Mon père arrive en courant. Sans chaussures, en sous-vêtements et le bas d'un caftan. Sans ses lunettes, ses yeux avaient tendance à s'affiner. Il avait l'air plus paniqué que moi-même.
Lui: lanla laanla lanlaaaaa (qu'est-ce qu'il y'a?)
Ma mère le regarde dans les yeux. En me caressant les cheveux pour me calmer. Voyant que mon père commençait à s'impatienter.
Ma mère: elle a dit que y'a un Mr qui la suit.
Mon père: ahhh quel Mr. Calme toi bébé.
Comme si ce n'était rien, il se calme d'un coup et moi avec. Si mon père ne panique pas, peut être que je ne devrais pas moi non plus.
Il me prend des bras de ma mère. Et me fait un câlin. Me caresse les cheveux. Ça fait tellement longtemps. J'ai toujours était une fille à papa. Ses câlins étaient le remède de toute ma vie. Je me calme au fur et à mesure.
Mon père: calme toi d'accord. Je vais régler ce problème.
Il ne sait même pas de qui il s'agit.
Moi: tu le connais ?
J'étais peu convaincue, mais vu qu'il me suit, il serait assez facile à traquer.
Mon père: je le trouverais.
Moi: dit lui de me laisser tranquille papa.
Mon père: bien sûr ne t'inquiète pas.
Il me fait un bisou au front, prends son téléphone et sort de la maison. Ma mère elle m'accompagne dans ma chambre, elle ne prononce pas un mot.
Le silence devenait lourd.
Moi: maman tu le connais ?
Elle: attend, mais toi, tu es sûre de pas le connaître ?
Moi: non. La première fois que je l'ai vu c'était lundi.
Elle: que s'est-il passé ?
Moi: il m'a parlé, je me suis énervée et je lui ai euh...
Elle: quoi Sophia wakhal (parle)
Moi: ...versé mon jus de euh... bissap
Elle: tu as dit quoi ?
J'ouvre les yeux comme une petite fille prise de faute.
Et à ma grande surprise, ma mère éclate de rire et moi avec. Je venais de me rendre compte de l'ironie de la situation. Verser un verre à un inconnu, c'était puéril et dingue d'un film. Ma mère me donne une tape sur la jambe.
Ma mère: ne ris pas. Ce n'est pas drôle. Je suis sûr qu'il ne l'a pas mérité.
Moi: je ne crois pas non.
Elle: alors pourquoi tu as fait ça?
Moi: euh... je ne sais pas.
Elle: tu devrais savoir, si tu prends des mesures aussi extrêmes, tu devrais avoir une bonne raison ma chérie.
Moi: man je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est que je le déteste....
Mes larmes se mettent à couler. Qu'est-ce qui m'arrive ?
Moi: chaque fois que je le vois, j'ai l'impression qu'on me déchire le cœur. Et pourtant c'est la deuxième fois que je le vois de ma vie. Je te jure Ma.
Elle: ok mais ne jure pas. Change toi et descends j'ai fait une tarte.
Moi: que tu as encore raté c'est ça?
Ma mère est douée pour tout sauf la pâtisserie. Mais elle a espoir que ça change un jour. Ses tartes sont immangeables.
Elle: hey ton père a dit que c'était bon.
Moi: et on le croit.
Elle: impolie.
Je ris en la regardant sortir.
***
Je vais mieux on est mercredi. Et je n'entends plus parler du harceleur. Heureusement.
Mon père était revenu et m'a dit que le problème était réglé.
Je n'ai pas cherché à en savoir plus. Je ne voulais juste pas le voir. Et c'était tout.
Je déjeune avec Oumou et Fatima. Je leur ait pas vraiment parlé depuis samedi. J'ai pris du temps pour me calmer.
Savoir si je leur en voulais vraiment. J'avais vraiment l'impression qu'elles prenaient part pour le harceleur. Et je n'ai pas à me sentir injuste donc il fallait que je me ressaisisse.
J'étais vraiment perturbée par ce Junior. J'ai peur de lui enfaite. Quand j'arrive elles sont toutes les deux à table m'attendant sûrement.
Je leur fais des bises à toutes les deux et je m'assoie.
Fatima: toujours en retard.
Moi: je bosse et mon bureau est loin.
Oumou: humm c'est ça. Tu devais partir plus tôt en plus c'est ton oncle le boss.
Moi: mais oui. Tsheeep !
On se chamaille et on parle du nouveau chéri ultra romantique d'Oumou. Quand quelque chose me trotte dans la tête
Moi: euh les filles dites-moi, d'où connaissez-vous le harceleur.
Elles: qui ça?
Moi: euh... Junior.
Elles: hannnn
Oumou: c'est une amie qui nous l'a présenté
Moi: qui ça?
