Des ténèbres à l'angélisme
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Chapitre 5 No.5

La lente reconstruction

Mais c'est sans compter sur la détermination qui habite Katarina depuis sa naissance, car malgré ces diagnostics alarmants, elle est toujours là, bien vivante. Ce qu'elle a vécu depuis sa tendre enfance lui a donné un caractère volontaire, et elle ne l'entend donc pas de cette oreille.

Dès son arrivée dans son nouveau service de suivi, elle prouve aux médecins qu'ils ont tort.

Qu'elle est plus forte qu'ils ne le croient.

Au bout d'un mois, avec sa volonté de fer, elle réussit à se lever par la seule force de ses bras, et à montrer une ébauche de marche autour de son lit, défiant tous les pronostics alarmistes de ses médecins. Bien sûr, elle tombe plusieurs fois. Mais à chaque fois, elle refuse toute aide. Pourtant, Nicoletta ne veut pas la laisser faire.

Mais c'est sans compter sur la ténacité de sa fille.

Katarina ne lâche rien. Elle décide de ne plus jamais rien lâcher. À partir de ce jour, quand Katarina décidera d'une chose, elle se donnera tous les moyens pour y arriver.

Quelques jours plus tard, par sa force d'esprit, Katarina remarche enfin, les médecins croient à un miracle. Ils n'en croient pas leurs yeux. Tous les indicateurs physiques de Katarina disent le contraire. Elle ne devrait pas pouvoir marcher. C'est donc pour eux l'œuvre du miracle.

Pour elle, c'est autre chose :

« Je savais marcher avant, c'est normal que je sache marcher aujourd'hui de nouveau », leur répond-elle.

Elle va commencer à pouvoir rentrer chez elle le week-end à sa plus grande joie. Enfin retrouver son chez-soi, être entourée de sa famille. C'est Pierre accompagné de Dany et Nicoletta qui viennent la chercher le vendredi soir et la ramènent le dimanche soir à l'hôpital. Elle est folle de joie de pouvoir sortir et de rentrer chez elle. Pour elle, les week-ends sont d'une grande importance, même si elle a du mal à tout comprendre, elle est entourée des personnes qui l'aiment et c'est tout ce qui compte à ses yeux.

Les dîners chez Pierre sont toujours animés. Il faut dire que c'était un excellent cuisinier et qu'il lui manque encore beaucoup aujourd'hui. Pierre décédera brutalement l'année de ses 19 ans. Il aura été pour elle comme un père, et lui, la considérait comme sa fille, même si elle ne l'était pas. Il faut dire que pendant toute son adolescence, il a été très présent pour elle. Elle l'adorait et encore aujourd'hui, il est toujours dans son cœur. Il fait partie des rares personnes que Katarina n'oubliera jamais.

Dans cette famille, il y a eu de nombreuses crises de fous rires. Comme des anecdotes marquantes.

La grand-mère de ses frères et de sa sœur, Camélia, faisant un compliment sur le pâté de son fils Pierre, alors que c'était du foie gras lors d'un réveillon.

Évidemment qu'il était bon ce fameux pâté, à ce prix-là, il ne pouvait être que bon.

C'est à ce réveillon qu'elle va danser sur une musique du film de Dirty Dancing avec Lorenzo.

She's like the wind(Elle est comme le vent).

She's like the wind through my tree(Elle est comme le vent dans mon arbre)

She rides the night next to me(Elle chevauche la nuit à côté de moi)

She leads me through the moonlight(Elle me mène au clair de lune)

Only to burn me in the sun(Seulement pour me brûler au soleil)

She's taking my heart(Elle prend mon cœur)

But she doesn't know what she's done(Mais elle ne sait pas ce qu'elle a fait)

I feel her breath in my face(Je sens son souffle sur mon visage)

Her body close to me(Son corps près du mien)

Can't look in her eyes(Je ne peux la regarder dans les yeux)

She's out of my league(Elle est bien mieux que moi)

Just too fool to believe(Trop fou pour croire)

I'm anything she needs(Que je sois ce dont elle a besoin)

She's like the wind(Elle est comme le vent)

I look in the mirror(Je regarde dans le miroir)

And all I see(Et tout ce que je vois)

Is a young old man(C'est un jeune vieil homme)

With only a dream(Avec juste un rêve)

Am I just foolin'myself ?(Est-ce que je ne fais que me tromper ?)

