Les Aventures de Doc Alex
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Chapitre 4 No.4

Chapitre 3

Mardi 2 avril

120, rue du bac Paris, 9heures

Nous avons rejoint Paris dans la nuit du samedi au dimanche après notre virée de quelques heures à Londres. Nous y avons rencontré la patronne du renseignement britannique, le MI 6, afin de faire le point sur ce terrible attentat de lundi dernier.

Il n'y a pas eu de revendication, pas d'écho du côté de Al Q'Aïda. Les Talibans afghans ont condamné fermement l'attentat, il est de même pour les principales nations du Golfe.

Pourquoi avoir tué et blessé autant de victimes pour la plupart musulmanes ? Sur un peu plus de trois mille personnes ayant envahi le terminal de Coquelle, 287 sont mortes dont 68 enfants de moins de 15 ans. Plus de 850 blessés dont certains le sont très gravement, parfois atrocement mutilés et brûlés.

Les hôpitaux des Hauts de France ont été particulièrement efficaces pour la prise en charge de tous ces blessés. Le pire est qu'une majorité des migrants présents ce jour-là venaient d'autres pays européens, et que nos services n'ont pas eu vent du rassemblement qui s'organisait, et en particulier de ces transferts en semi-remorques dans des conditions assez inhumaines.

Qui a organisé cette énorme manifestation ? Il a fallu toute une logistique pour amener cette foule sur le lieu de l'attentat. Cela sans que des informations fuitent et alertent autrement que la menace d'un attentat signalée par nos alliés marocains en particulier. Nous soupçonnons l'intervention de services étrangers qui seuls auraient les moyens financiers et la capacité d'organisation discrète qui a abouti au transfert de plusieurs milliers de personnes des quatre coins de l'Europe.

L'absence de revendication de cette action de mort intrigue nos collègues anglais.

Notre prisonnier reste muet sur son appartenance et ses motivations. Ses complices ont été identifiés, tous connus de la police et des services antiterroristes belges et français, comme personnes radicalisées, coupables souvent de petits larcins, et pour l'un d'entre eux de détention d'armes illicites et de trafic de drogue. Notre prisonnier a la double nationalité française et turque, ce qui ne manque pas de nous interpeller.

Aucun contact n'a pu être mis en évidence avec les commanditaires habituels du Moyen-Orient. Un des membres du commando aurait fait un séjour en Syrie en 2017 juste avant la chute de Daech. Il a, semble-t-il, rejoint la Belgique parmi un groupe de migrants passé par l'Allemagne et Bruxelles, tout au début de l'année 2019.

Nous sommes réunis comme chaque semaine pour le petit-déjeuner dans la grande salle à manger de notre appartement parisien. Nathalie, Morgane et leurs compagnons sont présents ainsi que Hubert mon fidèle garde du corps et chauffeur et Hugues son bras droit. Mathilde nous a rejoint ce matin après un aller-retour de quelques heures à Rabat, peut-être nous donnera-t-elle des informations sur les commanditaires de cet horrible attentat.

Martine exprime son inquiétude suite aux événements de Coquelles, et accepte mal de nous voir à nouveau prendre des risques inconsidérés même si l'Élysée nous l'impose.

« De toute façon, tu as pris officiellement ta retraite, pas de raison, même si tu le fais de façon non officielle que tu continues à mettre notre famille en périls. »

J'ai beau lui expliquer que nous ne pouvons pas refuser les missions que nous assigne le Président, elle refuse que j'accepte de nouvelles équipées périlleuses au risque d'ailleurs d'y entraîner nos enfants

Si Nathalie avec son fiancé assure parfaitement la direction de nos affaires, je reste à travers mes diverses présidences de la majorité des sociétés regroupées dans la holding Aliya and Co, le maître du jeu, mais j'avoue que je ne suis guère disponible, heureusement que Martine s'entend bien avec Nathalie.

Nos moyens financiers devraient nous permettre de vivre sereinement, mais la soif d'aventure est très forte, d'autant que mon ami Roger Lhermitte reste lui en activité et ne manque pas de me solliciter. Par ailleurs, je reste très préoccupé des ramifications du réseau de trafic de drogues dont l'ex-époux de Mathilde semble avoir été le « parrain » marocain.

Notre objectif est de retrouver les commanditaires de l'attentat de Calais, c'est pour moi primordial, la retraite, il sera toujours temps pour moi de la prendre. Auguste du Brion, le coordinateur du CNCT, m'a appelé ce matin et a confirmé notre mission de remonter la filière organisatrice de l'attentat de Calais.

