Un pacte avec le diable
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Un pacte avec le diable

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Chapitre 1 Chapitre 1

POV Angie

Je suis assise dans ce bar depuis au moins une heure. Une heure à regarder mon verre toujours plein de ce liquide ambrée comme si il pouvait m'apporter une quelconque réponse. Je soupire pour la centième fois de la soirée. Je ne dois pas, je ne devrais pas. Je le sais mais j'ai si mal qu'une part de moi se dit qu'une fois que mes lèvres auront juste effleurer ce liquide, mes problèmes commenceront déjà à s'éloigner.

C'est complètement con, je le sais, d'ailleurs je n'ai même pas pris la peine de mettre du fond de teint sur la marque qui doit déjà commencer à se teinter autours de mon œil. Je ne veux pas faire semblant, pas maintenant et de toute façon, dans la société actuelle, ça ne change rien. Absolument rien. Personne ne verra cette trace et si quelqu'un la voit, il fera comme si elle n'existait pas. Tout le monde se fou de ce qui peut arriver aux autres tant que lui même continue de survivre.

Comme ce barman, il se moque que je boive jusqu'à outrance finissant par rentrer avec un mec louche qui pourrait même me tuer dans le pire des cas. Tant qu'il encaisse l'argent, tant que je continue de consommer et que son patron voit les profits s'ajouter au malheur des autres.

Mon doigt passe sur le contours de mon verre. J'en ai envie, vraiment envie et quand mon portable vibre dans ma poche, je ferme les yeux en laissant une larme couler. Je n'ai pas besoin de le prendre. Pas besoin de le regarder, je sais déjà et au même moment, j'attrape mon verre pour le porter à mes lèvres avant d'en avaler une grande gorgée. Aussitôt, le liquide brûlant glisse dans ma gorge en éveillant soudain de vielles sensations. Je sais que je ne vais pas m'arrêter là et que de toute façon, tout le monde s'en fou. Personne ne va venir me sauver de cet enfer. Personne ne viendra à mon secours.

- J'ai cru que j'allais finir par vider ton verre dans l'évier, dit soudain le barman en s'approchant de moi.

- Je crois plutôt que je vais en commander un deuxième, dis-je d'une voix morne.

- Ça marche. Je te prépare ça.

Bien sûr qu'il va le faire, tant que je paye ce que je consomme, il se fou de la quantité, il se moque du nombre de verres que je peux descendre. Mon portable vibre à nouveau et j'avale une nouvelle gorgée avant de poser ma tête sur mes bras sur le comptoir du bar. Je sors mon portable de ma poche et le pose à côté de moi. Cet objet de malheur qui ne me laisse jamais en paix, il ne fait qu'étendre ma prison un peu plus loin, sur un territoire un peu plus étendu. Je soupire une nouvelle fois. Mon œil me fait mal, demain il sera sûrement plus foncé qu'il ne l'est maintenant.

Je pourrais toujours me dire que si je le voulais, je pourrais partir, tourner la page, recommencer. Mais à quoi bon. Il me retrouvera. Il me ramènera chez lui. Et comme à chaque fois, il s'excusera rapidement avant de recommencer, avant de faire de moi sa chose, avant de me soumettre à sa volonté pour me faire toujours plus de mal. Il ne m'aime pas, il ne m'a même jamais aimé, je ne suis pour lui qu'un trophée qu'il peut arborer, surtout avec une bonne couche de maquillage pour couvrir les traces de ces excès de rages, de jalousie irrationnel.

Comment peut il croire que je vois quelqu'un d'autre alors que je ne suis même pas maître de ma propre vie. Je ne peux rien faire, j'ai perdu ma liberté il y a longtemps. Mon deuxième verre arrive. Je glisse un billet en guise de paiement sans même relever la tête et vois mon portable s'illuminer à nouveau. Il va commencer à perdre patiente en voyant que je ne lui réponds pas. En réalisant qu'une fois loin de lui, je suis capable de faire mes propres choix.

Je laisse mes larmes couler sans retenues, de toute façon, personne ne les verra et j'attrape mon verre avant de le vider d'une traite.

- Un autre, dis-je sans me soucier de savoir si le barman me regarde.

Je ne cherche même pas à essuyer mes larmes. Comment ai-je pu en arriver là ? Pour me sentir si misérable, si malheureuse que j'en viens à étancher ma douleur dans un verre de rhum en priant pour qu'il me permette d'oublier.

Une mèche de mes cheveux blonds vient barrer mon regard qui ne voit le monde qu'à travers ce verre vide. Je ne la remets pas en place, ça ne sert à rien et quand une voix m'interpelle derrière moi, je ne lui réponds même pas. Je soupire en réalisant cette vérité que je ne connais que trop bien. Les hommes ne veulent que deux choses de moi, me baiser ou me cogner. Je ferme les yeux en entendant le son du verre qui claque contre le comptoir. Je sors un billet de ma poche et le tends. Le barman s'en saisit rapidement. Je viens de dépasser la limite pour pouvoir reprendre le volant, malgré ça, il ne m'a rien demandé, il n'a posé aucune question sur mon moyen de transport. Ce qui ne fait que confirmer ce que je pense. Il ne souhaite que mon pognon. Je pourrais bien crever ici même, personne ne prendrait la peine de se retourner.

La musique se fait plus forte après un certain temps. Je suppose que la soirée bat son plein et moi je suis étrangère à tout ça tant mon regard reste figé sur ce petit appareil qui régit ma vie. Il clignote, alterne entre textos, appels, messages privés sur les divers réseaux sociaux. Il a infiltré toute ma vie sans que je ne fasse rien pour l'en empêcher. Comme une araignée qui tisse lentement sa toile autours de sa proie afin de parvenir à l'emprisonner, afin de la garder à sa merci sans qu'elle ne puisse se dégager de cette emprise.

