Le Millionnaire Que Je Ne Devais Pas Aimer
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Chapitre 4 Chapitre 4

On aurait éclaté de rire au téléphone. Je souris toute seule rien que d'y penser.

Elle m'aurait rappelé de boire, de manger, de prendre soin de moi pour pouvoir prendre soin des autres. Elle m'aurait aussi répété que même les plus grands médecins ont commencé tout en bas de l'échelle, à prendre des tensions et suturer des fronts.

Elle s'appelait Juliane Mahoney. Elle a toujours souhaité garder son nom de naissance malgré son mariage avec mon père. C'était une femme indépendante. Une pédiatre adorée. Une mère aimante qui m'a guidée sans jamais essayer de me changer. Et je me sens comme une petite fille paumée sans elle. Une gamine de 25 ans, trop têtue et pleine de doutes pour accepter les quelques mots gribouillés à la va-vite sur son certificat de décès, à la toute dernière ligne :

Arrêt cardiorespiratoire sans possibilité de réanimer.

Ma mère est morte aussi bêtement que ça.

Elle n'est plus là, je dois m'inventer des faux coups de fil avec elle pour la garder un peu vivante et plusieurs de ses phrases m'habitent encore. Elle m'a souvent dit : « On n'oublie jamais la toute première vie qu'on sauve et le tout premier patient qu'on perd. »

Moi, c'est elle que j'ai perdue et que je n'ai pas pu sauver. Elle que je ne pourrai jamais oublier.

Ma mère s'appelait Juliane Mahoney.

Elle est morte et elle me manque au point de transformer mes sourires fatigués et mes jolis souvenirs en torrents de larmes amères et silencieuses.

– Hey, tu pleures ? Ça va ? C'est Cléo, c'est ça ?

– ...

– T'inquiète, c'était une dure journée pour tout le monde !

Au pied de l'immeuble, dans leurs tenues bleu ciel, la brune à frange et le grand Noir au regard doux me sourient, au milieu de leurs visages épuisés, puis me mettent chacun un bras autour des épaules.

– Tu habites ici, toi aussi ?

– ...

– On va poser nos affaires et on ressort boire un verre pour fêter ce premier jour sans avoir tué personne, n'est-ce pas ?!

– ...

Face à mon absence de réaction, la fille se plante devant moi, prend mon pouls à mon poignet, tire sur mes paupières pour vérifier que mes pupilles se dilatent et se rétractent comme elles sont censées le faire, puis déclare :

– Bon, si tu ne peux pas bouger, on va devoir te soulever. Moi, c'est Vee, lui, Malik. En vrai, je m'appelle Veronica mais j'assume pas, alors vous m'appelez par la version courte, merci.

Je cligne des yeux pour acquiescer et j'arrive presque à lui sourire. Ils me supportent jusqu'à l'ascenseur où ils relancent la discussion.

– Alors, qu'est-ce que tu as pensé de notre cheffe ? me demande Malik.

– Elle est pas piquée des hannetons, hein ? ajoute Vee.

– Je suis désolée, je n'ai pas compris cette expression... soufflé-je.

– Moi non plus, se marre la brune, mais pas grave, j'adore la dire !

– Merci d'être aussi sympas avec moi... bredouillé-je. J'ai l'air un peu bizarre, de prime abord, mais après ça va. Enfin, quand on me connaît, quoi. – Tu es une pépite, reste comme tu es.

On arrive sur le palier du neuvième étage où on a loué nos trois studios respectifs, quand Malik nous avoue qu'il est gay mais tombé totalement in love de Michaela Pravesh. Je réponds que moi aussi et Vee confirme à son tour.

Avant de se reprendre :

– Enfin, à choisir, je prends quand même le petit Dr. Cruz... Mamma mia, c'est quoi ce sourire ravageur, là ? Et ces biceps qui doivent faire craquer trois tenues médicales par jour ? Et ce regard sombre et mystérieux façon latin lover option surdoué ? On dirait Ricky Martin qui aurait mangé Einstein puis changé de bord pour faire un enfant avec Selena Gomez. Mais avec l'énergie de Harry Styles, genre sale gosse provocateur. Et le fessier de...

