Le Millionnaire Que Je Ne Devais Pas Aimer
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Chapitre 5 Chapitre 5

Je me réfugie dans le studio meublé que je loue depuis hier. Juste avant que je referme la porte, mon regard croise un petit panneau sur la porte du studio pile en face du mien. Un morceau de papier collé de travers, au scotch, décoré de petites fleurs fanées et de cœurs brisés aux couleurs pastel, pas très raccord avec le message écrit en majuscules noires :

N'ENTREZ PAS. NE FRAPPEZ PAS. PASSEZ VOTRE CHEMIN.

Bon, contrairement à ce que dirait Vee, on ne peut pas tomber que sur des pépites.

Mes mardis démarrent toujours de la même façon. Je m'extirpe de mon lit à regret avant que la grande aiguille n'atteigne le six, le corps encore endolori d'un mauvais sommeil et de ma journée de la veille. Je traîne ma fatigue jusqu'à la douche, l'eau froide achève de me réveiller et fait fuir mes dernières hésitations à retourner me coucher.

Un jour sur deux, ou dès que mon planning de service et de gardes me le permet, je vais me défouler tôt le matin ou tard le soir. Sans la boxe, la muscu et la course à pied, je ne tiendrais pas.

Mentalement, je veux dire.

J'ai beau essayer de me blinder, les fins tragiques, les injustices, les saloperies que les gens se font les uns aux autres, les coups de malchance, les combats perdus d'avance auxquels je suis confronté chaque jour à l'hôpital, il faut bien les expulser. Pour ne garder que le bon. Les gens qu'on aide. Ceux qu'on sauve. Les combats qu'on finit par remporter.

Même si, certains jours, cet uniforme qu'on porte, c'est un peu notre fardeau.

Évidemment que c'est dur. C'est censé être dur. Si c'était facile, tout le monde le ferait. C'est la difficulté qui fait la beauté de ce métier.

Mais ce boulot m'a aussi sauvé. Ma vie aurait sans doute mal tourné sans cette mission suprême. Je n'avais sans doute pas le meilleur CV de départ pour démarrer dans l'existence. Je suis parti de rien. À part ma mère qui me rêvait médecin, je n'avais rien.

Je n'étais rien.

Maintenant, mon CV dit : Dr. Carter Cruz, docteur en médecine.

Je passe trop de temps sous la douche et l'aiguille finit par bouger plus vite que moi. Je vais être à la bourre et Luka ne va pas s'en remettre. Je m'enfile mon café en me brûlant la bouche au passage. J'attrape le sac de boxe qui m'attend dans l'entrée, chope mes clés et ouvre la porte du studio que j'occupe depuis plus d'un an maintenant.

Et je tombe sur elle.

Cléo Robbins.

– Qu'est-ce que tu fous là, Lunettes ?

Mes mots ont précédé ma pensée et ont sonné différemment de ce que j'aurais aimé. Plus virulents. Accusateurs. Je n'ai rien contre cette fille, si on oublie le petit pincement au cœur qu'elle provoque en moi à chaque fois qu'elle apparaît.

Comme si j'avais quelque chose à me reprocher.

– Charmant, fait-elle, sarcastique. Je me serais contentée d'un simple bonjour.

Dans sa veste en jean, elle me tourne le dos pour fermer sa porte à double tour.

– Attends, c'est ton studio ? Tu vis ici ?

Elle se retourne en hochant la tête et remonte ses lunettes rondes sur son nez fin.

Ma voisine de palier.

Cléo Robbins est ma foutue voisine.

– Tu n'habitais pas Astor Street ? Dans une baraque à cinq millions avec vue sur le lac ?

Je me souviens de tous ceux qui la traitaient de gosse de riches, à l'époque. Moi compris, quand j'avais envie de l'emmerder. Chose qui arrivait assez souvent, il faut bien le reconnaître. Ça ne se voulait jamais méchant, mais c'était marrant de la voir s'énerver toute seule, dans sa petite tête bien faite.

