- Entre, fit Délice.
Il ouvrit la porte lentement et resta dans l'embrasure de la porte.
- Pouvons-nous discuter ?
- Si tu veux, fit Délice toujours allongée sur le ventre.
Francis vint donc s'installer sur le bords du lit de sa fille.
- Que s'est-il passé Délice ? J'étais inquiet. Voyant que tu ne rentrais toujours pas, j'ai tenté de te rappeler à mintes reprises mais tu étais injoigniable.
- Désolée. Des hommes m'ont volé ma bandoulière, mon téléphone et mon scooter, fit doucement Délice.
Francis pâlit.
- Les avais-tu déjà vu auparavant ? T'ont-il fait mal ?
- Non t'inquiète pas. J'ai réussi à m'enfuir et c'est tout ce qui compte.
- Veux-tu manger quelque chose ? Fit Francis.
- Non j'ai pas d'appétit. Pardonne-moi encore pour le dérangement.
- Tu n'as pas à t'excuser ma puce, fit-il avant de l'embrasser sur le front.
Il caressa son visage jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Puis, il quitta la chambre. Il se sentit soulager de l'avoir retrouvé. Sa femme, la mère de Délice avait rendu l'âme dans un accident de voiture alors que leur fille avait tout juste quatre ans. Du coup, lorsque Délice avait parlé d'accident, il avait été en apnée quelques secondes.
- Faut que je fasse plus attention à cette petite. Je ne surporterais pas de perdre à nouveau un être cher ...
Il interrompit sa réflexion car sans s'en rendre compte il s'était stoppé devant le portrait de sa défunte épouse.
- Sydney..., murmura-t-il.
Le lendemain matin, lorsque Francis s'éveilla il fut surpris de voir Délice déjà préparée et entrain de déguster ses céréales.
- Que fais-tu donc debout de si bonne heure ?
- Ben...je me prépare pour le lycée.
- Après ce qui c'est passé hier ? Non ma puce. Le mieux c'est que tu te reposes. Je telephonerai à ton prof principal pour le tenir au courant.
- Non papa ça va. Je suis fraiche et dispo pour le lycée.
- Tu en es certaine ?
- Plus que certaine, répondit Délice en plaçant son bol et sa cuillère dans le lave vaisselle.
Elle enfourcha ensuite son sac à dos, déposa un baiser sur la joue de son père puis se dirigea vers la porte. Elle lança un " bonne journée " avant de s'en aller. Francis eut un pincement de cœur en la voyant franchir la porte. Il ignorait pourquoi.
Délice sauta dans le bus scolaire et alla s'installer au fond. Elle avait menti à son père. Elle n'avait pas la force d'aller au lycée mais elle savait que cela représentait un excellent moyen pour elle de se changer les idées. Elle n'avait presque pas dormi cette nuit car elle avait été reveillé à de nombreuses reprises par des cauchemars. Sa plus grande crainte était de se retrouver nez à nez avec Sam.
Lorsque le bus s'arrêta, Délice se fondit dans la masse de lycéens car elle craignait plus que tout de se retrouver seule.
- Délice, fit une grande blonde en se jetant sur elle.
- Claire, fit Délice en souriant rassurer par la venue de son amie.
- Tu es d'une beauté éblouissante, lui complimenta Claire.
Délice répondit par un sourire en se disant :
<< Si seulement tu savais.>>
Ce matin, elle s'était réveillée le visage gonflé et rougi par les larmes et recouvert de cernes à cause du manque de sommeil. Elle avait du se mettre une quantité énorme de fond de teint, crème et maquillage pour couvrir toute cette catastrophe. Bras dessus, bras dessous, les deux adolescentes gagnèrent leur classe. Délice fit tout son possible pour se concentrer mais les images de la veille ne cessèrent de venir la perturber.
- Tu as une drôle de mine, fit Béatrice une autre amie de Délice à cette dernière. Tu es sûre que ça va?
- Oui puisque je te le dis, rétorqua Délice.
- Justement tu le prétends trop pour que ce soit vrai.
- Humm, fit James un autre de ses amis.
- C'est quoi ce humm ? S'impatienta Délice.
Délice, James, Béatrice et claire étaient installés à la même table à la cafétéria.
- Hier soir, fit James, aux environs de dix-neuf ton paternel m'a téléphoné pour savoir où t'étais et aujourd'hui tu as la tête dans les nuages. Tu nous cacherais pas quelque chose?
- Non.
Claire éclata de rire en disant:
- Tu mens toujours aussi mal.
- On est tes meilleurs amis tu peux tout nous dire, dit Béatrice. T'étais avec un mec pas vrai ?
