La suite est décloisonnée et s'étend sur toute sa longueur. D'ici, je peux voir le séjour et tout le mobilier qu'il contient. La déco est encore beaucoup plus belle, à la lumière du jour. Elle est de style transitionnel, chic avec des touches orientales. J'adore.
Je finis par m'assoir en tailleur dans l'immense lit, et lève les bras pour lier mes doigts loin au dessus de ma tête. Je ressens instantanément comment tous les muscles du haut de mon corps, se détendent. J'ai dormi comme un loire et je me sens en superbe forme ce matin. Je pense que mon corps a bien récupéré sur ce que je lui devais comme heures de sommeil.
Bien qu'ayant la vessie pleine, je me jette en premier sur mon téléphone que je débranche de la charge pour vérifier s'il y a des messages de Cyr. J'ai essayé de le joindre hier dans la nuit entre deux tours aux toilettes mais je suis tombée à chaque fois sur sa messagerie vocale.
La vue des notifications whatsapp avec son numéro sur l'écran, fait danser mon cœur. Il m'a laissé deux messages audios. Un premier que je ne saisis pas trop bien et dans lequel il semble ivre. Et un deuxième qui lui, dure plusieurs minutes.
« Bonjour ma princesse. J'espère que tu t'es bien reposée ? »
Je ne vous dis pas l'effet que cette voix a sur moi surtout quand on est en plein boum boum crack crack. Cyr t'envoie au septième ciel pas seulement avec son phallus et le superbe mouvement de son bassin mais aussi avec son verbe. Je frisonne et ressens mon entrejambe s'humidifier rien qu'en y pensant. Je serre les jambes. Bref.
« Euuuh... je sais que je vais briser ton petit cœur Princesse »
Il soupire alors que mon rythme cardiaque s'accélère en écoutant cette dernière phrase. J'espère qu'il ne va pas m'annoncer qu'il ne pourra plus venir.
« Je suis malheureusement retenu à N'Djamena pour quatre autres jours ».
- QUOI ?!
Je sors aussitôt de la conversation pour tenter de l'appeler mais son numéro sonne un moment avant de couper. Je relance l'appel mais là, ça ne passe plus du tout. Je reviens à son message, totalement dégoûtée.
Il a maintenant un timbre de voix peiné.
« Ne te fâches surtout pas trésor. Si tu le fais, je vais le ressentir et tout bacler ici »
Je quitte le lit.
« J'avais mal évalué la quantité de taf ici... mais je te promets Ytu... je te promets sur ce que j'ai de plus cher que je serai avec toi dès mercredi »
Je suis à deux doigts de fondre en larmes.
« Tu sais que je rêve d'être auprès de toi. Tu sais la joie qui m'aminait quand je préparais cette escapade. Tu sais que j'ai autant besoin de ce break que toi »
Il marque une pause avant de se confondre en excuses puis de me rappeler ses sentiments. Je ne comprends pas la démarche mais bon... ça fait toujours plaisir de l'entendre de me dire combien il m'aime.
« Tu sais les profonds sentiments que j'ai pour toi Ytu. Je t'ai aimé dès la seconde où mes yeux se sont posés sur toi et j'ai su à cet instant que tu étais mon âme-sœur. La future mère de mes enfants »
Je ferme les yeux un instant.
« J'ai de la chance de t'avoir dans ma vie MAGHENA. Tu es belle, intelligente et douce. J'aime ton essence. Tu sais m'arroser d'amour. Tu me pousses à relever mes défis quotidiens. Je sais que tu es la bonne, celle qui...
Il se met à souffler puis...
« Tu es celle qui ne cessera de m'aimer même si l'on m'accusait de choses ignobles. Je mets ma main à couper que tu resteras avec moi même si tu apprenais que j'ai une maladie incurable, ou que j'ai ôté la vie à quelqu'un ou que j'ai perdu tous mes biens ou une jambe ou encore un bras... que sais-je mais tu seras là »
Je fronce les sourcils.
« Tu es celle-là qui resteras malgré tout. Toi, tu m'aimes pour de vrai »
Il soupire.