– Je crois qu'on a compris que tu avais un crush pour lui, rigole Malik.

– Mais d'ailleurs, Cléo, tu le connais, non ? J'ai entendu parler d'un échange houleux entre vous en salle de réa.

Je lâche d'une voix bougonne :

– Ah bon, ça a déjà fuité, ça ?

– Désolé, grimace Malik, je crois qu'on a la reine des potins avec nous cette année. Elle sait tout avant tout le monde...

– Bon, tu balances les gossips ou pas ? T'es pas la biscotte la plus croustillante du paquet, toi !

Cette fille me fait rire à peu près à chaque phrase et son style pêchu et rafraîchissant me fait un bien fou.

Larmes séchées, idées changées, je lui fabrique une réponse plutôt vague sur l'historique entre Carter et moi.

– On a fait nos études de médecine ensemble. On était à la fois amis, un peu ennemis, rivaux mais pas vraiment, on voulait le même internat... et puis j'ai perdu une année sur lui. Longue histoire.

– Hmm... Je sens qu'il y a anguille sous blouse, là. Il s'est passé quelque chose entre vous ?

Je fais non de la tête mais je repense à notre rapprochement, en dernière année, à ce qui aurait pu arriver, mais en fait jamais, à son ambiguïté, à mes sentiments pour lui que je n'ai jamais pu lui avouer, trop fière, trop effrayée à l'idée d'être rejetée, et au mec que j'ai fini par choisir à la place parce que j'avais moins peur qu'il me brise le cœur.

Et à tout ce qui s'est brisé depuis.

Carter Cruz était bien plus que ça pour moi. Bien plus que je n'ai osé le dire. Même à ma mère.

– Bon, allez, tu vas tout nous raconter autour d'une bière. Ou d'un jus de tomate. Tu m'as bien l'air d'être du genre à boire ces trucs.

Elle n'a pas tort.

– Oui, il paraît qu'il y a un bar en face de l'hôpital où tout le monde va pour décompresser après les gardes, ajoute Malik. Le High Five.

– Désolée, ce n'est pas trop mon truc de sociabiliser.

Ils se figent, comme si j'avais fait le coming out le plus improbable qui soit.

Au moins, j'essaie d'être honnête.

– C'est quoi le projet, tu vas pleurer toute la soirée en re-re-regardant la première saison de Grey's pour te trouver super nulle ?

– Ce n'est pas contre vous, mais j'ai besoin d'être un peu seule pour me remettre de cette première journée. Vous ne m'en voulez pas ?

– Bon, rejoins-nous si tu changes d'avis !

La brune ouvre la porte de son studio, balance toutes ses affaires dans l'entrée, claque la porte pour la refermer, trouve un stick dans son sac, se dessine les lèvres en rose fuchsia et décrète qu'elle est prête.

– T'as intérêt à m'en dire plus que ça sur Cruz et toi un jour, mon p'tit sucre !

Et puis Vee glisse son bras sous celui de Malik et mes deux nouveaux collègues internes disparaissent dans l'ascenseur.

La vérité, c'est qu'il n'y a jamais eu et n'y aura jamais de « Cruz et moi ».

On était proches, mais je n'ai jamais vraiment su ce qu'il pensait ou ressentait. Et puis j'ai raté le Match Day, ce jour crucial des études de médecine où tous les diplômés vont passer une sorte d'entretien d'embauche dans l'hôpital et le service qu'ils briguent : Carter a obtenu son internat de rêve, moi j'ai dû redoubler pour ne pas accepter un choix par défaut, et nos chemins se sont séparés là.

Il a continué sa vie. Moi péniblement la mienne.

Fin de l'histoire.

Jusqu'à aujourd'hui.

            
            

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