Les Aventures de Doc Alex
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Chapitre 2 No.2

Chapitre 1

25 mars 2024

Dans l'Eurostar Paris – Londres

Ce matin, nous avons réussi tout juste à prendre l'Eurostar de 7 h 13.

Installés face à face, Mathilde, Hugues, Margot et moi devons joindre Saint Pancras Station, à 9 h, où devrait-nous attendre le chauffeur de l'Ambassade de France.

Nous devons rencontrer, vers 11 h, la Patronne du MI6, Madame Older, avec qui nous devons coordonner les actions de prévention à mener face au risque très important d'attentat dans le tunnel sous la Manche. Les services secrets américains, marocains, israéliens et belges ont alerté l'Élysée qui a missionné notre équipe comme interlocutrice des Britanniques dans cette opération. Depuis que nous connaissons l'appartenance de Mathilde aux services antiterroristes marocains, nos relations amicales et professionnelles se sont apaisées.

Martine, mon épouse, a réussi à cicatriser la blessure affective grave que je lui avais infligée en 2020. Il est vrai que sa petite virée déconfite parisienne a été pour beaucoup à notre pardon mutuel. (Voir L'Estocade.)

Les Jeux olympiques doivent débuter le 26 juillet prochain, ils se termineront le 11 août, sans incident nous l'espérons tous, et tous les services autour du président Al-Mansûr sont sur le pied de guerre depuis plusieurs semaines.

La capitale française et tous les sites où se dérouleront les épreuves sont protégés à l'extrême. Cela, à tel point que les programmes de surveillance aériens et orbitaires prévus pour 2025 à 2030 ont été avancés, aggravant sérieusement le déficit du budget national déjà mis à mal par la pandémie de covid19 de 2020-21, malgré une résilience exceptionnelle de notre économie.

Le programme SORIA (système d'optimisation du renseignement interarmées) est fonctionnel et a été testé avec succès au Sahel et en Afghanistan dans le plus grand secret et avec l'accord des Russes et des Américains. Un grand nombre de drones MALE (drone de moyenne altitude à longue endurance MQ-9 Reaper) a été armé. Les deux satellites du programme Musis européen ont été testés efficacement en déjouant une attaque terroriste en Allemagne il y a deux mois. Un des trois Falcons du programme Cuge a pu être livré dès le mois dernier, il est en cours de validation de ses capacités d'écoute et de collecte des informations en particulier des fréquences de tout objet volant.

Ainsi, la Task force, créée par le président Macron dès juillet 2017, possède des yeux et des oreilles renforcés avant cet évènement mondial qui, par le passé, a parfois été la cible d'attaques terroristes antisémites particulièrement violentes.

Le problème qui se pose aujourd'hui à mes coéquipiers et moi est qu'un attentat sous la Manche va être particulièrement difficile à déjouer, car le tunnel se situe à près de 80 mètres sous la surface agitée de la Manche.

Ceci, bien que depuis les années 2010, l'afflux de nombreux migrants s'agglutinant aux portes du tunnel ait imposé un renforcement sans exemple des mesures de contrôle et de sécurité tant à Sangatte, Calais et Dunkerque, côté français, qu'à Folkestone, du côté britannique.

Nous sommes dans le tunnel depuis dix bonnes minutes, lorsque notre rame ralentit fortement tout en continuant d'avancer au ralenti.

« Qu'est-ce qui's passe », s'étonne Margot, la claustrophobe de l'équipe !

En fait, notre Eurostar finit par s'arrêter complètement.

Après la sonnerie classique, la voix du chef de train nous annonce que notre train est stoppé suite au déclenchement d'une alerte côté anglais. Un camion aurait pris feu une quinzaine de kilomètres avant la sortie de Folkestone. Cet incendie a donc lieu dans la fin de la partie immergée du tunnel,

« Mesdames, messieurs, restez à votre place, nous attendons les informations des cellules de surveillance », nous annonce le responsable du voyage.