« De bout en bout, tu as été vrai avec moi. Tu ne m'as rien caché de tes imperfections. Tu m'as parlé de ce manque affectif que tu chercheras toujours à combler du fait de n'avoir pas été désirée par ta maman »
Je souffle en refermant les yeux.
« J'aime ce côté mi forte, mi vulnérable chez toi. On peut te croire abbatue mais tu te relèves toujours. Je t'aime MAGHENA. Tu es la femme de ma vie. Je vais t'honorer comme tu le mérites mon ange »
Il soupire longuement.
« J'avais prévu des activités en duo mais je veux que tu ne te prives pas en m'attendant. Rapproches-toi de la réception pour le programme de ces quelques jours sans moi. Je veux que tu t'amuses comme si tu vivais tes derniers jours sur terre. Oublies tout, oublies ta famille et tes amies ici, oublies moi (rire) bon essaies mais pas trop. »
Je me pince les lèvres en souriant.
« Aujourd'hui par exemple, je veux que tu te laisses chouchouter. Coupes-toi de tout. Arrêtes ton téléphone. Tu verras combien ça te fera un bien fou. Amuses-toi, défoules-toi mais surtout respires »
J'expire instinctivement.
« Hey... je t'aime. »
Fin de l'audio. Je me suis remise à sourire comme une idiote en lui écrivant un beau message en retour. J'ai ensuite répondu aux messages de tout le monde. À celui des filles qui me demandaient si j'étais bien arrivée et bien installée. Je leur ai envoyé des photos de la suite. Je leur enverrai le numero de la réception de l'hôtel tout à l'heure.
Anckel a répondu à mon message et je l'ai appelé. On a un peu papoté avant de se dire aurevoir. Telou et Lili, m'ont répondu avec leurs sempiternels emojis, tata Ava m'a appelé en vidéo. On a un peu discuté avant qu'elle ne me passe Cherish qu'elle accompagnait à ses cours de karaté. Ce dernier a voulu que je lui fasse visiter la suite et je me suis executée.
J'ai ce faible pour Cherish parce qu'il me rappelle mon fils mort à la naissance. Une connexion s'est rapidement établie entre nous, quand je suis allée vivre chez eux. Il n'avait que quelques semaines.
Il a posé le téléphone sur ses cuisses et, baissait les yeux sur l'écran de temps en temps pour me parler.
Je le regarde en me disant que mon fils et lui, auraient eu le même âge. Ils seraient peut-être allés au karaté ensemble ce matin. C'est alors que je revois ce petit corps froid que la sage-femme me ramène et sur lequel je pleure toutes les larmes de mon corps en le serrant fort contre ma poitrine. Le médecin et elle, ont ensuite eu du mal à me le reprendre.
Bien qu'il avait été conçu au cours d'un viOl dont je ne me rappelais plus de rien, c'était une partie de moi que j'avais appris à aimer au fur et à mesure que ma grossesse évoluait. Je pensais qu'avec sa venue, je ne serais plus jamais seule mais Dieu en avait décidé autrement.
- Allô ici la terre, tu m'écoutes ?
Je cligne des yeux en le regardant.
- Hum ?
Cherish tenait maintenant téléphone dans sa main et l'avait placé en face de lui.
- Tu rêves ?
- Que disais-tu ma puce ?
- Je te demandais quand est-ce que tu rentres ?
- D'ici une semaine.
- C'est long, je trouve.
- Oui mais il y a le téléphone.
Il a eu une jolie grimace.
- Ce n'est pas pareil. J'aime bien te voir et te toucher. J'aime ton parfum.
J'ai ouvert grand les yeux.
- Oh wow ! Tata Ava, tu écoutes ça ?
- Je vous écoute oh.
- Toi, tu seras un vrai tombeur, cousin.
Il sourit.
- Non ne souris pas. Tata Ava prépares-toi oh parce que les filles vont défiler chez toi massama.
Ma tante a éclaté de rire.
- Je sais maintenant ce que je veux que tu me ramènes, me dit un Cherish très sérieux.
- Ah oui ? Et c'est quoi ?
