Une pièce privée de lumière.
Le temps s'écoulant lentement.
Une sensation de fatigue.
Des bruits de pas, des cris, une odeur de fer qui remplit l'air.
Une lumière éclatante.
*
Le bruit d'un clair qui fend le ciel m'incite à ouvrir les yeux pour remarquer que l'obscurité surplomb la pièce. Tournant mon regard pour le poser sur le reveil, c'est sans grande surprise que je remarque l'heure qui est affichée.
Quatre heures trente cinq
Je frotte une main sur mon visage pour éliminer le peu de sommeil de cette nuit avant de me lever pour aller pisser dans la salle de bain où se trouvent les chiottes.
Cela fait deux jours maintenant que j'ai trouvé ma proie que j'ai déjà qu'une envie, c'est de me barrer d'ici.
Prenant place devant la fenêtre, je suis comme hypnotisé en regardant la pluie s'écraser sur la vitre. Ce rêve m'a complétement retourné le bide comme à chaque fois.
C'est toujours la même chose, dès que je ferme les yeux, je rêve d'un endroit obscur ou seul le sens de l'ouï et de l'odorat y ont leurs places.
Je ne comprendrai jamais pourquoi cela me perturbe autant. Est-ce tout ce qui fait ma vie en est la cause ?
Même dans mes rêves, je n'ai le droit qu'à une vie sombre et entourée de cadavres ?
Le vibrement de mon téléphone posé sur la table de nuit attire mon attention et je ne suis pas étonné de voir le nom de Tanaka s'afficher sur l'écran.
" Je compte sur toi, ne me déçois pas."
Ce connard a dû encore passer la nuit à culbuter une de ses putes et maintenant, il a décidé de me faire chier moi.
Putain vivement que je lui livre son paquet, pour qu'il arrête de m'emmerder quelque temps.
***
L'air frais de la ville caresse mon visage de démon. L'heure sur ma montre indique que je suis en retard pour la petite sauterie de ce soir. Mais au diable la fête, si j'y vais, c'est pour une chose bien précise.
Le sédatif et la seringue sont bien en place dans ma poche et je me réjouis déjà intérieurement de mener cette mission à bien comme d'habitude.
Arrivant sur les lieux, c'est avec un air de dégoût que je remarque cette marée humaine qui se bouscule pour entrée dans la bâtisse aux murs vibrant rythmé par la musique.
L'envie de rebrousser chemin se fait grande dans ma tête et c'est ce que je ferai si cette putain de mission ne me faisait pas chier.
J'ai une putain d'horreur de la foule et de savoir que je vais devoir esquiver pas mal de corps en sueurs imbibé d'alcool, me fous la gerbe.
Prenant sur moi, je me faufile entre ces ados pour la plupart déjà amochés à la recherche de ma venue dans ces lieux.
__ Akio ?
Il me faut quelque secondes pour me souvenir du nom pourri que j'ai pu donner à cette nana pour ainsi voir ses bras au-dessus de sa tête qui se balance.
__ J'ai bien cru que tu ne viendrais jamais.
Elle glousse en se dandinant sur ses pieds, sa poitrine mise en valeur par un décolleté plus que plongeant, laisse entrevoir la coloration de ses aréoles.
__ J'avais quelque chose à faire avant. répondé-je pendant que je scrute son petit groupe à la recherche de ma proie.
__ Le principal, c'est que tu sois là à présent.
Je ne l'écoute même pas, bien trop occupé à chercher cette Yu-na, quand finalement mon regard tombe sur une silhouette mise en valeur dans une robe rouge. Je ne peux pas le nier, cette fille est carrément bandante.
La sangsue qui se tient bien trop proche de moi commence à énumérer les prénoms de son petit groupe que je m'en tamponne. Je ne vais pas les mémoriser, je compte bien quitter cette soirée aussi vite que possible avec mon colis.
Mon téléphone vibrant dans ma poche, je consulte vite fait pour en connaitre le destinataire.
" Tout est ok, je me suis occupé de tout. "
Je tape vite fait un message de remerciement avant de replonger mon portable dans ma poche.
Levant mon regard, je croise deux jolies billes de couleur brunes et je ne peux empêcher mes lèvres former un léger rictus quand elle se rend compte que je l'observe à mon tour. La petite biche détourne le regard aussi vite qu'un éclair avant de s'enfuir le plus loin possible de moi.
Cours autant que tu veux petite biche, mais tu ne m'échapperas pas.
*
La musique fait saigner mes tympans bien trop fragiles quand il s'agit d'entendre depuis presque une heure de la k-pop en boucle.
Je suis presque à deux doigts de monter rejoindre le Dj pour lui foutre une balle dans le crâne.
Ma patience commence à être à rude épreuve que je contente de calmer en sifflant une deuxième bouteille de bière.
Pendant que le petit groupe s'agite à faire la fête, je reste assis sur la banquette le regard scannant la salle pour ne pas perdre ma proie.
Elle danse avec ses amies, le visage rayonnant et je serai même presque à regretter de devoir lui chambouler sa petite vie de princesse.
J'ai dit presque.
Une chaleur fait pression sur ma jambe, une main à la manucure impeccable fait de légers cercles sur mon pantalon.
__ Salut, chantonne-t-elle trop proche de mon oreille. Tu n'as pas l'air de t'amuser, moi, c'est Hana et-
__ Pas intéressé, et si tu tiens à tes doigts ma jolie, je te conseille d'enlever ta main dans les secondes qui suivent, la coupé-je d'un ton condescendant.
Malgré la lumière faible, je peux voir la pâleur que prend son visage sous ma menace. Elle retire sa main aussi vite qu'elle lève ses fesses et s'éloigne.
C'en est trop pour moi, j'ai perdu assez de temps à faire le con et de jouer le cinéma. Ma jambe tremble d'impatience, j'ai besoin de me défouler.
__ Où est Yu-na ?
Comme un chien de garde, mes oreilles se redressent quand j'entends son prénom.
Je suis là pour une chose bien précise, et je compte bien terminer cette merde le plus vite possible.
L'envie de rentrer chez moi pour me caler dans mon canapé poussiéreux à manger des mochis me fait gronder le bide d'impatience.
Le timing se resserre, et ça Tanaka ne se gêne pas pour me le rappeler dans chaque message ou appel qui me passe, me promettant une lourde punition si je ne finis pas ma mission à temps.
Jamais je ne laisserai ce fils de chien mettre un doigt sur moi, je ne suis plus ce gosse qui devait se cacher dans le jardin pour échapper à ce qui se référence à un père. Plutôt crevé où le crever.
Je récupère le matos dans ma poche et retire avec mes dents le capuchon qui recouvre l'aiguille. Je la plante dans le flacon pour en récupérer le liquide avant de le fourrer à nouveau dans ma poche.
Ne rien jeter, ne laisser aucunes preuves.
Je vérifie que les lieux est désert avant d'enfoncer ma seringue dans ce mignon petit cou, son regard surpris croise le mien dans le miroir recouvert de traces.
La peur qui se dessine dans ses yeux me fait limite jouir dans mon caleçon, l'effet du sédatif est instantané qu'elle n'arrive pas à prononcer un seul mot.
__ Sht.. Détends-toi
Mes bras entourant sa silhouette fine pour éviter qu'elle ne chute sur le sol crasseux.
Une larme solitaire s'échappe quand ses yeux se ferment enfin.
__ La petite biche s'est fait attraper par le grand méchant loup.
Le paquet enfin dans mes bras, il est temps pour moi de reprendre le chemin et de rentrer à Tokyo.