L'Alpha Tombé du Ciel
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Chapitre 5 5

La même colère qu'il avait devinée un peu plus tôt dans son regard venait de refaire surface. Lancelot aurait pu éclater de rire, mais il se contenta d'un haussement d'épaules.

« Tu ferais mieux de t'en aller », pensa-t-il sans le dire, préférant l'observer en silence, la laissant décider de ce qu'elle espérait obtenir de lui. Malgré lui, quelque chose grondait au fond de son être, un frisson animal qu'il peinait à contrôler. Il ignora Ziko, la bête qui sommeillait en lui – elle aurait d'autres occasions de s'amuser. Pour l'instant, il devait gérer cette incontrôlable Américaine, avant de rejoindre sa chambre d'hôtel.

Et soudain, elle changea. Un éclat naquit dans ses yeux, ses sourcils se détendirent, son visage s'éclaira. Elle... souriait.

Lancelot recula d'un pas, méfiant. Elle avait l'air d'avoir remporté une victoire inattendue.

- Cependant... il y a une chose que tu pourrais faire pour moi.

Lancelot arqua un sourcil, son instinct sur le qui-vive.

- Je t'écoute.

- J'aurais besoin que tu m'accompagnes à un mariage.

Il crut avoir mal compris. Son regard appuyé l'invitait à répéter. Elle le comprit et laissa échapper un rire nerveux.

Lancelot crut à une plaisanterie. Il se détendit.

- Je t'assure que je ne suis pas folle, dit-elle rapidement.

Il l'examina de plus près, s'attardant sur ses traits : des iris violets, des cheveux bruns, une silhouette menue, pas plus d'un mètre soixante-dix. La robe bleu pâle qu'elle portait moulait ses formes, et ses lèvres pleines ajoutaient à son charme désarmant. Elle remarqua probablement qu'il s'était un peu éloigné d'elle, car elle désigna sa voiture du doigt.

- Un geste galant, c'est tout ce que je demande, monsieur le chevalier.

Il grimaça, se maudissant de ne pas avoir gardé ses pensées pour lui.

- Tu ne plaisantes pas ?

- Absolument pas. J'ai toujours pris ça très au sérieux. Il suffit que tu viennes au mariage, que tu restes près de moi et que tu ne poses pas de questions.

- Et pour quelle raison j'accepterais pareille demande ?

« Putain », se dit-il. Encore une pensée échappée. Cette femme le désarmait.

Elle s'approcha d'un pas, le fixant intensément. Son cœur s'emballa. Il sentit Ziko gronder dans son esprit, agité, impatient. Qu'est-ce qui lui arrivait, bon sang ?

- Parce que tu es anglais, et les Anglais tiennent parole.

Sa réponse le laissa interdit. Il n'en montra rien, bien sûr. Lancelot Dankworth, Alpha de la plus puissante meute lycanthrope du continent, n'était pas du genre à exposer ses états d'âme. Pourtant, elle l'avait deviné.

- Ton accent t'a trahi.

Il leva les yeux au ciel, résigné. Bien sûr.

- Ça ne prendra qu'un moment, je te le jure.

Il haussa les épaules.

- Mauvaise idée.

Elle ne se démontra pas. Un sourire illumina son visage, et elle lui tendit la main. Lancelot hésita. Il aurait voulu détourner le regard, mais se força à la courtoisie. Après tout... il lui devait bien ça. Il serra sa main.

Ce fut comme si un feu intérieur s'était allumé en lui. Une chaleur brutale, animale, s'éveilla dans son ventre.

« Mon frère ! », rugit Ziko dans son esprit.

Lancelot l'ignora, ou du moins essaya.

- Roxanne Harvey, dit-elle avec un sourire.

« Elle m'appartient ! », hurla Ziko.

Son regard glissa vers leurs mains encore jointes. Il détailla à nouveau cette Américaine déconcertante.

« Elle se fout de moi », pensa-t-il, retirant brusquement sa main.

- Monsieur ?

La voix de Peter retentit. Ils tournèrent la tête. Une Tesla brun foncé venait de se garer à proximité, entourée d'agents de sécurité et de camions de dépannage.

Comment avait-il pu ne rien remarquer ? Était-il devenu aveugle à tout ce qui n'était pas elle ?

Lancelot croisa de nouveau son regard.

- Voilà notre voiture. Allons honorer ce mariage.

Roxanne rayonnait. Peter le fixait, déconcerté.

- Transférez mes affaires à l'hôtel. Je vous contacterai.

- Bien... monsieur.

Avant même qu'il n'ajoute quoi que ce soit, Roxanne avait sauté dans la voiture. Il resta une seconde à l'extérieur, se disant que Ziko perdait complètement la tête.

Assise à ses côtés sur la banquette du taxi, Roxanne humait son parfum. Menthe fraîche, musc oriental... un subtil mélange qu'elle connaissait bien. Elle avait travaillé avec assez de PDG arabes chez LexCorp pour identifier ce genre d'arômes.