Fatima: tu ne la connais pas vu que tu étais en France. Elle est aux usa.
Moi: ah ok. Je l'ai rencontré deux fois de ma vie et c'est une calamité ce mec.
Oumou: on a compris. Pourtant il est tellement gentil.
Fatima: bilahi et serviable.
Moi: et psychopathe, et harceleur, et arrogant, et prétentieux. J'oublie pleins de trucs j'en suis sûre.
Oumou: tu ne l'aimes vraiment pas hein.
Moi: non et je veux juste qu'il reste loin de moi.
Fatima: tu sais depuis quand je ne t'ai pas vu détester quelqu'un à ce point ?
Moi: je ne pense pas que ça m'est déjà arrivé
Fatima: et pourtant si. Tu te rappelles de Joséphine Mendy ?
Moi: oh mon dieu je l'avais oublié celle-là. Mais attends je n'étais pas là seule à la détester elle.
Fatima: elle était trop détestable.
On rigole.
Moi: c'est pareil avec ce Junior.
Oumou: laisse Babacar tranquille et donne lui une chance d'être ton ami.
Moi: pas moyen ce mec me harcèle. Il fait fuir tous les gens qui m'approchent. Et n'a jamais essayé d'être gentil alors pourquoi le serais-je ?
Fatima: il a l'air de t'aimer bien tu sais ?
Moi: moi je le déteste tellement.
Oumou: il ne te plaît même pas un peu ?
Moi: il est certainement beau mais j'ai trop peur de lui pour envisager de le voir autrement.
Fatima: il est beau mom.
Moi: tu es aussi célibataire que moi dé. Qu'est-ce qui t'empêche de sortir avec lui.
Fatima: s'il me voulait comme il te veux. Je serais mariée actuellement
Je rigole. Elle est folle.
Moi: tant pis pour vous. Tant que jene le vois pas reik c'est bon.
La journée se poursuit. Au moment de rentrer je l'ai aperçu arriver avec deux autres mecs. Ils se ressemblent trop. L'un était aussi clair que lui et le troisième avec leurs têtes mais il était noir comme une tablette de chocolat. Sûrement de la même famille. Entre nous belle brochette.
L'un venait vers moi mais Junior l'a retenu et lui a dit un truc. Ils ont continué à me dévisager tout en me dépassant comme si j'étais la demeurée et pas eux.
***
Deux semaines sont passées sans que je ne vois Lucifer me suivre. Je l'avais même oublié. Je vivais ma petite vie tranquille sans intervention.
Mais cet après-midi pour la première fois mon collège Moussa m'a invité à déjeuner avec lui. Seul à seul. Il a dit qu'il avait quelque chose d'important à me dire.
Donc à l'heure de la pause, ensemble on a pris sa voiture pour aller à la plancha. Bien installés après nos commandes, la discussion allait bon train quand une silhouette massive s'est manifestée devant notre table.
Je relève la tête et mon regard croise celui de Junior. Ce mec n'a vraiment rien d'autre à faire de sa vie. Il ne fait que me suivre. Je pensais m'en être débarrassée mais je me trompe à ce que je vois.
Moi: cava Junior?
Lui: oui et toi Sophie ?
Moi: je vais bien.
Il se retourne pour regarder mon collège, il le regarde de haut en bas, et se tourne vers la serveuse qui arrivait.
Lui: s'il vous plaît une chaise et un couvert.
La fille toute souriante acquise. Je ne comprends pas. Il veut une chaise pour s'assoir où?
C'est à ce moment qu'arrive la serveuse. Elle pose la chaise et repart. Junior s'assoit à notre table comme si de rien n'était.
Moi: Junior tu fais quoi ?
Lui: je déjeune.
Moi: mais pourquoi à notre table?
Lui: je déteste manger seul. Je suis sûr que ça ne dérange pas ton collège n'est ce pas?
Moussa: euh non t'inquiète.
Moi: mais à quoi tu joues ?
Lui: calme-toi un peu Sophie et arrête de foncer le front tu m'as dit que ça donnait des rides.
Non mais je rêve. C'est quoi ce bordel ?
Moi: tu ne sais même pas pourquoi on est venu déjeuner seul.
Lui: je pense que c'est le moment de me le dire.
- Sophie calme-toi.
Moi: calme-toi rien du tout. Ki daffa khamoul bopam. Ioe Junior li lane la. Junior sonal guama. Nobou mala. Moussou ma la nobb. Té dou ma la mouseu nobb. Guemeul yallah gua bayi ma. (Il ne sait pas quand s'arrêter. Junior toi c'est quoi ça? Junior tu me fatigue. Je ne t'aime pas. Je ne t'ai jamais aimé. Et je ne t'aimerais jamais. Crois en Dieu et laisse-moi tranquille.)
