Brisée mais jamais vaincue
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Chapitre 2

CLARICE POV:

Les jours qui ont suivi ont été un flou de somnolence et de douleur sourde. L'hôpital était un refuge stérile, loin du tumulte de ma vie. Je me suis sentie flotter, mon corps se remettant lentement, mon esprit refusant de s'ancrer dans la réalité.

Bastien était là, une présence constante et rassurante. Il apportait des fruits frais, des magazines, et parlait d'une voix calme, sans jamais me forcer. Il s'assurait que j'avais tout ce dont j'avais besoin, mais restait discret, comme une ombre bienveillante.

Il a demandé un jour, avec hésitation, « Dois-je contacter Antoine ? Il devrait savoir où vous êtes. »

J'ai serré les draps blancs, le goût de la trahison dans la bouche. « Non. Il n'a plus rien à savoir. » Ma voix était un murmure, mais la détermination qui l'habitait était nouvelle. « Je vais le quitter. »

Un silence pesant a rempli la pièce. Bastien a détourné le regard, un léger rougissement sur ses joues. Il s'est raclé la gorge, visiblement mal à l'aise face à cette confidence inattendue.

« Je... je suis désolé. Je n'aurais pas dû poser cette question. »

J'ai secoué la tête, un faible sourire aux lèvres. « Non, c'est moi qui suis désolée. Je ne devrais pas vous imposer mes problèmes. »

Il a levé les yeux, un regard de sincérité dans les siens. « Personne n'impose rien, Clarice. Vous êtes mon amie, ma voisine. Et vous traversez une épreuve. » Sa gentillesse était un baume inattendu sur mes plaies.

Comparé à Antoine, qui aurait fustigé ma faiblesse, Bastien était un havre de paix.

Mon téléphone a vibré. Un message d'Antoine. « Où es-tu ?

J'ai des réunions importantes. J'ai besoin de toi à mes côtés. » Pas un mot d'inquiétude, juste de l'exigence. Mon estomac s'est noué de dégoût.

Quelques heures plus tard, il m'a envoyé une photo. Une petite broche fantaisie, un cœur en plastique. « Pour te remonter le moral. » J'ai failli rire.

C'était le genre de babioles qu'il achetait à la sauvette dans une boutique d'aéroport, une insulte à mes goûts. J'ai scrollé, mon doigt tremblant. Sur le compte de Pénélope, une autre photo. Un collier en diamants fins. « Cadeau de mon mentor. Tellement reconnaissante pour son soutien sans faille. »

La rage a brûlé en moi. Je reconnaissais les bijoux de Pénélope. C'était la même broche que celle qu'Antoine lui avait offerte il y a quelques mois, et qu'elle avait jugée "trop simple". Il me donnait ses restes. Son dédain était abyssal.

J'ai répondu à Antoine d'un ton sarcastique. « Garde ton cœur en plastique, Antoine. Je n'ai plus besoin de ta pitié. »

Le téléphone a sonné immédiatement. Sa voix était saturée de rage. « Comment oses-tu me parler ainsi ? Je suis ton mari ! Je t'offre un cadeau et c'est comme ça que tu me remercies ? Tu n'es qu'une ingrate ! »

« Ingrate ? » J'ai ri, une larme amère roulant sur ma joue. « J'ai enterré mes propres rêves pour ta carrière ! J'ai passé des années à te soutenir, à faire semblant que tes succès étaient les miens, à supporter tes humiliations. »

« Tu as profité de la belle vie ! » a-t-il hurlé. « Tu as eu tout ce que tu voulais ! »

« Tout ce que je voulais ? » Dans mon esprit, j'ai revu les plans d'architecture que j'avais dû abandonner, les projets passionnants que j'avais mis de côté pour organiser ses dîners de campagne, ses réceptions mondaines.

Il n'avait aucune idée de ce que j'avais sacrifié.

