Le Millionnaire Que Je Ne Devais Pas Aimer
img img Le Millionnaire Que Je Ne Devais Pas Aimer img Chapitre 2 Chapitre 2
2
Chapitre 6 Chapitre 6 img
Chapitre 7 Chapitre 7 img
Chapitre 8 Chapitre 8 img
Chapitre 9 Chapitre 9 img
Chapitre 10 Chapitre 10 img
Chapitre 11 Chapitre 11 img
Chapitre 12 Chapitre 12 img
Chapitre 13 Chapitre 13 img
Chapitre 14 Chapitre 14 img
Chapitre 15 Chapitre 15 img
Chapitre 16 Chapitre 16 img
Chapitre 17 Chapitre 17 img
Chapitre 18 Chapitre 18 img
Chapitre 19 Chapitre 19 img
Chapitre 20 Chapitre 20 img
Chapitre 21 Chapitre 21 img
Chapitre 22 Chapitre 22 img
Chapitre 23 Chapitre 23 img
Chapitre 24 Chapitre 24 img
Chapitre 25 Chapitre 25 img
Chapitre 26 Chapitre 26 img
Chapitre 27 Chapitre 27 img
Chapitre 28 Chapitre 28 img
Chapitre 29 Chapitre 29 img
Chapitre 30 Chapitre 30 img
Chapitre 31 Chapitre 31 img
Chapitre 32 Chapitre 32 img
Chapitre 33 Chapitre 33 img
Chapitre 34 Chapitre 34 img
Chapitre 35 Chapitre 35 img
Chapitre 36 Chapitre 36 img
Chapitre 37 Chapitre 37 img
Chapitre 38 Chapitre 38 img
Chapitre 39 Chapitre 39 img
Chapitre 40 Chapitre 40 img
Chapitre 41 Chapitre 41 img
Chapitre 42 Chapitre 42 img
Chapitre 43 Chapitre 43 img
Chapitre 44 Chapitre 44 img
Chapitre 45 Chapitre 45 img
Chapitre 46 Chapitre 46 img
Chapitre 47 Chapitre 47 img
Chapitre 48 Chapitre 48 img
Chapitre 49 Chapitre 49 img
Chapitre 50 Chapitre 50 img
Chapitre 51 Chapitre 51 img
Chapitre 52 Chapitre 52 img
Chapitre 53 Chapitre 53 img
Chapitre 54 Chapitre 54 img
Chapitre 55 Chapitre 55 img
Chapitre 56 Chapitre 56 img
Chapitre 57 Chapitre 57 img
Chapitre 58 Chapitre 58 img
Chapitre 59 Chapitre 59 img
Chapitre 60 Chapitre 60 img
Chapitre 61 Chapitre 61 img
Chapitre 62 Chapitre 62 img
Chapitre 63 Chapitre 63 img
Chapitre 64 Chapitre 64 img
Chapitre 65 Chapitre 65 img
Chapitre 66 Chapitre 66 img
Chapitre 67 Chapitre 67 img
Chapitre 68 Chapitre 68 img
Chapitre 69 Chapitre 69 img
Chapitre 70 Chapitre 70 img
Chapitre 71 Chapitre 71 img
Chapitre 72 Chapitre 72 img
Chapitre 73 Chapitre 73 img
Chapitre 74 Chapitre 74 img
Chapitre 75 Chapitre 75 img
Chapitre 76 Chapitre 76 img
Chapitre 77 Chapitre 77 img
Chapitre 78 Chapitre 78 img
Chapitre 79 Chapitre 79 img
Chapitre 80 Chapitre 80 img
Chapitre 81 Chapitre 81 img
img
  /  1
img

Chapitre 2 Chapitre 2

– AVC ou AIT, docteur Cruz ?

– Ni l'un ni l'autre, je parie que ça saigne dans son cerveau. Ce gars a besoin d'une IRM, on le monte !

