Mariages Faux, Vraies Rancunes
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Chapitre 2

Le silence s'installa dans le grand bureau de notre père. M. Dubois nous regarda, ses sourcils froncés en une expression de pur étonnement. Il n'était pas habitué à être interrompu, encore moins par ses propres fils lors d'une annonce aussi importante.

« Une nouvelle proposition ? » répéta-t-il, son ton empreint d'une incrédulité mêlée d'agacement. « De quoi parlez-vous ? J'ai passé des mois à négocier ces alliances. Tout est déjà décidé. »

Je me suis penché en avant, posant mes coudes sur le bois poli de son bureau. Mon regard était direct, sans la moindre trace de l'hésitation qui m'aurait caractérisé dans ma vie antérieure.

« Nous refusons d'épouser Sophie Bernard et Camille Leroy. »

La mâchoire de mon père se contracta. Ce n'était plus de la surprise, mais de la colère.

« Refusez ? Vous n'êtes pas en position de refuser quoi que ce soit. C'est pour le bien de la famille, pour votre propre avenir ! »

Marc prit la parole, sa voix plus posée mais tout aussi inflexible. « Père, nous comprenons vos intentions. Mais ces femmes ne sont pas celles que vous croyez. Elles nous mèneront à notre perte. »

« À votre perte ? » ricana notre père. « Ce sont les filles de mes plus proches associés. Elles sont brillantes, ambitieuses. Elles sont parfaites. Vous êtes aveuglés par une sorte de caprice de dernière minute. »

Je savais que les mots seuls ne suffiraient pas. Dans notre vie passée, nous avions accepté docilement, pensant que c'était notre devoir. Cette fois, nous ne commettrions pas la même erreur.

« Nous ne demandons pas votre permission, Père, » dis-je froidement. « Nous vous informons de notre décision. Cependant, nous avons une alternative qui sera bien plus bénéfique pour la famille Dubois. »

Mon père croisa les bras, son visage une tempête contenue. « Je suis tout ouïe. »

« Nous allons nous marier, c'est exact, » continua Marc. « Mais nous choisirons nos propres partenaires. Des partenaires qui nous seront loyales, et qui renforceront véritablement notre position, non pas par des apparences, mais par une compétence et une confiance réelles. »

Je sortis de ma poche un dossier que j'avais préparé mentalement, basé sur les souvenirs de notre futur passé.

« Élise Moreau, » dis-je en énonçant le premier nom. « L'une des meilleures avocates d'affaires du pays, connue pour son pragmatisme et sa loyauté sans faille. Elle a récemment remporté le procès contre Titan Corp, une affaire que tout le monde disait perdue d'avance. L'avoir dans notre camp est un atout stratégique inestimable. »

Marc enchaîna. « Et Thomas Leclerc. Un entrepreneur visionnaire dans le secteur des nouvelles technologies. Sa dernière start-up est sur le point de révolutionner le marché de l'énergie verte. Il est stable, bienveillant, et son réseau est bien plus moderne et influent que celui des familles Bernard et Leroy, qui commence à dater. »

Notre père nous dévisagea, passant de l'un à l'autre. La colère sur son visage laissait place à une lueur de calcul. Il était avant tout un homme d'affaires. Il reconnaissait une bonne opportunité quand il en voyait une.

« Et vous pensez que ces personnes accepteront ? Si facilement ? » demanda-t-il, le doute encore présent dans sa voix.

« Laisse-nous nous en charger, » répondis-je avec une confiance absolue.

Un long silence pesa dans la pièce. Finalement, notre père soupira, un son lourd qui semblait porter le poids de décennies de décisions autoritaires.

« Très bien. Vous avez une semaine pour me prouver que vos choix sont viables. Si vous échouez, vous épouserez Sophie et Camille comme prévu. »

C'était plus que ce que nous espérions. Un sourire victorieux illumina brièvement mon visage et celui de Marc. Nous nous sommes levés.

« Merci, Père. »

Alors que nous nous apprêtions à quitter le bureau, la porte s'ouvrit. Sophie Bernard et Camille Leroy entrèrent, radieuses, ignorant totalement la tension qui régnait.

« Monsieur Dubois ! Pierre, Marc ! Nous espérons ne pas vous déranger, » dit Sophie avec un sourire éclatant.

Derrière elle, se tenait un jeune homme à l'allure fragile, presque éthérée. Il s'accrochait au bras de Sophie comme à une bouée de sauvetage. C'était Antoine, son ex-partenaire, l'artiste soi-disant persécuté.

Mes yeux se sont glacés. Le voir, ici et maintenant, ravivait une haine profonde.

Camille, de son côté, affichait un air d'arrogance tranquille. Elle remarqua immédiatement l'atmosphère tendue.

« Est-ce que tout va bien ? Vous avez l'air... contrariés. »

Notre père, retrouvant sa contenance d'homme d'affaires, leur adressa un sourire forcé.

« Mesdemoiselles, bienvenue. Nous discutions justement des derniers détails de vos... fiançailles. »

Le mot sonnait faux dans sa bouche, et j'ai savouré l'ironie de la situation. Sophie et Camille, aveuglées par leur plan de vengeance, ne se doutaient de rien. Elles pensaient que le piège qu'elles nous tendaient était sur le point de se refermer.

Elles n'avaient aucune idée que nous venions de le retourner contre elles.

            
            

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