Chapitre 5 Chapitre 5

Comme à chaque fois, Taylor était là et à son sourire sadique, j'ai su que c'était lui qui avait introduit les fleurs dans le casier de ma sœur. Il a alors sortie sa main de sa poche pour en dévoiler un petit objet. Un porte clé en forme de phénix, un porte clé que j'ai tout de suite reconnu comme appartenant à ma sœur. Je lui avait offert quelques semaines plus tôt, comme un symbole. Pour lui montrer qu'on peut toujours renaître de ces cendres. Mon cœur s'est emballé, ma respiration s'est bloquée dans ma poitrine. J'ai regardé les invités autours de nous.

Personne ne prêtait vraiment attention à nous, à ce petit jeu qui venait juste de commencer.

Je n'ai rien dis, j'ai juste posé mon verre en tournant les talons puis j'ai quitté la soirée pour rentrer au plus vite chez nous. C'est à ce moment là que j'ai découvert Christie en larme dans notre salon. J'ai couru jusqu'à elle et l'ai forcé à me regarder. Et ce que j'ai vu m'a brisé le cœur. Des traces de coups, un œil enflé, une pommette tuméfiée sans parler des marques de doigts sur ces bras. Je lui ai demandé ce qu'il s'était passé et elle m'a raconté, entre deux sanglots que depuis des mois, elle communiquait avec un garçon sur un réseau sociale, qu'ils s'appelaient souvent et qu'elle lui faisait confiance. Quand il lui suggéré de se voir, elle a accepté sans crainte, sans se méfier, sans voir le mal absolu qui parcours ce monde.

Le prince charmant n'en n'était pas un. Il l'a agressé pour lui voler ces effets personnels, l'a frappé mais à mon grand soulagement, n'a pas été plus loin. Je savais exactement qui avait bien pu faire ça sans en avoir la preuve. Ma sœur n'a pas pu le voir, il l'a agressé par derrière et pendant que les coups pleuvaient, elle a fermé les yeux en se recroquevillant sur elle même. Je me souviens de ce sentiment de haine, de rage qui s'est emparé de moi et j'ai immédiatement appelé la police pour faire part de cette agression.

Bien sûr l'enquête n'a mené nul part. Aucune caméra, le profil de l'agresseur avait disparut des réseaux et bien entendu, il avait utilisé une fausse identité. Christie s'est alors renfermée sur elle même. Petit à petit, elle ne devenait plus que l'ombre d'elle même. Un zombie qui se nourrissait à peine. Les fleurs ont continué d'arriver, ainsi que les cartes de plus en plus menaçante. Jusqu'au jour où sur l'une d'entre elle, elle trouva le message « Encore quelques temps et tu seras mûr, tu seras prête et je pourrais enfin me délecter de ton corps. ». ça a été la goutte de trop. Celle qui l'a fait sombrer et sous les conseils de notre médecin, j'ai du la faire hospitaliser.

Matt s'est alors présenté chez moi sans aucune invitation et a été franc pour la première fois.

Flash Back

- Tout peut s'arrêter maintenant. Tu acceptes la fusion et ta sœur retrouvera la paix. Tu t'obstines à refuser et je peux te promettre que ça n'est qu'un début. Je me demande combien de temps encore elle va pouvoir tenir avant que l'idée ne lui traverse l'esprit de mettre fin à ces jours.

- Je l'ai sentis la première fois où je t'ai vu mais t'es vraiment qu'un enfoiré.

- C'est pas très gentil de dire ça à quelqu'un qui détient la vie de sa sœur entre ces mains. Et puis, tout ça c'est un peu de ta faute. Si seulement tu avais accepté quand je te l'ai demandé. Si tu ne m'avais pas tenue tête de cette façon. Si tu n'avais balayé chacune de mes propositions, d'un revers de la main.

- Parce que je sais très bien que tu ne veux pas qu'une fusion entre nos groupes. Tu veux autre chose.

- C'est exact. Je ne veux pas une fusion qui pourrait être dissoute du jour au lendemain. Je veux une union entre nos familles. Je veux que tu deviennes ma femme sous le régime de la communauté de biens. Je veux que ce qui t'appartient, m'appartienne aussi. Toi tu es un bonus plutôt agréable à regarder dans cet accord et qui peut avoir son utilité.

- Tu veux qu'on se marie ? Sérieusement ?

- Je te l'ai dis, tout peut s'arrêter maintenant. Tu acceptes et ta sœur vivra en paix, elle reprendra le cours de sa vie, aura un avenir, une chance de devenir une femme, une mère. Tu refuses et la prochaine fois que Taylor rendra visite à ta sœur et même si il préfère les femmes aux gamines, il fera une exception pour elle, je te garantis que ça n'est pas un tendre, elle se rappellera toute sa vie de sa première fois si elle parvient à s'en remettre. C'est à toi de voir. À toi de savoir ce que tu es prête à sacrifier pour la survie de ta précieuse petite sœur.

- J'engagerais des gardes du corps. Des hommes que ton chien de garde ne pourra pas atteindre.

- Tu peux, mais je dois te prévenir que c'est un expert dans son domaine et que je n'ai pas été le chercher n'importe où. Tu peux prendre autant d'hommes que tu veux. Même si ça prend du temps. Il trouvera une faille. Un instant, une fraction de secondes, suffisante pour lui et crois moi, si il doit attendre, il sera encore plus frustré alors à ce moment là, je ne réponds plus de son comportement.

Mon cœur bat trop vite, ce mec est un taré, un sadique qui se plaît à faire souffrir les autres et qui n'a aucune conscience, aucune morale. Un long frisson me parcours. Je sais qu'il n'hésitera pas à mettre ces menaces à exécution. Je serre mes poings. Je ne peux pas mettre Christie en danger. Il a raison, sa santé mentale se fragilise, si il continue, elle finira par flancher, par tomber et peut être que cette fois, je ne pourrais plus la relever.