Pendant que deux brancardiers font claquer les barreaux du lit et que les infirmières débranchent le patient, je prie en silence pour que Carter reparte aussi vite qu'il est venu, sans m'avoir vue. Mais le Dr. Pravesh a la bonne idée de me mettre à l'épreuve.

– Docteur Robbins, comment le Dr. Cruz ici présent a-t-il pu déceler une potentielle hémorragie cérébrale ?

– Euh...

Je me liquéfie.

– Cléo ?

Carter se tourne vers moi, les sourcils en accents circonflexes, et me sourit.

Essoufflement, asthénie musculaire, sueurs froides, aphasie totale.

Je me plaque un peu plus fort contre le mur comme si ça pouvait me faire disparaître.

Mon ancien camarade de médecine croise ses bras musclés sur son torse, s'approche lentement de moi et me souffle une réponse que je ne comprends pas, à base de plaquettes et de glycémie. Je m'interdis de répéter machinalement ce qu'il me murmure, de peur que ce soit un piège.

– Toi ici, Cléo Robbins...

Sa voix fend l'air et ma boîte crânienne du même coup.

– Je m'attendais à ce que tu choisisses une de ces cliniques privées où les docs sont bien payés et les patients encore plus fortunés qu'eux. Pas l'hôpital public. Et encore moins les urgences !

– Comme quoi, tu n'as pas toujours raison sur tout, Carter Cruz.

Ma voix est sortie éraillée, plus timide que je ne l'aurais souhaitée.

– Oh, mais c'est qu'elle parle !

– Pas pour ne rien dire, comme certains.

Carter se marre. Je me souviens qu'il a toujours aimé que je le rembarre.

– Tu m'excuses ? J'ai un autre cerveau qui m'attend... Mais content de te voir par ici, Robbins.

Mon cœur rate un battement. Il se tourne vers ma cheffe puis ajoute :

– Et Pravesh, ne la jugez pas trop vite... Promis, elle est bien plus brillante que ça d'habitude !

Carter quitte la réa avec un dernier regard pour moi. Un regard sombre qui brille d'intelligence, d'assurance, et le pire, même pas d'arrogance.

Des sensations venues du passé me prennent à la gorge. Je tousse discrètement et tente de repousser les images qui défilent là-haut pour me concentrer sur le présent.

Entre nous, rien n'a vraiment changé. Un étrange mélange de rivalité, d'amitié, de défi, de bienveillance, de flirt à peine dissimulé mais qui n'ira jamais nulle part puisque tout ce qu'il aime, c'est jouer. Et qu'à ce jeu-là, moi, je n'ai jamais su jouer.

Depuis mon siège situé au premier rang, je lève les yeux vers le grand brun en sweat gris qui me dévisage d'un air curieux. L'amphithéâtre se remplit peu à peu, le cours de biochimie va bientôt commencer, mais debout face à moi, l'étudiant en première année de médecine – comme moi – ne bouge pas.

– Pas très original, comme surnom, lâché-je à voix basse. Et le Dr. Wilson va arriver, tu devrais aller t'asseoir.

– Tu ne me proposes pas la place à côté de toi ?

– Comme tu veux, mais c'est seulement le troisième cours et... – Quoi, tu as peur que je te déconcentre, Lunettes ?

– Non. Et je m'appelle Cléo.

J'entends des éclats de voix au fond de l'amphi. Le garçon qui est venu troubler ma matinée studieuse fait signe à l'un de ses camarades au loin qu'il arrive, puis pose à nouveau ses yeux sombres sur moi.

– Cléo ? Cool. Mais j'aime mieux Lunettes.

– J'en ferai part à mes parents, ils te présenteront leurs excuses dès que possible, faisje, ironique. Maintenant, si tu veux bien, je...

Il se fout complètement de ce que je lui dis, de ce que je veux, et tire sur les bretelles noires de son sac à dos.

– Moi c'est Cruz. Carter Cruz.

– Tu donnes souvent ton nom de famille avant ton prénom ?

