Les histoires d'amour finissent mal
img img Les histoires d'amour finissent mal img Chapitre 5 No.5
5
Chapitre 6 No.6 img
Chapitre 7 No.7 img
Chapitre 8 No.8 img
Chapitre 9 No.9 img
Chapitre 10 No.10 img
Chapitre 11 No.11 img
Chapitre 12 No.12 img
Chapitre 13 No.13 img
Chapitre 14 No.14 img
Chapitre 15 No.15 img
Chapitre 16 No.16 img
Chapitre 17 No.17 img
Chapitre 18 No.18 img
Chapitre 19 No.19 img
Chapitre 20 No.20 img
Chapitre 21 No.21 img
Chapitre 22 No.22 img
Chapitre 23 No.23 img
Chapitre 24 No.24 img
Chapitre 25 No.25 img
Chapitre 26 No.26 img
Chapitre 27 No.27 img
Chapitre 28 No.28 img
Chapitre 29 No.29 img
Chapitre 30 No.30 img
Chapitre 31 No.31 img
Chapitre 32 No.32 img
Chapitre 33 No.33 img
Chapitre 34 No.34 img
Chapitre 35 No.35 img
Chapitre 36 No.36 img
Chapitre 37 No.37 img
Chapitre 38 No.38 img
Chapitre 39 No.39 img
Chapitre 40 No.40 img
Chapitre 41 No.41 img
img
  /  1
img

Chapitre 5 No.5

2

Le rythme quotidien rattrapa finalement Samantha plus tôt qu'elle ne l'aurait souhaité.

Dès leur retour de la soirée, qu'elle apprécia à sa juste valeur, et malgré une balade nocturne très agréable, une incompréhension vint ternir le tableau.

Alors qu'il avait été attentionné tout au long de la soirée, une fois qu'ils furent rentrés à l'appartement, Ian se contenta de déposer ses affaires, prendre une douche rapide, rejoindre Samantha dans le lit, l'embrasser furtivement, et s'endormir en un temps record.

La jeune femme resta interdite un très, très long moment... Elle ne trouva le sommeil que tard dans la nuit, son cerveau en ébullition l'empêchant de lâcher prise.

Que s'était-il passé ? La soirée parfaite aurait dû se finir un peu plus lascivement. Elle s'interrogea sur elle-même. Lui plaisait-elle toujours autant ? Est-ce que quelque chose couvait ?

La fatigue finit par l'emporter, interrompant ses divagations.

Au matin, elle fut tirée de son sommeil par la voix de Ian, qui provenait du salon. Il était, déjà, au téléphone.

Rageusement, elle tira un oreiller à elle et pivota sur l'autre flanc, tournant le dos à la porte de la chambre qui était restée entrebâillée.

Samantha hésita. Parfaitement réveillée, elle ne pouvait se résoudre à ruminer dans son coin.

Ian avait légèrement tiré les rideaux de la fenêtre, laissant ainsi pénétrer la lumière matinale qui révélait un beau soleil.

Résignée, la jeune femme jeta la couette en travers du lit et se leva. D'humeur rancunière, elle n'accorda pas d'attention à son homme, préférant se préparer gentiment en essayant d'oublier ses craintes.

Son manège n'échappa pas à Ian, qui vint confronter sa boudeuse de femme.

- Excuse-moi, dit-il à la fin de la plaidoirie de Sam. J'ai passé une belle soirée, mais j'étais vraiment exténué et je n'ai plus l'endurance de ma jeunesse... J'aurai voulu, mais le corps a dit stop... Ce n'est que partie remise.

Il l'embrassa sur le front et la serra contre lui.

- Allons acheter nos cadeaux de Noël, qu'en dis-tu ? Et nous balader en ville. Ça te dit ?

Ian faisait vraiment de gros efforts, il détestait le shopping... D'habitude, il optait pour des commandes en ligne, s'affranchissant ainsi de la contrainte qu'était pour lui le marathon des achats.

Samantha ne put donc que constater que tout n'était qu'un malheureux concours de circonstances et lâcha enfin sa rancœur.

La matinée ensoleillée mais relativement fraîche tenait le couple dans un état de crispation visible. Parcourir la rue de la République devenait une épreuve de résistance !