Je jette la Serviette sur la table et me lève. Je prends mon sac et je sors le plus dignement possible du restaurant. Ce mec me sort par les intestins.
Je ne sais pas pourquoi et le fait qu'il ne me lâche pas n'arrange en rien les choses. C'est un forceur. Il m'oblige à être avec lui et je ne veux pas.
Si je pouvais ne plus jamais le revoir je suis preneuse. Qui souma birone diourko dakh nimako bagné. (Si j'étais enceinte je donnerais naissance à un être qui lui ressemble.)
Je sors mon téléphone et appelle la première personne à qui je pense.
Moi: allô !
Sara: y'a quoi ?
Je commence à pleurer malgré moi.
Sara: Sophie tu pleurs?
Je continue à pleurer de plus belle.
Sara: qu'est-ce qu'il y'a ? Dis-moi ? Calme-toi Sophie s'il te plaît tu me fais peur.
Moi: c'est Junior il... il ne me laisse pas tranquille. Je le déteste.
Sara: ah c'est encore lui.
Moi: je ne sais pas pourquoi il me suit comme ça. Pourquoi il ne veut pas me laisser tranquille. Je le déteste tellement.
Sara: pourquoi ?
Moi: je ... je ne sais pas.
Sara: c'est compliqué ce que tu dis Sophie.
Moi: oui mais c'est comme ça.
Sara: écoute ça va passer. T'es ou ?
Moi: je ne sais pas je suis sortie et j'ai marché pour m'éloigner du restaurant
Sara: tu reconnais où tu es?
Moi: non mais je vais prendre un taxi je dois retourner au bureau.
Sara: ce n'est pas une bonne idée. Attends que je passe te prendre.
Moi: non t'inquiète je me débrouille.
Sara: tu es sûre ?
Moi: oui cava t'inquiète.
Sara: ok fais signe dès que t'es au bureau.
Moi: ok.
Après avoir raccroché je regarde de gauche à droite et je commence à marcher à la recherche d'un taxi.
Mes talons trop hauts commencent à me donner des crampes. Tous les taxis que j'ai vus étaient occupés. Je continuais à marcher quand mon talon se prend un trou et je n'entends que mon hurlement avant de tomber sur la tête.
Et là le trou noir.
*
Quand je me réveille plus tard, je ne sais même pas combien de temps j'ai dormi. Je regarde autour de moi du blanc partout. Je vois Babs sur le coin de la chambre assis.
Qu'est-ce qu'il fout là lui?
Dès qu'il voit que je suis réveillée. Il saute sur ses jambes.
Lui: tu es réveillée. Mon Dieu merci. J'appelle le médecin
Moi: non j'ai besoin d'un de temps je vois flou.
Lui: justement c'est une raison suffisante pour appeler le médecin.
Il se tourne vers la porte.
Moi: Babs attends !
Il frise et se retourne lentement.
Lui: comment tu m'as appelé ?
Moi: Babs qu'est-ce qui s'est passé ?
Lui: je ... je ... Tu es tombée au moment où je roulais à côté de toi. Tu es tombée sur la tête. Et je t'ai emmené ici.
Moi: où est ma mère?
Lui: ils arrivent. J'appelle le médecin
Babacar sort de la chambre en accélérant et revient avec le médecin. Celui-ci me sourit.
Médecin: cava madame ?
Moi: mademoiselle. Oui cava je suis fatiguée. Et j'ai les idées embrouillées
Médecin: c'est normal. On a fait L' IRM. Ça ne révèle pas d'anomalies. Vous avez juste une commotion mineure. Rien de bien grave. Je vous ai prescrit des médicaments votre euh...ami l'a déjà acheté.
Moi: oui merci.
Babs: elle peut sortir quand ?
Médecin: dés qu'elle n'aurait plus mal à la tête.
Babs: parfait.
Au moment où le médecin sort, toute ma famille entre dans la chambre. Ma mère me serre dans ses bras avec les larmes aux yeux. Mon père pareil. J'ai l'impression qu'ils m'ont cru morte.
A ce moment là, Babs sort discrètement de la chambre. Je l'ai vu. Je n'ai rien dit.
Mama: ma chérie qu'est ce qui s'est passé Sara nous a raconté. Mais comment es-tu vraiment tombée ?
Moi: sur la tête. Mais le médecin a dit que c'était rien.
Papa: heureusement que Babacar n'était pas loin.
Sara: oui sinon on ne saurait pas ce qui lui est arrivé.
Moustapha: tu as vu que le fait qu'il te suive n'a pas que de mauvais points.
Moi: je me souviens de lui.
Eux: ah bonnnn ???
Ils étaient tous ahuris. Comme si c'était impensable. Mais je me souviens très bien de Babs Junior.