- Si c'était le cas elle nous l'aurait fait savoir, intervint James. Elle nous met toujours au courant de ses begins...bref tout ce qui concerne sa vie sentimentale.
- Sauf que là c'est spéciale. Elle est rentrée à la tombée de la nuit alors qu'aucun de nous n'était avec elle, chose qu'elle ne fait jamais.
- Où veux-tu en venir ? S'enquit Claire.
- Elle a peut-être enfin fait la "chose", elle mit un accent sur le dernier mot avec ses doigts aux ongles longs et parfaitement manicurés.
- Ou la la, fit Claire excitée. Notre petite Délice aurait enfin sauté le pas ?
- Impossible, hurla James.
- Pas la peine de crier. Tu veux me rendre sourde ? Le réprimanda Béatrice.
- Délice n'a pas de petit copain actuellement. A moins que vous ne suggériez qu'elle l'ait fait avec le premier venu..., fit James devenu nerveux.
- Et bien posons-lui directement la question.
Sur ce, tous les regards convergèrent vers Délice.
<< Ils se rappellent enfin mon existence on dirait. >> Pensa Délice.
Elle termina ses spaghettis puis fit innocemment :
- Oui ?
- Tu es passée à l'acte hier oui ou non ? S'enquit Claire.
- Non.
- Qu'est-ce-que je disais ? Se vanta James soulagé.
- T'étais donc où hier ? Demanda Claire déçue.
- Quelque part, fit évasivement Délice.
Ses amis comprirent qu'elle ne voulait pas en parler.
- T'étais seule ? S'enquit quand même Béatrice.
- Non.
- Avec qui ?
- C'est un interrogatoire ou quoi ?
- Répond juste à cette question et je te laisse tranquille, promit Béatrice.
- Trois mecs.
Ses amis la regardèrent bouche bée.
- Et..., commença Claire.
- Plus de question, la coupa Délice.
James se crispa et le groupe acheva le repas en silence. A la sonnerie, les amis regagnèrent leurs salles respectives. Seules Claire et Délice était dans la même classe. Le prof arriva avec cinq minutes de retard.
- Excusez-moi pour ce léger retard, fit-il. Allez ! Sortez vos cahiers d'exercices Aujourd'hui nous ferons des travaux dirigés sur la probabilité.
Délice sortit son cahier ainsi que ses stylos et sa calculatrice. Une demi heure passa. Délice depuis le début de la journée était parvenue à réellement se concentrer. Elle débordait d'une énergie folle. C'était le deuxième problème qu'elle résolvait.
- Vous m'impressionnez Délice, fit le prof. Je vous vois enfin à l'œuvre.
Délice était une bonne élève. Elle était d'ailleurs toujours dans le top des trois meilleurs de sa classe et des dix meilleurs de l'établissement. Mais elle ne partait presque jamais au tableau et levait rarement la main pour répondre. Elle était ce que l'on appelle couramment une force tranquille
- Une intellectuelle ? Pourquoi cela ne me surprends pas ?
- Non non pas encore, chuchota Délice en reconnaissant la voix.
- Si si gente demoiselle, fit la voix de Giles.
Elle ferma les yeux et se répéta :
- Ce n'est pas réel.
- Je me suis montrez à vous hier mais vous continuez tout de même de douter de mon existence. Ce n'est pas très gentil.
- Taisez-vous, fit Délice en se bouchant les oreilles.
- Et vous comptez m'ignorer longtemps ? Fit la voix de Giles beaucoup plus fort.
Délice s'étonna que personne ne se plaignit du boucan.
- Je suis déjà mort. Donc j'ai toute l'éternité devant moi. Vous en revanche...
Exaspérée, Délice se leva et hurla à plein poumon :
- La ferme. Va te faire foutre.
Lorsqu'elle se tut, elle remarqua que tout le monde, le professeur y comprit, la dévisageait comme une folle. Elle rangea précipitamment ses affaires puis sortit en courant malgré les contestations de l'enseignant. Elle alla se cacher aux toilettes des filles. Elle déposa son sac sur le bord d'un lavabo, se lava le visage et contempla son reflet dans la glace.
- Je deviens vraiment folle, dit-elle à son reflet. Mon maquillage...
En effet, elle venait de faire disparaitre une partie de son make-up sous l'eau et le résultat était catastrophique. Elle entreprit donc de le faire disparaitre entièrement. Elle se rinça fortement le visage.
Une ombre se dessina derrière elle. Elle se retourna presque aussitôt. Cette ombre se changea en Giles.