Chapitre 4 ASH

__ Bonjour Ash, me salue le chien de Garde d'une voix condescendante.

__ Kenji, répondé-je sur le même ton.

Je traverse le hall sous le regard brûlant de cet abruti, il reverrait de me faire la peau et c'est tout aussi réciproque. On ne s'aime pas et il ne supporte pas le comportement du boss envers moi. Le toutou est jaloux et aimerait parfois se faire lécher le cul par le patron.

__ Pas si vite !

Putain, à peine arrivé qu'il commence déjà a me les briser.

__ Tu dois aller récupérer de la marchandise au port pour dix-huit heures.

Je m'incline en signe de salutation, je sais que ça l'emmerde quand je me fous de sa tronche, mais j'adore le faire chier.

*

Les relents du poisson pas frais pourraient presque me retourner l'estomac si je n'avais pas l'habitude de sentir le sang ou la chair d'un humain torturé.

Les derniers rayons de soleil commencent à se faire discret pendant que j'attends, adossé contre un hangar, en laissant trainer mon regard pour y inspecter l'endroit.

L'heure du rendez-vous approche et je ne vois toujours aucun signe du mec à qui je dois récupérer la marchandise.

Je commence à perdre patience quand je vois l'heure qui tourne, et je me demande si con va-t-il vraiment se pointer.

__ Putain, grogné-je sur le point de me casser d'ici.

Mais le bruit d'un moteur qui raisonne me confirme qu'il est enfin là.

Je lui laisse le temps de sortir du véhicule pour analyser son comportement, de là où je suis ce mec donne l'impression d'avoir mon âge. Il tourne sur lui-même cherchant un semblant de vie pendant que moi dans mon coin, je prends plaisir à me foutre de lui.

__ Le petit a peur, me dis-je à moi-même, laissant un rictus sur former sur mes lèvres.

Sans plus attendre une seule seconde, je sors de l'ombre et m'avance vers lui.

Son attitude peu sûre de lui quand je m'approche me fait jubiler.

Sa façon de déglutir et les tremblements qu'il pense réussir à cacher, confirme qu'il ne doit pas faire ça très souvent.

Arrivé à son niveau, je garde encore mon visage caché sous ma capuche, j'aime intimider l'adversaire et ça me permet de voir à qui j'ai affaire.

Je peux confirmer à présent que je suis face à un gosse, bien plus jeune que moi. Je lui donne tout juste vingt ans.

Il commence à trembler comme une feuille et doit se demander s'il doit faire ses dernières prières.

Ayant presque pitié pour lui, je décide de mettre fin à ses tourments.

__ Bon- Bonsoir.

Et polie en plus...

Fidèle à moi-même, je lui réponds tout naturellement en lui présentant ma main pour lui faire comprendre que je ne suis pas là pour faire ami avec lui.

Les sourcils qui se froncent, il reste un instant sans réaction ce demandant ce que je peux bien foutre la main tendue.

Pauvre con, je ne suis pas là pour te toucher les boules.

Mais avant que je ne perde le minimum de patience qu'il me reste, une petite ampoule s'illumine au-dessus de sa tête, comprenant enfin pourquoi que je gèle les miches à l'attendre ici.

__ Oh ! Voilà

Les mains tremblantes, il me tend la sacoche que je suis venu récupérer.

Je m'empresse d'ouvrir pour vérifier le contenu qui sauvera sa vie ou qui signera son arrêt de mort.

Une chance pour lui, ce que je suis venu chercher est bien là et je peux voir une lueur de soulagement briller dans ses yeux, quand j'enfourne la sacoche dans la poche de mon sweat.

Remettant ma capuche sur la tête, je tourne les talons et commence à prendre le chemin pour quitter cet endroit quand je me stoppe.

__ Trouve-toi un vrai boulot gamin, avant qu'il ne soit trop tard, Dis-je la tête légèrement pencher, mais cacher par le tissu de ma capuche.