- Nous aurions dû aller à la Part-Dieu, au moins nous serions au chaud !

- Mais nous ne profiterions pas de cette belle matinée ! Et admirer un sapin à l'intérieur du centre commercial n'est rien à côté de ces jolies décorations, ou de l'ambiance !

Samantha s'était laissé gagner par l'atmosphère féérique. L'odeur des marrons et du vin chaud emplissait ses narines, la disposition d'œuvres éphémères à la gloire des fêtes de fin d'année ravissait ses yeux, tandis que la musique d'ambiance martelait inlassablement des airs festifs dans ses oreilles.

Ian la regardait s'émerveiller. Cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas cédé à extérioriser la petite fille qui vivait en elle. Il ne releva pas et se contenta de la serrer un peu plus contre lui tout en marchant.

Leur matinée marathon terminée, Ian proposa à sa partenaire de s'accorder un petit moment en déjeunant dans un restaurant qui se trouvait sur le chemin du retour.

La serveuse leur trouva une table un peu à l'écart et ils s'installèrent, se délestant de leurs nombreux paquets.

- Je crois que nous avons encore beaucoup trop flambé cette année, remarqua Ian en jetant un œil à la dizaine de sacs d'enseignes qui s'alignaient à leurs pieds.

- Ah ? demanda Sam, l'air faussement surpris.

Ils se mirent à rire ensemble, évoquant leur folie des grandeurs de chaque mois de décembre. Irrémédiablement, l'un des deux flambait sur la quantité de cadeaux accumulés.

La famille de Samantha n'était cependant pas la plus nombreuse. Depuis le décès de sa mère, les réunions de son côté se limitaient à la présence de son père et de sa sœur cadette Sarah, qui était accompagnée de Laurie, sa petite amie depuis presque dix ans.

Gilbert, le père de Samantha et Sarah, réclamait de plus en plus clairement à ses filles une descendance... Ce qui n'était pas d'actualité pour Sam et Ian. À trente-cinq ans, elle n'en avait pas encore envie.

De son côté, Sarah semblait s'intéresser à la question, ayant déclaré quelques mois plus tôt qu'elle et Laurie s'étaient rendues dans une clinique afin de connaître les démarches à effectuer. Mais en France, les lois n'aidaient pas les couples homosexuels à procréer facilement... Samantha n'avait pas eu vent de la suite, peut-être en saurait-elle plus d'ici une dizaine de jours ?

Quoiqu'il en soit, la grande majorité des cadeaux que le couple effectuait ciblait la famille de Ian. Sa sœur Julie et son frère Samuel élevaient respectivement deux enfants, la plus âgée avait neuf ans, et le petit dernier de la lignée allait fêter ses trois ans juste après Noël.

Les parents de Ian vivaient dans un beau chalet du Chablais, en Haute-Savoie, lieu qui accueillait généralement la famille au grand complet pour le repas du lendemain de Noël.

Outre les montagnes de cadeaux, cette journée se prolongeait parfois afin que tout le monde se retrouve. Les vies prenantes étaient une excuse aux rares visites, ce qui incitait souvent la fratrie à prolonger le séjour lorsque cela était possible.

Ainsi, Samantha et Ian se rendaient chez le père de celle-ci avant Noël, puis partaient ensuite chez les parents de Ian pour quelques jours. Cette année, les fêtes ne se passeraient cependant pas de façon conventionnelle. En toute logique, la grande réunion de la famille Nativel se déroulerait le week-end suivant, au grand dam du couple doyen qui n'avait pourtant pas d'autre choix que d'accepter les contraintes des vies de chacun...

Leur discussion fut interrompue par celui qui s'était fait oublier durant quelques heures : le téléphone portable de Ian.

Samantha se tassa sur elle-même et son visage se ferma instantanément. Les yeux fuyants et coupables de Ian se perdirent au travers de la grande vitre fixe, évitant surtout de croiser ceux de Samantha.

Il tentait de résoudre à distance un problème qui paraissait assez épineux pour un gros dossier.

Plus les secondes passaient, plus la jeune femme sentait le feu monter en elle. Sa patience atteignait petit à petit ses limites. Cela faisait trop longtemps que le travail empiétait sur leur vie. Pendant les soirées, les week-ends, même les vacances...

