tu es beau, tu n'es certes pas gentil mais tu as de l'argent. Les femmes te cours toujours après.
Moi: comment peux-tu dire une chose pareille ? C'est de Sophie qu'on parle? Ma Sophie.
Lui: écoute je le sais bien. J'adore Sophie et ça personne ne peut le nier. Ce n'est pas pour ça que je te le dis. Mais pour toi. Si elle était réceptive à tes tentatives au moins on aurait compris mais cette fille te déteste plus que tout. Tu sais comment elle a la haine tenace.
Moi: c'est nouveau et tu le sais elle m'aime autant que je l'aime.
Lui. Oui l'ancienne Sophie. Je te donne juste un conseil.
Moi: ce n'est pas de ça dont j'ai besoin. J'ai besoin du soutien de mon frère. Je veux qu'on me comprenne. Et ne me dites pas de laisser tomber comme si c'était une simple relation d'amourette.
Lui: bien sûr que je te soutiens plus que tout. Mais c'est aussi de mon devoir de te faire savoir mon point de vue.
C'est vrai après l'accident, j'étais tout aussi perturbé qu'elle. Ce qui continue à me faire mal, c'est le fait qu'elle ait oublié juste ce qui me liait à elle.
D'après le doc c'est un mécanisme de défense. Que le cerveau prend et met dans un endroit bien caché tous les problèmes ou les moments difficiles qu'a vécu la patiente. En gros moi quoi.
Moi: je suis désolé mais je ne laisserais pas tomber, pas elle. Je l'aime trop pour ça Amadou tu le sais.
Il éclate de rire sûrement pour détendre l'atmosphère.
Lui: espèce de negro fragile.
Moi: merde ioe.
Lui: bon on est chez Aissatou pour le dîner, passe après.
Moi: je verrais ce que je peux faire.
Lui: réfléchis à ce que je t'ai dit
Moi: si ça peut te rassurer, elle m'a appelé Babs tout à l'heure.
Lui: ah bon? C'est super alors.
Moi: oui t'as vu ?
Lui: elle est la seule à oser t'appeler comme ça car tu déteste ce prénom.
Moi: oui mais ça m'a donné de l'espoir. A savoir que tout irait bien. J'en suis persuadé. J'y crois. Et je continuerais à y croire.
Lui: tant mieux pour toi. A tt bro.
Moi: ok Amadou.
Je raccroche et je souffle un coup. J'ai juste besoin qu'on me comprenne. Pour elle, je suis pénible mais c'est comme ça, je fais ce qu'il faut pour elle. Like always. Du moins depuis un moment.
Ma belle-mère, mon frère, mon demi-frère et même à sœur m'ont demandé de laisser tomber, de la laisser tomber mais je ne peux pas. Pas cette fois.
Seul mon père ne donne pas vraiment son avis. Selon lui je suis assez grand pour savoir ce qui est bien pour moi ou pas. Donc de faire ce qu'il faut.
Les couloirs des urgences sont vides. Je suis seul assis, la cravate défaite, la chemise froissée. Attendant que Dieu m'envoie un signe.
Moustapha le frère de Sophia me trouve assis dans le couloir. Il me tape dans le dos et s'assoit.
Moi: comment tu vas mec?
Lui: cava. Mais à c'est toi que je le demande.
Moi: comme toujours hein rien à changer, ta sœur continue à me rendre dingue.
Il éclate de rire.
Lui: ouais comme d'habitude. Tu devrais m'en vouloir un peu non?
Je redeviens sérieux, il a raison. A un moment je ne faisais que le blâmer lui. C'était lui qui conduisait. C'était lui qui devait prendre soin d'elle. Mais que puis-je dire, c'est sa sœur. Je n'ai pas de parole à y redire.
Moi: peut être au début. Mais j'étais juste perdu. Ce n'est pas ta faute. C'est Dieu qui a fait les choses.
Lui: moi je continue à m'en vouloir. Sophie est très têtue. Et ce jour-là après avoir eu mon père au téléphone, elle n'était plus elle-même.
Moi: comment ça?
Lui: à vrai dire je n'en sais rien. Je veux dire je ne sais pas si c'est en bien ou en mal.
Moi: tu peux me raconter ce qu'il s'est exactement passé.
Lui: comme convenu, je devais l'éloigner de la maison. J'ai appelé en renfort Fatima et Oumou. On était au restaurant quand notre père a appelé. Je ne sais pas ce qu'il lui a dit. Mais elle a poussé un cri tellement strict, franchement mec je ne sais pas. Elle a compris qu'on était en train de la distraire et elle s'est mise à nous crier dessus comme une demeurée. Elle m'a demandé de la ramener immédiatement et c'est en route qu'on a eu l'accident. Elle ne portait pas sa ceinture contrairement à moi. Et pourtant je lui ai dit. Mais Lou yallah toudone la reik.
Je suis perdu, en fait c'est la première fois que j'entends cette histoire. Je suis totalement hors zone.
Pourquoi criait-elle?
Que lui a dit son père?
Je ne comprends absolument rien.
Moi: ouais tu as sûrement raison.
Lui: bon je vais me trouver à boire, tu veux quelques choses ?
Moi: non non merci.
Il s'en va. Et je sais pertinemment qu'il y a quelque chose que je ne sais pas dans cette histoire. Et je ne peux même pas obliger à Sophie de me le dire puisqu'elle ne s'en souvient pas.
