Renaissance après la trahison
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Chapitre 2

Paul est arrivé à l'hôpital une heure plus tard, non pas avec l'air inquiet d'un fils, mais avec l'arrogance d'un homme dérangé dans ses occupations importantes.

Il m'a trouvée assise près de la chambre de Maman, le regard fixé sur la porte.

« Alors ? C'est aussi grave que tu le disais ? » a-t-il lancé, sans même un regard pour la porte derrière laquelle notre mère se battait pour sa vie.

Sa légèreté m'a donné la nausée.

« Oui, Paul. C'est grave. Les médecins cherchent désespérément un donneur. »

Il a haussé les épaules, un geste qui se voulait rassurant mais qui n'était que du mépris.

« J'ai eu Sophie au téléphone. Elle est en route. Elle va encore devoir jouer les sauveuses à cause de tes exagérations. Tu sais à quel point elle est sensible, chaque don de sang l'épuise. »

Le venin dans mes veines a commencé à bouillir. Sensible ? Sophie ? La femme qui avait simulé son suicide pour me faire porter le chapeau ?

« Ce ne sont pas des exagérations, Paul. C'est la réalité. »

« La réalité, c'est que tu aimes faire des histoires. Tu as toujours été comme ça. Jalouse de l'attention que Sophie reçoit. »

Je me suis levée, lui faisant face. Pour la première fois de ma vie, je ne me sentais pas intimidée par lui.

« Jalouse ? Paul, notre mère est en train de mourir. Est-ce que tu comprends ça ? »

À ce moment-là, le médecin-chef du service est sorti de la chambre. Il avait l'air grave.

« Monsieur Dubois, votre sœur a raison. La situation est extrêmement préoccupante. Chaque minute compte. Nous avons besoin de ce sang AB négatif spécifique. »

Le médecin a regardé Paul avec insistance, espérant faire naître une once de conscience en lui.

Paul a jeté un regard dédaigneux au médecin, comme si son blouse blanche n'était qu'un costume de théâtre.

« Écoutez, docteur, je connais ma sœur. Elle a tendance à dramatiser. Ma sœur adoptive, Sophie, a le même groupe sanguin. Elle arrive. Elle va régler le problème. Pas la peine d'alarmer tout l'hôpital. »

Le médecin a froncé les sourcils, visiblement choqué par une telle désinvolture.

« Monsieur, il ne s'agit pas de drame, mais de médecine. Nous ne pouvons pas dépendre d'une seule personne qui n'est même pas encore sur place. Si elle a un empêchement, si elle est malade... »

« Sophie n'est jamais malade, » l'a coupé Paul. « Elle est parfaite. »

Le culte qu'il vouait à Sophie était pathologique. Il était complètement aveugle, sourd à toute logique.

Son téléphone a sonné. Il a affiché un sourire radieux en voyant le nom de Sophie sur l'écran. Il a décroché et mis le haut-parleur, comme pour me narguer.

La voix mielleuse et plaintive de Sophie a envahi le couloir silencieux de l'hôpital.

« Paul ? Je suis en route. J'ai dû annuler une dégustation très importante. Jeanne t'a encore appelé en panique, j'imagine ? Elle sait que je déteste les hôpitaux... et les aiguilles. Elle le fait exprès, j'en suis sûre. Elle veut juste me voir souffrir. »

Chaque mot était un mensonge calculé, une petite goutte de poison destinée à m'isoler davantage.

J'ai regardé Paul. Il buvait ses paroles, son visage se durcissant contre moi.

« Ne t'inquiète pas, ma chérie, » a-t-il dit, sa voix douce et protectrice, une douceur qu'il ne m'avait jamais accordée. « Je suis là. Jeanne ne te fera aucun mal. »

Puis, il s'est tourné vers moi, le téléphone toujours actif.

« Tu entends, Jeanne ? Tu la stresses. C'est à cause de toi si elle est angoissée. »

C'était le monde à l'envers. Le bourreau se faisait passer pour la victime, et mon propre frère était son porte-parole.

Paul a écouté les jérémiades de Sophie encore quelques secondes, hochant la tête comme si elle récitait un évangile.

Puis, il m'a regardé avec un dégoût non dissimulé.

« Rentre chez toi, Jeanne. Tu n'es d'aucune aide ici. Tu ne fais qu'empirer les choses. Sophie et moi, on s'en occupe. »

Il a mis fin à l'appel avec Sophie, puis m'a tourné le dos et s'est éloigné dans le couloir, me laissant seule, plantée là, le mépris de mon frère et les mensonges de Sophie résonnant encore dans mes oreilles.

Je me sentais complètement seule. Le médecin avait secoué la tête, découragé, et était retourné à ses obligations.

Paul me coupait de tout. Il voulait être le seul héros de l'histoire, avec Sophie comme princesse à sauver.

Mais cette fois, l'histoire n'était pas la leur. C'était la mienne.

La colère a séché mes larmes avant même qu'elles ne coulent.

J'ai serré les poings.

« Très bien, Paul. Jouons à ce jeu. Mais tu vas perdre. »

J'ai sorti mon téléphone et j'ai ouvert l'application Facebook. Ma première publication était prête.

            
            

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