Lorsque je finis mon kongossa avec Princesse qui est actuellement à Agadir entrain de vivre sa best life, je me soulage et, me lave bien les mains au savon. Je prends ensuite ma brosse électrique sur laquelle je mets une grosse noisette de dentifrice. C'est devant la glace que je me brosse bien les dents, la langue, le palais, l'intérieur des joues, les lèvres avant de passer sous la douche. Je suis entrain de me rincer quand Achille entre en tirant une de ces tronches. Je me pince les lèvres pour ne pas éclater de rire.
Il se dirige vers la cuvette des toilettes dont il lève la lunette avant de plonger la main dans son caleçon pour sortir son sExe. Je me retiens de lui dire que sa chronologie gestuelle n'est pas la bonne du point de vue hygiénique mais la vue de sa mine froissée, m'empêche d'en placer une.
Je continue donc à me rincer en entendant le bruit que fait son urine dans la cuvette des toilettes suivi de celui de la chasse d'eau. Je grince des dents en le voyant se brosser les dents sans s'être laver les mains au préalable. Je prends sur moi parce qu'il m'a récemment fait remarquer que je n'arrêtais pas de lui faire des reproches pour tout et n'importe quoi.
C'est du coin de l'œil que je le vois se rincer la bouche en se gargarisant. Il se déshabille et laisse ses habits au sol. C'est là que je comprends qu'il le fait sciemment. Je ne dis rien. Je ne suis pas obligée de mener toutes les guerres. J'irai juste les ramasser pour les mettre dans le panier à linge sale
Il vient me retrouver sans mot dire et je me pousse pour lui céder la place sous le jet d'eau. Il appuie la paume de ses mains sur le mur en face et ferme les yeux en soupirant d'aise alors que l'eau froide ruisselle sur son corps. Lorsque je considère qu'il a assez fait trempette, je me mets à le savonner. Je le lave comme un bébé. À peine la mousse quitte son corps, qu'il me retourne et une bonne baise s'en suit. Ça le calme instantanément. Il n'a plus que le sourire aux lèvres en sortant de la salle de bains.
- Hum.
Je passe à la cuisine pour le petit-déjeuner de monsieur. Petit-déjeuner que vous entendez là, c'est le n'kumu (feuilles coupés très finement) ofula (chenilles) leur plat régional, que j'ai dû apprendre à préparer.
- Rehum.
Achille, c'est un bon villageois et il ne s'en cache pas. La table faite, je dois encore lui donner la becquée. Il adore ça. Il faut le voir jouer au bébé comme quelqu'un qui a manqué d'amour maternelle. Mais ne vous y trompez pas, hors de ces murs, c'est un homme très puissant.
Je suis ce qu'on appelle communément une tchiza mais je considère Achille OYAYA d'abord comme mon sauveur. Il est entré dans ma vie à une époque où tout mais vraiment tout partait en vrille.
Ce que j'aime chez cet homme ? Sa sincérité, sa franchise. Il m'a dit dès le début qu'il ne trompait pas sa femme parce qu'il lui manquait quelque chose...
- Bien au contraire, ma femme a tout. Elle est très belle (en vrai je l'ai vue, elle est canon), intelligente, soumise et vient d'une très bonne famille de chez nous. Elle m'a fait et continue à me faire (elle est enceinte actuellement) de très beaux enfants qu'elle éduque très bien.
- Alors pourquoi tu es avec moi, lui avais-je demandé d'une voix tremblotante.
- Parce que je suis infidèle. C'est tout.
- Oh.
- Huhum prends ça comme ça.
- Aniambié rera (mon Dieu).
- Il faut donc bien te tenir. Ce n'est pas une rivale que je cherche à ma femme. Pas la peine de lui chercher des poux sur la tête ou essayer de la narguer. Si jamais vous vous croisez, tu détournes les yeux ou mieux, tu baisses la tête parce que c'est toi la voleuse.
- ...
- Et puis je préfère être franc avec toi. Je ne la quitterai jamais pour toi.
-...
Le cœur avait fait boumca boumca boumca.
