Le récit de Mélodie
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Chapitre 3 Chapitre 03

Chapitre 3 : La ceremonie

«...Elle...elle est en train... de mourir, papa ne sait pas quoi faire »...

« Elle est en train de mourir»... «...mourir »

J'entendais cette phrase retentir dans ma tête comme s'il y'avait de l'écho, elle sonnait et résonnait dans ma tête alors que je courrais comme une folle en direction de la case oubliant même mon frère derrière moi.

La seule pause que j'eus à prendre fut quand j'arrivais devant la parcelle, ma respiration était très forte et haletante, ma gorge était tellement sèche que j'avais l'impression d'étouffer et manquer d'air en meme temps mais je ne fis pas attention et forçait de marcher car mes pieds étaient tout faible et ne me portaient presque plus.

Je remarquais qu'il y'avait des gens autour de la case, lorgnant depuis le dehors l'intérieure. J'eus peur tout d'un coup, ce genre de rassemblement autour d'une case il y'en a que quand il y'a un très grand problème, un décès ou une maison en feu...

Je pensais alors que le pire était déjà arrivé, mais je me retenais de pleurer malgré la peur qui me remplissait, me faufilant dans ce monde qui était regroupe je longeais ma tête et voyais Ngabou qui tremblait de partout alors que son corps était raide et sa respiration irrégulière.

Je rentrais donc totalement dans la case et allait plus pres d'elle. Il y'avait juste papa qui a ma grande surprise ne faisait rien.

-papa qu'est-ce qu'elle a demandais-je en m'agenouillant vers elle.

Son teint était bleuâtre, je me sentis trembler à l' instant ne comprenant pas ce qui se passait. C'était ma première fois de voir une telle chose.

-mais qu'est-ce que vous faites encore tous ici entendis-je une voix de dame dire. La personne que je vois encore autour de cette case ou même de cette parcelle, je la bloque pour toujours ici ajouta-t-elle d'une voix menaçante

Je reconnaissais cette voix. Je la connaissais parfaitement bien, c'était celle de maman Helenga, celle qui avait fait...accoucher maman...celle qui...qui avait tenté de maintenir maman en vie mais avait échoué pensais-je douloureusement.

Elle s'approcha avec toutes formes de feuilles et d'herbes qu'elle déposa près de Ngabou sans même me porter un regard me faisant juste signe de m'eloigner.

-j'ai fini avec la maison, je passe a ta fille dit-elle en notre langue maternelle avant de maintenir fermement la tête de Ngabou

Finit avec la maison ? Qu'est-ce que ça voulait dire? J'avais envie de parler mais n'arrivais pas. Je n'arrivais pas à dire un mot surement parce que j'étais sous le choc... voir ma sœur avec ce teint bleuâtre était non seulement traumatisant mais me glaçait aussi carrément le corps.

Pendant dix minutes papa et moi étions non loin de maman Helenga qui avait fermé les yeux tout en murmurant des choses à peine audible. Quelques secondes plus tard elle les ouvrit puis se mit à verser des trucs sur le corps de Ngabou et parlait une langue différente de celle du village...tantôt c'était un peu comme du charabia tantôt cela paraissait être une autre langue... J'en étais confuse

-papa que fait-elle lui demandais-je... et qu'est-ce qu'elle dit ?

Mais mon père resta silencieux et regardait juste fixement Ngabou. C'est à ce moment que Ngapika arriva...je l'avais vraiment oublie derrière, le pauvre était essouffle.

-ah voila dit-elle en se retournant vers Ngapika avec un léger sourire...viens, viens te mettre à cote de ta sœur et ferme les yeux en la tenant fort. Les choses iront plus vites ainsi continua-t-elle de dire en notre langue maternelle que je croyais être la seule langue qu'elle parlait car c'était bien la seule langue parlée dans le village.

Ngapika la regarda d'un air étonné, se tourna vers moi puis papa qui regardait Ngabou de la même manière. Ça devenait inquiétant.

-tu viens ou tu préfères que ta sœur jumelle puisse mourir?

Sans même attendre une seconde de plus Ngapika alla s'agenouiller près de Ngabou et fit ce que demandait la femme. Tous les deux fermèrent les yeux. Voir tout cela me mettait mal à alaise sans trop savoir comment et pourquoi.

