Chapitre 7 Chapitre 7

« Grand-mère, je suis revenue pour conclure un accord avec la famille Lopez. » La voix d'Elena résonna, ferme et glaciale. Elle ouvrit son sac et en sortit une chemise épaisse qu'elle posa devant elle sur la table basse. Ses doigts effleurèrent les feuilles bien rangées. « J'ai fait des études en informatique et, ces dernières années, j'ai poursuivi un troisième cycle à Harfard. J'y ai développé une puce intelligente. Elle n'est pas encore mise sur le marché, et je cherche actuellement un partenaire commercial. J'aimerais que la Lopez Corporation devienne ce partenaire. »

« Hmph ! » Clara éclata d'un petit rire dédaigneux. Elle croisa les bras, l'air méprisant. « Elena, tu ne serais pas en train de te vanter ? Pourquoi travaillerions-nous avec toi, juste parce que tu viens nous le demander ? Tu sais très bien que la Lopez Corporation fait partie des dix plus grandes entreprises de Sea City. Chaque jour, des dizaines de sociétés supplient grand-père et grand-mère de signer avec elles, et ils ne prennent même pas la peine de les écouter. Alors pourquoi toi ? »

Madame Lopez entrouvrit les lèvres, mais Martin s'avança avant elle. D'un ton sec, il déclara : « Maman, Elena est ma nièce, et je compatis à son sort, mais nous ne pouvons pas nous lancer dans un partenariat uniquement par pitié. La Lopez Corporation essaie actuellement d'entrer sur le marché de l'IoT. C'est un domaine ardu, et nous devons respecter les règles de concurrence. Nous avons déjà acquis les droits d'une puce intelligente étrangère et nous sommes sur le point de passer en production. Pourquoi tout changer à cause de ce qu'elle prétend avoir développé ? »

D'autres voix s'élevèrent aussitôt.

« Elle veut juste soutirer de l'argent à grand-mère. »

« Elle devrait être morte. Pourquoi est-elle revenue ? »

« Grand-mère l'aime trop. Elle doit l'avoir incluse dans son testament... »

« Mais c'est une Dalton ! Pourquoi aurait-elle droit à une part ? Elle nous a déjà couverts de honte ! »

Leurs propos s'entrechoquaient, violents, acerbes. C'était rare de les voir tous d'accord, mais cette fois, leur hostilité commune s'orientait dans une seule direction. Madame Lopez serra les lèvres, la colère montant en elle. Elle avait attendu ce moment pendant quatre longues années, rêvé du retour de sa petite-fille, et voilà qu'à peine revenue, Elena devait subir les attaques de ses propres proches.

Avant que la vieille dame ne réagisse, une voix claire, un peu tremblante mais déterminée, s'éleva du milieu du salon.

« Grand-oncle, la Lopez Corporation a-t-elle acheté les droits du MCP12 d'Ander Corporation ? »

Tous les regards se tournèrent vers Evan. Le petit garçon s'était avancé, les poings serrés le long de son corps. Ses yeux noirs fixaient Martin avec une étonnante assurance. Martin fronça les sourcils.

« Comment le sais-tu ? »

« Je sais aussi que, même si cette puce fonctionne correctement, elle a des limites. Elle ne peut supporter qu'un faible nombre de commandes. Mais si vous combinez AMP1 et RIWE-34, vous pourrez optimiser ses performances. » Sa voix ne tremblait plus. Elle était nette, tranchante. « Toutefois, si vous voulez que la Lopez Corporation se fasse une place sur le marché de l'intelligence artificielle, vous ne devriez pas choisir cette puce. »

Un silence pesant tomba. Evan n'avait que quatre ans, mais ses mots précis bouleversèrent les adultes. La jeune génération, ignorante des détails techniques, se contentait de le regarder sans comprendre. Mais Martin et plusieurs autres savaient de quoi il parlait. Son propre assistant lui avait déjà mentionné les faiblesses du MCP12 et suggéré des pistes de modification. Mais aucune multinationale n'avait réussi à concevoir une puce parfaite, et Lopez Corporation avait dû se contenter de cette solution.

Le mépris de Martin vacilla. Ses yeux se plissèrent. « Comment peux-tu savoir tout ça ? À ton âge, les enfants jouent encore dehors avec de la boue. Tu ne devrais même pas savoir ce qu'est une puce intelligente. »

« C'est maman qui me l'a appris, » répondit Evan sans hésitation. « Les professeurs de Harfard disent tous que maman est un génie dans ce domaine. Si vous travaillez avec elle, l'avenir de Lopez Corporation sera assuré. »

Elena posa une main douce sur la tête de son fils. Son regard s'adoucit, mais sa voix resta calme. Evan était différent. Depuis tout petit, il s'intéressait à l'informatique, au point d'avoir acquis les réflexes d'un hacker à seulement quatre ans. C'était grâce à lui qu'elle avait pu finaliser sa puce aussi vite. Sans son aide, cela aurait été impossible.

Elle fit glisser le contrat devant Martin. « Oncle, vous devriez lire la description technique de ma puce avant de juger. »

Martin prit le dossier, hésitant, puis ouvrit la première page. Ses yeux parcoururent rapidement les paragraphes. Bientôt, son expression changea. La Lopez Corporation avait mobilisé une centaine de programmeurs pendant trois mois pour tenter de développer une puce capable de rivaliser sur le marché, et leurs efforts avaient échoué. Mais là, sous ses yeux, se trouvait un projet abouti. Si les données d'Elena étaient exactes, alors oui, la Lopez Corporation pourrait se hisser en tête sur le marché de l'IoT.