Lui revint en mémoire un événement particulier, survenu l'année précédente lors de vacances d'hiver qu'ils passaient avec un couple d'amis dans une station de ski des Alpes. Ce jour-là, Ian avait reçu un appel, important, car bien sûr ils l'étaient tous. Mais cet appel avait failli être une cause de rupture. Après une discussion téléphonique d'une bonne heure, Ian avait annoncé qu'il devait rentrer à Lyon, ce qu'il avait fait malgré une dispute très virulente avec Sam.

La jeune femme avait refusé de le suivre, restant ainsi avec ses amis pendant les quatre derniers jours prévus du séjour.

À son retour, l'incompréhension dans le couple avait poussé Ian à aller s'installer chez un de ses amis qui vivait seul.

Samantha n'aimait pas se souvenir de cette période de leur vie. Très dures à gérer, très douloureuses pour elle, ces trois semaines avaient été un véritable enfer. Pendant un court laps de temps, elle avait soupçonné Ian de fréquenter une autre femme. Elle ne sut d'ailleurs jamais le fin mot de l'histoire, et au fond, préférait sûrement ne pas le connaître.

Néanmoins, les efforts et compromis se mirent en place des deux côtés, un équilibre s'instaura lentement, permettant de préserver leur relation.

Il arrivait tout de même parfois que ce fragile équilibre bascule. Et c'était ce qu'il se passait depuis quelque temps... Samantha était à bout de nerfs et prête à mettre un stop définitif à tout cela...

Elle patienta, fulminante, en descendant son verre de vin d'un trait. Comme à chaque appel, l'angoisse la gagnait. Ian allait-il devoir partir ? Lyon ou Genève ? Combien de temps ? Ou allait-il résoudre le problème depuis son siège ?

Samantha constatait que leur vie de couple était régie par leurs emplois respectifs. Si elle faisait de son mieux pour laisser ses casquettes multiples de côté quand elle rentrait chez elle, il arrivait très ponctuellement que son activité d'illustratrice empiète sur le cadre personnel. Mais depuis plus de dix ans qu'elle exerçait en free-lance, elle pouvait compter sur les doigts d'une seule main les périodes où des projets l'avaient accaparée à la maison.

Tentant de mettre de côté ces constats inutiles et cette colère dévorante, elle respira profondément et se saisit de son téléphone portable.

Que pouvait-elle faire d'autre en attendant ?

Elle consulta ses mails personnels, puis professionnels. Rien depuis la veille au soir, le dernier étant un message de Cynthia, lui indiquant qu'elle avait réservé une table pour trois personnes dans un petit restaurant chic, près de l'agence. Léo Duval. Elle l'avait oublié, celui-là ! Leur repas du lundi risquait d'être assez atypique... Sauf s'il s'était résolu à rester professionnel.

Levant les yeux, elle regarda Ian, qui cette fois était complètement concentré sur son dilemme. L'issue se dessinait doucement mais sûrement...

Samantha lança un appel à son tour. Elle était la première à critiquer ces gens qui ne savaient pas profiter des instants de la vie réelle en plongeant le nez dans leurs portables... Elle se moquait d'elle intérieurement. Vue avec un peu de recul, la situation prêtait à rire... Tous les deux, à une table entourée de paquets cadeaux, chacun au téléphone, sans aucune considération pour l'autre. Beau tableau...

- Lily ?

- Hey ! Salut ma belle ! Tout va bien ?

Lily n'était pas la meilleure amie de Sam pour rien. Elle la connaissait par cœur, savait tout de sa vie, de ses états d'âme, de ses histoires, de ses doutes et buts dans la vie.

- À ton avis ? ..., souffla la grande blonde, désappointée.

- Étant donné que je n'attendais pas d'appel avant au moins la semaine prochaine, je dirai que ton week-end est en train de tourner court.

- Dans le mile...

- Ne te rends pas malade pour cela ! Si Ian doit aller travailler, il ira. Et tu feras ce que tu voudras faire. Ensuite, vous en parlerez. Et si vraiment tu ne supportes plus la situation, il faudra prendre une vraiedécision, cette fois...

                         

COPYRIGHT(©) 2022