***

Le bruit assourdissant de cette merde que certains appelle musique, me torture les oreilles.

Je longe les côtés pour éviter de me coller à la foule en sueurs afin d'essayer tant bien que mal à trouver le moyen de rejoindre mon acolyte.

Le sourire qu'il affiche quand il me voit arriver me donne limite la gerbe.

__ Enfin, je me demandais si tu allais finalement venir.

Deux femmes de chaque côté, Mao est heureux comme un coq. Je vois déjà son petit manège, il fait venir une nana qui l'intéresse, accompagné d'une amie pour en suite me refourguer la copine.

Mais comme toujours, je montre mon indifférence à la personne concernée sous les regards menaçant de mon ami qui veut que passe du bon temps.

Mao n'est pas au courant que je passe du " bon temps " avec sa sœur, la miss ne veut pas mettre au courant son grand-frère. Je vous avouerai que moi, je m'en carre qu'il soit au courant ou non, Akira est majeure et fait ses propres choix, je lui ai annoncé la couleur dès le départ avant notre relation au corps à corps, qu'avec moi, c'est juste un échangé charnel sans tous les trucs à la con comme une relation, les sentiments et tout le bordel.

__ J'avais un boulot à terminer, répondé-je en m'installant sur la banquette.

La petite brune en face de moi, me lance des regards tout en rougissant, Oh putain, je sens que la soirée va être longue.

__ Les filles je vous présente mon ami Asher. Ash, voici Ambre et Anna. Elles viennent tout droit de France.

Mao, le sourire jusqu'aux oreilles s'approche de la blonde dénommée Ambre et je comprends qu'il a jeté son dévolu sur elle pour ce soir.

Généralement, il se tape des filles d'ici, mais de temps en temps, il arrive à emballer des nanas qui viennent passer des vacances ici. Ce soir, je sais qu'il est motivé comme jamais, il a un penchant pour les petites Françaises et ça ne m'étonnerait pas qu'il termine la nuit avec les deux, quand j'aurai fait connaitre mon refus de vouloir un minimum converser avec elle.

Putain que j'ai horreur de me retrouver dans ce genre d'endroit, je n'aime pas le monde, je suis un homme solitaire. Mais si je ne fais pas un minimum plaisir à Mao, je risque de le voir débouler chez moi avec des nanas différentes chaque soir et piétiner mon antre.

Alors pour éviter de nettoyer mon taudis pour cause de meurtre, je cède en prenant sur moi à venir me faire chier ici.

Le point positif, la bière est bonne.

***

La tête dans le gaz, je frappe à la porte et entre sans attendre la permission de l'autre imbécile.

Le mec se croit comme chez lui, installé au bureau du boss, une prostituée sur les genoux.

En voyant la grimace qu'elle tire, je comprends qu'elle aurait préféré se retrouver à récurer les chiottes plutôt que de se faire tripoter les seins par ce porc.

Vu son visage, je lui donne à peine dix-huit ans, les femmes qui bossent pour Tanaka sont là pour la plupart contre leurs grés, remboursant une dette ou vendu par la famille qui a besoin d'argent. Mais quelques-unes sont là aussi de leur propre chef, ayant que ce seul moyen de subvenir aux besoins de leurs familles.

Je m'approche du bureau pour y jeter la sacoche récupérée hier soir au port.

__ Rien à signaler ? me demande-t-il pendant qu'il vérifie le contenu.

__ Non, tout est en ordre. Répondé-je d'un air ennuyeux.

Ne voulant pas converser plus longtemps avec lui, je lui tourne le dos bien trop pressé de quitter le bureau.

__ Dix-neuf heures sur le ring, le Boss veut que tu achèves une petite merde qui a osé nous voler de la marchandise.

Un léger signe de la main pour lui faire comprendre que j'ai noté le message, je quitte enfin cet endroit.

Ce soir je vais encore devoir me salir les mains pour la énième fois.

            
            

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