Elle reprit a parler je ne sais quelle langue puis prendre les feuilles qu'elle versait, elle faisait tout un tas de chose sur ma sœur.

Au bout de cinq minutes je vis le corps de Ngapika se raidir puis Ngabou se calmer avant que n'ouvre Ngapika les yeux en se tenant le front. J'avais l'impression d'avoir manqué un épisode, pourtant tout se passait devant moi.

Ma sœur s'était certes calmée mais nous regardait comme si elle ne nous connaissait pas. Elle nous regardait avec étonnement, comme si elle se demandait qui nous étions. Je pris peur à l' instant et partais vers la femme...

-qu'est-ce que tu lui as fait demandais-je donc affolé...c'était quoi tout ce que tu disais et ces trucs que tu lui crachais dessus

-....

-Ngabou ? Ngabou tu m'entends ? Ngapika tu m'entends ?

-oui répondit ce dernier en s'assaillant calmement mais l'air un peu lointain

Je le regardais un petit moment puis me retournais vers ma sœur alors que papa regardait à présent maman Helenga en froncant les sourcils.

-Ngabou dis-je en la touchant tout doucement, est-ce que tu m'entends ?

-Ngabou ? fit-elle dans un murmure, toi tu es qui ?

-eh tara meh fis-je en me tenant la tête...pa...papa qu'est-ce qui se passe ?

-calme-toi un peu enfin dit maman Helenga d'un air las... ton père ne peut pas parler pour l'instant, ta sœur a juste perdue connaissance, mais elle ira mieux bientôt. Elle faisait une crise « d'épilepsie », on va appeler ça comme ça, comme c'est ce qu'ils veulent nous faire croire, et j'ai arrêté ça, elle pouvait en mourir si je n'étais pas arrivée à temps

-épi quoi? C'est quoi ça ?...

-ton père va t'expliquer si tu veux mais plus tard...moi j'ai pleins d'autres choses a faire me répondit-elle avant de se lever et demander à mon père de la suivre dehors

Je vis alors mon père se lever avec peine tout en tenant son pied et marcher en le tenant, poussant des petits gémissements de douleur. Je ne comprenais plus rien. Je ne sais pas pourquoi mais je me levais quelques secondes plus tard et partais dans un coin de la cabane ou je pouvais les apercevoir.

La dame remettait des trucs a papa, plus une bouteille remplis de quelque chose qui ressemblait a une poudre grise, puis une autre ou il y'avait une substance verte. Elle renversa quelque choses autour de lui puis lui donna quelque chose a marcher qu'il cracha quatre fois dans quatre direction de la cour, à sa gauche, à sa droite, derrière et devant...

-ya Orla...

-chut fis-je en me retournant vers Ngapika pour lui demander de rester calme parce que je voulais écouter ne fus qu'un petit truc car mon père parlait enfin.

-Ngabou, elle m'a reconnu...

Je me retournais vers mon frère puis me précipitais vers eux...

-Ngabou, tu me connais ?

Elle fronca les sourcils puis parut triste un moment.

-mais oui Yaya, comment je ne vais pas te connaitre ?

-.....

-pourquoi vous me demandez ça?

-.......

-et puis j'ai faim... continua-t-elle de dire l'air de rien

Je la regardais sans rien comprendre, mais au bout de quelques secondes je me dis que ce n'était pas la peine de chercher a comprendre maintenant.

-tu n'avais pas fait le Mboita comme je t'avais demande ? Demandais-je a Ngapika

-si, on a tous mange ça le matin...

-d'accord ou est ma part ?

-là-bas dit-il en désignant du doigt

Je l'envoyais chercher mon bol puis redressais légèrement Ngabou contre moi pour lui donner à manger, elle paraissait fatiguée malgré tout... Ce ne fut que dix minutes plus tard que vint mon père, mais les mains vides. Ou étaient donc ses choses que maman Helenga lui avait remises ?

Il vint vers nous puis pris place sur la natte près de nous avant de demander à Ngabou comment elle se sentait.

-papa qu'est-ce qui s'est passe tout à l'heure ? C'était quoi tout ça ?

