Il est presque onze heures et je ne le vois toujours pas. Va-t-il encore me refaire le même coup? Va-t-il encore me laisser seule? Non pas cette fois ci.
Des minutes après, je reçois la réceptionniste au téléphone qui me dit que ''mon mari'' est à l'appareil. Elle me le passe ensuite.
Moi: Allô?
Lui: Retrouve moi à la plage.
Et il raccroche le téléphone. Éducation zéro.
Je vais au lieu de rencontre mais dès que je l'ai vu, mon cœur s'est mis à battre très vite. Il tourne sa tête, sûrement pour éviter que nos regards se rencontrent. Arrivée à son niveau, je le salue.
Moi: Bonjour.
Lui: ...Bonjour.
Et fin de la conversation jusqu'à ce qu'on monte dans l'avion. L'ambiance est très tendue et vraiment, j'ai envi qu'il dise un mot. Je veux qu'il parle,ça me gène d'être la seule à penser à ce foutu baiser.
Dans l'avion, nous reprenons les mêmes positions. Il s'assoit derrière et moi devant.....sacrée lune de miel, sacré couple!
Point de vue de Safiétou...
Dans l'avion règne un silence plus que génant. Quand je repense à ce baiser, j'ai des sensations bizarres au bas ventre, comme s'il y avait des trucs qui s'y déplaçaient. Je ressens toujours la douceur de ses lèvres, la chaleur de son souffle...c'est comme s'il venait tout juste de m'embrasser. En plus de ça il change encore de comportement. Mais j'avoue que c'était trop beau pour être vrai. Je crois vraiment qu'il souffre de dépression mentale.
Je tourne ma tête vers l'arrière pour voir ce qu'il fait.
Il est tellement mignon. On dirait qu'il dort. Je n'en suis pas très sûre car il a toujours ses lunettes.
Je me redresse tranquillement.
Où est ce que j'en suis maintenant avec ma demande de divorce? Tonton Moustapha est bien trop gentil pour mériter cela. La meilleure décision à prendre est de laisser tomber cette idée de divorce et de continuer d'avancer. Même si Cheikh est bipolaire, un grand connard sans précédent, un imbécile cinquième Dan, un gros lard, il y a quand même une gentillesse cachée en lui. Son grand défaut est qu'il s'énerve pour des choses inutiles et est trop con mais mis à part cela, il a un grand cœur....'fin je crois.
Le trajet se fait dans un silence de mort. Cette fois ci, il n'y a pas l'autre femme qui se dit hotesse de l'air alors que c'est une pute de l'air. C'est une autre fille très souriante également et qui ne s'est pas assise sur les genoux de mon mari. Elle est restée bien sage, peut être parce que je l'ai trop surveillée du regard.
Après attérissage, nous descendons. Il ne m'a même pas regardée. Pourquoi est ce qu'il m'évite comme ça?
J'apperçois de loin deux femmes que je pourrais bien reconnaître parmi mille autres, Marie et Tata Sokhna.
Elles sont venues nous accueillir. Deux hommes viennent prendre nos valises. Pendant ce temps, nous avançons chacun de son côté.
Marie me saute dessus d'abord avant d'enlancer son frère. J'embrasse ensuite Tata Sokhna qui ne cesse de me sourire.
Tata (en embrassant son fils) : Vous m'avez manquer mes bouts de chou.
Ils se libèrent.
Cheikh: Man ce n'est pas comme ci c'était la première fois que je m'éloigne de toi.
Marie (excitée) : Je veux que tu me racontes tout, dans les moindres détails.
Moi: Tout comme quoi?
Marie: Tout tout et tout.
Cheikh: En tout cas, notre vie n'est pas un film à raconter partout et à n'importe qui.
Marie: Donc moi je suis n'importe qui moi?
Tata: Montez, c'est mieux.
Nous montons dans la limousine et elles se sont arrangées de telles sorte que Cheikh et moi nous assayons côte à côte.
Marie me lance un regard taquin.
Marie: Alors?
Moi (souriant) : Alors quoi?
Tata: Marie? Ton frère a bien raison, leur vie n'est pas un film à raconter.
