La tour des certitudes
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Chapitre 5 No.5

III

Camille

Camille avait eu une enfance tranquille, classique dans un petit village de Bourgogne où tout le monde se connaissait, se parlait et parfois se côtoyait lors de manifestations organisées par l'association locale. Elle allait à l'école dans la ville voisine et prenait le car de ramassage tous les matins et revenait le soir. Elle avait soif d'apprendre et voulait poursuivre ses études le plus longtemps possible. Ses résultats à l'école primaire, puis au collège étaient excellents. Cette réussite aiguisait la jalousie de certains autres. Étant assez solitaire, elle ne s'était pas fait vraiment d'amies, juste des copines qui ne l'intégraient pas toujours à leur conversation et ne l'invitaient jamais à leurs fêtes d'anniversaires. En fait, les cours à peine terminés, elle rentrait directement à la maison car elle n'avait pas le droit de traîner dehors comme disait son père. Son père était sévère, très strict sur la discipline et ni sa mère ni ses frères ne lui tenaient tête. Alors, Camille encore moins, elle se soumettait en silence, se promettant qu'un jour, elle aurait une autre vie.

Sa mère était attentionnée et affectueuse mais totalement soumise à son mari, alors, elle devait appliquer les règles de ce dernier. Elle n'avait pas préparé sa fille aux événements auxquels une jeune fille doit faire face et ce ne sont pas les programmes de télévision autorisés par le père qui auraient pu la préparer à ce qui l'attendait. Ainsi, le jour de ses premières règles, Camille fut épouvantée par ce sang qui coulait le long de ses cuisses. Elle se précipita dans la cuisine malgré sa honte et demanda à sa mère ce qu'il se passait. Après avoir eu des explications, elle s'apaisa et prit les serviettes hygiéniques pour se protéger. Mais sa mère avait omis de lui donner quelques autres précisions concernant son début de vie de femme.

Il en était de même avec l'éducation sexuelle et tout ce qui s'y raccordait. Elle entendait parfois ses copines en parler mais n'y prêtait pas attention, étant plus souvent perdue dans ses rêves qu'attentive au réel.

Puis en classe de troisième, elle eut son premier coup de cœur, le plus beau garçon de sa classe convoité par de nombreuses autres filles. C'était le schéma classique, elle en rêvait mais il ne la regardait même pas bien, trop occupé à se rendre intéressant auprès des autres. Tous se moquaient de Camille, les enfants voire jeunes adolescents sont souvent cruels avec ceux qui ne rentrent pas dans le moule. Les rêveurs, les plus faibles, les lents étaient mis à l'écart. Camille était de ceux-là, ses brillants résultats scolaires, sa propension à la rêverie firent d'elle la cible idéale des moqueries. Ils se mirent d'accord et organisèrent une blague dont l'objectif était de faire croire que le beau Fred en pinçait pour elle. Naïve, elle le crut.

Elle était tellement heureuse d'avoir enfin été invitée à l'anniversaire d'une copine qu'elle ne se douta de rien. Ils avaient tout prévu, l'invitation, la musique, la boisson et bien sûr la séduction.

- Camille ! tiens, une petite bière. Tu verras, elle est super bonne !

- Non, merci. Si je bois, mon père va me tuer. Et puis je n'ai pas l'habitude.

- Allez ! tu mangeras un chewing-gum et ton père ne verra rien du tout, n'aie pas peur !

Ses copines insistèrent tant qu'elle se laissa faire et n'osa pas avouer qu'elle trouvait cette boisson infecte. Et encore une... Tu as vu comme il te regarde Fred, il n'en revient pas, tu l'as scotché !

C'est vrai qu'il la regardait différemment et lui souriait. Alors elle se laissa convaincre de continuer à boire et fut très vite complètement ivre. Elle riait, dansait, tourbillonnait au milieu de la pièce, si heureuse d'être enfin acceptée.

Elle était ivre et n'était pas la seule. L'alcool n'était pas fort, essentiellement de la bière, mais consommé en telle quantité que l'ensemble des jeunes étaient dans le même état que Camille. Les interdits volaient en éclat, tout était permis. Le groupe qui avait organisé la farce restait soudé, avait bien l'intention de la mener à bien et de piéger Camille pour rire à ses dépens.

Fred s'approcha d'elle, dansa face à elle et joua de son charme pour la séduire bien que ce fût fait depuis bien longtemps. Plus le temps passait, plus il se rapprochait d'elle jusqu'à la prendre dans ses bras pour danser un slow. Elle était aux anges. Et quand il l'embrassa, son cœur faillit éclater, son corps vibra et elle sentit le désir monter en elle. C'était une sensation nouvelle, puissante, elle ne réfléchissait plus, le monde lui appartenait. Les autres se regardèrent complices en la désignant. Ils avaient atteint leur but. Mais la plaisanterie ne s'arrêta pas comme c'était prévu. L'alcool avait trop coulé et ils avaient tous trop bu.

La fête battait encore son plein, certains couples s'embrassaient dans les coins de la pièce, d'autres continuaient à danser en gesticulant, encore d'autres s'étaient improvisés chanteurs et hurlaient la chanson à s'en faire éclater les cordes vocales. Le moment était à la joie, à l'extériorisation sans limites, sans contrainte. C'était l'expression de la liberté absolue pour ces jeunes bientôt adultes.

Fred et Camille étaient toujours enlacés et, tout en dansant, ils se retrouvèrent dans la chambre. Cela faisait partie du plan élaboré par le groupe de sa classe qui se poussait du coude en voyant l'aboutissement de ce qu'ils avaient prévu. Ils en riaient, inconscients des conséquences possibles. C'était un jeu avec une victime visée.

Camille n'opposa aucune résistance quand Fred lui enleva son jean et sa culotte. Elle était bien trop ivre pour réaliser ce qu'il lui arrivait. Son seul souvenir fut le visage de Fred lorsqu'il la pénétra rapidement, sans ménagement ni aucune douceur. Elle eut mal mais n'identifia pas vraiment l'origine de la douleur, l'alcool étant un anesthésiant efficace. Immédiatement après, elle s'endormit. Elle se réveilla secouée par une adulte qu'elle ne connaissait pas, mais qui était furieuse de découvrir son lit défait et taché du sang de Camille.

Elle l'invectiva, la fit se rhabiller et la poussa dans la nuit sans qu'elle ait eu le temps de comprendre ce qu'il lui était arrivé. Tout le monde avait quitté la fête sans se soucier de sa présence, et elle se retrouvait totalement seule, marchant au bord de la route pour rentrer chez elle. Les effluves de l'alcool encombraient encore son esprit et elle ne réalisait pas vraiment l'importance de cette nuit, surtout qu'ils bloquaient sa réflexion sur ce qui allait se passer chez elle.

                         

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