- Donc pas la peine d'aller faire vos choses bizarres des myénés au cap (il parle de pratiques). On vous connait. Hum. En tout cas, j'ai mon ndjobi (rite initiatique propre aux hommes de la région d'Achille) pour me protéger.
-...
- On fait notre petit bout de chemin ensemble. Je vais t'aider du mieux que je peux mais il y a deux choses que je ne cautionnerais pas.
- Lesquelles ?
- Que tu me trompes ou que tu me fasses un enfant dans le dos. Je ne veux pas d'enfant adultérin Georgette.
-...
- Quand tu seras fatiguée de notre histoire et que tu éprouveras le besoin de te stabiliser, tu me le dis et je te libère.
Fin. Et ca fait quatre ans qu'on roule comme ça. Entre temps je me suis beaucoup attachée à lui.
Achille, c'est l'homme très fortuné mais qui est d'une grande simplicité. Il dit que c'est parce qu'il a grandi au village. C'est avec son soutien moral et financier que j'ai obtenu ma licence en comptabilité contrôle et audit à l'institut de gestion. Et, c'est toujours grâce à lui que j'ai intégré le Trésor Public avec poste budgétaire et tout le tralala. Il me traite bien. Je ne manque de rien du tout.
Moi, c'est Anckel Georgette OGANDAGA. J'ai 28ans. Je suis la preuve vivante que notre passé ne doit en aucun cas être un frein à notre épanouissement.
Je vais un peu vous parler de moi. Le vih-sida m'a rendue orpheline de mère à l'âge de 11ans et ce que je sais de mon père, ce que c'était un homme sénégalais, qui a fini par rentrer chez lui.
Après l'enterrement de ma mère, il a été décidé que j'irais vivre chez ma tante Philo à Likoula (quartier). On l'avait choisi parce qu'elle n'avait jamais eu le bonheur d'être maman. C'est près d'elle que j'ai compris que parfois le ciel refusait à une femme la maternité, à cause de l'état de son cœur. J'ai trop souffert chez cette femme. Sa chanson de tous les jours, « ce n'est pas moi qui ai envoyé ta mère attraper le sida oh ». Ce qui fait que tout le quartier savait de quoi ma mère était morte. Certains voisins ignorants refusaient que leurs enfants jouent avec moi. Mes amis, c'était à l'école que je les avais. Il fallait voir comment j'étais triste à chaque vacance scolaire.
C'est quand je suis passée en classe de première qu'elle a pris sa retraite. Elle m'a fait assoir un soir pour me dire que j'étais maintenant une femme et qu'il était temps que je lui renvoie l'ascenseur. C'est comme ça que je suis tombée dans une proStitution masquée en sortant avec des hommes âgés qui me donnaient de l'argent. Elle me coachait en tout et, me faisait aussi des bains pour attirer les plus fortunés. Je ne sais même pas avec quelle force j'ai pu continuer le lycée.
Elle est morte quelques mois après l'obtention de mon baccho. Je me croyais libérée mais c'est lorsqu'on m'a jeté à la rue sous prétexte que je n'étais pas sa vraie fille donc, je n'avais droit à rien, que j'ai repris à faire la seule chose que je connaissais afin de subvenir à mes besoins.
Je sortais avec des big qui me donnaient de l'argent mais on dirait qu'ils me suçaient le cerveau avec la paille en même temps. Parce que je ne pensais plus qu'aux futilités comme m'acheter de tonnes de vêtements, les derniers gadgets à la mode, à faire la fête tous les soirs, voyager, frimer. Il fallait me voir errer sans but comme une âme en peine dans les rues au volant de ma petite voiture, dans tous les coins chauds, les boîtes de nuits, les salons à chicha etc. Il me suffisait d'apprendre qu'il y avait un nouveau coin branché dans la ville pour qu'on ne tarde pas à voir mes petits mollets de filles myénés là-bas.
Je me droguais, buvais comme un trou. Ma vie allait dans tous les sens. Je ne savais à qui ou à quoi m'accrocher et c'est là que Achille est arrivé et, qu'il a tout chamboulé.
