L'Adieu au Monde Ancien
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Chapitre 3

Le lendemain, je me suis sentie prête à affronter mon passé. J'ai décidé de retourner à la boulangerie de mon père, "Le Rêve Sucré". C'était la première fois que j'y mettais les pieds depuis sa mort et la lecture du testament.

En arrivant, j'ai vu mon cousin Antoine par la vitrine, supervisant les employés avec un air suffisant. Avant que je puisse entrer, la porte s'est ouverte et Leo est sorti en courant. Il m'a vue et s'est immédiatement planté devant moi, barrant le passage.

« Tu ne peux pas entrer », a-t-il dit, son petit visage sérieux. « C'est la boulangerie de Tonton Antoine maintenant. Pas la tienne. »

Il a levé les yeux vers moi, et j'ai vu le reflet d'Ambre et de Victor dans son regard. « Tatie Ambre dit que tu as fait du mal à Papa et que tu as abandonné Papi Jean-Luc. Tu es une mauvaise personne. »

Chaque mot était un coup de poignard. Mon propre fils, me rejetant, me jugeant avec les mots des autres. J'ai reculé, le cœur en miettes. J'ai vu Antoine me regarder depuis l'intérieur avec un sourire triomphant.

Je me suis retournée et je suis partie sans un mot. La tristesse était si intense que j'avais l'impression de suffoquer. J'avais besoin d'une échappatoire, d'une distraction immédiate.

J'ai marché jusqu'à la banque la plus proche et j'ai retiré une somme absurde en espèces. Je devais dépenser, bouger, faire n'importe quoi pour ne pas penser.

La journée s'est transformée en un tourbillon d'achats compulsifs. Des vêtements de créateurs que je ne porterais jamais, des bijoux étincelants qui semblaient ternes à mes yeux, une voiture de sport que je savais à peine conduire. J'ai réservé la suite la plus luxueuse d'un palace, j'ai dîné seule dans un restaurant trois étoiles, j'ai bu du champagne jusqu'à l'aube. Mais la joie ne venait pas. C'était un vide rempli de choses chères.

Le lendemain matin, mon téléphone m'a réveillée en sursaut. C'était l'école de Leo.

« Madame Dubois ? C'est l'infirmière de l'école. Leo a de la fièvre, il faudrait venir le chercher. »

Une vague d'irritation m'a submergée, immédiatement suivie d'une profonde tristesse. Avant, j'étais toujours celle qui accourait. J'annulais tout pour mon fils. Je me souvenais de toutes les fois où je l'avais réconforté, veillé toute la nuit. Mais l'infirmière a ajouté quelque chose qui a gelé mon sang.

« Il n'arrête pas de répéter ce que sa tante lui a dit, que les enfants qui tombent malades sont faibles et décevants. C'est un peu inquiétant. »

Ambre. Même dans la maladie de mon fils, son influence toxique était présente.

À peine avais-je raccroché que le téléphone sonnait à nouveau. C'était Victor, sa voix pleine de reproches.

« Leo est malade ! Où étais-tu ? C'est de ta faute, tu le négliges avec ton comportement irresponsable ! Heureusement qu'Ambre est là. Elle est déjà en route pour le chercher. Elle, au moins, elle s'en soucie. »

La colère a balayé toute autre émotion. Il m'accusait, alors que c'était leur nouvelle famille "parfaite" qui rendait mon fils malade d'anxiété.

« Victor », ai-je dit d'une voix glaciale, complètement détachée. « Tu as voulu la garde exclusive, tu l'as eue. Leo est ta responsabilité. Ne m'appelle plus pour ça. Je suis occupée à profiter de l'argent que tu m'as donné pour mon silence. »

J'ai raccroché, laissant échapper un long soupir. Je ne ressentais plus rien. Juste un vide immense. Je me suis rendormie, ignorant les appels insistants de Victor.

En sortant de l'hôtel plus tard, j'ai été assaillie par une horde de journalistes.

« Madame Dubois, est-il vrai que vous avez abandonné votre fils malade ? »

« Comment réagissez-vous aux rumeurs selon lesquelles vous avez trahi la mémoire de votre père en laissant la boulangerie à votre cousin ? »

« Est-ce que votre train de vie extravagant est une tentative de rendre Victor Dubois jaloux ? »

Ils répétaient le narratif qu'Antoine et Victor avaient soigneusement construit. J'étais la méchante, l'héritière indigne, la mère négligente. J'ai réalisé qu'ils ne me laisseraient jamais en paix. Ils voulaient me détruire publiquement.

Une rage froide m'a envahie. Ils voulaient jouer ? Très bien.

Je me suis arrêtée et j'ai fait face aux caméras. Mon visage était calme, mais mes yeux lançaient des éclairs.

« Vous voulez une histoire ? En voici une. Demandez à mon cher cousin Antoine comment il finançait ses études de commerce avant que mon père ne le prenne sous son aile. Demandez-lui pourquoi il a soudainement dû quitter son ancienne école. Peut-être que vous découvrirez des histoires intéressantes de malversations financières et de dettes de jeu. Mon père l'a sauvé une fois. Il ne sera pas là pour le faire une deuxième fois. »

J'ai laissé la bombe éclater et je suis montée dans ma voiture de sport, laissant les journalistes en pleine frénésie. Le scandale serait énorme.

À peine rentrée dans ma suite, la porte s'est ouverte à la volée. C'était Victor, le visage déformé par la fureur.

« Qu'as-tu fait ? » a-t-il crié. « Tu as ruiné Antoine ! Tu as sali l'honneur de notre famille ! »

« L'honneur ? » ai-je ricané. « Quelle blague. »

Il s'est approché de moi, menaçant. « Tu vas regretter ça, Élise. »

Soudain, une quinte de toux m'a secouée. C'était violent, incontrôlable. J'ai mis ma main devant ma bouche. Quand je l'ai retirée, elle était couverte de sang.

Victor s'est figé, ses yeux s'écarquillant d'horreur en voyant le sang tacher ma main et le tapis blanc de la suite.

            
            

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