Je décide en même temps que Margot et mes deux acolytes de me lever et de me diriger rapidement vers le carré des contrôleurs qui se trouve juste au niveau de la voiture précédente.

« Bonjour, Mesdames, Messieurs, je suis le général Beaucousin du CNCT en mission pour Londres, pouvez-vous me tenir informé de la situation ? ».

J'apprends que notre rame est arrêtée au milieu de la partie immergée du tunnel. Soit à une bonne vingtaine de kilomètres de Coquelles. Un camion serait en feu du côté anglais, mais surtout il paraît que la sortie française est complètement envahie de migrants qui ont réussi à franchir toutes les barrières de protections après que deux énormes véhicules se soient précipités sur les voies ferrées au niveau de l'autoroute A16. Par les brèches faites dans les barrières sécurisées, des centaines de personnes sont descendues sur les voies à l'aide de deux énormes filets de cordes déroulées à partir du parapet du pont comme si les véhicules en tombant sur les rails avaient traîné derrière eux un parachute. La foule surgit de nulle part. Surtout apparemment, les hommes, femmes et même enfants, se sont échappés de plusieurs semi-remorques qui encombrent les voies de l'A16 au niveau du pont enjambant le terminal. Ils se rassemblent à l'entrée du tunnel dès qu'ils ont touché le sol, en courant le long des voies. Les forces de sécurité arrivent à peine sur place et ne semblent pas pouvoir empêcher le blocage des sorties des trois tunnels.

« Il faut que mon équipe puisse rejoindre le tunnel de service, ouvrez-moi la porte nous descendons. »

Le contrôleur le plus âgé refuse notre demande en se référant à son règlement. Je lui montre ma carte d'officier assermenté par le CNCT et lui donne le numéro qu'il peut contacter pour confirmer l'autorisation demandée. Mais voyant les armes sorties par mes compagnons, il obtempère et nous déclenche l'ouverture de la porte côté tunnel de service.

« Vous avez un accès à vingt mètres sur votre droite, je demande le code au chef du train pour ouvrir le sas. »

Munis du sésame, nous nous précipitons vers la porte blindée qui donne accès au tunnel de service. Il en existe tous les 375 mètres, tout le long du trajet. Afin d'éviter l'envahissement du tunnel de secours par les fumées ou gaz toxiques, la pression de l'air y est positive.

À peine traversés les sas, nous émergeons dans le tunnel de service au moment où un wagonnet électrique arrive à notre hauteur. Son pilote semble surpris de nous voir émerger et arrête son engin.

« D'où venez-vous, on est en alerte rouge, le plan Binat est actif – je lui montre ma carte et il réagit instantanément – montez, on retourne vers Coquelles ».

Nous grimpons tous les quatre à bord de son engin électrique qui prend rapidement de la vitesse puisqu'à peine quinze minutes plus tard nous approchons de la sortie dont on aperçoit la lueur au loin.

Mais arrivés à quelques centaines de mètres de la fin du tunnel nous sommes croisés par des dizaines d'individus qui courent vers le fond du tunnel.

Notre navette ne peut plus progresser que quelques minutes avant d'émerger au jour et notre chauffeur doit s'arrêter. Nous essayons de sortir, ce qui n'est pas une mince affaire, heureusement que les portes de notre véhicule s'ouvrent latéralement.

J'interpelle mes coéquipiers « on se retrouve à la sortie ».

Et de nous lancer à contre-courant de la foule qui déferle face à nous. On est obligés de passer le long des parois et on se retrouve quasiment plaqués contre elle, tellement la multitude de migrants s'avance vers les profondeurs des tunnels. La foule est de plus en plus dense.

Nous atteignons enfin la sortie où se trouvent plusieurs CRS en tenue antiémeute, mais qui ne peuvent rien faire pour arrêter la foule.