Soudain, Bastien est entré dans la chambre avec une nouvelle pile de magazines. Antoine a entendu sa voix. « Qui est là ? » Le ton de mon mari est devenu venimeux. « Tu as un homme avec toi ? C'est ça ? Tu me trompes ? »

« Antoine, c'est Bastien, mon voisin. » J'ai essayé de calmer le jeu.

« Ton voisin ? » Sa voix a monté d'un cran. « Fais-le partir immédiatement ! Je ne veux pas de cet homme chez moi ! »

« Je suis à l'hôpital, Antoine. » J'ai craché les mots. « Je fais une fausse couche. »

Un silence glacial. Puis, un rire moqueur. « Une fausse couche ? Tu n'as rien trouvé de mieux pour attirer l'attention ? Tu es prête à tout pour te faire plaindre, même à inventer de telles horreurs. »

« C'est la vérité, Antoine. » Ma voix était un filet.

« Tu es enceinte ? » Il a crépité. « Beurk. C'est dégoûtant. Tu sais que je ne veux pas d'enfants. Tu as toujours été obsédée par l'idée d'avoir un bébé pour me manipuler. »

Mes mains se sont posées sur mon ventre vide. Le sang s'est retiré de mon visage.

J'ai respiré profondément, luttant contre la nausée, pour la vie qui n'était plus là, pour l'espoir qui avait été si violemment arraché. « Je n'ai plus besoin de toi, Antoine. »

J'ai appuyé sur le bouton rouge. Pour la première fois de ma vie, j'ai raccroché au nez de mon mari.

Immédiatement, mon téléphone a vibré, puis encore, et encore. Des dizaines de messages. Des insultes. Des menaces. J'ai éteint mon téléphone, le posant sur la table de chevet, un sentiment de paix m'envahissant.

Quelques jours plus tard, j'étais prête à quitter l'hôpital. Bastien m'attendait. « Je peux vous ramener chez vous, Clarice. » Il a proposé, sa voix douce.

« Non, merci Bastien. Je peux prendre un taxi. » Je ne voulais pas abuser de sa gentillesse.

« N'insistez pas. » Il a souri. « C'est la moindre des choses. »

J'ai comparé sa sollicitude à celle d'Antoine, qui avait refusé de venir me chercher, prétextant une réunion « trop importante ». Une réunion avec Pénélope, sans doute. La tristesse m'a serrée à la gorge.

Alors que nous nous dirigions vers la sortie, une silhouette familière est apparue. Antoine.

Ses yeux balayaient l'hôpital, cherchant à me trouver. Quand il m'a vue avec Bastien, son visage s'est tordu de rage. Il a bondi sur moi, sa main agrippant mon bras. « Avec qui crois-tu flirter ? »

J'ai reculé, choquée. « Lâche-moi, Antoine. »

« Qu'est-ce que tu fais là ? » Il a craché à Bastien, son regard perçant.

« Je venais chercher Clarice. » Bastien a répondu calmement, mais une lueur dangereuse brillait dans ses yeux.

« Ma femme ne t'a pas besoin. » Antoine m'a tirée à lui, me faisant presque trébucher. « Elle doit rentrer à la maison. La cuisine est une catastrophe. Tout a pourri. »

Sa voix était pleine de reproche, comme si la nourriture avariée était ma faute. « Tu es inutile, Clarice. Incapable de gérer une maison. »

Mes dernières illusions se sont brisées en mille morceaux. Il n'était pas venu par inquiétude, mais pour me réprimander, pour me rabaisser. Mes yeux se sont remplis de larmes, mais je ne les ai pas laissées couler. J'ai tiré mon bras, me dégageant brusquement. « Ne me touche plus. »

« Tu es malade, tu as fait une fausse couche, et tu me parles de divorce ? » Il a ricané. « Tu es vraiment pathétique. »

Bastien a fait un pas en avant, mais j'ai levé une main pour l'arrêter. Je pouvais gérer ça. Je devais gérer ça.

Antoine m'a entraînée vers sa voiture, sans un mot de plus, sans un regard en arrière. Je me suis sentie comme une prisonnière, emmenée malgré moi vers un lieu où je ne voulais plus être.

            
            

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