Mais ce n'était pas l'odeur de Lancelot qui la troublait le plus. C'était la sienne à elle. Lavande. L'empreinte qu'elle laissait partout, douce et entêtante.

Elle était là, droite, les mains posées sur les genoux, fixant la rue d'un air vide. Lancelot la scrutait en silence. Il voulait lui parler, il luttait contre cette envie étrange.

Cette femme n'était pas comme les autres. Elle ne cherchait ni à séduire, ni à se faire remarquer. Elle voulait juste un cavalier. Une simple présence.

Cela éveillait sa curiosité.

- Tu veux rendre un ex jaloux ?

Il faillit lui toucher la jambe, mais se ravisa. L'habitacle était déjà assez brûlant.

Elle tourna la tête, un soupir glissant de ses lèvres.

- Une longue histoire.

Il eut un sourire en coin.

- Donc il y a bien un ex ?

- Oh oui. Et il épouse ma sœur jumelle.

Face à son air surpris, elle rit doucement.

- Oui, tu peux dire que c'est digne d'un récit biblique. Une version tordue de Rachel et Léa.

Lancelot se retint de rire. Il se souvenait de l'histoire. Les deux sœurs n'étaient pas jumelles.

- Rachel et Léa n'étaient pas jumelles.

Son expression trahissait la surprise. Elle fronça légèrement les sourcils, pensive.

- Vraiment ?

- Sans l'ombre d'un doute.

Elle semblait douter, comme si elle cherchait à confirmer l'information. Cette attitude lui rappela quelqu'un : Madeline Dankworth. Sa mère. Le même regard perçant, capable de flairer la moindre supercherie – qu'elle vienne d'un homme ou d'un loup.

La solidité de leur clan ne tenait pas seulement à leur pouvoir ou à leur nombre, mais à cette étrange alchimie entre leurs deux figures fondatrices. Si Edward Dankworth incarnait la force brute, l'autorité visible et imposante, alors Madeline en était l'esprit, le stratège discret mais implacable. Elle pensait, il exécutait. Un tandem redoutable.

« La trahison, tu la ressens ? » demanda Lancelot, les yeux fixés sur elle.

Un éclat fugace, presque imperceptible, traversa son regard. Puis, aussitôt, un sourire lumineux et franc éclipsa toute trace de tourment. Lancelot cligna des yeux, incertain : avait-il imaginé cette douleur ? Ou alors, se disait-il, elle savait dissimuler ses émotions comme peu en étaient capables.

Et cela ne faisait que nourrir sa curiosité. Il voulait comprendre, savoir ce qu'elle cachait vraiment.

Roxanne inspira profondément. Elle avait tant ressassé cette blessure qu'elle l'avait érodée jusqu'à l'insensibilité. Pourtant, ce qui allait suivre risquait de tout raviver. Elle redoutait de l'entendre dire à une autre ce qu'elle-même avait espéré entendre. Voilà pourquoi elle avait insisté pour ne pas assister à la cérémonie depuis le début. Elle aurait pu survivre à la réception, mais pas à l'échange des promesses. Pas aux regards, aux gestes.

« La douleur, tu connais ? J'ai tellement pleuré que mes yeux ont déclaré forfait. Il a fallu que je me secoue. Que je me dise : assez. Il y a des choses plus graves. L'atmosphère se déchire et moi je m'effondre pour un homme ? Non. »

Lancelot enregistra silencieusement ces mots. Simples. Entiers. Forts. Exactement ce qu'il n'était pas. Il nota aussi la façon dont elle tourna la tête pour échapper à son regard.

Une voix brisa le silence.

« Prends-lui la main. Elle a besoin de toi », lança Ziko d'un ton impérieux.

Il leva la main, hésita, puis la laissa retomber dans un geste nerveux.

« C'est trop... précipité », souffla-t-il.

Elle se retourna, intriguée.

« Tu as dit quelque chose ? »

Avant qu'il puisse répondre, le chauffeur signala leur arrivée.

« La cathédrale, m'sieurs dames. »

Roxanne se pencha en avant, observa les vitraux flamboyants.

« On a mis du temps », dit-elle calmement.

Lancelot, lui, remarqua les tensions qu'elle ne parvenait pas à masquer : ses poings crispés sur ses genoux, les veines tendues sur ses bras, les gouttes de sueur suspendues à sa tempe. Elle souffrait. Il le sentait parce que cette souffrance, il la connaissait aussi. Elle portait en elle une faille qu'il reconnaissait chez lui.

Quand elle régla la course et s'apprêta à sortir, elle se tourna vers lui.

« Ne t'éloigne pas. Reste près de moi et surtout, ne dis rien. Je m'occupe de parler. Toi, contente-toi de sourire, de me tenir la main et, quand je te fais signe, d'embrasser mon front. »

Elle attrapa la poignée, mais s'arrêta soudain.

« Et souviens-toi : uniquement quand je te le demande. »

                         

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