Il regarde sa mère avant de chuchoter.
- On se rappelle le soir et je te le dirais.
- Euh... ok.
- Portes-toi bien, bisou.
- Bisou.
Il tourne l'écran de téléphone vers sa mère qui conduit.
- Maman...
Tata Ava me jette un regard bref.
- Bisou Ytu.
- Bisou tata Ava.
Il ramène le téléphone sur lui, me sourit encore avant de raccrocher. Un cas qui arrive là. Je reste à sourire en remettant l'appareil en charge sur la table de chevet puis je me dépêche d'aller uriner. Je soupire de plaisir en me libérant. Ça fait, je me lave les mains et, coiffe enfin mes cheveux en une natte sur le haut du crâne pour faire simple.
Dans la chambre, je récupère mon trolley que je pose et ouvre sur le lit. Je sors et range mes effets avant de me choisir une tenue.
Un kimono pastel très fluide et très long, à manches trois quart, que je vais porter ouvert sur un tee-shirt blanc près du corps et un minishort en jean noir. Le tout agrémenté de bijoux fins, d'un sac à bandoulière en laine très coloré, d'une jolie paire de mules à bandes transparentee et à talons compensés ainsi qu'une paire de lunettes teintées.
- Bon il faut que je me bouge. C'est Cyr qui a raison. Je suis là pour recharger mes batteries.
De la réception, j'ai été conduite vers l'espace relaxation et bien-être. Je me suis mise à sourire toute seule en lisant sur la double porte en chêne massif - enveloppement nourrissant, gommage, massage, spa, sauna et hammam. Mon sourire s'est élargi lorsque l'employé de l'hôtel a poussé la porte devant moi et que j'ai vu un bout de paradis.
.
***Cyr Kenneth OBIANG***
Karl Ruben (mon grand-frère) m'aide avec mon nœud papillon. Il tape sur mon épaule lorsqu'il finit. Je lui souris.
- La beaugossitude est vraiment héréditaire chez nous.
J'émets un petit rire en me tournant vers le grand miroir qui prend toute le mur en face de nous.
- Tu es ouf.
J'ajuste ma veste de smoking en m'admirant.
- Mais c'est la vérité.
Il me regarde en souriant.
- Ça va ?
Je souffle avant de lui répondre.
- Tu veux la vérité ?
- Bien sûr.
- C'est la première fois que j'ai l'impression de perdre le contrôle, de ne plus être maître de ma vie.
- C'est l'impression qu'on a quand on devient véritablement adulte.
- ...
- On a cette sensation de flotter dans ses propres chaussures mais ça ne dure qu'un instant.
- J'ai la trentaine révolu. C'est quoi être adulte d'après toi.
- Ça n'a rien à voir avec l'âge.
Je fronce les sourcils.
- C'est quand on cesse d'être guidé par ses émotions et que l'on place la raison au centre de toutes les décisions que l'on prend. C'est ce que tu viens de faire en choisissant Lilas plutôt que Ytu. C'est normal que tu te sentes troublé parce que c'est la première fois pour toi d'avoir recours à la raison en amour mais dans bientôt tu t'y feras.
- Et si je ne m'y fais pas ? Si l'avenir me dit que je me suis trompé ?
- Tu devras te forcer à t'y faire pour ne pas finir aigri et malheureux.
Mon téléphone se met à vibrer sur la table près de nous. Nous tournons la tête au même moment pour voir apparaître le beau visage d'Ytu sur l'écran. J'ai un gros pincement au cœur en le voyant.
J'allonge le bras pour prendre l'appareil mais Karl me devance. Je tends la main vers lui.
- Remets-le moi stp.
- Tu te fais plus de mal que de bien. Si on t'a demandé de rompre tout lien avec elle, c'est pour toi mais aussi pour elle.
- Karl...
- Fais-toi viOlence.
- Mais je l'aime.
Il arrête le téléphone avant de l'enfouir dans la poche intérieure de sa veste.
- Tu vas te marier et appartenir à ta femme. Il y a trop d'enjeux en jeu Cyr. Pour ton bien mais surtout pour celui dYtu, considères cette histoire comme faisant partie du passé.
