Le Millionnaire Que Je Ne Devais Pas Aimer
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Chapitre 3 Chapitre 3

– Les liaisons chimiques sont des interactions durables entre atomes, qui agissent par attraction. Lors d'une réaction chimique, ces liaisons sont rompues, les atomes liés par certaines affinités chimiques s'éparpillent puis se réarrangent en redéfinissant leurs liaisons jusqu'à retrouver une stabilisation. Mais cela implique une transformation définitive de la matière. Et cette réaction chimique dégage nécessairement de l'énergie, le plus souvent sous forme de chaleur.

Sans savoir ce qui m'arrive, j'ai de plus en plus chaud.

– Chez les êtres vivants, les réactions biochimiques les plus courantes sont la sécrétion de larmes, de sueur, de salive, d'hormones et de tous les fluides produits par le corps.

Très, très chaud.

Je me tourne pour jeter un coup d'œil discret à ce Carter qui attrape mon regard et me répond par un clin d'œil presque imperceptible. Puis il me fait signe de me concentrer sur le prof plutôt que sur lui.

Spontanément, je lui balance une grimace sûrement hideuse, les dents en avant et la lèvre retroussée, juste pour lui rappeler que je fais bien ce que je veux.

Je n'aime pas qu'on me dise ce que j'ai à faire. Et j'aime encore moins avoir aussi chaud, aussi froid, sans comprendre pourquoi.

Ces quatre années d'école de médecine s'annoncent bien différentes de ce que j'imaginais.

Vivantes.

Transformatrices.

Dès le deuxième patient, le Dr. Pravesh m'a finalement autorisée à arrêter d'observer pour prêter main-forte aux équipes sur tous les cas suivants... Et je n'imaginais pas qu'ils seraient si nombreux.

À la fin de ce premier jour, de mon tout premier service, je réalise que je n'ai pas eu le temps de manger. Ni même d'aller aux toilettes. Ou juste de m'asseoir. J'ai croqué deux fois dans une pomme et la deuxième fois, je ne suis pas tout à fait certaine que c'était dans la mienne. Bu trois gorgées d'eau à la fontaine d'un couloir des urgences, tout en me demandant combien de centaines de gens malades avaient collé leurs mains au même endroit que moi. Accepté en cachette ce qu'il restait du Snickers d'un petit patient de 8 ans allergique à la cacahuète mais qui en avait eu envie quand même.

En pleine rue, plantée au milieu du trottoir, je plonge la main dans la poche de ma blouse que je n'ai pas eu la force d'enlever en quittant l'hôpital. J'en sors le Snickers déjà croqué et le mets tout entier dans ma bouche, en priant pour que le petit allergique plein d'urticaire et d'œdème n'ait pas aussi une bonne gastro à me refiler.

Trop faim. Plus de principes.

J'ai seulement une rue à traverser et quelques mètres à faire pour arriver jusqu'à l'immeuble en briques rouges typique de Chicago qui abrite mon petit studio. Beaucoup de jeunes médecins y vivent aussi. J'espère y retrouver les deux autres internes qui ont rejoint les urgences en même temps que moi. Aujourd'hui, on n'a fait que se croiser, mais la petite brune à frange et le grand Noir au crâne rasé n'avaient pas l'air beaucoup plus à l'aise que moi.

Sur le court trajet, j'ignore deux appels de mon père. Et pas seulement parce que j'ai la bouche pleine. Depuis la mort de ma mère, l'année dernière, on entretient des rapports bizarres. On s'aime mais on ne sait pas faire. Et ça me rend encore plus triste que le reste, ce sentiment d'être punie deux fois. J'étais très proche de ma mère, qui était très proche de son mari. C'est elle qui faisait le lien entre nous.

Sans elle, tous les deux, on n'existe pas.

Mark Robbins est plein de choses : un psychiatre de renom, un conférencier brillant, un collègue apprécié, un ami agréable, un homme du monde... mais il n'a jamais été très famille. Depuis un an, il essaie d'être un père présent, maladroitement. Et je tente de lui laisser une place dans ma vie, histoire de ne pas flanquer par terre tous les espoirs de ma mère.

Au troisième appel, je décroche finalement.

– Allô, papa ?

– Comment va ma nouvelle Dr. Robbins préférée ?

– J'ai les pieds en compote et mes lentilles sont en train d'attaquer ma cornée, mais je crois que j'ai survécu.

– Je suis fier de toi, Cléo ! Et maman le serait aussi.

– Merci...

J'ai la gorge qui se noue et je ne peux pas prononcer un mot de plus.

– Et alors, les urgences, tu es toujours sûre de ton choix ?

Traduisez : « Je suis fier, mais je pourrais l'être davantage si tu n'avais pas pris la pire décision qui soit. »

– Ne commence pas, s'il te plaît...

– Tu es ma fille unique, c'est tout à fait normal de vouloir ce qu'il y a de meilleur pour toi !

– Oui, et tu sais que la psychiatrie, ce n'était pas pour moi, je ne me comprends déjà pas moi-même ! La pédiatrie pour suivre les traces de maman, non, merci. Aujourd'hui, j'ai volé une barre de chocolat à un môme en pleine asphyxie...

– Cléo, la cardio ou la neuro, c'était quand même un peu plus...

Je fais une grimace excédée et croise mon reflet dans la vitrine d'un magasin de chaussures. Il faut vraiment que j'arrête de me déformer le visage pour exprimer mes sentiments comme une enfant de 4 ans.

– Un peu plus quoi, prestigieux ? Rémunérateur ? Ça ferait mieux auprès de tes potes médecins qui ont tous des enfants médecins qui ont tous choisi les spécialités les plus prisées ?

– Tout ce que je veux, c'est te protéger, soupire mon père, à peine plus convaincu que moi par ce qu'il est en train de dire. Et tout ce que je veux te rappeler, c'est que tu peux encore changer d'avis, je connais des gens qui... – Non, merci, papa. Je dois te laisser, je suis arrivée devant chez moi.

Je ne cherche même pas à inventer une excuse bidon, une urgence, un double appel, un truc à faire, il a l'habitude que je raccroche sans raison. Juste parce qu'on s'est tout dit, ou juste parce qu'on n'a rien à se dire. Ce qui est bien, quand on n'est pas vraiment proche des gens, c'est qu'on n'a pas besoin de ménager leur susceptibilité.

Je lève la tête dans la moiteur de juillet, accablée de fatigue, en fixant le sommet de mon building rouge délavé, et je sens l'émotion monter en pensant à tout ce que j'aurais raconté à ma mère de cette première journée. Le sentiment puissant d'être utile. Les odeurs qui donnent la nausée. Les regards reconnaissants des gens que tu viens d'aider. L'autorité naturelle du Dr. Michaela Pravesh qui n'a pas besoin d'élever la voix pour se faire entendre ou remettre n'importe qui à sa place. Son degré d'exigence qui colle si bien à mon perfectionnisme et si mal à ma peur de décevoir.

Ma mère aurait su me rassurer. M'aurait posé des questions sur les moindres petits détails :

– Comment s'appellent tes collègues ? N'oublie pas que vous êtes dans le même bateau, hein ? Ce seront sûrement tes amis pour la vie. Et les baskets que tu as choisies, alors, elles étaient confortables ? Ton stéthoscope lilas t'a porté chance ? Et ça fait tout drôle, hein, quand on t'appelle « docteur » pour la première fois ? Enfin, c'est toujours moins déstabilisant que la sensation de fin du monde quand tu es devant un patient et que tu dois éternuer alors que tu as tellement envie de faire pipi !

            
            

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