Des ténèbres à l'angélisme
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Chapitre 4 No.4

L'accident

En septembre 1991, le 10 septembre, elle fait sa rentrée en 6e

Le collège se trouve de l'autre côté de la ville. Pour y accéder, elle doit traverser la dangereuse RN14. C'est un collège arboré et bordé d'un joli parc. Sa rentrée se passe sans problème. Elle revoit ses camarades de classe de CM2, et se fait rapidement de nouvelles connaissances sans trop de soucis.

Le vendredi 13 septembre 1991, elle va en cours tranquillement, comme chaque matin.

La matinée se passe comme un charme. À 12 h, elle rentre comme d'habitude manger chez elle. Elle se prépare son plat, et tranquillement prend son repas devant sa série préférée « papa Schultz ». Tellement captivée par la série, Katarina ne faisant pas attention à l'heure, elle ne réalise pas qu'elle va être en retard pour reprendre ses cours.

Francesca, qui venait de rentrer de son travail, la voyant prendre son temps, la dispute fermement ! Elle lui ordonne de se dépêcher de finir son repas, puis de faire sa vaisselle, son lit pour ensuite repartir au collège au plus vite.

Une fois finies les corvées ainsi imposées par sa sœur, Katarina part donc en courant, espérant ainsi rattraper son retard.

Lorsque Katarina arrive au carrefour de la nationale 14, le trafic est dense. Dès qu'elle voit le voyant vert piéton, elle commence à traverser. Elle n'a pas vu arriver en trombe la Renault 25 qui lui fonce littéralement dessus. Le voyant étant vert, elle n'a pas regardé l'éventuelle arrivée d'un véhicule.

Le véhicule la percute violemment de plein fouet et l'entraîne en la projetant à plus de 50 m du passage piéton qu'elle venait d'emprunter.

Étalée sur le sol comme une poupée de chiffon, à moitié inerte, du sang coule derrière sa tête.

Elle ne peut plus bouger et n'a que le temps de donner son numéro de téléphone « 39.97.44.60 » et son prénom à un jeune homme de 16 ans juste devant elle avant de tomber inconsciente.

À cet instant précis, sa vie prend un nouveau chemin !

Alertés par les spectateurs impuissants de son accident, les secouristes arrivent rapidement.

Elle est dans un premier temps amenée à l'hôpital d'Argenteuil qui se trouve être le plus proche du lieu de l'accident. Pourtant très bien équipés, à la vue de son état, les médecins d'Argenteuil décident de la transférer en urgence par hélicoptère à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre de Paris. C'est à ce moment précis qu'elle sombre dans un coma profond. Son état empire, les minutes comptent pour la sauver.

Katarina restera 10 jours dans ce coma profond avant de passer à un semi-coma. Ce seront 10 jours d'angoisse et de combat pour Nicoletta. Elle devra se battre avec les assurances et les médecins qui désirent arrêter le protocole dès son 3ejour de coma. Pour eux, les séquelles seront énormes, et pensent qu'ils sont en train d'exercer un acharnement thérapeutique qui va à l'encontre de cet enfant fragile. Tous les tests montrent que Katarina, malgré son coma, vit une souffrance extrême. Mais Nicoletta tient bon, elle se bat pour sa fille. Heureusement, elle est épaulée par Francesca et toute sa famille.

Pour eux, l'attente est longue et pénible. Les jours et les heures sont interminables.

Il y a un stress et une angoisse palpable qui se lit sur leurs visages.

Ils sont en larmes.

Ils ont peur de la perdre.

Ils imaginent tout et n'importe quoi.

Nicoletta travaille à l'époque dans une maison de retraite et dès qu'elle termine, elle prend les transports direction l'hôpital. Soit près de 2 h dans le train, puis les différentes lignes de métro pour arriver au chevet de sa fille tant aimée.

Elle est rejointe par son ex-mari Pierre et sa femme Dany qui seront d'une grande aide. Ils l'épaulent, la soutiennent dans ses démarches. Ils espèrent avec elle jusqu'au bout.

