Renaissance après la trahison
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Chapitre 4

Sophie est arrivée, non pas comme une sauveuse, mais comme une actrice montant sur scène. Elle portait une tenue coûteuse, parfaitement maquillée, son visage arrangé en une expression de tristesse courageuse. Paul la suivait comme un chien de garde.

Quand ils m'ont vue, le visage de Sophie s'est crispé une fraction de seconde avant de reprendre son masque de victime.

« Jeanne... tu es encore là ? Paul m'a dit que tu étais partie... » sa voix était un murmure fragile.

Paul m'a fusillé du regard.

« Qu'est-ce que tu fais encore ici ? Et c'est quoi cette histoire sur les réseaux sociaux ? Tu es folle ! Tu nous fais honte ! »

« Je tente de sauver la vie de Maman, » ai-je répondu, ma voix glaciale. « Ce que tu devrais faire au lieu de jouer les attachés de presse pour Sophie. »

Sophie a eu un haut-le-cœur théâtral et s'est appuyée sur le bras de Paul.

« Ne sois pas si dure, Jeanne... Je suis là pour aider. Même si... même si ça me terrifie. »

Juste à ce moment-là, un homme d'une quarantaine d'années, l'air un peu bourru, s'est approché de nous.

« C'est ici pour le don de sang pour Marie Dubois ? J'ai vu un post sur Facebook. »

Mon cœur a fait un bond. Un donneur.

Mais Paul s'est immédiatement interposé.

« Monsieur, il y a une erreur. C'est un malentendu. Ma sœur ici présente est... instable. Nous avons déjà une donneuse. Merci d'être venu, mais vous pouvez repartir. »

L'homme a froncé les sourcils, me regardant, puis Paul.

« Votre sœur ? » a dit Paul en désignant Sophie. « Elle a l'air un peu pâle pour donner son sang. »

« Elle est sensible ! » a presque crié Paul. « C'est une affaire de famille. S'il vous plaît, partez. »

L'espoir qui venait de naître en moi menaçait de s'éteindre. Paul était prêt à renvoyer un donneur potentiel pour que Sophie ait toute la gloire. C'était insensé.

L'homme a hésité, visiblement mal à l'aise. Il a regardé le document que j'avais posté, que j'avais toujours sur mon téléphone, puis a regardé Paul.

« Votre sœur a posté un document médical. Ça a l'air sérieux. »

« C'est un faux ! » a menti Paul sans ciller. « Elle est obsédée. S'il vous plaît, n'entrez pas dans son jeu. »

Sophie a ajouté sa touche.

« S'il vous plaît, monsieur... C'est très pénible pour nous. Jeanne ne sait pas ce qu'elle fait. »

L'homme a soupiré, semblant croire à leur comédie bien rodée. Il a commencé à se détourner.

« D'accord, désolé du dérangement... »

« NON ! »

Le mot est sorti de ma gorge, un cri rauque et désespéré.

J'ai poussé Paul, qui a trébuché, surpris par ma soudaine violence. Je me suis plantée devant le donneur.

« Ne l'écoutez pas ! Ma mère est en train de mourir ! Regardez ! »

J'ai brandi mon téléphone, lui montrant la photo du rapport.

« Appelez le service ! Demandez le Dr Martin ! Ne me croyez pas sur parole, vérifiez par vous-même ! S'il vous plaît ! »

Mes yeux le suppliaient. Ma voix était brisée par l'urgence.

Paul m'a attrapée par le bras, sa poigne de fer.

« Arrête ton cirque, Jeanne ! Tu es pathétique ! »

« Lâche-moi ! »

Je me suis débattue, griffant, frappant. La Jeanne docile avait disparu. Il y avait une lionne qui se battait pour son petit. Notre altercation a attiré l'attention. Des infirmières se sont approchées.

« Que se passe-t-il ici ? »

Soudain, une nouvelle personne est entrée en scène. Un médecin d'une cinquantaine d'années, une blouse blanche impeccable, l'air sévère. Il s'est approché de Paul.

« Paul ? Qu'est-ce que c'est que ce désordre ? »

Paul a immédiatement lâché mon bras, son visage changeant pour afficher un sourire soulagé.

« Dr Laurent ! Dieu merci, vous êtes là. Ma sœur... elle fait une crise. Elle importune tout le monde. »

Dr Laurent. L'ami de Paul. Le médecin qu'il avait manipulé dans ma vie précédente pour minimiser l'état de Maman, pour me faire passer pour folle auprès de l'équipe médicale. Le voilà. Le complice.

Dr Laurent m'a regardé avec un mélange de pitié et d'agacement.

« Mademoiselle Dubois, nous avons déjà parlé de ça. L'état de votre mère est stable. Il n'y a pas d'urgence vitale imminente. Vous créez une panique inutile. »

C'était un mensonge. Un mensonge délibéré pour couvrir son ami.

Le donneur potentiel, voyant un médecin confirmer la version de Paul, a secoué la tête et s'est éloigné pour de bon.

« Laissez tomber, » a-t-il marmonné. « Une vraie famille de fous. »

Il est parti. Mon espoir est parti avec lui.

J'ai regardé Paul, puis le Dr Laurent. Ils avaient gagné cette manche. J'étais de nouveau seule, l'hystérique, la menteuse.

Sophie souriait discrètement derrière la main qu'elle avait placée devant sa bouche, feignant la détresse.

Mais le bruit de notre dispute avait attiré une autre personne. Une figure d'autorité que je n'attendais pas.

Le directeur de l'hôpital en personne.

Il était en visite dans le service et s'est approché, le visage sévère.

« Dr Laurent, que se passe-t-il ? J'entends des éclats de voix depuis le bout du couloir. Et qui est cette famille ? »

Dr Laurent a pâli. Paul a semblé mal à l'aise.

« Monsieur le Directeur, un simple différend familial. Rien de grave. La sœur de Monsieur Dubois est un peu... émotive. »

Le directeur a ignoré Laurent et s'est tourné vers moi. Mon visage était couvert de larmes de rage et de frustration.

« Mademoiselle, quel est le problème ? »

J'ai pris une profonde inspiration. C'était ma dernière chance.

« Monsieur le Directeur, mon nom est Jeanne Dubois. Ma mère, Marie Dubois, est dans cette chambre. Le Dr Martin, votre chef de service, m'a dit que son pronostic vital était engagé faute de sang. J'ai trouvé un donneur, mais mon frère et le Dr Laurent ici présent viennent de le renvoyer en prétendant que tout va bien. Le Dr Laurent vient de me dire que l'état de ma mère est stable, ce qui contredit directement l'avis de son propre chef de service. Quelqu'un ment. Et ce n'est pas moi. »

J'ai parlé calmement, factuellement. La vérité brute.

Le regard du directeur s'est durci. Il s'est tourné vers le Dr Laurent, ses yeux devenus deux fentes de glace.

« Dr Laurent, est-ce exact ? Avez-vous contredit le diagnostic du Dr Martin concernant une patiente en état critique ? »

Laurent a commencé à bégayer.

« Non... enfin... je voulais juste calmer la situation... Paul est un ami... »

« Un ami ? » a tonné le directeur. « Votre amitié passe avant le serment d'Hippocrate ? Allez chercher le Dr Martin. Immédiatement. Et vous deux, » a-t-il dit en désignant Paul et Sophie, « ne bougez pas d'ici. Nous allons tirer cette affaire au clair. »

Le piège venait de se refermer. Mais pas sur moi.

                         

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