Cheikh (en riant) : Merci Man!
Tata (en souriant): Je t'en prie.
Marie tire sa lèvre pour montrer qu'elle est entrain de bouder. Je ne cesse de la regarder, et de les regarder tous tour à tour. Ils sont tous tellement mignons, très belle famille.
Cheikh: Parle nous plutôt de ton nouveau chéri.
Marie sourit comme si c'était la seule chose qu'elle attendait pour montrer ses dents.
Elle: Il va bien en tout cas.
Cheikh: Rien de plus à ajouter?
Marie: Il va bien, c'est tout.
Tata: Elle ne vous a pas parlé de la discussion entre ... euh...comment il s'appelle encore?
Marie: Tu es sérieuse maman? Il s'appelle Habib, très facile à mémoriser!
Tata Sokhna et Cheikh ne cessent de rigoler.
Cheikh: Calme toi! Le cerveau ne peut pas tout capter!
Tata: Ton père a appelé Habib pour parler d...
Marie: Non maman, ne leur dit pas s'il te plait!
Cheikh: De toute façon je te ferai parler, j'ai les moyens.
Marie: C'est ce qu'on verra.
Ensuite le silence reprend son règne. Marie pose sa tête contre l'épaule de sa mère, c'est tellement beau! Moi aussi j'ai envi de faire la même chose mais je n'ai pas de mère, la vraie personne sur qui poser ma tête. Je crois qu'au moment où on distribuait le bonheur on ne m'avait pas vu ou...je ne sais pas trop.
Je les regarde encore.
Ce silence est très confortable pour elles mais génant pour moi puisque je suis à proximité de Cheikh. Je lève mes yeux pour les poser sur son visage
Il me regarde à son tour. Il a de si beaux yeux...Je ne sais pas pourquoi mais j'ai eu du coup une envie folle de toucher à son visage, de le serrer très fort dans mes bras mais dommage ''qu'on ne s'aime pas''.
On entend Marie racler sa gorge. Tata la tape légèrement sur la cuisse et elle rit silencieusement. Je suis terriblement génée wallah.
Je me laisse absorber par mes pensées abstraites. Un moment après, je sens Cheikh toucher mes doigts. Je baisse mes yeux pour voir ce qu'il fait puis le regarde.
Il ne me regarde même pas alors que moi j'ai toujours ces sensations bizarres au bas ventre et mon rythme cardiaque augmente. Une partie en moi me demande de retirer ma main de la sienne et une aussi me demande de le laisser faire. Mais j'ai peur de ces mélanges de sentiments qui m'envahissent à chaque fois qu'il s'approche de moi ou qu'il me touche ou pire qu'il plonge son regard dans le mien. C'est trop bizarre.
Il commence à jouer avec mes doigts avec le regard posé sur un point imaginaire. Qu'est ce qu'il fait? Et pourtant il ne voulait pas et ne veut toujours pas me parler...'fin, il m'a parlée à peine.
Je jette un coup d'œil rapide à Marie et Tata Sokhna. Elles ont l'air d'être concentrées sur le paysage qu'elles admirent à travers la vitre.
Mes sensations redoublent de degrés quand il commença à carresser le revers de ma main en y faisant des dessins imaginaires. Et c'est comme s'il y'avait une grande boule dans mon cœur qui s'agrandit, qui est sur le point d'exploser.
J'ai envi de le carressser à mon tour mais quelque chose en moi m'en empêche.
Je le regarde une nouvelle fois et là, il a les yeux posés sur nos mains aux doigts entrecroisés; mais il ne prononce toujours pas un seul mot et ça m'intimide, sa conduite m'intrigue. Par reflexe, je retire ma main puis fais semblant de me redresser. Je l'entends soupirer et je fais de même.
C'est Cheikh qui me fait de l'effet comme ça?
..........................................
Nous venons d'arriver. Je descends en premier, ensuite Cheikh puis Marie et enfin Tata Sokhna. Je suis restée là à regarder encore la maison, dire que j'ai quitté mon trou pour vivre ici par un simple hasard...
Je me retourne, regarde la limousine s'éloigner, scillone les alentours des yeux puis prends un grand coup.