Il plisse un œil et prend le temps de réfléchir. Même en faisant cette grimace, son visage reste harmonieux. Beau, j'imagine.

– Non, admet-il dans un sourire. Il faut croire que tu me perturbes...

– Pas mon intention, rétorqué-je en me plongeant à nouveau dans mon manuel de chimie.

– Tu n'auras pas la première place, Lunettes.

– Quoi ?

Sa voix descend dans les graves.

– Cherche pas, tu pourras t'asseoir au premier rang tous les jours, arriver une demiheure en avance à chaque cours, poser mille questions, réviser chaque exam jusqu'à pas d'heure, te faire aider par tous les tuteurs de Chicago, je resterai le meilleur de cette promo.

– Si tu le dis, soufflé-je, à court de répartie.

– Ta famille de grands pontes n'y changera rien.

– Tu t'es renseigné sur moi ?

– Tout le monde le sait, ici. Et t'envie. Mais pas moi.

Il hausse les épaules et me sourit sans malice, ce qui le rend impossible à cerner. Je déteste ça. J'ai besoin de tout comprendre, moi, les choses, les gens, leurs intentions, leurs sentiments.

– Tu ne m'en voudras pas de te faire descendre de ton petit piédestal, alors ? insiste-t-il.

– Je ne suis pas là pour me faire des amis, Carter Cruz.

Il me fixe d'un air plein de défi.

– Tu es parfaite, Lunettes.

Parfaite, non.

Déstabilisée ? C'est peu de le dire.

Le professeur fait son entrée, Carter Cruz disparaît en coup de vent. Je le suis bêtement du regard, le vois grimper les marches trois par trois et élire domicile au milieu du grand amphi en jetant son sac sur la table devant lui. Je sais qu'il ne sortira pas d'affaires, qu'il ne prendra pas de notes, qu'il se servira de sa mémoire phénoménale et se débrouillera pour récupérer les polycopiés. Contrairement à moi, il est entouré d'un tas de visages rieurs et ravis de le compter parmi eux. Dans mon dos, j'entends chuchoter : « Cruz est une légende », « Paraît qu'il est imbattable ! », « Ce mec ira loin... », « Il est célibataire, tu crois ? », et d'autres bêtises du genre. Je me tourne à nouveau vers l'estrade, quasiment seule au premier rang à l'exception d'un autre étudiant solitaire, concentré, et de deux copines inséparables qui ont décidé d'unir leurs forces depuis le début de l'année. Je n'ai peut-être pas de binôme de travail, pas de cercle amical qui rit à mes blagues, mais j'ai mon stylo fétiche à la main, mon ordinateur ouvert, et désormais mon rival officiel.

Moi qui ai toujours récolté les meilleures notes, les félicitations et les lauriers sans batailler, je ne sais pas quoi penser de cette soudaine concurrence. Cette émulation nouvelle qui me donne chaud.

Carter Cruz a raison : je suis issue d'une longue lignée de médecins. Père psychiatre, mère pédiatre, grands-parents et aïeuls aux titres à rallonge. Nom de famille qui ne passe pas inaperçu. Fille unique et destin tout tracé.

La médecine, c'était l'unique voie possible, impensable pour moi d'en dévier. Et ça tombe bien, j'ai toujours été l'intello à lunettes qui prend l'école au sérieux, un an d'avance, toujours première de classe, la fille qui n'essaie pas d'être populaire, c'est peine perdue et elle le sait, mais qui souffle les réponses aux autres puisqu'elle n'est en concurrence avec personne, qui va passer ses samedis chez les garçons juste pour finir l'exposé de sciences. Pour quoi d'autre ?

Mais cette fois, ça ne s'annonce pas si simple.

J'essaie de chasser de mon esprit l'incompréhensible « Tu es parfaite », et bois les paroles claires de celui qui nous annonce le thème du jour :

            
            

COPYRIGHT(©) 2022