Il me regarda puis soupira juste. Etait-ce une réponse ca ?

-papa ?

-je vais tout expliquer mais après Nsele.

Je n'étais pas du tout d'accord sur le fait qu'il me demande d'attendre, car tout ce que j'avais vu m'intriguait. Trente minutes plus tard je quittais la case avec mon frère pour la rivière. Ngabou allait mieux et je l'avais soigne sa plaie que je croyais fortement être la cause de son état quand mon frère m'annonçait qu'elle mourrait, mais il y'avait apparemment autre chose...

Une fois a la rivière, mon frère récupéra la cuvette d'habits après m'avoir aidé à mettre la cuvette d'eau sur la tête. Nous rentrâmes ainsi avant lui et moi de faire des tours pour remplir les deux tonneaux et trois bassines qu'on avait pour conserver de l'eau.

Apres cela je fis le manioc. J'en faisais toujours chaque deux semaine du mois pour en vendre. Je les remettais à une femme du village qui vendait au grand marche du village. Ça marchait vraiment bien et rapportait quand même. C'est avec cet argent qu'on avait acheté les fournitures scolaires et une paire de sandale a chacun de nous pour cette année scolaire.

-Nsele...Nsele... entendis-je alors que je me sentais être secoue tout doucement

-hum

-Nsele il faut te réveiller maintenant s'il te plait.

-.....

-Nsele ? Je sais que tu es fatiguée mais tu dois t'apprêter pour aller à la ceremonie, les gens de la ville seront bientôt tous réunis autour du feu...

J'ouvrais brusquement les yeux... Zut ! Je m'étais endormie sans même m'en rendre compte... Je me redressais donc aussitôt de la natte que j'avais étalée dehors quelques heures plus tôt alors que je faisais des balais de brindilles à vendre.

-pardon papa...je ne sais pas comment je me suis endormie ici

-pourquoi tu t'excuses ? Toi aussi t'a besoin de repos, c'est pourquoi j'ai voulu te laisser dormir mais là il est déjà dix-sept heures, le temps d'arriver là-bas...

Je regardais autour de moi puis remarquais que toutes les brindilles avaient été limées, attachées et regroupé dans trois gros paniers en liane.

-c'est toi lui demandais-je

-oui

-mais pourquoi ? Je pouvais le faire...

-tu travailles déjà assez, je dois bien me rendre un peu utile aussi

Je ne dis rien. Mon père s'en voulait toujours de ne pas pouvoir être aussi actif que les autres pères et ne pas pouvoir nous faire vivre dans de meilleures conditions. Je le regardais puis lui fis un sourire de reconnaissance car non seulement il m'avait laissé me reposer mais il avait aussi terminé mon travail.

-Ngapika a déjà enlevé et plie le linge mais il en reste quelques qui n'ont pas séchés par là-bas me dit-il en désignant l'endroit du doigt.

-maintenant va t'apprêter Nsele, tu dois aller à la cérémonie afin de prendre la nourriture qu'on va partager et aussi anime là-bas en chantant ou dansant...ou tu veux raconter une histoire cette fois-ci ?

-papa je ne veux pas y aller, surtout sans vous comme ca

On partait toujours tous ensemble d'habitude...

-moi aussi je voulais bien être la et te voir animer Nsele... dit-il en baissant sa tête tout en portant son regard vers son pied

Je fermais mes yeux comme pour puiser un peu de force. Son pied avait repris a lui faire douloureusement mal depuis cet après-midi et boitait encore plus. Il ne m'avait pas encore donne des explications sur ce qui s'était passe me promettant de le faire le soir avant qu'on se couche.

Quand on partait à la rivière Ngapika et moi, je lui avais demandé de m'expliquer ce qui s'était passe quand son corps se raidit avant qu'il ouvre ses yeux et touche son front mais ce dernier paraissait perdu et jurait qu'il ne savait pas de quoi je parlais. J'avais l'impression qu'il ne se rappelait pas de la scène.

-sois prudente et surtout sage me dit mon père alors que j'étais sur le point de partir

-d'accord papa

-et tu rentres avec Tantine Ernestine, pas seule

Je dis oui d'un geste de la tête, il me fit un sourire...