Je sens à peine mon corps qui commence à se laisser griser par l'alcool, quand une nouvelle voix m'interpelle.

- Mademoiselle. Mademoiselle, répète t-il un peu plus fort.

Je ne veux pas lui répondre, je ne veux pas parler à un homme, j'aimerais simplement qu'ils n'existent pas. Sa main se pose sur mon épaule, chaude, presque rassurante, du moins c'est ce qui me traverse l'esprit en premier lieux avant que je ne la repousse violemment. Je ne veux pas qu'on me touche. Je veux qu'on me laisse seule, continuant à pleurer sur tout ce qui reste de ma vie. Car je vais y retourner, à un moment ou un autre. Je le sais, je ne supporterais pas d'être pisté, d'être toujours sur mes gardes alors qu'il fera tout pour me retrouver, qu'il fera tout pour me replacer là ou il pense être ma place, à ces pieds, à poil, prête à le servir et à écarter les cuisses selon son bon vouloir, acceptant les coups qui ne servent qu'à le défouler et accueillant sa semence en poussant des pseudos cris de plaisir. C'est tout ce qu'il attend, tout ce qu'il désire et moi je n'ai plus le choix, je dois accepter ou en mourir, car si je fuis, c'est la seule solution qu'il me reste.

- Je ne veux pas vous importuner, continue cette voix. Mais vous ne me semblez pas aller bien et je me suis dis que vous auriez peut être envie de parler.

Je soupire alors que dans ma tête quand il dit parler, ça signifie surtout qu'il veut m'emmener dans son lit.

- T'as aucune chance d'y parvenir, dis-je en avalant une nouvelle gorgée. Alors barres toi maintenant. Casses toi avant qu'il me retrouve et que tu en payes le prix. Un autre, dis-je un peu plus fort en posant mon verre vide sur le comptoir.

Encore une fois, pas un seul message d'avertissement, rien. Rien d'autre que le bruit du tiroir caisse qui s'ouvre et se referme. Le prix du capitalisme. Consommer toujours et encore. Continuer, jusqu'à l'outrance, tant que sa remplit les poches de quelqu'un.

- Merci de vous inquiéter pour moi, mais ne vous en faîtes pas, j'assume toujours mes actes et je crois être capable de voir quand une femme est si malheureuse qu'elle enchaîne les verres en regardant son portable qui ne cesse de sonner. Sans compter que vous seriez encore plus belle si aucune marque n'était venue se poser sur votre visage, dit-il en s'approchant.

- Un objet n'est magnifique que dans les yeux de celui qui le regarde, le reste du temps, il n'existe pas, il se contente d'attendre que quelqu'un daigne réaliser qu'il a encore une utilité.

-Je trouve cette façon de voir bien triste, ajoute t-il en tirant une chaise à mes côtés.

Voilà, on y arrive. Il va me faire son numéro de charme et attendre que je tombe dans ces bras comme si j'y étais destiné.

- Tu ne me baiseras pas, alors barres toi, tu perds ton temps et le mien au passage.

- Te baiser ? Moi ? Tu te trompes. Je ne baise pas comme tu dis. Si une femme entre dans mon lit c'est qu'elle le souhaite vraiment et là je ne la baise pas, je lui donne autant que je peux prendre. Je fais en sorte qu'elle soit la plus satisfaite possible. Mais bon, passons, là n'est pas le sujet. Je ne veux pas te baiser, j'ai juste vue que tu étais malheureuse et je me suis dis que peut être tu aimerais une oreille compatissante.

- Hé bien c'est gentil mais non, ça va. Je vais très bien. Alors rentres chez toi, vas trouver une autre nana, fais ce que tu veux mais part.

J'entends qu'il ne bouge pas plus qu'il ne me répond. J'ai pourtant été claire et au moment ou un nouveau verre se pose devant moi et que je m'apprête à m'en saisir, mon geste est stoppé par une main chaude et puissante.

- Je crois que tu as assez bu.

J'ouvre soudain les yeux et découvre un homme magnifique, un homme que je croirais tout droit sortit de l'imagination d'un auteur de roman à l'eau de rose. Un brun aux yeux presque noir, un bon mètre quatre vingt, musclé, habillé avec élégance à se demander ce qu'il fait dans un endroit pareil. En regardant autours de moi, je vois que plus de la moitié des nanas de la salle ont le regard posé sur lui et je soupire un peu plus fort avant de lui dire.

- T'as qu'à tourner la tête pour avoir la fille que tu veux. Vas chasser ailleurs. Tu n'auras rien de moi.

C'est étrange, j'ai presque l'impression de voir quelque chose au fond de son regard, une pointe de tristesse, quelque chose qui passe si rapidement que je ne suis pas sûr de ce que j'ai vue. Et puis il faut dire que j'ai déjà pas mal bu, je ne suis pas au meilleur de ma forme.

- Si je voulais baiser, dit-il en buvant mon verre, c'est ce que je ferais, si je souhaitais vraiment ça, est-ce que je serais en train de parler avec la seule femme qui ne m'a pas regardé depuis que je suis entrée?

- Qu'importe si tu te prends juste pour un sauveur au grand cœur. Il n'y a plus rien à sauver. Plus rien à voir. Cette marque que tu as soulignée n'est rien, ce qu'il y a au fond de moi est plus sombre, bien plus sombre. Je suis déjà perdue, je le sais depuis longtemps.

- Il y a toujours une étincelle, dit-il alors que je vois le regard du barman changer. Il suffit de regarder droit devant pour l'apercevoir. Rien n'est jamais perdu. Il n'y a que dans l'obscurité que la nuit peut révéler tout son éclats.

            
            

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