- Je ne suis pas un barbare, ajoute t-il, en me souriant. Je te laisse le temps de la réflexion. Nous sommes mardi. Tu as jusqu'à Vendredi pour me donner ta réponse. Si tu acceptes, je te laisse ma carte, il y a mon adresse dessus. Viens me rejoindre pour le dîner, je te préfère quand tu es en tenue de soirée, continue t-il en me regardant de la tête au pied. Nous scellerons alors notre union et tu seras mienne jusqu'à ton dernier souffle. Si tu refuses, je te donne rendez vous dans quelques mois, à l'enterrement de ta sœur. Tu dois déjà bien connaître le chemin après avoir enterré ta mère et ton père. C'est à toi de jouer, dit-il en se relevant. À toi de voir.

Fin du Flash Back

Je me souviens avoir passé des heures et des heures à pleurer jusqu'à ce que plus aucune larmes ne soient encore capable de perler de mes yeux. Des heures entières à me préparer à ce que je savais inévitable. Des heures entières à réaliser que ma vie allait prendre fin. Que plus jamais je ne serais libre. Le vendredi suivant, j'ai scellé notre accord en passant la pire nuit de ma vie, ou du moins l'une des pires car bien d'autres ont suivit. Le lendemain, je suis allée voir ma sœur et peu de temps après, elle est sortie de l'hôpital. Il lui a fallut du temps, mais elle a reprit confiance en elle et a commencé à s'épanouir, à reprendre goût à la vie alors moi que venais de sacrifier la mienne.

Pendant tout ce temps, Sam s'est chargé de tout organiser, du mariage à la fusion entre nos groupes. Je ne me suis occupée de rien, pas même de la robe que j'allais porter le jour même. Je me suis concentrée sur ma sœur. Je lui ai trouvée une nouvelle école, dans une autre ville ainsi qu'un appartement qu'on a choisit ensemble. Bien entendu j'ai engagé du personnel pour qu'elle ne soit pas seule et pour qu'elle reste protégée.

Le jour de la cérémonie je me suis surprise a être bien meilleure actrice que je ne le pensais. Christie n'y a vue que du feu, à aucun moment elle ne s'est aperçut que derrière mes sourires de façades, mon cœur se brisait en tellement de morceaux que personne ne pourrait être en mesure de le réparer. Sam a joué son rôle à la perfection, imitant le jeune époux comblé mais lors de la nuit de noce, après avoir descendu des flûtes de champagnes, il s'est défoulé sur moi et j'ai mis trois jours avant de pouvoir sortir de mon lit. Trois longs jours que ma sœur à interprété comme une sorte de lune de miel.

Quand j'ai l'ai revue, elle commençait déjà sa nouvelle vie et petit à petit, elle s'est éloignée. D'une certaine manière, c'est aussi pour son propre bien. Car je ne doute pas que je n'aurais pas pu lui jouer la comédie éternellement. Même si c'est pour elle.

Je finis par fermer cette application qui me rends un peu trop nostalgique et je me dirige vers la fenêtre pour observer les nuages qui couvrent la ville. La pluie qui tombe en abondance. Décidément, la météo est à l'image de mon humeur, maussade. Je soupire jusqu'à ce que mon portable me tire de mes pensées. Je ne reconnais pas le numéro qui s'affiche. Je mets une seconde pour me demander si je devrais répondre avant de laisser mon doigt faire glisser l'écran.

- Allô ?

- Bonjour, je n'étais pas sûr que vous prendriez la peine de décrocher, déclare une voix d'homme que j'ai déjà entendu.

- Dans ce cas, à quoi bon prendre la peine d'appeler ?

- Parce que je suis d'un naturel optimiste et je pense que qui ne tente rien n'a rien.

- Je peux savoir à qui je parle.

- Désolé, je ne voulais pas vous déranger. Je souhaitais juste savoir si vous alliez bien. J'avoue m'être inquiété pour vous depuis votre départ hier soir.

- Vous êtes l'homme d'hier soir ? Celui qui voulait m'aider.

- En effet, vous aider pas vous baiser, reprend t-il avec un petit rire.

- Comment avez vous eu mon numéro ?

- Il me semble vous l'avoir dit, j'ai les moyens de vous aider et de vous protéger. Trouver votre numéro n'a pas été la chose la plus difficile qu'il m'est été donné de faire.

- Hé bien vous n'auriez pas du appeler mais vu que vous l'avez fait, je vous rassure, je vais bien.

- Vraiment ? Et votre œil ?

- Après un passage entre les mains d'une professionnelle on y verra plus rien, dis-je en soufflant.

- J'en déduis que vous ne souhaitez toujours pas mon aide ?

- En effet. Et ne refaites pas ça. Ne me rappelez plus. C'est une mauvaise idée, pour vous comme pour moi.

- J'ai malheureusement un léger problème avec ça. Je ne supporte pas de savoir qu'une femme souffre dans l'indifférence la plus totale.

- Merci de vous inquiéter pour moi. Je suis sincère, personne ne s'est préoccupé de moi de la sorte depuis très longtemps, mais ça ne change rien. Comme je vous l'ai dis, j'ai fais un pacte avec le diable et j'irais jusqu'au bout.

- Vous savez, je suis très doué en matière de contrat. Il y a toujours une close, une échappatoire, il suffit souvent de savoir où chercher pour retrouver sa liberté.

- Peut être, mais le diable a toujours un coup d'avance et il n'est pas du genre à laisser des closes en sortie de secours, dis-je en soufflant.