It's just stop the pain(ça ne fait qu'arrêter la douleur)

Living without her(vivre sans elle)

I go insane(Je deviens fou)

I feel her breath in my face(Je sens son souffle sur mon visage)

Her body close to me (Son corps près du mien)

Can't look in her eyes(Je ne peux la regarder dans les yeux)

She's out of my league(Elle est bien mieux que moi)

Just too fool to believe(Trop fou pour croire)

I have anything she needs(que j'ai quelque chose dont elle a besoin)

She's like the wind(Elle est comme le vent)

I feel her breath in my face(Je sens son souffle sur mon visage)

Your body close to me(Ton corps près du mien)

Can't look in your eyes(Je ne peux te regarder dans les yeux)

You're out of my league(Tu es bien mieux que moi)

Just too fool to believe(Juste trop fou pour croire)

just too fool to believe(trop fou pour croire)

She's like the wind(Elle est comme le vent)

Just too fool to believe, (Juste trop fou pour croire),

just too fool to believe(trop fou pour croire).

Ce sera pour elle un de ses plus beaux souvenirs, qui sera immortalisé avec Lorenzo, par une photo prise par Francesca.

De ces moments partagés en famille, elle en gardera le meilleur

Voyant les progrès de la jeune fille, les médecins décident alors d'amorcer un protocole de rééducation, à la plus grande joie de Katarina.

Enfin arrivent les tant attendues séances d'orthophonie, d'ergothérapie, d'ergonomie, de kinésithérapie et de psychologie.

Enfin, elle a le droit de tout réapprendre, à redevenir Katarina, la jeune fille, et non à rester Katarina la malade, « la bébête ».

C'est au bout de deux mois de rééducation soutenue, que Katarina peut enfin sortir de cet hôpital pour intégrer un centre de rééducation à Lamorlaye, dans l'Oise, lieu de sa renaissance, de son nouveau chemin de vie.

Elle y rentre en petite fille cassée, elle en sortira en fille forte et déterminée mais avec quand même des lacunes et des séquelles.

Elle intègre le centre de rééducation et réadaptation fonctionnelle du Bois Larris à Lamorlaye.

Elle y suivra une scolarisation adaptée associée à une kinésithérapie, des soins d'orthophonie, de psychomotricité, d'ergothérapie, des entretiens psychologiques et des séances de soutien scolaire spécialisées.

Ceci afin de travailler les troubles caractéristiques du syndrome frontal avec d'importantes difficultés à organiser le récit, le travail, la résolution des problèmes et plus encore.

Elle y restera deux ans.

C'est loin de chez elle, mais en pleine campagne, elle y respire le renouveau.

Pendant ses deux ans, elle a de nombreux soins, plus ou moins agréables. Il y a :

- De la kiné, avec ses inoubliables séances de piscine, de musculation des jambes... (de nos jours, dès que Katarina peut aller à la piscine, elle reproduit ces exercices tant de fois répétés.)

- De l'orthophonie avec ses séances d'orthographes, de lecture, de grammaire, de mathématiques (sa bête noire, même de nos jours)...

- De psychomotricité pour l'écriture, les gestes du quotidien et améliorer sa motricité...

- D'ergothérapie avec ses séances de manipulations, réapprendre à tenir des objets dans ses mains, attraper, rattraper, donner, assembler... toutes sortes d'exercices pour réapprendre les bases, les gestes du quotidien.

- De psychologie, pour réapprendre à bien parler, à pouvoir discuter de tout et à tous, d'essayer de se rappeler de toutes les choses oubliées. Mais avant tout de savoir exprimer librement ses peurs, ses craintes, ce qu'elle aime ou pas, de s'extérioriser, de vivre quoi !

