L'Héritier Trahi de Bordeaux
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Chapitre 3

Mon téléphone a vibré. Un message d'Antoine. C'était une photo. Une photo de lui et Sophie, au lit, enlacés, souriants. Leurs corps nus ne laissaient aucune place au doute. Sous la photo, un seul mot : "Bientôt." Une vague de nausée m'a submergé, encore plus violente que la première fois. Je me suis précipité aux toilettes, le corps secoué de spasmes. La provocation était directe, cruelle, conçue pour me briser. Ils ne se contentaient pas de me voler, ils voulaient m'humilier jusqu'à la moelle.

Sophie est revenue en fin de journée, son visage rayonnant d'une fausse innocence.

"Chéri, tu n'as pas l'air bien. Tu devrais te reposer."

Je l'ai regardée droit dans les yeux, cherchant une fissure dans son masque.

"Sophie, dis-moi la vérité. Qu'est-ce qu'Antoine représente pour toi ?"

Elle a eu un petit rire, un peu trop aigu. "Antoine ? C'est mon meilleur ami, tu le sais bien. Pourquoi cette question soudaine ? Tu es jaloux ?"

Elle jouait la comédie à la perfection, retournant la situation contre moi, me faisant passer pour le mari paranoïaque. La facilité avec laquelle elle mentait était terrifiante. Je n'ai pas insisté. À quoi bon ?

Un coup de tonnerre a secoué la maison, faisant vibrer les vitres. Le ciel s'était assombri d'un coup. Le bruit a réveillé une peur ancienne, enfouie au plus profond de moi. Je me suis revu, enfant, le jour de l'enterrement de mon père. Il y avait un orage ce jour-là aussi. Ma mère m'avait laissé seul près de la tombe, sous la pluie battante, pour aller parler à des "amis de la famille". Je me souviens de son visage impassible, presque soulagé. Le tonnerre, la pluie, son abandon... tout est remonté d'un coup. J'ai tremblé, non pas de froid, mais de cette terreur enfantine qui ne m'avait jamais vraiment quitté. J'étais de nouveau ce petit garçon seul et effrayé, trahi par la seule personne qui aurait dû le protéger.

Alors que j'étais recroquevillé sur moi-même, le téléphone de Sophie a sonné. Elle a regardé l'écran, et une lueur d'agacement a traversé son visage.

"Je dois y aller," a-t-elle dit rapidement. "C'est pour la fondation de charité, une urgence."

Elle n'a même pas attendu ma réponse. Elle m'a laissé là, tremblant, sans un regard en arrière. Sa "charité" avait un nom : Antoine. Sa priorité était claire. Je n'étais qu'un détail gênant dans sa vie. Son départ précipité était plus éloquent que n'importe quel aveu.

Resté seul, mon téléphone a de nouveau vibré. Le même numéro inconnu. Cette fois, ce n'était pas un message texte. C'était un fichier audio et une autre photo. La photo montrait un gros plan du torse d'Antoine. Un tatouage y était visible, juste au-dessus de son cœur : "Sophie". Un tatouage que je n'avais jamais vu, car il le cachait toujours soigneusement en ma présence. J'ai cliqué sur le fichier audio. C'était un enregistrement. La voix de Monique, claire et nette.

"...ne t'inquiète pas pour Pierre. Son attachement à moi est sa plus grande faiblesse. Il ne soupçonnera jamais rien. Quand tu épouseras Sophie, tout sera légalement à vous deux. Le mariage de Pierre n'était qu'une étape, un moyen de tout consolider avant de le jeter."

Épouser Sophie. Le plan était donc encore plus diabolique que je ne l'imaginais. Mon mariage n'était qu'une façade pour préparer le leur. J'ai écouté l'enregistrement en boucle, chaque mot s'enfonçant plus profondément en moi.

J'ai passé la nuit entière dans le bureau de mon père, entouré de ses livres et de ses souvenirs. La douleur et la rage avaient laissé place à une sorte de calme glacial. Il n'y avait plus de place pour les larmes ou la peur. Seulement pour la stratégie. Au lever du soleil, j'ai pris ma décision. J'ai sorti mon téléphone et j'ai répondu au numéro inconnu. Un seul mot.

"J'accepte."

            
            

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