Mariages Faux, Vraies Rancunes
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Chapitre 3

Le regard de Sophie passa de mon père à moi, puis se posa sur Antoine, son expression se radoucissant instantanément. Elle lui caressa le bras avec une tendresse démonstrative, un geste clairement destiné à nous provoquer.

« Antoine était un peu anxieux, alors j'ai pensé qu'il serait bon qu'il vienne avec moi. Pour qu'il s'habitue à... la nouvelle dynamique, » dit-elle, ses mots dégoulinant de fausse bienveillance.

Antoine baissa les yeux, jouant à la perfection son rôle de victime. Il murmura d'une voix à peine audible.

« Je suis désolé de déranger. Je ne voulais pas... »

« Chut, mon chou, tu ne déranges jamais, » le coupa Sophie, lui jetant un regard plein d'adoration. Puis, elle se tourna vers moi, son sourire disparaissant pour laisser place à un masque de reproche.

« Pierre, tu lui as fait peur. Ton regard est si dur. Tu pourrais essayer d'être un peu plus accueillant. »

Je n'ai pas répondu. Je me suis contenté de la regarder, laissant le silence parler pour moi. Mon indifférence semblait la déstabiliser plus que n'importe quelle réplique cinglante.

Camille, observant la scène avec un intérêt froid, prit la parole.

« Sophie a raison. Nous devons tous faire des efforts pour que cette transition se passe en douceur. Surtout pour Antoine et Jeanne. »

Elle mentionna le nom de son propre ex-partenaire avec une solennité calculée, comme si elle parlait d'un martyr.

Marc, à côté de moi, croisa les bras, son visage impassible. « Des efforts ? De quels efforts parlons-nous exactement ? »

C'est là que Sophie a lâché sa bombe, avec une assurance déconcertante, comme si sa demande était la chose la plus naturelle du monde.

« Eh bien, pour commencer, j'ai pensé qu'après notre mariage, Pierre, Antoine pourrait venir vivre avec nous. »

Même notre père, qui avait pourtant tout arrangé, parut choqué. Il ouvrit la bouche pour protester, mais je fus plus rapide.

Un rire sec et sans joie m'échappa.

« Pardon ? »

Sophie fronça les sourcils, visiblement vexée par ma réaction. « Tu as très bien entendu. Antoine est fragile. Il a besoin de soutien. Il a besoin de moi. Je ne peux pas l'abandonner, surtout après ce que... certaines personnes lui ont fait subir. »

Son regard accusateur était fixé sur moi. L'insinuation était claire : j'étais le bourreau, Antoine la victime innocente.

Antoine, sentant que c'était son tour de jouer, se mit à trembler légèrement. Des larmes perlèrent au coin de ses yeux.

« Sophie... peut-être que ce n'est pas une bonne idée. Je ne veux pas être un fardeau... Je... je peux partir... »

Il fit un pas en arrière, comme s'il allait s'enfuir. Sophie le retint fermement.

« Non ! Tu restes ici ! » Sa voix était devenue stridente. Elle se tourna de nouveau vers moi, le visage déformé par la colère. « Tu vois ce que tu as fait ? Tu le terrifies ! C'est la condition sine qua non de notre mariage, Pierre. Antoine vit avec nous. C'est à prendre ou à laisser. »

Elle pensait me tenir. Elle croyait que j'étais si désireux de l'épouser, si avide de l'alliance avec sa famille, que j'accepterais n'importe quoi. C'était la clé de son plan de vengeance : s'infiltrer dans ma vie, me contrôler, me détruire de l'intérieur en utilisant son "âme sœur" comme arme et comme levier émotionnel.

Dans ma vie passée, j'aurais peut-être hésité, tenté de négocier, aveuglé par l'image que je me faisais d'elle.

Mais plus maintenant.

Je l'ai regardée droit dans les yeux, mon visage dépourvu de toute émotion. Mon silence s'est étiré, remplissant la pièce d'une tension palpable. Sophie attendait ma soumission, son expression mêlée d'arrogance et d'une pointe d'incertitude.

Puis, j'ai parlé, d'un ton glacial et définitif.

« Alors c'est laissé. »

Je me suis détourné d'elle, sans un regard de plus, et j'ai fixé mon attention sur mon père.

« Nous avons du travail. Si vous voulez bien nous excuser. »

J'ai fait un signe de tête à Marc et nous nous sommes dirigés vers la porte, laissant derrière nous une Sophie abasourdie, un Antoine faussement éploré, une Camille calculatrice et un père complètement déconcerté.

Leur plan venait de rencontrer son premier obstacle. Et ce n'était que le début.

            
            

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