Marie: TU VIENS SAFIÉTOU?
Je cligne des yeux et me dirige vers la porte d'entrée où Marie m'attends. Dèsque je la rejoins, elle me sourit et nous entrons ensemble.
La première personne que j'ai vu est Sidy. Il a les bras grands ouverts et un très large sourire collé au visage, rien que pour m'accueillir. J'avance jusqu'à sa hauteur et le laisse m'embrasser. Je n'ai pas répondu à son étreinte car je me sens toujours mal à l'aise quand il s'agit de câliner des mecs.
Il me libère de son étreinte tout en me lançant:
Sidy: Tu as l'air fatiguée.
Je lui réponds avec un sourire timide sur mes lèvres.
Moi: Oui, je suis un peu fatiguée.
Il met ensuite son bras autour de mes épaules en nous dirigeant vers le salon.
Lui: Et c'était comment au Bahamas?
C'était comment? Terrible et...pas mal du tout.
Moi: Bien. C'est un endroit très beau.
J'apperçois Cheikh sortir de la cuisine et en même temps, nous entendons tata crier...
Tata: CHEIKH JE T'ORDONNE DE REVENIR RANGER TOUTE CETTE PAGAILLE.
Marie (en s'assayant) : Dire qu'il a vingt cinq ans!
Cheikh: Oh tais toi! De quoi je me mèle?
Tata: CHEIKH! J'ARRIVE AVEC LA CHICOTTE!
Ah donc ils utilisent les chicottes? On n'en croirait pas.
Sidy: OH! FAIS NOUS PLAISIR TATA!
Cheikh prend place en me regardant.
Tata Sokhna sort de la cuisine avec une louche à la main! Wallah je n'ai même pas fais exprès quand j'ai pouffé de rire et Marie aussi, mais elle a exagéré car elle voulait se moquer de son frère.
Cheikh n'a pas vu sa mère venir et celle ci lui donne une petite tape sur la tête avec la louche. Il rentre sa tête en faisant une petite grimace.
Cheikh: Aaouw!
Marie: Hahahahahaha!
Sidy aussi est mort de rire.
Cheikh se lève tout en interrogeant sa mère d'un ton enfantin.
Lui: Man qu'est ce que tu fais?
Tata: Vas ranger le comptoire de la cuisine! (en désignant la cuisine avec la louche). Tu viens d'arriver et tu commences déjà?!
Cheikh: Mais Ma les femmes de ménage sont là!
Tata: Ne me fatigue pas jeune homme. Vas y!
Cheikh s'execute en trainant ses pieds tout en chuchottant: ''ce n'est pas vrai!''. On dirait un enfant.
Sidy (en se levant) : Kxkxkx! Je vous laisse régler tout ça.
Tata: Toi là si tu ne veux pas te faire bastonner vas ranger ta chambre. J'ai vu la pagaille qui s'y règne.
Sidy: Mais quelle mouche t'a piquée aujourd'hui tata?
Tata: Tu veux une fessée?
Marie: Hahahahahaha!
Sidy monte les escaliers après avoir jeté un regard de tueur à Marie. Elle ne cesse de se moquer.
Je ne sais même pas pourquoi Tata fait ça. Je ne savais pas que les richards utilisent l'autre méthode, comme le dit Cheikh.
Marie: Je vais voir ce que fait ton mari.
Moi: J'y vais aussi.
Elle me lance un sourire taquin puis nous nous dirigeons vers la cuisine.
:-o ! Mon ''mari'' est entrain de faire la vaisselle :-) . Ça n'a rien de drôle mais j'ai failli éclater de rire, c'est tellement bizarre!
Tata est assise avec sa louche toujours à la main. Elle sourit dès qu'elle me voit.
Tata (d'une voix douce) : Tu ne vas pas te reposer ma belle?
Moi: Si si.
Tata: Alors, qu'est ce que tu fais encore ici?
Marie: Tu n'as rien compris maman. Elle attend son mari.
Et de suite Cheikh me regarde. J'ai honte du coup.
Je souris faussement à tata et à Marie qui rigolent silencieusement. Ça m'a mise super mal à l'aise. Et pour interrompre le silence génant, je dis ce qui m'est passé par la tête par hasard.
