L'Amour Toxique du Parrain de la Pègre
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Chapitre 5

Estella Vance POV

Ce vieux hangar sur les quais empestait la saumure, la rouille et les secrets en décomposition. C'était l'antre où les Santoro concluaient leurs affaires les plus sales.

C'était aussi l'endroit où Eric m'avait emmenée, une fois, pour me "montrer son monde", persuadé que sa brutalité suffirait à m'éblouir.

Je n'y étais pas en chair et en os. J'étais assise dans le bureau sécurisé de Cole, les yeux rivés sur les images transmises par les caméras corporelles de son équipe d'élite.

"Rasez cet endroit," ordonna la voix de Cole à travers les haut-parleurs. "Chaque papier, chaque disque dur. Je veux de quoi l'enterrer sous une montagne de béton juridique et criminel."

Les hommes de Cole, vêtus de tenues d'assaut noires, retournaient l'endroit avec une précision chirurgicale. Ils éventraient des caisses, scannaient des documents.

Mon regard était ancré sur l'écran. Je connaissais cet endroit. Soudain, l'image s'est superposée à un souvenir vieux de six mois. La scène s'est imposée à moi avec une violence inouïe.

Stephanie.

Elle était là. Elle avait "trébuché" contre moi. J'avais fait tomber mon sac.

Mon parfum s'était brisé. Une bouteille de *Chanel* millésimé. L'odeur entêtante avait imprégné le bois pourri du sol, un mélange écœurant de luxe et de crasse.

Et elle m'avait volé quelque chose ce jour-là. La broche de ma grand-mère. Le sceau des Vance.

Elle avait prétendu que je l'avais perdue, que j'étais irresponsable. Eric l'avait crue, bien sûr. Il m'avait humiliée devant ses hommes.

*"Tu ne peux même pas garder un bijou, Estella ? Comment veux-tu garder les secrets de la famille ?"*

C'était le début de la fin. La preuve tangible de mon "incompétence".

"Le coin," ai-je murmuré à l'écran, la gorge serrée. "Regardez dans le coin, sous l'étagère métallique rouillée."

Comme s'il m'avait entendue à travers les kilomètres, un des hommes de Cole s'est figé près de l'endroit que je fixais. Il a donné un coup de pied dans une latte de bois.

Le son a résonné, mat et creux.

Mon cœur battait à tout rompre. *Elle est là. Je sais qu'elle est là. Stephanie est trop arrogante pour l'avoir jetée. Elle garde ses trophées.*

L'homme a braqué sa lampe torche. Il s'est accroupi.

"Boss, j'ai quelque chose," a crépité la radio.

Il a glissé sa main gantée dans la fente du plancher. Il a retiré un petit objet brillant.

La caméra a fait un zoom automatique.

C'était la broche. Un aigle d'argent enserrant une rose. Le symbole des Vance.

Et enroulé autour, un petit carnet noir.

"Qu'est-ce que c'est ?" a demandé Cole, qui supervisait l'opération depuis l'entrée du hangar.

L'homme a ouvert le carnet.

"C'est l'écriture de Stephanie Vance, Boss. C'est... un livre de comptes. Mais pas pour l'argent."

Cole a pris le carnet. Il a feuilleté les pages devant la caméra haute définition.

*12 mai : J'ai échangé les médicaments d'Estella. Elle aura l'air droguée au dîner.*

*4 juin : J'ai pris la broche. Eric pense qu'elle est stupide. C'est trop facile.*

*20 août : J'ai falsifié le rapport de sécurité. Eric croira qu'elle a laissé la porte ouverte.*

C'était tout là. Noir sur blanc. Son journal de bord de la destruction. Sa confession. Elle était si sûre de son impunité qu'elle avait gardé des souvenirs de ses crimes, cachés là où elle retrouvait Eric pour leurs rendez-vous illicites.

La rage froide qui m'habitait s'est transformée en une satisfaction sombre, presque enivrante.

Cole a refermé le carnet. Il a regardé directement la caméra de son homme, comme s'il plongeait son regard dans le mien.

Ses yeux brillaient d'une lueur terrifiante.

"On a tout," a-t-il dit.

*

De retour au manoir, une heure plus tard, Cole a posé la broche et le carnet sur la table basse devant moi.

La broche sentait encore vaguement mon vieux parfum, mêlé à la poussière et au temps perdu.

"C'est la preuve qu'elle t'a piégée," a dit Cole. "Et c'est la preuve qu'Eric est le plus grand idiot de New York pour ne rien avoir vu."

J'ai pris la broche. Le métal était froid contre ma peau brûlante.

"Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?"

Cole a souri. Un vrai sourire de prédateur, dénué de toute pitié.

"J'ai compilé un dossier. Les photos de la vidéosurveillance, les pages du journal de Stephanie, la preuve de tes médicaments altérés. J'ai appelé ce dossier *'Le Requiem de la Princesse Déchue'*."

Il s'est versé un verre de whisky, le liquide ambré capturant la lumière.

"Demain matin, chaque Capo des cinq familles recevra une copie. La Commission recevra l'original."

Il a levé son verre vers moi.

"Eric ne perdra pas seulement sa réputation. Il perdra sa légitimité. Un chef qui ne peut pas voir que sa maîtresse manipule sa maison est un chef faible. Et dans notre monde, les faibles sont dévorés."

"Et Stephanie ?" ai-je demandé.

"Stephanie sera laissée à la merci d'Eric quand il découvrira la vérité. Et crois-moi, il n'y a rien de plus dangereux qu'un narcissique humilié."

Cole a sorti son téléphone.

"Envoyez le cadeau à Eric Santoro," a-t-il ordonné. "Avec mes compliments."

Il a raccroché et m'a regardée intensément.

"La chasse est ouverte, Estella. Et tu viens d'armer le chien."

            
            

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