Crier, s'énerver c'est son deuxième prénom mais contre son père. Elle ne le fait jamais. Ce qui est encore plus louche.
Je me décide à appeler une de ses amies. Je sais que Fatima ne dira un mot, elle est trop loyale pour ça. Oumou quant à elle, elle l'est aussi mais lorsqu'il s'agit du bien de son amie, elle peut parler.
Je l'appelle, après plusieurs sonneries, elle répond.
Elle: allô.
Moi: Oumou cava?
Elle: oui. Mba diam Sophie n'a rien?
Moi: elle va bien. Euh je t'appelais pour autre chose, tu as une minute?
Elle: oui oui.
Moi: je voudrais que tu me dises ce qu'il s'est passé le jour de l'accident, j'ai parlé à Moustapha mais il y'a pleins de choses que je ne comprends pas vraiment.
Elle: que veux-tu savoir ?
Moi: pourquoi elle criait ?
Elle: à vrai dire je n'en sais rien. Après qu'on lui ait annoncé la nouvelle, elle n'était plus elle-même. J'ai eu l'impression que Fatima en savait beaucoup plus mais tu la connais comme une tombe cette femme.
Moi: donc tu penses qu'elle était comment au juste ?
Elle: choquée déstabilisée. Je ne saurais le dire. Mais son énervement était définitivement pour son père.
Moi: d'accord! Merci Oumou.
Elle: pas de quoi Junior, tiens bon.
Je raccroche encore plus perdu que jamais. La seule personne qui peut me donner des réponses a perdu seulement toute la part de son esprit me concernant.
Je crois que j'ai besoin de prière.
***
Sara: Khouma eh !
Je relève la tête. Sara vient de me sortir de mes pensées. Cette petite, je ne sais pas pourquoi elle ne me respecte pas.
Moi: je t'ai dit d'arrêter de m'appeler Khouma.
Sara: hum ok je venais t'annoncer une bonne nouvelle mais ce n'est pas grave
Moi: ok dit moi.
Sara: ah Khouma tu es sûr ?
Moi: Sara?
Elle: ok. Sophie veut te voir.
Je saute sur mes deux Jambes et me dirige vers la chambre. Le cerveau embrouillé.
Elle veut me voir. Moi. Je ne suis pas obligé d'entrer dans cette chambre par la force. Ma Sophie veut me voir. Pourquoi perdre du temps.
Tu sais que tu es pathétique au moins Babs ?
Ne m'appelez pas comme ça déjà.
Et en plus je suis amoureux et j'accepte le fait d'être pathétique.
Et ceux qui utilisent ce mot pour me définir sont des gens qui ne sont jamais tombés amoureux de leur vie.
Donc on en reparlera quand vous serait raide dingue de quelqu'un.
Quand j'entre sa mère et son père se lèvent pour sortir. Ils nous regardent à tour de rôle. Et sa mère vient vers moi.
Ma Cira: mon fils cava ?
Moi: oui.
Elle me prend le visage en coupe, et m'embrasse sur la joue. Elle est tellement adorable Cira. Elle fait partie des rares personnes que j'autorise des démonstrations d'affection.
Cette femme est tellement douce que je me pose des questions à savoir si c'est vraiment la mère de cette petite sauvageonne couchée.
Pa issa: mon garçon ça va ?
Je lui serre la main en hochant la tête. Cet homme gagne le respect de tout le monde sans effort. Il aime ses enfants et tout le reste passe en dessous.
Moi: oui.
Pa issa : super. On va rapprocher la voiture sors dans 15 mn bébé.
Sophie: d'accord.
La porte claque derrière eux et le sourire de Sophie disparaît.
Elle: pourquoi tu ne m'as pas dit qu'on se connaissait ?
Moi: parce que le médecin a dit de ne pas te brusquer. Attends quoi ? Tu me reconnais ?
Elle: oui.
Moi: mon Dieu ma chérie c'est vrai ?
Elle se mord la lèvre en souriant
Elle: comment t'oublier. Un salaud comme toi, ça ne s'oublie pas.
Je perds mon sourire automatiquement.
Moi: quoi ?
Elle: je me rappelle de tout.
Moi: de quoi tu parles?
Elle: ah la perte de mémoire t'arrange plus Babs hein.
Putain mais qu'est-ce qu'elle raconte comme ça? C'est quoi ça encore?
Moi: hey dis ce que tu veux dire.
Elle: ce que tu m'as fait avec Fatma. Je m'en souviens très bien.
Attends stop. Dites-moi que ce n'est pas vrai. Elle parle de mon ex là non. Le fait qu'elle prononce son nom n'engendre rien de bon. Bordel de merde?
Moi: quand ?
Elle: ah parce que il y'a eu plus d'une fois?
Moi: de quoi te souviens-tu exactement Sophia.
Elle: deux semaines avant mon accident arrête s'il te plaît de me prendre pour une conne Babs, ça me met encore plus hors de moi.
Attendez ! Sa mémoire est revenue pour s'arrêter à cette date?
Il y'a plus d'une année? Dieu !
Dites-moi que ce n'est pas vrai.
Pourquoi tant d'acharnements au fait ? Je ne comprends pas ? J'ai eu tellement, tellement de mal à effacer cette histoire. Elle me la ressort et me la fouette en pleine gueule.
Non mais ce n'est pas vrai.