- Oui, mais pas ici. Pas dans le sable : tu l'ouvriras chez toi.
Après avoir terminé notre travail a Oceana Hotel, nous venions toujours passer un moment dans notre petite base secrète.Enfin, pas vraiment secrète mais comme elle était cachée, elle ne pouvait être vue depuis l'hôtel. Et le sentier qui y menait étant connu des seuls habitants d'assinie, les touristes ignoraient l'existence de cette plage minuscule.
- Je vais pouvoir commencer la mienne. Continue Andrea
- Comment sera-t-elle ?
- Gris perle. Très simple... et très sophistiquée. Thierry me remarquera .peut-être enfin...
J'éclate de rire. Andrea était amoureuse du meilleur ami de Fabrice depuis des années, sans que Thierry lui ait jamais accordé la moindre attention.
- Tu dois être très excitée
- Bien sûr ! Je...
Je voulais sourire à Andréa , mais mes lèvres se mirent à trembler tandis que les larmes me brouillaient la vue.
- Qu'est-ce qu'il y a, Maryline ? Dis-moi...
- Je ne peux pas.
- Tu es inquiète à la perspective de... coucher avec lui ? Si c'est ça, tu pourrais lui dire que tu préfères attendre votre nuit de noces, non ?
.
- C'est la seule chose qui ne m'inquiète pas !
Cela faisait très longtemps que je n'ai pas vu Fabrice , mais il m'avait toujours attirée.
Hyacinte , son père, était veuf, et riche : non seulement il possédait
l'hôtel, mais aussi la plupart des commerces et des maisons d'assinie . Et en plus, il soutirait de l'argent à ceux qui restaient indépendants, en échange de quoi il assurait leur protection.
A la mort de la mère de Fabrice , Hyacinte avait envoyé son fils en pension en Europe . Et chaque vacances,quand il était revenu pour les vacances, je l'avais trouvé plus beau.
A présent, après ces années passées en France , il devait être... divinement beau.
- Je suis impatiente de le revoir.
- Tu te souviens comme tu as pleuré, quand il est parti ?
- J'avais quatorze ans. Demain, j'en aurai dix-neuf...
- Tu te rappelles, quand tu as essayé de l'embrasser ?
- Tu parles si je me rappelle ! Il m'a repoussée en disant que j'étais trop jeune... Lui, il avait vingt ans, à ce moment-là. Il m'a dit d'attendre.
- C'est ce que tu as fait.
- Oui, mais pas lui, Il ne se privait
pas, à l'époque : il couchait avec des tas de filles.
- Ça te met en colère ?
- Oui, mais surtout...Je veux la même chose.
- Tu veux sortir avec d'autres hommes ?
- Non, je veux être libre. Et vivre mes rêves. J'ai passé toute ma vie à m'occuper de la maison, de mon père, à lui préparer ses repas, à faire ses lessives. Alors, je ne sais pas si j'ai envie de me marier maintenant. J'aimerais bien travailler dans un cabinet juridique .. C'est comme ton désir de créer des vêtements...
- Oh ! pour moi, ça restera toujours un rêve.
- Pas forcément ! Ta candidature va peut-être être acceptée, et tu vas peut-être partir bientôt pour Milan
- Elle a été refusée. Mes dessins n'étaient pas assez bons pour eux, et je n'aurai jamais les moyens de faire appel à des mannequins et à un photographe pour me constituer un vrai book.
Je n'aurais jamais pu m'en aller, de toute façon, continua son amie. J'ai besoin de mon salaire pour payer le loyer. Hyacinte transformerait la vie de ma mère en enfer, si je...
Il y avait des choses dont elles ne pourraient jamais parler franchement. Mais, de mon côté, je ne pouvais plus garder certaines craintes pour moi
- Je ne veux pas être liée davantage à Hyacinte Je ne pense pas que Fabrice lui ressemble en quoi que ce soit, mais..
- Chut..., m'interrompt Andrea en regardant par-dessus son épaule. Ne parle pas comme ça...
- Pourquoi pas ? On bavarde entre amies, c'est tout.Je ne veux pas me marier tout de suite. J'aurai à peine dix-neuf ans, et il y a tellement de choses que j'ai envie de faire avant de m'installer ! Je ne sais pas si je...
- Tu ne sais pas si tu veux vivre avec Fabrice dans une belle maison, avec des employés à ton service ? Tu ne sais pas si tu veux être riche ? Eh bien, à ta place, je m'estimerais heureuse : le soir de tes fiançailles, hyacinte m'a dit de rester, pour tenir le bar. A partir de la semaine prochaine, je ne ferai plus les lits, je serai...
Un sanglot étouffé jaillit de ses lèvres.
- Telle mère, telle fille, poursuivit-elle d'une voix étranglée. Je n'ai pas honte de ma mère, elle a fait ce qu'elle a pu pour survivre, mais je ne veux pas finir comme elle.
- Alors, refuse !. Dis non à hyacinte!
- Parce que tu crois qu'il m'écouterait ?
- Tu n'as pas à lui obéir au doigt et à l'œil, Andrea . Il ne peut pas te forcer à faire ce que tu ne veux pas faire.
Je détestais la façon dont tout le monde s'aplatissait devant hyacinte , y compris Max mon propre père.
- Et si tu ne peux pas lui dire non, je le ferai à ta place.
- Laisse tomber, Maryline .
- Non. Quand Fabrice sera là, mercredi, je lui en parlerai...
- Ça ne changerait rien. Bon, il faut que je
rentre, maintenant.
- Excuse-moi... Je ne voulais pas être désagréable avec toi. Et je comprends que tu souhaites décider de ton avenir.
- Toi aussi, tu devrais avoir le choix.
En fait, nous ne l'avions ni l'une ni l'autre. Tout le monde estimait que j'avais de la chance d'épouser Fabrice , alors que personne ne m'avait demandé mon avis.
- Tu n'oublies pas ta pilule ?
Deux semaines plus tôt, nous avions pris le bus pour nous rendre dans la ville la plus proche, afin que Je puisse acheter un contraceptif sans que le médecin local soit au courant.
- Oui, tous les jours.
- Je ferais bien de la prendre aussi
- Andréa ...
- Il faut que j'y aille.
- On se voit demain à l'église ?
- Bien sûr ! . Je veux savoir si ta robe te plaît !
J'étais presque arrivée chez moi lorsque je me suis rendu compte que j'avais oublié d'acheter du pain, et fait demi-tour.
Quand J'entre dans la boulangerie , les quelques personnes présentes dans la boutique se turent phénomène qui se produisait de plus en plus souvent, depuis quelque temps.