J'interpelle un officier qui semble désespéré. « Capitaine, je suis le général Beaucousin de la CNCT, nous nous rendions à Londres, où se trouve le PC ? »

Il m'indique du doigt la direction en me criant « on ne peut quand même pas leur tirer dessus, ils nous lyncheraient ». Je l'ai déjà quitté suivi de mes trois coéquipiers qui arrivent à se frayer le passage au vu des armes que nous tenons.

Nous sommes à plus de cent mètres du bâtiment de surveillance, il faut absolument qu'on y arrive.

Une explosion étourdissante nous projette mon équipe et moi de plusieurs mètres sur le talus que nous avons commencé à gravir vers les bâtiments du PC de contrôle. Les dégâts en vies humaines apparaissent au fur et à mesure que les fumées se dissipent. Des centaines de cadavres et de corps hurlants de douleurs forment un terrifiant champ de bataille, véritable charnier.

Nous sommes un peu assourdis tous les quatre par la déflagration. Margot semble la plus touchée, et saigne un peu de l'épaule gauche, nos visages sont gris de poussière, Mathilde s'est déjà relevée, le pistolet automatique à la main, et hurle pour se faire entendre :

« Vite, on remonte, de toute façon on ne peut rien pour eux ». Nous nous relevons et reprenons notre course vers le bloc de béton qui lui n'a pas souffert de l'explosion. Au loin, on entend toutes les sirènes qui résonnent, accompagnées des alertes des ambulances et véhicules de secours qui se dirigent vers l'entrée du tunnel.

La porte blindée qui ferme le bâtiment et protégée par deux CRS qui se relèvent à peine des effets de l'explosion.

« Stop, on ne passe pas », hurle l'un des deux militaires.

Je lui montre mon laissez-passer, il s'écarte pour ouvrir le battant métallique en tapant un code, et nous annonçant dans l'interphone.

« Le général Beaucousin du CNCT arrive avec ses collaborateurs, ils sont blessés ».

Nous traversons en courant le long couloir qui mène à la salle de commande du tunnel. Il y règne un vent de panique marqué des sirènes d'alerte de tous les systèmes de contrôle.

Les quelques personnes présentes nous regardent à peine à notre arrivée, elles sont toutes en ligne avec un interlocuteur invisible. Les échanges sont inaudibles car hurlés dans les microphones.

En pénétrant, armés, dans cette vaste pièce vitrée sur trois de ses côtés, nous provoquons quelques secondes de paniques, mais je hurle en brandissant mon badge officiel « pas de panique nous représentons la Task force de l'Élysée, nous prenons le commandement des opérations ».

Chacun reprend sa place.

« Reprenez votre poste, qui est le responsable ici ? »

Une femme d'une quarantaine d'années, assez élégante dans son uniforme d'officier, se dirige vers moi et me saluant

« Je suis le lieutenant Carine Marchand de la PAF, de permanence de ce côté du tunnel, à vos ordres mon général, nous avions été informés de votre présence vers Londres ».

Elle me décrit précisément la situation qui nous apparaît comme désespérée.

Deux rames d'Eurostar sont arrêtées dans le tunnel, la nôtre, et une navette côté descendant.

Les services d'incendie sont entrain de contrôler le camion en feu dans une navette montante quelques kilomètres devant notre train.

Il a été décidé de ne pas évacuer les passagers des trois trains actuellement dans le tunnel. Le problème le plus grave est de porter secours aux nombreux blessés des explosions apparemment provoquées par un Kamikaze ou plusieurs. L'information n'est pas remontée encore vers le PC. Il faut arrêter le flux de migrants qui continue à se répandre dans les deux tunnels et le tunnel de service, le nombre ne cesse d'augmenter par l'arrivée de nouveaux camions qui déversent leur cargaison au niveau des ponts de l'autoroute. Près de dix mille personnes ont envahi la zone ferroviaire, certaines portent secours aux blessés, mais la majorité continue leur course vers l'Angleterre. Les secours viennent d'arriver au niveau des explosions, car selon les informations qui arrivent, trois terroristes se sont fait exploser, un à chaque orifice des tunnels.

Renseigné, je contacte enfin la CNCT à Paris

            
            

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