La revanche de l'épouse légitime
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Chapitre 3 Chapitre 3

Allongée sur le sol humide de sang, Elena n'eut pas le temps de pleurer ceux qu'elle croyait avoir perdus. Une nouvelle contraction la foudroya, plus sourde et plus profonde que les précédentes. Elle connaissait cette sensation. C'était la même qui l'avait traversée juste avant la naissance des deux premiers. Elle posa la main sur son ventre, cherchant une bosse, un signe. Rien d'évident.

Un frisson lui traversa le corps. Et si tous les enfants n'étaient pas encore nés ? L'idée la frappa comme une lame. Ses yeux s'ouvrirent grands. Elle ne pouvait pas attendre. Elle se redressa avec effort et poussa. Un jet de sang jaillit. La douleur la déchira de l'intérieur. Elle mordit sa lèvre jusqu'à sentir le goût métallique du sang. C'était la seule chose qui la maintenait éveillée. Si elle perdait connaissance, ses enfants suffoqueraient.

Un gémissement perça l'air, faible d'abord, puis plus net. Elena sentit les larmes se mêler au sang qui coulait sur son visage. Elle rassembla ses forces et, d'un mouvement convulsif, se redressa pour voir. Deux bébés gisaient à ses côtés. Deux petits corps, frêles et couverts de sang. Elle poussa un sanglot de surprise et d'adoration. Quatre enfants. Elle avait porté quatre vies. Ce n'était pas deux. C'était quatre. Son ventre trop gros, son appétit vorace, ses nuits agitées-tout prenait sens d'un coup. Dieu l'avait peut-être bénie d'une manière qu'elle n'avait pas comprise.

La joie fut brève. Les deux premiers restaient silencieux dans la mémoire de son corps. Les deux nouveaux pleuraient, mais leurs cris étaient timides, comme des braises qui peinent à prendre. Elena sentit la colère monter. Si Nora avait emmené les deux premiers à l'hôpital, ils seraient vivants. Si on les avait soignés à temps, ils auraient respiré. La haine qu'elle avait toujours gardée pour l'ordre établi dans la maison se concentra maintenant sur une personne. Sur Nora. Sur la trahison dissimulée derrière un sourire de sœur.

Elle força un sourire bref, amer, et se traîna jusqu'à eux. C'étaient un garçon et une fille. Malgré la poussière et le sang, leurs yeux brillaient d'un éclat qui lui arracha un sanglot. Les traits étaient fins. La faim et la naissance les avaient effilés, mais elle remarqua la précision des lignes de leurs visages. Elle sentit une poussée protectrice si forte qu'elle en eut mal. Elle les pressa contre sa poitrine, les enveloppa sans délicatesse mais avec toute la force qui restait en elle.

La chaleur monta vite. Une odeur différente envahit l'air, sèche et saccadée. Elle leva la tête et vit les lames de la porte métallisée léchées par des flammes. La feu avait pris au-dehors et se frayait un chemin à travers les interstices. Des meubles posés près de l'entrée brûlaient déjà. Des étincelles bondissaient. La panique aurait pu la gagner mais la certitude d'être prise au piège rendit ses mouvements mécaniques. Elle agrippa les draps et retira ce qu'elle put pour couvrir encore plus ses enfants. Ils suçotaient le pouce, inconscients du danger qui montait.

- Quelqu'un ! cria-t-elle en frappant sur la porte avec des poings rendus faibles par le sang. À l'aide ! L'entrepôt est en feu !

Personne ne vint. Le silence extérieur pesa. Dans la tête d'Elena, les pièces s'emboîtèrent. Quelqu'un avait mis le feu. Nora n'avait pas seulement laissé faire. Elle avait orchestré une fatalité. Les deux premiers enfants avaient été abandonnés à la mort par négligence calculée ou par ordre. Et maintenant, l'entrepôt prenait feu alors que son corps était faible, vidé. S'il venait à s'effondrer, si l'embrasement la surprenait immobile, personne ne viendrait chercher des réponses. Ce serait un accident. Une fin propre. Un gain pour qui avait besoin d'un héritage dégagé.

Elena sentit la panique monter comme de la lave. Elle se recula, glissant sur le carrelage brûlant, cherchant une issue. Une fenêtre était à quelques mètres. Trop haut pour qu'elle y arrive seule. Trop haut, et la perte de sang la clouait. Elle se pinça la langue à sang, ravala un hurlement et se releva. Les flammes rampaient, dévoraient un pan de mur, griffaient l'air. Des craquements s'élevèrent, des objets s'effondrèrent. La fumée devint plus dense. Herbes sèches et emballages prirent feu. L'air roussit dans sa gorge.