Moi: Où sont Tonton Moustapha et Grand père?
Marie: Papa est sorti et grand père est toujours à l'hopital.
Jusqu'à présent?
Moi: Il souffre de quelle maladie?
Cheikh (sèchement) : Mêle toi de ce qui te regarde!
Tata: Cheikh?!
Il me l'a dit si sèchement que j'en ai eu honte, ce qui me fait baisser mes yeux. Espèce de crapaud!
Le pire est que la honte va me tuer.
Tata pose sa main sur mon épaule comme pour me dire de ne pas m'en faire. Je passe ma langue sur ma lèvre inférieure puis soupire.
Tata: Il a une tumeur cérébrale.
C'est quel genre de maladie ça? Je fronce mes sourcils pour qu'elle m'explique.
Tata: Tout ce que je peux te dire sur cette maladie est qu'elle est mortelle, donc ses jours lui sont comptés.
Oh mon Dieu! Je ne pus m'empêcher de coller légèrement ma main sur ma bouche.
Cheikh: Arrête Man. Elle a compris.
Tata: Avant hier il disait qu'il avait très mal à la tête et on l'a amené à l'hôpital. Les docteurs nous ont dit que mieux vaut qu'il soit sous surveillance car son état se dégrade.
Marie: C'est bon Man arrête.
Oh! Il ne le mérite pas du tout. Il est tellement gentil!
Elle arrête de parler et laisse échapper un très long soupire. Moi, je suis bouche bée, et les paroles de Cheikh, ses questions le jour du mariage, tous me reviennent en tête. Je le regarde, son visage ne donne aucune expression déchiffrable et dans ma tête, c'est comme si c'est lui même qui me répète encore ces questions '' Pourquoi les personnes bien doivent-ils toujours souffrir?'', ''Ça te fait quoi de savoir que la personne que tu aimes le plus va bientôt mourir?''
Je te repose la question Cheikh...
Tata: Allez vous reposer. Si vous avez faim vous me le faites savoir.
Moi: D'accord.
Cheikh fais la bise à Marie et à sa mère avant de partir.
Je répète son geste et le suis sans dire un seul mot. Arrivés, il ouvre la porte, toujours sans prononcer un seul mot, et son silence m'intimide grave.
Il s'assoit directement sur le lit tou en enveloppant son visage avec ses mains. J'avance puis m'assois à côté de lui, pourvue qu'il accepte de me parler.
Moi: Cheikh?
Lui: ........
Moi: Est ce que ça va?
Il me regarde pendant cinq bonnes secondes avant de me répondre.
Lui: Il y a des questions qui ne se posent pas dans certaines situations. Sois plus intelligente que ça la prochaine fois.
Il ne me donne même pas le temps de réfléchir et il se lève brusquement pour se diriger vers le dressing.
Il a bien raison, il y a des questions qui ne se posent pas dans certaines situations...
Mon regard fut stoppé sur une photo de Cheikh et moi, en plus de ça bien cadrée hein, posée sur le chevet. Je me lève pour la prendre.
Je la regarde et la regarde encore mais je ne me souviens pas d'avoir pris cette photo quelque part. Sur la photo, on sourit tous les deux et je crois que....oui c'est ça! C'était la veille de mon mariage, quand nous étions tous à la cuisine.
Je laisse un petit sourire se dessiner sur mes lèvres puis remets la photo à sa place. Je me recule de deux pas et constate qu'il y a eu une petite touche de déco dans la chambre. Tous les meubles n'ont pas été changé mais on a juste mis un mini salon muni d'un canapé et de deux fauteuils posés face à face. Il y a une table en verre au mileu et le petit bureau de Cheikh n'est plus là.
Je scillonais la chambre du regard quand mon regard se posa sur mon téléphone.
Putain Adama va me tuer!
Je le saisis le plus rapidement possible et l'allume. Une fois actif, je reçois cinq nouveaux messages de numéros que je ne connais pas.
Rendez-vous à 21h.. je viens de calligrapher la nouvelle histoire. Donc, c'est déjà disponible en version PDF.