Un Mariage de Façade, un Amour Interdit
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Chapitre 4

L'enquête fut rapide et prévisible. Le lendemain, on annonça que le coupable avait été trouvé : une jeune servante, accusée de maladresse, fut sévèrement punie et renvoyée. Sophie fut innocentée, présentée comme la victime de la jalousie de Jeanne. La vérité fut étouffée sous le poids du pouvoir d'Antoine.

Le soir même, il vint trouver Jeanne dans ses appartements. Il se tenait près de la fenêtre, le dos tourné, regardant la nuit tomber.

« La vérité a été établie, » dit-il sans la regarder. « Maintenant, tu vas aller présenter tes excuses à Sophie. »

Jeanne sentit le sang quitter son visage. « Jamais. »

Il se tourna lentement vers elle, ses yeux sombres et menaçants. « Tu crois que tu as le choix ? Ta servante, Adèle. Elle t'est très loyale, n'est-ce pas ? Il serait dommage qu'il lui arrive quelque chose. Un accident est si vite arrivé dans une grande maison. »

La peur, froide et paralysante, s'empara de Jeanne. Il menaçait Adèle. Il était prêt à s'en prendre à une innocente pour satisfaire les caprices de Sophie. Elle était piégée.

« Très bien, » dit-elle, la voix morte. « Je le ferai. »

Elle se rendit dans la cour de Sophie. Celle-ci l'attendait, un sourire triomphant aux lèvres. Jeanne s'inclina à peine, le menton haut, et prononça les mots d'une voix glaciale, chaque syllabe un morceau de verre dans sa gorge. « Je suis désolée. »

Sophie savoura sa victoire. Jeanne, elle, sentit la dernière parcelle de sa dignité s'envoler.

Ce soir-là, elle prit une décision irrévocable. Elle ne pouvait plus vivre ainsi. Lors du banquet d'anniversaire de Madame Lefevre, qui aurait lieu dans une semaine, elle demanderait publiquement l'annulation de son mariage. Devant toute la haute société, il ne pourrait pas refuser.

La semaine passa dans une tension palpable. Le soir du banquet, le manoir était resplendissant de lumières et de musique. Jeanne s'était préparée, le cœur battant, prête à jouer sa dernière carte.

Le point culminant de la soirée était une promenade en bateau sur le lac du domaine. Alors que les invités montaient sur les barques décorées, un incident se produisit. Sophie, qui se tenait près de Jeanne au bord de l'embarcadère, trébucha soudainement, entraînant Jeanne dans sa chute.

Les deux femmes tombèrent dans l'eau glacée du lac.

Des cris s'élevèrent. Jeanne, surprise et alourdie par sa robe, luttait pour rester à la surface. Elle vit Antoine plonger sans hésiter. Un bref instant, l'espoir la submergea. Il allait la sauver.

Mais il nagea droit vers Sophie.

Il l'ignora complètement. Il passa à côté d'elle, ses yeux fixés uniquement sur sa sœur adoptive qui se débattait à quelques mètres de là. Il attrapa Sophie, la serra contre lui et commença à la ramener vers la rive.

Personne ne s'occupait de Jeanne. Elle sentit ses forces l'abandonner, l'eau froide envahir ses poumons. Le monde devint sombre. En s'enfonçant dans les profondeurs, une dernière pensée traversa son esprit : c'était le choix final. Entre sa femme et sa maîtresse, il avait choisi. Et elle n'était rien.

Elle fut finalement tirée de l'eau par des gardes, inconsciente.

Elle se réveilla plusieurs jours plus tard dans une chambre inconnue. C'était une chambre du palais de son père. Pendant son coma, elle avait fait un rêve étrange. Un rêve où elle n'avait jamais rencontré Antoine, où elle n'était jamais tombée amoureuse de lui. Elle vivait une vie simple, paisible, loin des intrigues et des trahisons. En se réveillant, elle sentit que son oreiller était humide de larmes.

Son frère, Léo, était à son chevet. Il lui tint la main, le visage ravagé par l'inquiétude.

« Jeanne, comment te sens-tu ? »

Elle le regarda, et pour la première fois depuis des années, ses yeux étaient clairs et sereins.

« Léo, » dit-elle d'une voix faible mais ferme. « Je ne l'aime plus. Je veux rentrer à la maison. Loin d'ici. Loin de lui. S'il te plaît. »

Léo la regarda, vit la résolution dans ses yeux, et hocha la tête. « Bien sûr, ma sœur. Tu ne retourneras plus jamais là-bas. Je te le promets. »

Un sentiment de soulagement immense l'envahit. Ce n'était pas Antoine qui était froid et sans cœur. Elle l'avait enfin compris. Il était capable d'une grande passion, d'une dévotion sans bornes. Simplement, cette passion et cette dévotion n'étaient pas pour elle. Elle avait passé deux ans à essayer d'attraper le reflet de la lune dans l'eau. Il était temps d'arrêter.

            
            

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