- Ne pourrait-elle pas devenir ma deuxième femme ?
Karl me donne une légère tape sur le haut du dos.
- Seulement si Lilas l'accepte.
J'expire profondément.
- Eh oui. Si ta femme accepte d'avoir une rivale mais le peu que j'ai vu d'elle, me fait dire qu'elle ne l'acceptera jamais.
Je n'ai pas le temps de rétorquer à cause de mes frangins (amis d'enfance) qui prennent la chambre d'assaut. Ils s'agit de Jean-Baptiste, Richel et Gregory.
- Ohh OBIANG bientôt le grand saut aniniii, crie Richel.
- Tu fia ? Me demande Gregory.
Je fais la grosse voix.
- Non pourquoi ? Je suis un homme.
- Hum attends de dire ça après trois ans de mariage, quand Mme OBIANG va prendre tes boules pour en faire des boucles d'oreilles, continue Richel.
Je lui donne une petite tape sur le bras.
- Lol. Parles pour toi chien.
- Les gars, je vous présente le nouvel accessoire de mode de Mlle ANDOUA, renchérit Gregory.
Ils se mettent à rire. Il n'y a que Jean-Baptiste qui ne dit rien et je sais pourquoi. Les deux autres continuent à me taquiner, histoire de me mettre un bon coup de pression avant la cérémonie. C'est quand Karl sort de la pièce et que la porte se referme que Jean-Baptiste attaque.
- Tu lui as dit ?
Je me mets presque à crier.
- Dire quoi ? Arrêtes ça !
- Bap, arrêtes un peu de le stresser. C'est son jour mec, dit Richel.
- Oui bro. C'est son jour. Oublies cette histoire, rajoute Gregory.
Jean-Baptiste ne lâche rien.
- Attendez mais vous êtes cOns ou quoi ? Cyr, est-ce que tu sais que Ytu peut se donner la mOrt là où elle est ?
Ridel fait rapidement le signe de croix.
- Ne parles pas de malheur.
- Raison de plus pour ne rien lui dire. Et puis je gère tout d'ici.
- Comme tu gères aussi les réseaux sociaux peut-être ?
- Puisqu'il dit qu'il gère, ce qu'il gère aka.
- Arrêtes Bap... stp.
- Vous parlez comme ça parce que ce n'est pas de votre sœur.
Il me soûle tellement à vouloir jouer au gars qui se soucie trop de ma meuf. Je le pousse.
- Bouges ! Parce que c'est ta sœur ?
Ridel et Gregory viennent aussitôt se placer entre nous
- C'est tout comme Cyr !
- Mais elle ne l'est pas !
- Les gars c'est bon. Cyr... Bap....
- Tu crois que je ne sais pas que tu as toujours eu un faible pour ma petite ?! Je lui balance, énervé.
Jean-Baptiste me regarde horrifié.
- Mais... tu es vraiment fou Cyr !
- Les gars c'est bon.
- Calmez-vous et toi Bap, fiches-lui la paix. Il s'agit de ses petites, toi ton problème est où ?
Jean-Baptiste lève les mains.
- Ok, j'ai compris. Je ne dirais plus rien.
Je siffle entre mes dents.
- T'as intérêt va.
- C'est bon Cyr, j'ai compris.
- Pfff tu m'as soûlé.
Je sors sur le balcon, histoire de respirer de l'air pur et me calmer. Je sais ce que Jean-Baptiste essaie de faire et ça m'énerve. Il a toujours été comme ça. C'est le frangin qui passe toujours derrière pour draguer nos petites, l'air de rien. Je sais qu'il attend avec impatience que je mette la bague au doigt de Lilas pour jeter son dévolu sur Ytu mais qu'il tente. Frangin ou pas, je vais le trucidEr. Ah oui, personne n'ignore que bien que je me marie, mon cœur est sur Ytu. Donc qu'il tente seulement.
Cyr Kenneth OBIANG, le diable d'après vous. Mais si j'ai éloigné Ytu du pays, c'était tout simplement par amour