Dans le monde doré de Bordeaux, ma vie semblait être tirée d' un magazine.
Héritier du prestigieux domaine viticole Dubois, je menais une existence idyllique avec ma magnifique épouse, Sophie, dont le ventre s'arrondissait, portant celui que je croyais être mon fils.
Nos photos de couple inondaient la presse locale, symbole d' une réussite éclatante – l' amour, la famille, la richesse.
J'étais Pierre Dubois, l' homme à qui tout souriait, invincible, bercé par une confiance aveugle.
Jusqu'à ce matin, où l'affaire de ma vie devait se sceller avec des investisseurs asiatiques.
Ma mère, Monique, et Sophie, devaient être là, à mes côtés, incarner l'image d'une famille unie.
Elles ne sont jamais venues.
Leur absence, assourdissante, a fait capoter le contrat.
De retour à mon bureau, anéanti, j'ai trouvé un email crypté.
Une vidéo.
Sophie, dans notre suite parisienne, n'était pas seule.
Antoine Moreau, son "meilleur ami", l'amant insoupçonné.
« Il est tellement naïf, » riait-elle, caressant son ventre.
« Il croit vraiment que cet enfant est de lui. »
Puis, le visage souriant de ma mère, Monique, en appel vidéo avec Antoine.
« Tout se passe comme prévu, » disait-elle.
« Mon fils, tu auras bientôt la place qui te revient. »
Son fils.
Antoine était le fils secret de ma mère, mon propre frère.
Le mariage, l'enfant, l'amour de ma mère – tout était un monstrueux mensonge.
Je n'étais qu'un pantin dans leur pièce macabre.
La douleur était si physique que j'ai cru mourir.
Mon téléphone a vibré.
Cinq mots d'un numéro inconnu ont percé le brouillard :
« Je sais tout. Je peux aider. »
Cette nuit-là, errant dans Bordeaux, j'ai vu mon propre visage affiché sur un écran géant, parlant de notre "bonheur".
Chaque mot résonnait comme une blague cruelle.
De retour à la maison, le silence, ce putain de silence.
J'ai appelé Sophie.
Sa voix, si douce, le mensonge parfait.
Puis, le jingle de notre "amour", et leur rire.
"L'idiot a tout gobé ?" demandait Antoine.
« Comme toujours. Il est tellement prévisible. »
Mon sang s'est glacé.
Ils se croyaient invincibles, et j'étais leur jouet.
L'humiliation a cédé la place à une rage froide, une haine pure.
Je savais tout, mais j'étais impuissant.
Prisonnier de mon propre nom, de ma propre fortune.
Le piège s'était refermé sur moi des années auparavant.
Je n' allais pas me laisser détruire.
J' allais les détruire.