Jeanne baissa les yeux vers la bague qui gisait sur le sol. Elle aurait pu la laisser là, symbole de leur relation brisée. Au lieu de ça, elle se pencha lentement, avec une grâce inattendue, et ramassa le bijou. Elle ne le regarda même pas et le glissa simplement dans la poche de sa robe, comme s'il s'agissait d'un caillou sans importance. Son calme imperturbable était une insulte bien plus grande pour Marc que n'importe quelle parole.
"Tu finiras seule et misérable," continua Marc, essayant de la blesser, de trouver une fissure dans son armure. "Pendant que Sophie et moi, nous serons au sommet. Tu nous regarderas de loin, depuis ta petite boutique minable, et tu regretteras ce jour toute ta vie."
Sophie ajouta sa touche de venin, déguisée en pitié.
"Oh, ma pauvre cousine," soupira-t-elle. "Si seulement tu avais fait un petit effort. C'est tellement dommage."
Jeanne les ignora complètement. Elle se tourna vers ses parents, dont les visages étaient ravagés par le chagrin. Elle prit la main de sa mère, qui était glacée.
"Maman, Papa, ne vous inquiétez pas pour moi," dit-elle doucement. "Tout va bien."
Le contraste entre sa douceur envers ses parents et son indifférence totale envers Marc et Sophie était frappant. Elle leur montrait qu'ils n'existaient plus pour elle.
Comprenant qu'ils n'obtiendraient pas la réaction escomptée, Marc et Sophie décidèrent de partir. Marc passa un bras protecteur autour des épaules de Sophie, comme pour montrer au monde entier son nouveau trophée. Ils sortirent la tête haute, persuadés d'avoir gagné.
Une fois la porte refermée, le père de Jeanne explosa.
"Ces deux-là... Comment ont-ils pu ? Et Sophie... nous l'avons élevée comme notre propre fille ! Comment a-t-elle pu te trahir de la sorte ?"
Sa mère pleurait toujours. "Mon enfant, qu'est-ce que tu vas devenir ? Cet homme a ruiné ta réputation..."
Jeanne serra ses parents dans ses bras. "Ça va aller. Vraiment. J'ai faim. On mange ?"
Ses parents la regardèrent, stupéfaits. Parler de nourriture après un tel cataclysme semblait surréaliste. Mais pour Jeanne, c'était un retour à la normale, à ce qui comptait vraiment. Elle alla dans la cuisine, se lava les mains et commença à préparer un simple repas, comme si de rien n'était. Sa résilience était si profonde, si silencieuse, qu'elle en devenait presque effrayante. Elle n'avait pas besoin de se venger avec des mots, elle avait déjà décidé de vivre, et de vivre bien. C'était sa seule réponse.