Pendant ces deux ans, elle passe ses journées au centre ; mais le soir, elle doit rentrer chez elle ainsi que les week-ends. C'est en taxi VSL qu'elle fera les trajets. Son chauffeur est très gentil avec elle, il l'aime bien et parfois il vient la chercher avec sa limousine américaine qu'il ne loue que pour les mariages, juste pour lui faire plaisir et lui permettre de vivre une vie de princesse.

Nicoletta, sa mère, ayant été traumatisée par cet accident, ne peut se détacher de sa fille fraîchement revenue à la vie. Elle a peur de la laisser où que ce soit, avec qui que ce soit.

Cela n'empêche pas Katarina de se faire plusieurs amis, dont Dana, Kamel, Awa, Laurie, Vincent, Marina, Julien, Jennifer... Avec qui, elle fera sa rééducation, et surtout grâce à qui elle se sentira à sa place, comprise.

Dans ce centre, elle se sent en sécurité, elle se sent comprise et n'a pas l'impression d'être surveillée constamment dans ses moindres faits et gestes.

Elle peut souffler, respirer, réapprendre à parler, marcher, bouger, rire, pleurer sans être jugée en permanence.

Chaque enfant possède un problème moteur ; certains sont paralysés, d'autres marchent avec une béquille ou deux, d'autres avec un déambulateur, d'autres sont en fauteuils électrique ou roulant, d'autres encore sont dans un lit roulant...

Il y a cinq groupes, les 3 à 6 ans, les 7 à 10 ans, les 10 à 12 ans, les 12 à 16 ans voir cas exceptionnel les 17, 18 ans. Chaque groupe a ses propres moniteurs.

Katarina préférerait rester la semaine entière au centre de rééducation et ne pas avoir à se lever tous les matins à 5 heures pour repartir au centre. Elle se sent bien mieux toute la journée avec des enfants handicapés comme elle, avec qui elle peut partager ses douleurs et souffrances et qui ne la jugeront pas.

Cela dure pendant deux longues années, mais tellement importantes pour son équilibre psychologique et moteur. Elle peut prendre son temps pour reconstruire ses bases, récupérer son corps et ainsi guérir autant physiquement que moralement.

Sa vie a tellement changé, que le simple fait de pouvoir être avec d'autres enfants handicapés qui lui ressemblent plus ou moins lui donne le sentiment de confiance en elle.

Elle ne peut se dévaloriser, comme le font certaines personnes à l'extérieur, à son encontre.

Mais surtout, avec eux, les choses sont plus simples, moins compliquées, les épreuves de la vie sont moins dures à supporter, surtout le regard condescendant des gens que l'on croise et qui ne peuvent s'empêcher de vous regarder comme des bêtes curieuses. Ces mêmes gens qui se permettent de demander à vos parents « comment elle va ? » alors que vous êtes devant eux, « est-ce qu'elle nous comprend ? » alors que vous les écoutez et parlez normalement, « est-ce qu'elle se souvient de... » mais qu'est-ce que cela peut vous faire de savoir si je me souviens de l'accident ! Si cela vous était arrivé, vous voudriez vous souvenir de tous les détails ?

Combien de fois, Katarina pense cela, subit ces situations, qu'elle a envie de leur crier ses phrases et tant d'autres comme :

« Oh ! je suis là et je vous entends ! Je ne suis pas sourde, ni muette, ni abrutie ! Je peux répondre, et toi t'es abruti ? »

Combien de fois elle a envie de crier, de pleurer, de rager, de dire simplement:

« Si vous avez une question à poser, demandez-le-moi directement ! je suis à même de vous répondre ! »

Heureusement, bien souvent, Nicoletta leur répond ceci :

« Ma fille ! Elle réapprend à vivre petit à petit ! Mais vous savez, elle a juste perdu partiellement la mémoire, elle n'est pas devenue ni sourde ni muette ! Elle peut vous répondre elle-même ! »

                         

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