« Doc, vous allez recevoir par navette toute la documentation que nous avons pu réunir avec les Anglais et les Américains », m'a-t-il annoncé. Il m'a appris aussi que Mathilde aurait reçu lors de son passage à sa base de Rabat-Salé, pas mal d'informations sur deux des terroristes morts pendant l'attaque. J'apprends qu'une femme d'origine thaïlandaise était la responsable de l'explosion qui a fait le plus de dégâts en vies humaines à l'entrée du tunnel montant.

Il m'informe aussi qu'il est prévu que je monte sur Bruxelles dès jeudi, j'y suis attendu à l'Ambassade de France où je dois rencontrer un membre du service fédéral de renseignement allemand, le BND, Bundesnachrichtendienst.

En effet, un des terroristes abattus durant notre intervention dans le tunnel semble avoir eu des attaches avec des clandestins actifs du MIT2, le service secret de Turquie. Ces soldats turcs très présents en Allemagne et dans le sud de la France, sont responsables en particulier de l'assassinat de dirigeants kurdes exilés en Europe.

À plusieurs reprises, les services allemands et français ont dû extrader ces agents interpellés, sous la pression du président Erdogan, sans possibilité de remonter les filières de soutien logistique de ces bras armés de la dictature ottomane.

Martine a fini par accepter de nous réserver quatre places dans le Thalys pour Bruxelles de 11 h 55 qui nous amènera à Bruxelles-midi, vers 13 heures.

Nous prendrons un taxi pour rejoindre nos homologues de l'OCAM3créé en 2006, et qui est l'équivalent de notre CNCT. Depuis 2020, il s'est particulièrement spécialisé en cyber criminalité.

En fait, nous avons rendez-vous avec Albert Kruncher, responsable de la division du renseignement de la SGRS4, qui vient tout juste de déménager dans ses nouveaux locaux construits sur les terrains libérés par l'OTAN, rue d'Evere, quartier reine Elisabeth. Ce service de renseignement s'est considérablement renforcé depuis quelques années, et compte tenu du renseignement intérieur, est formé de plus de mille agents qui interviennent dans le pays mais aussi dans toute l'Europe et ailleurs dans le monde. « Alors Mathilde, il paraît que tu nous rapportes des infos sur nos terroristes ». Interpellée, notre collègue nous confirme que deux des hommes tués lors de l'assaut dans le tunnel sont originaires du Rif et, semble-t-il, faisaient partie des acolytes de l'avocat Ben Bahdoul.

Ils auraient rejoint la France par l'Espagne sans aucun obstacle et se seraient joints à leurs complices en Belgique dans le si fameux quartier de Molenbeek

Puis ils auraient rejoint le site du tunnel à l'aide d'un SUV Nissan de sept places retrouvé abandonné sur l'A16.

Ils étaient armés en guerre, et disposaient de quoi faire sauter la rame de l'Eurostar qu'ils envisageaient de déplacer tout au début de la partie immergée, à cinq kilomètres environs de Coquelle, espérant rompre la voûte du tunnel et provoquer son inondation.

Notre intervention a probablement évité cette catastrophe, mais malheureusement les morts et les blessés assassinés par les trois kamikazes ne servaient qu'à occuper les forces d'intervention pendant que le groupe de terroristes voulait mener leur attaque calmement. La résistance du blindage de la motrice et notre intervention a évité la destruction possible du tunnel, mais malheureusement a aggravé le bilan humain de cet attentat.

L'Élysée nous a fait également parvenir tous les renseignements concernant l'identité de notre prisonnier et de ses complices, ce qui devrait nous aider à Istanbul où nous devrions nous rendre mon équipe et moi après notre passage à Bruxelles. Apparemment, le gouvernement turc a donné son feu vert pour notre intervention et s'est engagé à nous aider dans nos recherches. Toutefois, Paris nous a prévenus que nous ne devons pas faire confiance à nos collègues du MIT, car rien à ce jour ne permet d'exclure leur participation à l'organisation des événements de Calais.

Nous décidons qu'Hugues et Margot nous accompagneront dans notre périple, Hubert assurera la sécurité de la rue du Bac et la liaison avec nous.

Nous devons au passage dans la capitale flamande prendre avec nous, à l'OTAN, un agent américain que le président Biden souhaite absolument voir nous accompagner durant notre enquête.

Nous revoilà Mathilde et moi, accompagnés par Hugues et Margot dans le Thalys vers la Belgique. Nous avons pris armes et bagages, car de la capitale belge, nous nous rendrons directement en Turquie afin de retrouver les traces de notre prisonnier.