Katarina sent leur présence tout au long de son coma. Elle sait qu'ils sont tous présents à son chevet, elle les perçoit.

Encore aujourd'hui, quand elle y repense, elle se souvient de cette lumière blanche enveloppante et chaleureuse qu'elle voyait juste au-dessus d'elle, et de toutes ces voix qu'elle entendait.

De cette douce mélodie, de ces pleurs, de ces mots, de ces mains qui lui touchent son visage, ses mains... ainsi que leur chaleur apaisante.

Elle vit cette sensation qu'elle est entourée et aimée.

On lui dira plus tard qu'elle a lutté de toutes ses forces contre la mort et que pas un jour, elle n'avait été seule.

Seule ombre au tableau, l'absence de son père Maurice.

Pas parce qu'il ne pouvait pas venir mais parce que personne ne l'avait prévenu.

Il faut dire qu'à l'époque personne ne savait où il se trouvait.

Mais surtout, Nicoletta était tellement mortifiée et pleine de chagrin, qu'elle n'y avait même pas pensé. Son esprit était tout à sa fille en inquiétude. Toutes ses pensées sont centrées sur l'état de santé de Katarina, elle n'avait donc pas eu le temps, ni même eu à aucun instant l'idée de rechercher Maurice pour le prévenir.

De toute façon, là ou pas là, cela n'aurait rien changé selon elle. Elle élevait Katarina sans son aide depuis tellement longtemps, qu'il n'aurait pas su quoi dire sur sa fille aux médecins si le besoin s'en était ressenti. N'avait-il pas abandonné sa fille 5 ans plus tôt ?

Au 11ejour, le coma devient de lui-même plus léger. Pourtant, les médecins ne sont guère rassurants. Pour eux, même si Katarina s'en sortait, elle vivrait avec de très graves séquelles.

Mais Nicoletta, très croyante, croit au retour de sa fille, et continue de se battre pour elle.

Elle ne lâchera rien. Chaque jour, elle prie les saints protecteurs et brûle des bougies pour sa fille.

Toute la famille est présente auprès de Katarina et se relaye pour la soutenir.

Ils prient tous pour elle, lui parlent, pleurent et chantent pour la faire revenir dans le monde des vivants, pour qu'elle ne suive pas cette douce lumière qu'elle perçoit.

Sur cette période, Katarina montre des signes d'un retour possible. Elle passe par plusieurs étapes encourageantes.

Mais au bout du 15ejour, Katarina montre des signes de sortie du coma. Elle se réveille d'elle-même et ses premiers mots sont :

« C'est génial ! »

Elle reconnaît immédiatement sa famille, sa mère Nicoletta, sa sœur Francesca, ses frères Lorenzo et Léo, leur père Pierre et leur belle-mère Dany.

D'ailleurs, elle appellera Pierre « papa ».

Mais hélas, tous ses souvenirs d'enfance ont disparu. Eh oui, elle est amnésique.

Avec cette sortie miraculeuse de son coma, des séquelles sont de mise. Katarina ne sait plus rien faire : marcher, manger seule, se laver... elle est redevenue un bébé.

Un légume qui doit tout réapprendre les gestes du quotidien.

Malgré son réveil, les médecins ne sont toujours pas optimistes

Ils disent qu'elle va être une charge lourde pour sa mère. Qu'il vaudrait mieux la placer en institution spécialisée. Car elle vivra avec un lourd handicap. Katarina ne sera plus jamais la petite fille que Nicoletta avait connue, et dont elle devra faire le deuil.

Pour ces médecins, Katarina restera dans cet état de « bébé » et sera donc toute sa vie une analphabète, incapable de remarcher au vu de sa fracture du bassin. Elle ne sera qu'un être bourré de lacunes par le lourd traumatisme crânien qu'elle a subi.

Elle ne pourra donc plus jamais remarcher, s'habiller, manger seule. Ce sera juste une enfant en fauteuil roulant ayant un besoin constant de présence et d'aide.

Surtout qu'elle ne voit plus que d'un œil.

            
            

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