« Elena... tu as vendu cette puce à une autre société ? » demanda-t-il d'un ton retenu.

« Pas encore, » répondit-elle simplement.

« Alors je signe le contrat maintenant ! » Martin chercha un stylo. Son enthousiasme était visible.

Clara bondit. « Papa ! Tu es fou ?! Tu ne vois pas qu'Elena et son bâtard te trompent ? »

Le mot résonna dans la pièce comme une gifle. Tous les regards se braquèrent sur Clara. Celui de Madame Lopez, dur et perçant, était le plus insoutenable. La jeune femme pâlit. Sans la présence des autres, elle savait que sa grand-mère l'aurait frappée à coups de canne. Elle déglutit, recula d'un pas et heurta son fils, Max, qui se mit à pleurer. Agacée, Clara leva la main et le gifla.

« Pourquoi tu brailles encore ?! » siffla-t-elle. « Tu crois que tu accompagnes un cortège funèbre ? »

Le petit garçon, les joues rouges, éclata en sanglots plus forts. « Tu es méchante, maman ! Tu es une sorcière ! Je te déteste ! »

Clara, déjà à cran, se retourna vers lui, la main levée une nouvelle fois. Sa fureur éclatait au grand jour. L'ambiance du salon devint glaciale, tendue à l'extrême. Le visage de Madame Lopez se durcit.

« Elena, » dit-elle, la voix lourde, « une fois le contrat signé, viens me voir dans mon bureau. »

Elena acquiesça. Elle signa, puis se baissa vers son fils. « Evan, prends soin de ta sœur. Je reviens vite. »

« Je veillerai sur Mel, maman. Ne t'inquiète pas. » Sa réponse fut nette, mature. Trop mûre pour son âge.

Elena le savait. Depuis un an déjà, Evan s'occupait de sa petite sœur chaque fois qu'elle devait sortir travailler. Il n'avait que quatre ans, mais il avait appris à être responsable, à protéger Clémence. Elle pouvait lui faire confiance.

Elle suivit sa grand-mère dans le bureau. Madame Lopez s'assit, puis se pencha vers elle, attrapa ses mains et soupira longuement. « Elena, tu as souffert ces quatre années. Je croyais que tu étais simplement partie par entêtement... Mais je n'aurais jamais imaginé qu'Elias t'ait enfermée pendant huit mois ! Quand la famille Dalton a annoncé ta mort, toutes tes actions ont été transférées à ta demi-sœur. Mais maintenant que tu es revenue, ils devront te les rendre. »

Elena posa sa tête sur les genoux de la vieille femme. Ce geste réveilla en elle les souvenirs d'enfance. Sa grand-mère l'avait toujours protégée, toujours aimée, et c'était aussi pour cela qu'elle avait ramené Clémence ici. Elle voulait que sa fille connaisse cet amour.

« Grand-mère, tu as déjà quatre-vingt-trois ans. Tu n'as plus à porter ces fardeaux. Je récupérerai ce qui m'appartient par mes propres moyens. Je ne suis plus l'ignorante des Dalton. Je demanderai justice pour moi... et pour mes enfants morts en silence. »

Ses yeux se remplirent de larmes. L'image des deux petits corps bleuis sur le sol de l'entrepôt revint la hanter. Ses fils. Ils n'avaient pas eu de tombe, pas de nom, rien.

« Elena, ma chère enfant, laisse le passé s'effacer. » Madame Lopez lui caressa le dos. « Tu resteras désormais au manoir Lopez. Considère-le comme ta maison. »

Elena hocha la tête. Sa grand-mère dirigeait cette maison, et tant qu'elle l'acceptait, elle aurait une place ici. Et elle n'était pas venue les mains vides : sa puce pouvait donner à la Lopez Corporation une avance décisive. Elle ne devait rien à personne.

Un cri éclata soudain à l'extérieur. Madame Lopez fronça les sourcils. « Max encore ? Ce garçon fait toujours des histoires quand Clara l'amène ici. »

Mais Elena sentit son cœur se serrer. Une inquiétude sourde la poussa à se lever. Elle ouvrit brusquement la porte. La scène la glaça.

Clara, le bras levé, s'apprêtait à abattre sa main sur le visage de Clémence. La petite, les yeux perdus, ne réagissait pas, inconsciente du danger imminent.

« Arrête ! » hurla Elena en se précipitant.

Clara, loin de s'arrêter, accéléra le mouvement. Ses yeux flamboyaient d'une haine contenue. Toute sa vie, elle avait jalousé Elena. Même rejetée par sa propre famille, Elena recevait toujours ce qu'elle, Clara, n'avait jamais eu. Elle n'était qu'une cousine, née Lopez, mais c'était l'autre, la Dalton, qui attirait toute l'attention. Et la voir revenir vivante, après toutes les humiliations passées, lui était insupportable.

« Hmph ! Je ne peux rien faire à Elena. Mais je peux au moins frapper son bâtard. »

Sa main fusa vers Clémence.