Nous avons des réservations sur Turkish Airlines sur le vol TK 1944 de 15 heures 15 dans deux jours. Tout a été organisé par l'OTAN de Bruxelles et l'ensemble des documents nous a été transmis par la navette de l'Élysée. D'ici là, nous devons accompagner nos collègues belges dans leur enquête à la recherche des complicités bruxelloises de nos francs-tireurs marocains. En même temps, nous organiserons avec notre accompagnateur américain, notre virée dans la capitale turque.

Pendant notre séjour, nous sommes logés au Mercure airport, proche du quartier Reine Elisabeth et de l'OTAN. Nous sommes aussi très proches de l'aéroport.

Hugues et moi disposons chacun d'une chambre, les deux filles ont eu droit à une chambre double.

Installés rapidement après notre prise en charge par les chauffeurs de l'ambassade à la gare de Bruxelles midi, nous devons rencontrer ici à l'hôtel nos interlocuteurs belges, allemands et américains. Une salle de conférence a été prévue pour l'occasion. Le briefing est prévu à 18 heures. D'ici là repos, nous devons nous retrouver au bar de l'hôtel à 17 heures 30.

Je décide sans en aviser mes collègues, de me rendre en ville afin d'y retrouver des souvenirs d'étudiants, quand nous explorions avec Martine toutes les capitales de l'Europe en stop. J'ai presque deux heures devant moi.

J'ai réussi à m'éclipser sans alerter Hugues, j'ai besoin d'un peu d'air après les événements de ces derniers jours, et je me dirige en taxi vers le centre historique de la capitale. Mais à peine dix minutes après, mon téléphone vibre dans ma poche, c'est Hugues, j'ai bien l'intention de ne pas répondre.

Mais après trois appels, puis un appel de Mathilde, je leur envoie un SMS « je suis parti faire un tour en ville, pas de soucis je serais de retour tout à l'heure au bar ».

En fait, j'ai rendez-vous dans un bar connu du centre historique de la capitale flamande, l'estaminet du Kelderke sur la grande place, avec un ancien collaborateur de l'aéronavale qui bien qu'en retraite garde une activité de renseignement qui doit m'aider durant mon périple turc.

À peine entré, j'aperçois mon vieil ami déjà attablé devant une belle assiette de frites qui accompagne une double portion de carbonade.

« Bonjour Alex, excuse-moi, pas eu le temps de manger ce midi, j'en profite, tu veux partager mon repas ? »

Je décline l'offre et commande une pinte de bière avant de m'asseoir face à lui.

« JP » nom de code que nous lui donnions à l'époque, m'interpelle et je lui explique que « je pars dans moins de 48 heures à Istanbul à la poursuite des commanditaires de l'attentat de Coquelles, il faut qu'il me briefe sérieusement, car je pars en terrain complètement inconnu, malgré les docs remis par Paris »

Mon interlocuteur entre deux bouchées et une rasade de bière m'apprend qu'il est parfaitement au courant de ma mission et ce qui l'inquiète le plus est que les services turcs du MIT ont été informés de notre arrivée. Il me conseille de m'éclipser rapidement avec une partie restreinte de mon équipe et de rejoindre Ankara, car à Istanbul tout est bouclé, je n'obtiendrai aucun renseignement et au pire, ils élimineront toute filière que nous pourrions « lever ».

À Istanbul, il me donne le nom et les coordonnées de son contact qui nous permettra de rejoindre les rebelles Kurdes de la frontière syrienne qui selon lui sont bien au fait de l'affaire de Calais. Il me conseille de rejoindre la côte orientale de la Turquie par la mer, et me donne le nom d'un passeur habitué à ce genre d'opération.

« Comment as-tu ces informations, même les cow-boys de l'OTAN ne semblent pas au courant de la filière kurde ? »

Il me confirme qu'il rentre à peine de la région toujours en guerre malgré l'élimination de l'état islamique, et que pour les Turcs seuls les Kurdes sont leurs ennemis. Par contre, l'administration des services turcs est complètement infiltrée par les femmes combattantes du Kurdistan qui fournissent de précieux renseignements qui sont monnayés auprès de l'occident et des Israéliens en échange d'armes et de munitions.

Je me demande dans quelle galère la présidence m'a à nouveau envoyé et c'est informé complètement des tenants et aboutissant de cette opération « Channel » organisée probablement depuis Ankara, que je rejoins avec un peu de retard mes collègues au Mercure pour la réunion prévue à 18 heures avec les services belges, allemands et américains.

Mais je crois déjà en savoir plus que tout ce qui se dira durant les deux heures prévues pour cette rencontre, à moi de jouer le naïf... ne sera pas facile.

            
            

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