Elle pressa la tête contre la poitrine, les deux bébés calés contre elle. Une force tranquille s'installa, nette, sans fioriture. Elle ne pardonnerait pas. Elle ne mourrait pas sans avoir donné aux enfants une chance. Si elle restait là, ils seraient consumés. Si elle partait, elle les laissait. Elle calcula. Ses doigts quittèrent le tissu, cherchèrent la sangle et firent ce qu'il fallait pour les maintenir.

Les flammes gagnèrent la porte. Le métal chauffa. Le vent, complice, souffla davantage. L'entrepôt, plein d'affaires, était un brasier promis. Elena se traîna, rampant sur des éclats, sur du verre et du métal tordu, jusqu'à une zone moins saturée. Là, elle tenta d'atteindre la fenêtre. Ses mains tremblaient. Les bruits étaient assourdissants : claquements, crachats, le souffle du feu. Sa poitrine brûlait. Elle pressa plus fort les têtes contre elle et se dit que si elle devait partir, elle partirait avec eux. Elle inspira et expira, lentement, déterminée.

À l'extérieur, la maison s'éveilla au désastre. On appela les pompiers. La course se joua dans la nuit. Le feu, attisé par le vent, gagna en puissance. Bientôt, les flammes lèchèrent les murs voisins. Le domaine Dalton se retrouva illuminé d'un rouge sinistre. On sonna des cloches. Les domestiques accoururent, mais l'entrepôt était déjà un ventre de feu. Les pompiers luttèrent, mais la rapidité et la quantité de matière inflammable avaient leur mot. La moitié de la propriété fut touchée. Les montants des pertes montèrent en dizaines, puis en centaines de millions. On mesura après l'aube l'étendue des dégâts.

La direction s'organisa. Un serviteur rapporta l'information au maître de la maison. Elias Dalton frappa la table. Les mots jaillirent, secs et ordonnés : quelqu'un avait mis le feu volontairement. La nouvelle fit l'effet d'une bombe. Nora se tint près de lui, plus pâle, et la contrainte d'un mensonge traversa son visage. Elle détourna la conversation vers les blessés. C'était la posture attendue. Il fallait d'abord évaluer les victimes. Mais le serviteur revint avec un autre détail : l'entrepôt avait commencé à brûler vide. Aucun corps trouvé sur place.

Nora blêmit intérieurement. Elena avait été enfermée. Elle avait accouché. Qui savait ? Si le feu n'avait pas emporté de corps, si la mère n'était pas retrouvée carbonisée, alors les gens commenceraient à poser des questions. Nora tenta d'orienter l'enquête. Elle parla vite, fit croire à la confusion. Puis la nouvelle tomba comme un coup : on avait trouvé le cadavre d'une femme dans le lac, non loin du manoir. On pensait que c'était Elena. Qu'elle s'était jetée à l'eau et avait mis fin à sa vie.

La stupeur fit place à une fausse tristesse. Nora versa quelques larmes calculées. Elle parla des bébés, orphelins maintenant. Elias méprisa la faiblesse. Il ordonna qu'on se débarrasse des enfants. Qu'on les envoie en foyer. Nora intervint, plus mesurée. Elle murmura que les enfants ressemblaient aux Warren. Le nom fit hausser des sourcils. La famille Warren dominait Sea City. Si l'hypothèse tenait, ces nourrissons n'étaient pas de simples bâtards. Ils portaient un lien dangereux.

Les visages autour de la table se transformèrent. L'appât du gain se mêla à la prudence. Nora proposa une stratégie : emmener les enfants chez les Warren. Les mots étaient polis. Le calcul, précis. Si le lien était réel, on tenait un levier. Si ce n'était pas le cas, on pouvait toujours se débarrasser d'eux plus discrètement.

Dans l'entrepôt, l'air refroidissait lentement. La fumée avait laissé la place aux cendres. Les deux bébés dormaient encore, serrés l'un contre l'autre dans un drap noirci. Elena, quelque part entre douleur et privé de force, sentit que l'heure n'était pas finie. La bataille venait de commencer. Elle avait survécu au pire. Derrière la cendre, il y avait des décisions à prendre. Des vies à défendre. Des comptes à rendre. Les flammes avaient voulu tout arracher, mais elles n'avaient pas tout pris. Il restait des cœurs qui battaient, et ça suffisait pour recommencer.

            
            

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