Cléo était différente et elle assumait. Une intello marrante et parfois mal à l'aise, qui manquait de confiance mais pas de répartie, qui préférait grimacer que sourire, bosser que sortir, une nerd dans toute sa splendeur qui se foutait bien de ce qu'on pensait d'elle et qui ne faisait rien pour avoir l'air cool ou sexy. Moi, c'était tout le contraire et ça l'est toujours. La séduction, le jeu, c'est mon unique mode de fonctionnement. Un regard appuyé, un sourire bien placé, un clin d'œil discret dont on ne sait pas trop s'il a existé, une main innocente dans le dos, une remarque ambiguë et tout le monde marche. Ce n'est jamais sérieux, ça ne va jamais plus loin, mais ça m'ouvre des portes. Hommes, femmes, supérieurs hiérarchiques, patients stressés : personne n'y est insensible.

Sauf elle.

– Oui, je viens d'un milieu privilégié. Vous me l'avez suffisamment rabâché en école de médecine. La maison dont tu parles, c'est chez mes parents, pas chez moi. Et qu'est-ce que ça peut te faire, où j'habite ?

– Les douches fuient tout le temps, ici. On entend tout d'un appart à l'autre. Personne ne vient faire le ménage ou remplir ton frigo. Ça va aller, tu vas survivre ?

Petit sourire joueur, regard un peu provoc, je fais mon sale gosse.

– Très drôle, grogne-t-elle. Comment ta copine fait pour te supporter, ça, c'est un mystère... – Ma copine ?

Je ne nie pas, je ne confirme pas, elle n'a pas besoin de savoir.

– Celle qui a dessiné les fleurs et les petits cœurs sur ta porte. Et qui, clairement, a peur que tu l'ouvres à quelqu'un d'autre.

Un rire grave s'échappe de ma gorge. Elle est marrante, quand elle se fait des films.

– Tu te renseignes sur moi, Robbins ?

– Je me fous de ta vie amoureuse, Carter. Maintenant, si tu veux bien... – Je n'ai pas de copine.

Bon, finalement je lui donne la réponse. Et je ne sais même pas pourquoi je lui balance la vérité comme ça.

– Si tu le dis...

– C'est ma petite sœur qui a dessiné cette pancarte.

– OK. Et moi j'ai un chien miniature qui parle et danse dans ma poche.

Je penche la tête pour l'observer sous un autre angle, un sourire moqueur aux lèvres.

– Cette vanne était nulle, Lunettes.

– Arrête avec ce surnom, je le déteste !

– Alors arrête de porter des lunettes.

– Juste pour tes beaux yeux ? Je ne t'ai pas attendu pour mettre des lentilles, figure-toi... mais là il était trop tôt et j'avais les yeux secs !

– C'est vraiment inintéressant. Tu ne vas pas déjà à l'hôpital, rassuremoi ?

– Si.

– Tu as deux heures d'avance, Robbins.

– Plus qu'une heure quarante à cause de toi. Et je compte réviser des trucs avant ma garde.

Je lâche un soupir las en réalisant qu'elle n'a pas changé d'un iota. Toujours la parfaite petite élève qui en fera toujours plus que les autres et ne s'autorisera jamais le moindre écart.

– Cléo, pour tenir le coup, il faut dormir, pas te pointer partout en avance et bachoter matin et soir ! Tu ne survivras pas plus de deux semaines, à ce rythme.

– Pas besoin de tes conseils, merci. Pour ce qu'ils m'ont servi...

Elle me balance un sourire forcé, une grimace de fausse peste, tire sur sa queue-de-cheval blonde comme le ferait une étudiante californienne – qui se serait perdue dans un immeuble vétuste d'un quartier populaire de Chicago – et me plante là, sans ajouter un mot.

– Ouais, bonne journée à toi aussi !

– Je ne sais pas où tu vas, mais tu es probablement en retard, Cruz !

Un regard à ma montre et je plisse les yeux.

– Eh merde.

***

Pour maîtriser n'importe quel sport, le sérieux, l'abnégation et la persévérance comptent autant que les facultés physiques innées. Mon ancien coach me l'a suffisamment répété, avant de me confier à un type plus rugueux et moins parlant. Coach Bee n'est pas là pour faire mumuse et on a au moins ça en commun. Je ne me rends pas à la boxe trois fois par semaine pour papoter ou me faire des potes. Je viens pour oublier. Taper.

Sauter. Cogner. Esquiver. Frapper. Viser. Anticiper. Attaquer.

Exulter.

                         

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