CLARICE POV:
Bastien a froncé les sourcils en voyant le sac de fast-food. Ses yeux ont rencontré les miens, un mélange de déception et de colère brûlant dans ses pupilles. « Un cheeseburger, Antoine ? Vraiment ? » Sa voix était basse, mais chargée d'une tension palpable.
Antoine, visiblement agacé par cette intrusion, a tourné la tête vers Bastien. « Qu'est-ce que ça peut te faire ? C'est ma femme. Je sais ce qui est bon pour elle. » Son ton était glacial, teinté d'une arrogance familière.
« Ce qui est bon pour une femme qui vient de perdre son enfant, ce n'est certainement pas un fast-food gras et froid, » a répliqué Bastien, coupant court à la tentative d'Antoine de le rabaisser.
« Elle a besoin de nutriments, de repos. Pas de vos... simulacres d'attention. »
Antoine a pâli, sa mâchoire se contractant. Le choc de la confrontation avec Bastien l'a rendu silencieux un instant. Il a lutté pour reprendre contenance. « Je vais passer la nuit ici.
Je m'occuperai de ma femme, monsieur. Il est temps que vous partiez. » Il a jeté un regard féroce à Bastien, une menace implicite.
Bastien a ricané. « Vous ? Vous n'avez pas été là quand elle avait le plus besoin de vous. Pensez-vous qu'elle puisse compter sur vous maintenant ? »
« C'est mon couple ! Ma femme ! » Antoine a explosé, pointant un doigt accusateur vers Bastien. « Gardez vos remarques pour vous ! »
J'ai souri amèrement. « C'est marrant, Antoine. Quand j'avais besoin de toi, j'étais 'émotive' ou 'pathétique'. Maintenant, je suis 'ta femme' ? » Chaque mot était une lame. « Quelle hypocrisie. »
Le visage d'Antoine s'est tordu de colère, mais il a tenté de se composer un air blessé. « Clarice, ne dis pas ça. Je suis là. Je m'inquiète pour toi. » Son regard fuyait le mien.
« Tu t'inquiètes pour ta réputation, Antoine. » Ma voix était un murmure, mais chaque mot résonnait dans la pièce. « Tu t'inquiètes de ce que les gens vont dire. » J'ai énuméré, sans pitié, les preuves de sa trahison.
« Tes messages avec Pénélope. Son annonce de grossesse. Ton absence quand j'étais à l'hôpital. Tes paroles cruelles quand je t'ai dit ce qui se passait. »
Antoine est devenu blême, incapable de répliquer. Ses yeux ont balayé Bastien, cherchant un moyen de détourner l'attention. « Tu es folle, Clarice ! Tu racontes des mensonges à cet... étranger ! Tu exposes notre vie privée ! »
« Vie privée ? » J'ai éclaté de rire, une série de sanglots convulsifs secouant mon corps. « Quand j'étais la femme du maire, tout était privé.
Mais quand j'étais à terre, saignante, et que tu m'as laissée là, c'était très public. Devant tous tes amis, devant Pénélope. Bastien n'est pas un étranger. Il est celui qui m'a aidée. Toi, tu m'as abandonnée. »
Je ne lui ai pas laissé le temps de protester. « Le docteur a dit que le stress était un facteur. Le stress, Antoine, c'était toi. Ton mépris. Tes mensonges. Tes infidélités. » Mes yeux se sont remplis de larmes, mais ma voix restait ferme. « Mon bébé est mort à cause de toi. »
Le silence a plané, lourd et implacable. Antoine a reculé, ses yeux écarquillés. J'ai regardé ses traits, autrefois si familiers, maintenant si étrangers.
Sa bouche s'est ouverte, mais aucun son n'est sorti. J'ai vu la peur dans ses yeux. La peur de la vérité.
« C'est fini, Antoine. » J'ai prononcé les mots avec une clarté nouvelle. « Je veux divorcer. »
Il a secoué la tête, comme s'il n'avait pas compris. « Divorcer ? Non. C'est un accident, Clarice. Un tragique accident. »
« Non, Antoine. » J'ai soutenu son regard sans ciller. « C'était un choix. Tes choix. »
« Tu ne peux pas me faire ça. » Sa voix était faible, presque suppliante.
« Je me choisis, Antoine. Enfin. » J'ai appuyé sur le bouton d'appel de l'infirmière. « Je n'ai plus rien à te dire. »
Une transformation s'est opérée sur son visage. La supplication a fait place à une colère froide. « Très bien. Si c'est ce que tu veux. Tu le regretteras, Clarice. Tu es une moins que rien sans moi. Tu n'auras rien. »
J'étais épuisée. Je n'avais plus la force de me battre. Mon corps et mon âme étaient vides.