-a tout a l'heure dis-je a mes cadets

-au revoir Yaya, danse bien là-bas et ramène beaucoup d'argent et beaucoup de nourriture dit Ngabou

Ce n'était en fait que pour cette raison que je partais, c'était mon objectif, mon but que je comptais bien atteindre. Apres un au revoir de la main, je pris mon sachet ou se trouvait du raphia et tout autre choses dont j'allais me vêtir une fois là-bas.

-Ah ! Tu es enfin la Orlane entendis-je

C'est comme ça dans ce village, on m'appelait toujours par mon deuxième prénom, mais j'avais comme l'impression qu'on m'appelait avant par Mélodie...bref !

-oui désolé tantine Yvette, je suis en retard je sais

Elle me fit rentrer dans une grande case ou se trouvait plusieurs filles et garçons de tout âge déjà habillées et maquillées a la manière de chez nous... ils étaient tous beaux.

-s'il te plait Orlane va dans l'autre case prendre les paniers en liane me dit tantine une fois qu'on eut fini de répéter nos scènes avec les autres

Je sortais donc de la grande case pour la petite quand je vis une voiture garer dans la cour sur mon chemin de retour. Je me levais et regardait la voiture avant que ne viennent garer d'autres voitures et un bus. Ici c'est plus les camions qu'on voyait mais pas n' importe où non plus... je souriais en voyant ces belles voitures mais il y'avait une que j'aimais le plus. Elle était blanche ma couleur préférée...les portières de cette voiture finirent par s'ouvrir l'une après l'autre laissant apparaitre un grand Monsieur d'un cote, une dame puis demoiselle et un...un bel homme. C'était des gens de la ville c'est clair...

Je regardais cet homme puis souris. Il était vraiment bel homme remarquais-je encore avec admiration. Il regarda vers ma direction je ne sais trop comment, nos regards se croisèrent et il me sourit, je baissais aussitôt les yeux, ramassais les paniers que j'avais laissé tomber puis me précipitais vers la grande case le cœur battant.

Au bout d'une heure quand la nuit tomba, tout le monde se regroupa au tour du feu. Il y'avait comme toujours un grand nombre de gens qui venaient de part et d'autre du village et surtout tous ces gens de la ville, je ne savais pas qu'ils seraient aussi nombreux cette fois-ci.

J'étais assise derrière les autres filles qui défilaient à tour de rôle. On m'avait placé en dernière position pour jouer mon rôle. J'avais opté pour la danse ou il me fallait chanter au tout début mais avant cela j'avais d'abord un théâtre à faire avec quatre filles et deux garçons...

Le théâtre termine, tous s'éclipsèrent et je restais sur le sol le visage baissé, je le fis remonte au fur et à mesure que je chantais et mes yeux croisèrent ceux d'un homme qui me regardait avec insistance. Je remarquais que c'était celui de tout a l'heure. Je me sentis un peu gêné puis détournais le regard continuant de chanter avant de me lever pour danser au rythme du tam-tam qui se fit entendre...

Au fur et a mesure que je dansais, je voyais le bol qui était devant moi se remplir. Ces gens de la ville payent toujours aussi bien pensais-je tout en dansant contente que le bol soit plein. La chose qui me tiquait et me dérangeait un peu plus était ce même homme de tout a l'heure qui me regardait sans relâche en souriant et avait fait plusieurs tours pour déposer de l'argent alors que je chantais et dansais...

-Orlane tu as si bien danse me félicitèrent les filles a mon passage alors que je me dirigeais de l'autre cote pour me nettoyer un peu car j'avais transpire

-merci les filles

Je continuais mon chemin quand je sentis ma main être saisie par une autre. Je me retournais étonnée et tombais sur cet homme...cet homme de tout a l'heure...cet homme qui n'avait pas cesse de me regarder et remplir mon bol d'argent...cet homme qui n'avait pas cesse de me sourire...

Mon cœur battait vite...

-bonsoir me dit-il sans pourtant lâcher ma main

En d'autres circonstances j'aurai retiré ma main en lui demandant de me lâcher mais là je ne pus le faire et m'entendu juste dire en balbutiant « bonsoir »...

            
            

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