Vous comprenez maintenant pourquoi je l'appelle mon sauveur, pourquoi je le respecte et respecte sa femme, sa famille. Il m'a d'abord redressé et durement. Je le tournais en bourrique au début et, voulais même lui faire ça en bandit mais il m'a tenu fermement. Quand je repense à nos débuts, je ris seule. Le type là, m'a plusieurs fois fait enfermer à la PJ pour qu'on me fouette et bien parce que je ne voulais pas laisser le mbaki (chanvre indien).
Je souris.
C'est grâce à lui que je suis la femme que je suis aujourd'hui.
Pour ce qui est de Princesse, je l'ai connue au lycée. Le courant est vite passé entre nous. On a eu le baccho ensemble. Elle a disparu de la circulation juste après. C'est des années plus tard que l'on s'est retrouvé. C'était à la sortie de bicig (banque) en ville. On est tombé dans les bras l'une de l'autre et on ne s'est plus quitté depuis.
Elle m'a présenté Lawa que j'ai aussi adoptée. C'est une bonne petite. Nous sommes devenues inséparables surtout qu'on a découvert en s'ouvrant chacune à tour de rôle que nous sommes ce qu'on appelle des survivantes. On est un groupe de filles et les incompréhensions ne manquent pas, mais on s'arrange à les régler sans trop tarder.
.
Je suis couchée sur le canapé et joue à un jeu sur mon téléphone quand Achille sort de la chambre. Il vient vers moi pour que je l'aide avec ses boutons de manchettes et son nœud pap.
Je dépose mon téléphone et m'execute. Il s'en va au mariage d'une de ses nièces. Sa femme sera sûrement là-bas. Je ne sais pas la raison qu'il lui sert à chaque fois qu'il dort chez moi et je m'en fiche un peu. Je me dis que c'est entre eux là-bas. Moi, je gère mon couloir.
Son téléphone se met à sonner dans la chambre.
- Tu peux aller me le chercher chérie ?
- Oui amour.
Il rigole à chaque fois que je le dis. Je le laisse se marrer et, vais récupérer son téléphone dans la chambre. Un coup d'œil vite fait sur l'écran, m'apprend que c'est maman mokonzi.
Je le rejoins hors de la chambre. Il prend le téléphone que je lui tends avec une expression neutre sur le visage. Il regarde l'écran, décroche et c'est avec un ton bourru qu'il répond.
- Oui. Bonjour Madame.
Aya, pourquoi tu joues encore les nerveux avec le commandement en chef ? Je me dis en reprenant ma place sur le canapé. Il s'éloigne et sort sur la terrasse. Je bouge la tête en l'entendant changer de ton.
- Bien dormie ? Ah ok. C'est du côté de Calasance. C'est vers Ba Oumar mais en entrant par carrefour market. Oui, l'ancien prix import. C'est chez le docteur OBIANG que le mariage aura lieu. Il y a des saules-pleureurs à l'entrée. Le portail est noir. Tu verras la sculpture de je ne sais pas si c'est un lion ou un taureau juste devant.
Mes oreilles se mettent automatiquement à siffler. Je quitte le canapé et me rapproche de la porte. Dieu merci, il y a ma petite bibliothèque à côté, de laquelle je tire un livre de compta que je fais semblant de feuilleter.
Je n'ai pas pour habitude d'espionner ses conversations mais le nom qu'il a donné et la situation géographique du lieu où se déroulera la cérémonie de mariage, ont fait tilt dans ma tête.
- Comme tu peux aussi m'attendre pour qu'on aille ensemble.
Je m'éloigne sur la pointe des pieds lorsque je l'entends dire...
- À tout à l'heure. Hum, moi aussi.
Il me retrouve coucher dans le canapé avec mon téléphone dans la main. C'est aussi à ça que me servent mes longues jambes.
- C'était ta grande-sœur, me lance-t-il.
- J'avais compris.
Je me redresse, pose mon téléphone sur la table basse avant de me lever. Je me place en face de lui et ajuste bien son nœud pap.
- Achille ?
- Hum ?
- C'est la nièce de ta femme qui se marie ?
- Non, la mienne. Lilas ANDOUA.
Mon cœur frémit dans ma poitrine en entendant ce nom mais je garde le même sourire sur les lèvres.
- Ah ok. Hum... je suis sûre que comme vous aimez vous marier entre vous là-bas, elle va seulement ajouter à son gros nom, l'un des grands noms de chez vous.
- Ma veste de smoking stp.
Je vais la lui chercher et, l'aide même à la porter.
- La preuve que non. Elle se marie avec un gars fang.
Extérieurement je semblais sereine mais c'était juste une façade. J'ai émis un « hum » qui exprimait le doute pour le pousser à me lâcher toute la doc. Je connais ma personne. Il déteste que l'on doute de lui mais plus encore les préjugés.
- Oh comment ça « hum » ? Ma nièce va se marier avec le père de ses gosses, des jumeaux qu'ils ont eu ça ne fait même pas 6 mois.
- Un gars fang tu dis ? Permets-moi d'en douter.
- Oui un fang. Il s'appelle Kenneth OBIANG quelque chose. C'est le fils cadet du Dr OBIANG Hermann. Vois dans l'enveloppe là-bas.
Il me montre sa petite pochette posée sur le meuble tv avant de tourner les talons en direction de la chambre.
- Oh mais où vas-tu ?
- Vider ma vessie orh ! Il y a quoi même avec toi OGANDAGA ?!
Il y a eu un bruit de porte qui claque.
Que je ne vais pas fouiller la pochette là et photographier tout ce que l'enveloppe contient, à savoir, faire-part et autres ? Après ça, je remets tout dans l'enveloppe et ferme la pochette.
Achille revient et je l'accompagne jusqu'à sa voiture où je le plaque contre la portière et l'embrasse en lui pelotant les fesses. Il se met à rire...
- Tu es folle OGANDAGA.
Je parle contre ses lèvres.
- On se voit quand ?
- On s'appelle.
- Hum.
On se sépare et il grimpe dans sa caisse. Le gardien ouvre le portail et Achille sort en marche arrière. Il se remet droit sur la voie, klaxonne une fois avant de s'en aller.
C'est avec les mains sur la tête que je retourne dans la maison. Je tourne dans le séjour à la recherche de je ne sais quoi jusqu'à ce que mes yeux tombent sur mon téléphone. Je le prends, lance directement l'appel sur le numéro de Lawa et pendant que ça sonne.
- Aniambié Aniambié Aniambié Cyr a donc envoyé Princesse hors du pays pour mieux se marier ?! On peut faire ça ?! ON PEUT FAIRE ÇA ?! Après ce que Princesse a traversé ?! C'est maintenant qu'elle reprend un peu la confiance. Quand je pense que ce matin encore, on parlait de la potentielle demande en mariage de cet enfoiRé de mEdeux ! EnfoiRé de mangeur de chat ! Ah HAMAMATA aussi ! Il y a quoi et puis elle ne répond pas !
Enfin elle décroche.
- Allô ?
Je me mets à crier.
- LAWA OH CYR EST ENTRAIN DE SE MARIER AVEC LILAS !
- Quoi ?!
- Ça se passe chez ses parents. Et puis tu te rappelles que Princesse parlait de la grossesse de cette Lilas non ? C'était celle de Cyr, des jumeaux !
Elle a lâché un rire nerveux.
- Non, c'est une blague ?
- Une blague comment toi aussi ?! Pourquoi je vais blaguer avec ce genre de chose ?!
- Anckel arrête ça. C'est pas une blague à faire, toi aussi.
- Tu as raison, comme je n'ai rien de mieux à faire de ma vie.
- Je le dis parce qu'aux dernières des nouvelles, Cyr était à N'Djamena. C'est de là-bas qu'il est censé rejoindre Princesse aujourd'hui même. Dans quel coup tu dis qu'il se marie aujourd'hui ?
- Toi tu as le gaze. Attends je t'envoie la tof du faire-part.
- Ok...ok... j'attends le faire-part.
- Clic.
Je lui ai envoyé la photo avant de la rappeler mais son téléphone ne passait plus.
- Hein